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EDITORIAL ECONOMIQUE & FINANCIER

LA DETTE SOUVERAINE PLOMBE L’ECONOMIE MONDIALE

Le spectre d’une nouvelle récession plane sur les Etats-Unis et objectivement sur l’Europe malgré les sévères cures d’austérité qui changeront la donne. En effet, à moyen terme, les États aspirent à équilibrer les comptes, à moyen terme, quant au long terme, il serait illusoire de croire que sans une impulsion étatique de la croissance, l’économie mondiale risque de s’enfoncer dans une récession durable.

Par ailleurs, comme tous les autres pays, les économies industrialisés ont de nouveau besoin d’investissements massifs, comme en 2008-2009, pour sortir de l’ornière. En effet, aux Etats-Unis, l’idée d’un nouvel assouplissement monétaire, afin d’assurer la liquidité dans le circuit, fait son chemin. Tout le monde attend que la Chine prenne ses responsabilités en finançant de grands projets keynésiens afin de pouvoir contrer la récession, hélas, rien n’est moins sûr. Cependant il faut lui reconnaître qu’elle n’avait pas hésité à investir massivement dans l’activité économique dans le pays et dans le monde.

Pékin le présentait alors comme un acte de solidarité. Mais elle savait aussi que sa propre croissance dépendait des Etats-Unis et de l’Europe, ses principaux clients. Il s’agit d’un discours qui épouse les reliefs d’un changement.

Par ailleurs, le Brésil et la Russie ont adopté la posture de donneurs de leçons en faisant porter la responsabilité de la crise sur les puissances occidentales qui qualifient les dirigeants européens et américains d’incompétents.

De là à recourir au protectionnisme dans l’espoir de minimiser l’impact de la crise de la dette, il n’y a qu’un pas. En effet, en 2008-2009, les appels avaient fusé de toutes parts afin que de telles ripostes soient évitées dans l’intérêt de l’ensemble de l’économie mondiale. Ils furent entendus et les pires craintes ne s’étaient pas matérialisées.

Cependant, en 2011, la Chine se montre offensive et se donne le droit de prendre des mesures pour défendre ses propres intérêts. Elle compte utiliser les fonds stratégiques, richement dotés, afin de pouvoir négocier, acquérir et stoker les matières premières et surtout, contrôler les prix.

En effet, L’État entend aussi mettre à la disposition des fonds publics pour aider les entreprises chinoises à conquérir de niveaux marchés, notamment dans les pays émergeants qui échappent encore à son giron.


Pour sa part, le Brésil, promet des mesures efficaces afin de pouvoir contrer la concurrence des importations rendues moins chères grâce à l’appréciation de sa monnaie. La flambée du real constitue aussi une menace, pour les exportateurs brésiliens.

Par ailleurs, le sentiment que les Etats-Unis et les puissances exportatrices de la zone euro laissent délibérément filer leur monnaie, notamment pour rembourser leurs dettes au rabais. Surtout en Chine, premier créancier mondial des Etats-Unis. Cette crainte mérite une réponse claire des pays riches pour que les nouvelles puissances assument leurs responsabilités.

En effet, la crise de la dette et les craintes d’une nouvelle récession, après celle de 2008-2009, ont réveillé les douleurs anciennes provoquées par l’incertitude sur la capacité des Etats-Unis à endiguer la descente aux enfers des bourses des pays développés. Ce qui a affolé les pays émergeants c’est la façon dont les principales économies des pays développées ont réagit. Contrairement à 2008-2009, pas de plans de relance des économies occidentales, pas d’intervention financière massive pour soutenir les monnaies, notamment le dollar et l’euro.

Face à ce désenchantement généralisé généré par le lâchage des monnaies, les places boursières ont dévissé ces derniers jours dans le sillage de la chute des marchés financiers occidentaux. Au même moment, les monnaies respectives s’apprécient face aux principales devises, rendant ainsi les exportations moins compétitives. Ils craignent que les consommateurs américains et européens, notamment les ménages ainsi que les entreprises prennent peur et privilégient l’épargne, tout en feignant la consommation, donnant ainsi un coup fatal à leurs exportations. La Suisse reste un cas d’école. Avec une monnaie forte, l’industrie suisse souffre de l’appréciation du franc, ce qui a obligé la BNS (Banque Nationale Suisse) d’intervenir massivement en mettant sur le marché de change une masse colossale, afin d’endiguer le phénomène. Apparemment, le coup de force a donné ses fruits. Le franc a cédé quelques centimes face à l’euro et au dollar. 

Quant à la parité franc euro, elle s’est approchée, ces derniers jours, donnant ainsi un coup d’accélérateur, mardi dernier. L’euro avait passé, pour la première fois sous la barre de 1,04 franc, valant 1,0356 franc en fin d’après-midi, peu après dix-huit heures dix. La devise unique s’est ensuite redressée. Quant au dollar, il a enregistré un nouveau record, hier. Le billet vert a franchi la barre de 73 centimes, pour s’échanger à 72,68 centimes. Face à la cherté du franc, la marge de manœuvre des autorités politiques est inexistante. Note pour sa part, le Professeur d’économie Charles Wyplosz.  Tout au plus peuvent-elles en profiter pour lutter contre les cartels et sur les prix. Avec une zone euro en crise, les Etats-Unis restent en position difficile, il est normal que l’euro et le dollar se dévalorisent face au franc et au Yen.

Par ailleurs, depuis plusieurs semaines, les Chinois tirent les sonnettes d’alarme, précisément depuis le déclenchement de la guerre fratricide entre républicains et démocrates pour relever le niveau de l’endettement des Etats-Unis.

En effet, au début du mois, Pékin avertissait que le projet des conservateurs qui consistait à sabrer massivement les dépenses pouvait réduire la croissance chinoise de 2%. Sachant que , la chine est la première détentrice des obligations d’État américain, soit 1200 milliards de dollars. Les chinois soupçonnent Washington de laisser délibérément filer le dollar. Ce qui lui permet de rembourser sa dette dans une « monnaie de singe «.    

Après l’abaissement de la note de la dette américaine, vendredi dernier, par Standard & Poors  et la panique boursière qui s’en suivi, lundi dernier, « Global Times » , organe officiel du Parti communiste chinois, n’a pas hésité de traiter le gouvernement américain d’ « incompétent », tout en l’accusant de provoquer la dégringolade boursière mondiale .

Selon l’organe officiel de Parti communiste chinois, « les pays occidentaux ne maîtrisent plus leur système et si les principaux pays sont en difficulté et le monde entrain de perdre ses repères, c’est à cause de l’incurie crasse de leurs dirigeants «, déplore le quotidien qui cible un lectorat étranger. L’honneur est sauf !

La colère gronde aussi en Russie.  Lundi, l’indice MICEX de la bourse de Moscou a perdu près de 8%. Elle était toujours orientée à la baisse, mardi dernier. Autre mauvaise nouvelle, les contrats d’assurance contre un défaut de paiement, les fameux CDS, c’est-à-dire le coût d’assurer la dette russe, ont augmenté de près de 200 points cers derniers jours. Par ailleurs, au début du mois, le premier ministre russe, Vladimir Putun, est allé jusqu’à qualifier les Etats-Unis de « parasites », en raison de leur sur-endettement. Il a appelé la Russie et d’autres pays à chercher de nouvelles monnaies de réserves et de se prémunir contre un défaut systémique des Etats-Unis. Il a fait ses remarques au moment où le Congrès et le Sénat américains se battaient autour du niveau de la dette, ce qui affolait déjà les marchés, tout en faisant chuter le dollar. Par ailleurs, en avril dernier, la Russie détenait 125 milliards de dollars, soit environ 10% de son PIB (Produit Intérieur Brut). Mardi dernier, le premier ministre russe a déclaré qu’il était prêt à injecter des liquidités sur les marchés, afin d’éviter une dégringolade des titres de type 2008-2009, lorsque le rouble avait été fortement dévalué. Avant d’ajouter « Les dirigeants politiques européens et américains ne sont pas à la hauteur pour faire face à la crise de la dette et font porter au monde les conséquences de leur incompétence « a fustigé, lundi Gleizé Hoffmann, la ministre en chef du gouvernement brésilien.  Déjà en automne 2010, le ministre des finances, Guido Montega dénonçait la « guerre des devises « qui faisait que le real brésilien ne finissait pas de s’apprécier et rendait les exportations plus difficile. 

De son côté, l’Inde, n’est pas poins chahutée. En langage très diplomatique, le premier ministre, Mannmohan Sigh a, dès la semaine dernière, demandée aux dirigeants occidentaux d’avoir le courage de mener des réformes structurelles. Lundi, le ministre des finances, Panab Mukherjï, affirmait que l’économie indienne était mieux placée que d’autres pour faire face aux conséquences de la situation économique mondiale incertaine créée par la crise de la dette aux Etats-Unis .


LE POUVOIR EXHORBITANT DES AGENCES DE NOTATION

En plongeant dans les coulisses du « business » dans la notation des États, nous découvrons les errances d’un secteur qui rapporte gros, car ce sont les pays qui paient pour être évalués. Cependant les exceptions qui font la règle. Quant aux marges brutes du secteur, elles frisent les 50% *.

En effet, les sociétés privées chargées d’évaluer les emprunts contractés par les États, appelés communément « dettes souveraines », ont été longtemps accusées d’être à la botte de Washington    Cependant, depuis la décision de Standard & Poors, la première de ces agences, de revoir à la baisse son estimation de la capacité des Etats-Unis à rembourser leurs colossales dettes. Cette Agence de notation se trouve sous les feux de la critique, aux Etats-Unis. On soupçonne même leur direction d’être proche de la « Tea Party », affidé à l’extrême droite américaine.     
 
En réalité, le débat sur le rôle de Standard & Poors, Mood’s ou Fitch, n’a en rien été déclanché par la crise de sub-prime en 2008. Aux Etats-Unis, le scandale d’Enron avait débouché dès 2006, sur une loi dite « Fitzpatrik », du nom du parlementaire conservateur auteur de cet opus. Cette loi préconise un encadrement plus étroit de certaines activités dans le domaine de la finance. Un an auparavant, face à un parterre de parlementaires, Frank Partony, un ancien banquier de Wall Street et enseignant à l’Université de San Diego qui expliquait doctement la raison d’être de ces agences qui se résume en une petite phrase : « éviter aux emprunteurs de supporter le coût imposé par les multiples carcans réglementaires «.  En clair, un simple visa pour aller emprunter sur les marchés. Il s’agit d’un rôle quasi notarial extrêmement lucratif : chez Moody’s, une agence transparente sur ses comptes, car cotée en bourse, ce qui ne l’empêche pas de se faire des marges brutes (EBIDTA), qui représentaient plus de la moitié des ventes avant la crise . La notation apparaît deux fois plus juteuse qu’une autre activité similaire, comme celle qui consiste de certifier les cargos, les processus industriels, dont le no un n’est autre que le groupe genevois SGS (Société Générale de surveillance) qui, malgré les années noires de la crise l’agence Moody’s a engrangé la colossale somme de deux milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, sont revenues à près de 50%.

Par ailleurs, à l’issue de la réforme de 2006, comme après le débat de 2009-2010 sur le conflit d’intérêt dont se sont rendues coupables des agences durant la bulle des sub-primes.


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* Les Agences de notation « .Coll. Repères, Éditions la Découverte, 2010        

 
        
Selon les statistiques officielles, des pans entiers de l’activité de ces agences de notation sont restés dans l’ombre, puisque l’argent qu’elles touchaient en notant des États, serait « un des aspects les plus opaques de leur activité «, appuie Norbert Gaillard, consultant auprès de la Banque Mondiale, auteur de l’ouvrage cité en référence. 

Ce qui est curieux chez Standard & Poors, c’est que certains pays dont la Suisse qui, entre autre, ne paient pas leur obole, mais se voient attribuer des notes (…) sic ! Par ailleurs, durant tout l’après-guerre, cette évaluation de solvabilité des États a été mise en « hibernation » jusqu’à l’arrivée de crise de la dette latino-américaine des années quatre-vingt.

Par ailleurs, la solution des « brady bonds « échafaudée en 1991, concernant les emprunts bancaires de ces pays sont transformés en titres émis sur les marchés.

Quant aux obligations dont il va falloir mesurer les risques afin de pouvoir attirer les souscripteurs, elles furent escamotées, car les États sud-américains avaient commencé à payer pour recevoir une note. C’était à cette époque que le principe de l’emprunteur-payeur avait été appliqué aux États.

En effet, les tarifs exigés sont généralement constitués d’un forfait et d’une commission, variant en fonction de la dette à évaluer (…) sic ! Cela va de plusieurs dizaines de centaines de milliers de dollars par an. Bien moins ce que versent les plus grandes multinationales, en appliquant l’adage « un coup de main pour le fort et un coup de pied pour le faible «, vous dira l’autre !   

Par ailleurs, cette notation des entités États et collectivités locales ne représentent que la pointe de l’iceberg car, à l’époque de l’argent facile (la folle époque 2002-2008), les agences de notation tiraient leurs profits de l’évaluation des produits financiers complexes.  Toutefois, il existe des exceptions. Certains pays ne paient pas ces services, mais se voient attribuer une note (…) sic !

En effet, en février dernier, Standard & Poors indiquait ainsi que c’était le cas de la France, l’Allemagne, l’Italie, des Pays-Bas, de la Suisse et du Royaume-Uni qui en revanche participe à sa notation, via des rencontres entre ses ministres et ses hauts fonctionnaires, ce qui relève des relations incestueuses entre certaines Agences de notations et des États. La dégradation de la note des Etats-Unis n’est que l’arbre qui cache la forêt.

Par ailleurs, l’agence de notation américaine avait fait l’objet de nombreuses critiques à travers le monde. Il s’agit d’une mobilisation générale qui s’organise aux Etats-Unis.  L’objectif de cette mobilisation reste : saper la crédibilité de l’agence de notation Standard & Poors (S&P). En effet, dès vendredi, après l’abaissement de la note de la dette américaine, le milliardaire Warren Buffett a expliqué que l’action de l’agence avait d’avantage à faire avec la stratégie politique des conservateurs du Tea Party qu’avec la stabilité financière des Etats-Unis.

Cité par l’agence Bloomberg, l’investisseur à succès a déclaré que « S&P » avait fauté et que les Etats-Unis mériterait le triple « A ». Quant aux démocrates, ils ont fustigé Standard & Poors, leur rappelant que lorsque la dette avait explosé à 3400 milliards de dollars pour financer les guerres en Irak et en Afghanistan, couplés à des baisses des impôts, pour les plus fortunés, sous l’ère Bush, la note de triple « A » avait été maintenue. Cependant, cette agence n’a pas pris en compte les différents plans de relance de M. Barak Obama qui avaient coûté la colossale somme de 830 milliards de dollars à ce jour.  Soit la moitié de la baisse des impôts et deux tiers des dépenses pendant les deux guerres. Ils rappellent aussi que le Président Bush avait commencé son mandat, en 2000 avec un surplus budgétaire hérité de l’Administration Clinton.

Washington a aussi ressorti, vendredi, l’erreur de calcul de « S&P » à la hauteur de 2000 milliards de dollars. L’agence a admis son erreur, tout en maintenant sa note dégradée de « AAA » à « AA+, à cause de l’incertitude née de la division entre gouvernement et opposition.

Par ailleurs, dans une interview accordée , lundi , à «  Reuters Insider «  , David Beers , le directeur de S&P n’a pas exclu de relever la note américaine à condition que l’accord bipartisan sur la réduction du soit mis en œuvre et les baisses d’impôts de l’ère Bush   supprimées .

De son côté, le prix Nobel d’économie, Paul Kurgan estimé « qu’il n’y a aucune raison de prendre la décision de « S&P au sérieux. Ce sont les dernières personnes que nous pouvons croire «. A-t-il écrit dans sa chronique hebdomadaire dans le « New York Times «. L’économiste américain minimise aussi la décision de « S&P » en rappelant que celle-ci avait baissé la note de la dette japonaise, en 2002 à « AA », mais que le pays continue à emprunter sans difficulté. Les obligations japonaises à 10 ans portent un intérêt de 1,02%, alors que les titres allemands coûtent 2,35%, malgré la note « AAA ».

Par ailleurs, il apparaît que Harold MC Graw III, le Directeur de Standard & Poors entretenait des relations des liens très étroits avec l’aile droitière du Parti Républicain. Plus particulièrement, la Tea Party. Le message est transmis comme traînée de poudre sur les réseaux sociaux pendant le week-end dernier. A l’origine de ce feu follet, un commentaire à un article paru sur le site du « Huffington Post « résumant en firme de CQFD : Standard & Poors appartient au groupe MC Graw Hill, dont le patron n’est autre que Harold MC Graw III, lui-même soutenant le conservateur Mitt Romney, candidat à l’investiture républicaine pour l’élection à la présidence de 2012.

Ce lien, qui jusqu’ici a été exploré par aucun grand média américain, a de quoi ravir les démocrates pour qui la décision de Standard & Poors d’abaisser la note de crédit des Etats-Unis serait politiquement téléguidée. Une recherche sur le registre américain des dons aux hommes politiques montre que le propriétaire de Standard & Poors a bel et bien contribué , certes modestement, à hauteur de 2’400 dollars à la campagne de Mitt Romney en 2007, lorsque celui-ci se présentait à l’investiture de John MC Cain .

 De son premier métier d’éditeur, le groupe MC Graw-Hill s’est diversifié en prenant le contrôle de Standard & Poors, en 1966. En effet, avec un chiffre d’affaires de trois milliards de dollars par an, Standard & Poors, est devenue la cible d’investisseurs intéressés à le racheter pour ensuite le démanteler. Mais ceux-ci se sont jusqu’ici, cassé les dents sur la famille MC Graw, qui dirige depuis 1988. Selon le « Wall Street » Journal, ces attaques pourraient reprendre à n’importe quel moment.


FITCH MAINTIENT SA CONFIANCE DANS LES Etats-Unis

L’Agence de notation a confirmé le « AAA » américain et se démarque de son concurrent S&P. En effet, l’agence de notation Fitch Ratings a confirmé, mardi dernier la note maximale « AAA » attribuée à la dette des Etats-Unis, prenant le contre-pied de sa concurrente Standard & Poors qui l’avait abaissée d’un cran, il y a dix jours, provoquant un séisme sur les marchés financiers.

Cette note bénéficie d’une perspective « stable », ce qui implique que Fitch n’envisage pas à priori la modifier à moyen terme.   Dans un communiqué, Fitch explique que sa décision, par le fait que « les piliers fondamentaux de l’exceptionnelle solvabilité des Etats-Unis demeurent intacts : son rôle pivot dans les systèmes financiers mondiaux et une économie flexible, diversifiée et riche «. 

Par ailleurs, l’économie américaine se révèle-t-il encore, et en outre capable de s’adapter aux chocs grâce à la flexibilité de sa politique monétaire et ses taux de change. En effet, la première économie mondiale devrait pouvoir dépasser sa moyenne de long terme avant de se stabilise sur la durée au- dessus de 2,25% par année.

Quant à une révision possible de la note, elle n’est pas totalement exclue. L’Agence de notation souligne toutefois qu’elle pourrait être amenée à revoir à « négative » la perspective d’évolution de la note du pays si le comité parlementaire bipartite, dont les conclusions sont attendus pour la fin novembre, n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur un plan crédible de réduction de la dette publique. Un abaissement pur et simple de la note du pays pourrait aussi intervenir à cette occasion, même si ce scénario reste « moins probable «.             

LES MARCHES NE CROIENT PLUS AUX PROMESSES DES POLITIQUES

Pendant des semaines les bourses ont évolué en yo-yo, les chutes succèdent aux légers redressements, l’inquiétude gagne les poids lourds de la zone euro. En effet, entre rumeurs sur la stabilité des banques et craintes justifiées d’une récession, les doutes sur les capacités des États à redresser leurs finances deviennent inéluctables. Rien qu’à voir les gesticulations de Nicolas Sarkozy ignorées superbement par Angéla Merkel, le couple franco-allemand est en piteux état , malgré les sourires et les embrassades de circonstances .

En effet, tous les paramètres sont réunis pour déboussoler les places financières, notamment Wall-Sreet et la City de Londres, en passant par la Suisse, Singapour, Tokyo et changeai. Après les dégringolades successives de mercredi dernier, elles avaient commencé la journée de jeudi, puis piqué du nez vers midi avant de retrouver quelques couleurs à l’ouverture de Wall Street.

Plusieurs pays, notamment la France et l’Italie dont le niveau d’endettement viole largement les limites de 60% du PIB fixés par la zone euro, ont tenté de rassurer les investisseurs. C’est dans ce contexte aussi que les dirigeants des deux poids lourds de l’Union européenne, en l’occurrence, la chancelière allemande, Angéla Market et le Président français, Nicolas Sarkozy, ont présenté, mardi dernier des propositions de réformes du système monétaire international qui, apparemment n’ont convaincu personne, puisque, deux jours plus tard, la bourse a connu son nouveau jeudi noir, non seulement sur la place financière européenne, mais sur la planète toute entière.

Toutefois, malgré, ce jeudi noir, les trois agences de notation ont beau confirmé la notation de triple « A » à la dette souveraine française, sans broncher. Apparemment, la logique des agences de notation diffère très largement de la logique des marchés. Les mauvaises langues attribuent cette largesse des agences à l’amitié de Nicolas Sarkozy avec le directeur général de l’Agence Fitch (…) sic !

L’inquiétude concerne les quatre établissements qui sont les plus exposés dans les pays à risque dans la zone euro, à savoir la Grèce, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

Entre annonces inconsidérées en France et propositions fumeuses en Italie, dont personne ne parie un kopek comme par exemple, le retour à l’équilibre budgétaire en 2013, au lieu de 2014. Par ailleurs, la Banque Centrale Européenne (BCE) qui a finalement, accepter d’acheter des obligations italiennes, à la condition que Rome intensifie les réformes. Dans une lettre adressée au gouvernement italien, le Président de la BCE explore des pistes : privatisations, lutte contre l’évasion fiscale, coupes dans les dépenses sociales, baisse des salaires, et gel de recrutements dans la fonction publique. Il s’agit d’un ajustement structurel qui ne dit pas son nom. Heureusement, cette cure d’amaigrissement de l’Etat, rencontre une résistance farouche de la part de la population.

Quand au moteur économique de la zone euro, en l’occurrence l’Allemagne, qui a été contraint d’adopter un plan d’économie drastique de quatre-vingt milliards d’euros d’ici 2014. Berlin s’est engagé à réduire le déficit à moins de 2% en 2011, contre 3,3% l’an dernier.  Pour l’heure, le pays bénéficie de la faiblesse de la monnaie européenne pour exporter ses produits et ses services. Cependant, son économie ne serait pas épargnée en cas de récession ou de ralentissement. Quant à son endettement, il est sous observation depuis que le coût pour assurer les créances allemandes (CDS) dépasse celui de l’Angleterre.

Arrivés au pouvoir en 2010, les conservateurs anglais ont imposé les plus importantes coupes budgétaires, depuis la seconde guerre mondiale.

L’objectif voué des conservateurs anglais est économiser cent milliards d’euros d’ici à 2014. Pour nombreux économistes, une telle cure d’austérité ne peut que tuer la croissance.  Malgré les émeutes sociales de ces derniers jours, en Angleterre, le ministre des finances anglais, George Osborne a promis de poursuivre sans relâcher la politique de rigueur, pour un pays qui compte un taux de chômage de 8%, le niveau le plus haut de 1994.

Enfin, les rumeurs ont continué à se répandre comme une traînée de poudre, selon lesquelles le secteur financier mondial est visé. Dans son édition du jeudi, le « Wall-Street Journal » révélait, ainsi que la Fed de New-York aurait récemment demandé aux banques européennes présentes aux Etats-Unis des informations concernant leurs besoins et leurs capacités de financement pour mener à bien les opérations courantes.

En effet, selon le journal financier, l’institut monétaire s’inquièterait de la capacité de ses filiales à maintenir un niveau adéquat de liquidité, au cas où leurs maisons mères seraient contraintes à rapatrier brutalement des capitaux. Dans le même temps, nous apprenons que la Banque Centrale Européenne (BCE) avait accordé, pour la première fois, un prêt de 500 millions de dollars, pour une durée de 7 jours, à « une banque non identifiée «.    Ce recours à la BCE prouve que les banques rechignent à se prêter entre elles. Ce qui tendrait à confirmer que certains établissements pourrait faire face à des difficultés pour financer leurs dettes arrivant à échéance.

Septiques sur l’état de santé de l’économie américaine et européenne, les investisseurs se sont donc retournés vers les actifs considérés comme étant les plus sûrs. Le franc s’est ainsi apprécié face à l’euro, alors que le taux de rendement des emprunts américains à dix est passé, pour la première fois, sous seuil de 2%.


CONCLUSION

Après une N éme descente aux enfers de plusieurs jours, une trêve s’est dessinée, hélas pour une très courte durée. Les marchés ont vite cédé à la panique. La peur au ventre, ils se sont débarrassé de tout ce qui a une valeur marchande. Le spectre d’une déroute commence à planer sur les places financières. La peur d’une déflagration des marchés financiers ne fait plus l’ombre d’un doute.

Les questions sans réponses fusent de partout : Qui est-ce qui rend les marchés aussi fébriles ces derniers temps ? Les insulter, est-ce la solution ? Nullement pas. Il faut se rendre à l’évidence que la dure réalité est là. Le moteur de l’économie mondiale est en panne. Avec une économie américaine qui tourne au ralenti et un taux de chômage en constante hausse, qui s’ajoutent à un marché immobiler, en panne depuis 2008, les perspectives pour une relance économique s’avèrent lointaine, car nous sommes loin de l’euphori de recapitalisation des institutions financières .

Ces dernières se sont faits recapitaliser par les deniers publics, mais au lieu de relancer la machine keynisienne, en l’occurrence créer des emplois, investir dans les infrastructures pour ravigorer l’économie, elles ont renoué avec leurs vieux démons. Une bonne raclée administrée aux bourses ne leur fait pas du mal.

Quant aux gouverneurs des Banques Centrales, ils doivent regretter leur décision de renflouer des banques commerciales promptes à s’attribuer des bonus en toutes circonstances au détriment de l’intérêt de leurs clients. Il est temps que le politique reprenne la main sur le financier, autrement une nouvelle crise comme de 1929 ou de 2008 n’est pas à exclure. Tout le monde trinquera, avec les banquiers en tête. Plusieurs experts jugent que l’urgence serait éviter la panne économique généralisée. Il n’auront pas tort si les politiques cessent de penser à la prochaine élection et cessent leur abominable clientélisme.


EPILOGUE

Après le séisme créé par l’agence de notation Standard & Poors, son patron, Deven Sharma plie bagage. En effet, vingt jours après le retrait du triple « A » américain, la réplique de l’Oncle SAM, ne s’était pas fait attendre. Deven Sharma, le Président de Standard & Poors, s’est fait éjecter de la direction de l’agence de notation, officiellement, son départ et prévu de longue date (…) sic ! En réalité, l’oncle SAM n’a pas digéré l’affront d’être rétrogradé comme une quelconque compagnie d’assurance en difficulté de trésoreries.  Deux semaines après qu’elle a dégradé la note de la dette américaine avec les effets négatifs qui s’en suivirent, Standard & Poors, s’est positionnée dans l’œil du cyclone, en l’occurrence le gendarme de Wall Street, le SEC et la justice américaine qui s’est réveillée de sa léthargie en allant chercher des poux dans la tête des agences de notation qui ont outrepassé leur rôle de conseiller, voir d’administrateur notarial, pour devenir juge et partie, sans aucun mandat gouvernemental.  Les actionnaires de S&P demandent de scinder les activités de Standard & Poors en quatre : agence de notation, fournisseur d’indicateurs économiques, médias de publication (l’ancien métier du groupe Mac Graw -Hill).  Peut-être ça les éloignera de leur funeste ami du Tea Party et débarrassera le monde des think Tank. Le monde se portera certainement mieux vous dira l‘autre (…) !  



DR MOHAMED BEN ABDALLAH
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION
SPECIALISTE EN MACROECONOMIE DU MAGHREB

&

ANCIEN REDACTEUR EN CHEF DE L’AGENCE
DE PRESSE IPA PRESS & COMMUNICATION AGENCY
SARL - BASEE A 1215 COINTRIN


01.09.11