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EDITORIEL

FINANCE : DU KRACH A LA BANQUEROUTE

Depuis six mois les entreprises vivent au rythme des rumeurs circulant au gré de l’éclatement de la “bulle immobilière ” qui n’a cessé d’enfler ces derniers mois.  En effet, pour stimuler leur économie, mise à mal par la guerre de George -Walker Bush. Une guerre qui tourna enfin, à l’avantage des anti-guerres. Quant aux crânes d’œufs de l’économie américaine, ils avaient tendu un piège aux investisseurs sous la forme d’une sub-prime accolée aux taux hypothécaires.

Il s’agit en effet, de pratiquer l’usure en toute impunité. Ce qui revient à dire : que selon votre “solvabilité supposée ” l’institution de crédit détermine votre taux d’intérêt sic ! Ce qui nous ramène à l’adage : “un coup de main pour le fort et un coup de pied pour le faible “. Quel triste sort est réservé aux moins fort d’entre nous ? Il s’agit du capitalisme le plus sauvage qui avait commencé à sévir dès l’accession au pouvoir de Margaret Thatcher et Ronald Reagan au début des années quatre-vingt.

Le premier coup de tonnerre fut l’éclatement de la bulle informatique qui a été vite résorbée par une injection colossale de fonds. Quelques années plus tard, fut la pantalonnade des LTCM qui avait mis sur le carreau plusieurs milliers d’investisseurs, ayant crurent aux balivernes d’un “Prix Nobel de l’économie” dont les théories se révélèrent désastreuses. Si le Feeds, n’avait pas mis sur la table la colossale somme de trente milliards de dollars pour lui éviter la banqueroute, il aurait été déclaré en faillite avec les conséquences désastreuses qui en découlent.

En effet, le krach du 21 janvier 2008 rappelle, “sur les écrans“, ceux d’autres époques de l’histoire. Mais quelque chose d’unique. Car il ne s’agit pas d’une panique ponctuelle, suite à un acte de terreur, comme fut le cas, après le 11 septembre 2001, ni le reflet de valorisation excessive, suite à l’éclatement d’une bulle spéculative, comme en mars 2000.

Cette fois, la chute brutale des valeurs boursières s’est produite, alors que les bilans des entreprises restent “sains”, en dehors des secteurs financiers et immobiliers.   Ce qui nous amène à tirer une première conclusion “ il y a quelque chose de pourrie dans le royaume FINANCE “.     

Pour tout économiste averti, ce krach constitue un “ajustement structurel” à la réalité, depuis que les investisseurs sont conscients que les marchés financiers, sont infectés par des titres d’actifs défaillants. Selon les spécialistes, les actions européennes ont abandonné 23% depuis le déclanchement de la crise en juin dernier. Les investisseurs ont commencé à se débarrasser de leurs titres sans discernement, dès l‘annonce du krach. Ils vendent ce qui est vendable, à commencer par les actions d’entreprises en bonne santé et aux performances indéniables, les seuls dont-ils peuvent tirer une valeur.

Il s’agit donc dune crise de confiance des investisseurs qui s’est installée progressivement, surtout envers les “papiers” adossés à des hypothèques américains pourries et autres crédits risqués. Autant de faux conduits de valeur.

Ce phénomène est assimilable à  un  tour de passe-passe entre les banques américaines,  qui tournaient à crédit depuis belle lurette et les autres banques étrangères, surtout asiatiques,  qui croyaient faire une bonne affaire,  en achetant des titres immobiliers américains pourris.

Parmi les autres explications figure, l’aversion croissante au risque, qui semble être muée en dégoût épidermique vis-à-vis de la notion même du titre. Le monde des papiers-valeurs a montré ses limites lorsqu’il avait permis de perdre le contrôle de l’exacte mesure du risque.

Quant aux remèdes préconisés par les banques centrales, ils n’ont fait qu’aggraver la crise de confiance des investisseurs, car avec des injections massives de liquidités dans le système monétaire, ce dernier a connu sa plus forte croissance ces dernières années ainsi que la baisse des taux d’intérêt.  La masse monétaire a connu sa plus forte croissance annuelle de tous les temps. Du coup, la notion même de papier-monnaie, sorte de chèque sans provisions, perd sa crédibilité.

 Corollaire de cette désaffection, les investisseurs se reportent en masse sur des actifs physiques tels que l’or, la terre, l’immobilier et l’infrastructure des pays en forte croissance. Notamment au Proche-Orient, en Chine et aux Indes.

Quant au retour des investisseurs à la bourse, lorsqu’elle aura fini son “nettoyage en profondeur” devra absolument s’accompagner d’une réflexion sur la base de l’adéquation entre la valeur d’un actif physique et le titre financier qui lui est adossé .

Par ailleurs, les marchés craignent la contamination surtout les compagnies d’assurance qui ont vu leur note se dégringoler, notamment l’assureur de crédit américain Ambac était l’un des facteurs déclencheurs de la grande panique du lundi et mardi matin, les marchés se sont soudainement alarmés d’une possible diffusion du risque .

Spécialiste de la prise de risques sous forme d’emprunts obligataires, des autorités municipales  aux Etats-Unis  ou “mono liner “, Ambac a été pris au piège de la crise des “sub-primes”. Comme d’autre institutions financières avant elle, la société a été contrainte d’inscrire des amortissements dans ses comptes au quatrième trimestre 2007, pour 5,24 milliards de dollars.

Pire, la société a dû renoncer à une augmentation de capital d’un milliard de dollars en fin de semaine passée en raison de la méfiance des investisseurs. Conséquence directe de l’agence de notation Fitch a baissé sa note de crédit de deux crans, de AAA à AA.

En effet, les risques de diffusion sont tels que d’autres Mmonoliners (MBIA, ACA etc.) Et par extension, les compagnies de réassurance se sont barricadées, mettant ainsi les crédits sous très haute surveillance, car le marché redoute une diffusion auprès des compagnies de réassurance, susceptibles d’avoir repris des parties de risques des assureurs primaires. A titre d’exemple, Swiss Ré, qui a annoncé en novembre 2007, un amortissement de 1,07 milliards de Francs, est en première ligne. Son titre a subi l’un des reculs les plus marqués de lundi.

Par ailleurs, depuis le pic du marché le 1er juin 2007, il a reculé de 52,7% alors que le secteur des assurances européennes en général, limitait ses pertes à 36,8%. Il est vrai que Zürich et Munich Ré ne concentrent pas les mêmes inquiétudes.



     DR Mohamed BEN ABDALLAH
    DR OF BUSINESS ADMINISTRATION
SPECIALISTE EN MACROECONOMIE DU MAGHREB
&

ANCIEN REDACTEUR EN CHEF DE L'AGENCE DE PRESSE
IPA PRESS & COMMUNICATION AGENCY SARL
BASEE A 1215 COINTRIN  - GENEVE

 06/ 06/2009