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   EDITORIAL    FINANCIER  

  LIAISONS  DANGEREUSES ENTRE LA MONNAIE ET LA FINANCE …

  HISTORIQUE SOMMAIRE  DE  LA MONNAIE  

La grande aventure de la monnaie avait commencé  entre 900 et 6000  avant J.C , où  le bétail et le grain commencèrent à être utilisés comme monnaie dans  plusieurs sociétés pour divers motifs (  règlements de conflits , dots , commerce, rançons  etc…)  

3000 -2000  avant J-C. on trouve des banques de grains , à Babylone en Mésopotamie . Ce sont des temples et de palais royaux qui servent à stoker les grains . 

Les propriétaires reçoivent des justificatifs  de leurs dépôts qui sont utilisés pour régler les dettes , payer les impôts , les prêtres et les commerçants .

 Entre  1792 et 1795  avant J.C.  ,

en 1902 de notre ère ,

 
les archéologues français découvrent le code d’Hammourabi , roi de Babylone , qui inclut les lois réglementant la profession bancaire . 

 1200 avant J.C.  Les chinois utilisent le Cauris , des coquillages de la famille des porcelaines , comme monnaie .  

1000 -500  avant J.C.  Les outils et les armes sont utilisés comme monnaie en Chine. 

 630-640 avant J.C.  Les pièces lydiennes sont en électrum , un mélange naturel d’or et d’argent .
 600-570 avant J.C.  Les pièces lydiennes se répandent en Grèce et remplacent les clous utilisés  jusqu’alors . 

 546 avant J.C.   Crésus , roi lydien , est capturé par les Perses . Le paiement de la rançon développe l’utilisation des pièces lydiennes (désormais séparées en pièces d’or et pièces d’argent) en Perse .  

 407-405  avant J.C.   La mainmise  de Sparte sur les mines  d’argent d’Athènes  oblige cette dernière  à émettre des pièces de bronze recouvertes d’argent . Résultat : les Athéniens gardent leurs pièces d’argent  et font circuler les pièces de bronze . Dans sa pièce «  Les gouilles «  Aristophane est le premier à exprimer  cette loi : la mauvaise monnaie chasse  la bonne.  

394-371 avant J.C.  L’esclave Pasion  devient le premier banquier célèbre de  lhistoire  il y gagne sa liberté et le droit de devenir citoyen d’Athènes . Les transactions bancaires se font surtout en liquide . 

 350 avant J.C. , si l’on croit l’orateur athénien Démosthènes , le taux d’intérêt pour les opérations courantes est de 10% ,  pour les affaires risquées le taux s’établit entre 20 et 30% .  

30  de notre ère  «  Jésus entra dans le temple ; il chassa tous ceux qui se livraient au commerce ; il renversa les tables des changeurs et les sièges des marchands  de Combes «  - Mathieu ,  (21-12) , la diversité des monnaies métalliques fait des changeurs  les premiers  banquiers . Le crédit bancaire finance surtout le commerce de bateaux et la  construction des bâtiments publics

 435  de notre ère ; avec les invasions « barbares »  Anglo-saxons «  les pièces cessent d’être utilisées en Grande Bretagne pendant près de deux cents ans .

 476  de notre ère : La chute de l’empire  romain d’Occident met fin aux pratiques bancaires  qui seront oubliées en Europe . 

 806-821  L’empereur de Chine  Hien Tsung , développe l’utilisation de la monnaie de papier en Chine pour  faire face à la pénurie de cuivre .  

1095-1270 :Besoin de transférer d’importantes sommes d’argent pour les croisades relance l’activité bancaire . Avec leurs 9'000 commanderies, les templiers disposent d’un exceptionnel réseau de succursales . 

 1156   Premier contrat  d’échanges de devises  . Deux frères empruntent à la banque  115 livres  à Gênes et remboursent  la somme de 460 bizants  à Constantinople .  Ces contrats se répandent  au XIIIe siècles . 

 1275-1292 : les voyages de Marco Polo apprennent à l’Occident l’utilisation de la monnaie de papier en Chine . 

 1360  «  le denier d’or fin «  que nous faisons faire à présent et entendons à faire continuer sera  appelé franc or «  .   1487-1492 :  avec les arrivées d’or d’Afrique puis d’Amérique, la valeur relative de l’argent augmente .  En Allemagne , la famille Fugger , qui  a investi dans les mines d’argent , s’impose comme l’un des plus puissants banquiers d’Europe .  

1716  John Law crée la banque générale , qui émet ses propres billets . Elle devient la banque royale  en 1718 , sous le contrôle du  Régent.   Sa faillite en 1720 obligea Law à  fuir en France .   1762   Création de la banque Barrings .   Quand elle fait faillite en 1995, elle est la plus ancienne banque commerciale britannique .  

1800   Dans la  foulée du coup d’Etat de Napoléon  Bonaparte , la Banque de France est fondée par les proches du premier  consul .  Elle devient une institution gouvernementale  commanditée par des particuliers en 1806 et obtient le monopole d’émission en 1848 . Elle est nationalisée en 1945 .  

1848  La ruée  vers l’or aux Etats-Unis  1878-1882 : la faillite de l’Union générale , banque  catholique censée damer le pion aux banquiers juifs de Paris , sert de base au roman de  Zola,  L’Argent  . 

 1862-1863  , Les produits dérivés commencent à se développer aux  Etats-Unis .  Leur activité est initié  par les armées nordistes , en guerre contre le sud , qui cherchaient à se protéger des  variations des prix de l’avoine nécessaire à l’alimentation de leurs chevaux.  

1910  Les chevaux sont encore utilisés par le Kirghizi d’Asie centrale, comme monnaie . Les moutons servent aux transactions mineures et leurs peaux, comme petites monnaie .

 1950 :  La carte du Diner’s  Club  est la première à pouvoir être utilisée pour retirer de l’argent dans plusieurs établissements bancaires .  

1960  Sauf quelques rares exceptions , toutes les formes primitives de la monnaie ont disparu   .   1976 

 L’or perd officiellement  tout rôle monétaire international .  

1991 :  Fermeture de la banque BCCI , qui expose , pour la première fois , le degré important de criminalisation de la  finance  internationale . 

 1998   :   quasi-faillite du fonds spéculatif  américain LTCM , manque d’emporter l’ensemble du système financier international .  

1999 :  création de l’euro  qui circule en  parallèle avec onze monnaies nationales européennes .   2002   l’euro remplace les onze monnaies nationales .  

  2009 : le 5 novembre , le nouveau premier ministre grec révèle la prévision  de déficit public , à 12,7% du PIB ( Produit Intérieur Brut ), entrainant la dégradation de la note de la Grèce  par les agences de notation , deux mois plus tard .  C’est le début de la crise des dettes souveraines en Europe . 

 2010-2011  L’Union européenne accorde une aide financière successivement  à  la  Grèce , à l’Irlande, et au Portugal , puis de nouveau à la Grèce .   Création du Fonds européen de stabilité financière  (FESF), du Mécanisme européen de stabilité ( MES) et accord européen sur un nouveau traité (TSCG) qui prévoit une règle harmonisée . 

 2012  L’Union européenne  pose les bases d’une union bancaire .  

2015 :  le nouveau gouvernement grec  d’Alexis Tsipras, engage un bras de fer  avec l’Allemagne pour desserrer l’étau de l’austérité qui étrangle le pays, sans quitter l’euro .    

A  QUOI  SERT  LA   MONNAIE ? 

 S’agit-il d’un simple instrument des échanges pour les économistes ? Ou bien la monnaie est avant tout un enjeu de pouvoir et un puissant vecteur de lien social ?  Les contours ont cessé d’évoluer au   cours  du temps , pour devenir  flous avec la financiarisation de l’économie .   La monnaie reste  avant  tout une marchandise , voire un bien privé  qui, comme les autres marchandises , fait l’objet d’une offre et une demande .

Sa détention a un prix  connu sous le nom « coût d’opportunité «  , en l’occurrence , elle coûte ce qu’elle ne rapporte pas .  A savoir le taux d’intérêt qui rémunère les  placements  moins liquides et plus risqués .   Elle est aussi tout à la fois un bien privé et public , économique, mais aussi historique , social et politique .   En effet, la monnaie détenue par chacun d’entre nous, en tant que bien privé  ayant les caractéristiques à la fois d’un bien exclusif ( la quantité de monnaie détenu par un individu est son bien exclusif ) , cependant la partie de la quantité totale de la monnaie qu’un individu détint , prive les autres de son usage tant qu’il  ne la dépense pas .   

Par ailleurs, la dimension collective de son usage en fait aussi  un bien réseau : plus il y a des utilisateurs dans le cercle des usagers de la monnaie , plus sa reconnaissance et son acceptation progressent , plus cela en fait un bon instrument d’échange . En effet, en tant qu’attribut d’une économie, la monnaie est un attribut économique .  Pour les économistes classiques, du XVIIe et XIXe siècles  (Adam Smith, David Riccardo, Jean-Baptiste Say …) cela signifie qu’elle est un simple intermédiaire des échanges , qui n’exerce pas d’influence particulière , tel un voile déposé sur l’économie réelle .   Cette conception dite de neutralité monétaire avait longtemps prévalu , de manière exclusive les  économistes .  

Il avait  fallu attendre les travaux fondateurs de l’école autrichienne  (Carl Maenger , Ludwing von Mises et suédoise  (Kunt Wicksell)  , notamment,   Maynard Keynes , au début du XXe siècle , pour que ce soit mis en avant le pouvoir de la monnaie sur l’économie réelle .    « On détient la monnaie, nous dit Keynes , pas seulement pour régler les échanges dans l’immédiat   , mais aussi par précaution , ou dans l’attente de meilleures opportunités de placement quand les taux d’intérêt sont plus hauts «  .  

La monnaie est aussi une réserve de valeur. Car une monnaie détenue n’est pas intégralement n’est pas utilisée pour consommer . C’est pourquoi la dépense peut se révéler insuffisante pour écouler la production .  Par ailleurs, la croissance et l’emploi dépendent entièrement de la quantité de monnaie et circulation et de l’usage qui en fait .   Il est de bon aloi  de retenir que dans les débats sur l’utilité de la monnaie, les économistes n’ont pas le monopole des idées sur cet objet . La monnaie intéresse aussi les historiens, les philosophes, les sociologues , les hommes politique , car elle est un bien social ,  historique  et politique . 

Dès que la monnaie ayant reçu un support (métallique ou papier), tous  les souverains et toutes le républiques y ont imprimé leur sceau , pour en faire le symbole de leur puissance  tout en apportant en retour leur pouvoir  en gage  de sa valeur .   C’est également un bien social , puisque son usage dépend de l’adhésion de tous et de la confiance que lui portent ses utilisateurs .  A tel point que sa valeur d’échange n’a, bien souvent, aucun rapport avec celle de son support en tant que tel : un billet de banque ne coûte que quelques centimes à fabriquer .  Il en va aussi  pour les instruments  de paiement  (les véhicules de la monnaie comme les cartes de crédit qui ne vaut que parce qu’elle est acceptée par les commerçants , pas pour la valeur que représente le morceau de plastique dont elle est faite . 

 Même parmi les monnaies-marchandises  des temps anciens , certaines comme les coquilles de Cauris , utilisées en Chine depuis des millénaires . Par ailleurs, la monnaie, comme les instruments qui la véhiculent ( carte de crédit , chèque, porte-monnaie électronique )  ne valent que ce qu’’ils permettent d’acheter .  En eux-mêmes , ils ne valent rien .


QUAND LES BANQUE CREENT LA MONNAIE *! 

 Compte tenu de la diversité des rôles joués par la  monnaie, il est primordial de savoir qui contrôle sa création .  La représentation traditionnelle en la matière est celle d’une machine à imprimer les billets de banque que dirigerait , en Europe , par exemple, Mario Draghi , le président de la Banque Centrale européenne ( BCE) . Or cette image  de la «  planche à billets »  est trompeuse .   En effet, les billets et à fortiori , les pièces – dite fiduciaire – ne représente qu’une toute petite fraction de la monnaie en circulation .  En effet, la masse est à90% de monnaie dite scripturale  , c’est à dire,  une simple écriture sur un compte bancaire , qui circule à travers divers moyens  de paiements ( cartes bancaires, virements, prélèvements automatiques, chèques … ) . Et les premiers créateurs de monnaies scripturales sont les banques .  

Une banque crée la monnaie par les crédits qu’elles octroie . Par un simple jeu d’écritures , elle crédite un compte de son client qui se retrouve en possession d’une quantité supplémentaire . Il en est de même quand elle décide d’acheter un titre financier ( une obligation émise par une entreprise ou un Etat ) , voire un immeuble qu’elle crédite de la même façon , le compte du vendeur . Peu importe la nature de l’actif acquis :dans tous les cas , la banque crée  la monnaie en monétisant des actifs qui n’en sont pas .  Le mécanisme joue aussi en sens inverse : il y a des destructions de monnaie lorsque la banque recouvre à l’échéance  d’un crédit qu’elle avait accordé , ou obtient le remboursement d’un titre de dette qu’elle avait acheté .  

Pour autant, tous les crédits bancaires ne correspondent pas à la création de la monnaie.  En effet,  si la banque accorde un crédit ou achète un titre sur la base de ressources qu’elle possède déjà, comme les dépôts  que lui apportent ses clients, alors il s’agit juste d’un transfert de ressources  et non une création de monnaie .  Une banque n’accroît la masse monétaire en circulation que lorsqu’elle crée la monnaie à partir de rien . 

Ce pouvoir peut paraître exorbitant .  Il  confère aux banques une influence considérable  sur le fonctionnement des économies et des sociétés , compte tenu des différents rôles joués par la monnaie .   Cependant, si les banques possèdent la faculté de créer les ressources  naturelles à leurs activités , ce que ne peut pas faire aucun autre acteur économique .  En effet ce pouvoir de création monétaire reste souvent limitée .  


QUI DECIDE AU FINAL DE LA QUANTITE  DE  MONNAIE **?   

 Compte  tenu de la contrainte imposée par les réserves obligatoires , les banques sont limitées dans leur capacité à créer la monnaie . Elles sont , en effet, tenues tenue par la quantité de monnaie que la banque centrale et à leur disposition .  Ce que l’on appelle la base monétaire de production de monnaie .   En Europe, la Banque Centrale Européenne, (BCE) en décide le niveau en accordant plus ou moins de crédits aux banques, en leur achetant plus ou d’actifs financiers , généralement des obligations , sans risque, émises par des Etats , en forme de bons de Trésor .

 La  banque centrale gère ainsi finement  la quantité de monnaie centrale quelle émet :plus que celle-ci est abondante , plus les banques vont avoir la possibilité de créer elles-mêmes énormément de monnaie , et inversement , quand la banque centrale restreint l’émission .  Individuellement , une banque ne pourra  donc guère distribuer des crédits qu’en proportion de ses réserves auprès de la banque centrale .  En revanche, la quantité de monnaie mise en circulation par le secteur bancaire dans son ensemble, est un multiple de la base monétaire (billets + dépôts des banques en monnaie centrale ) créée par la banque centrale  .  C’est que les économistes appellent , le principe multiplicateur ***. 

 Suggérons  qu’un secteur bancaire où la banque centrale impose un taux de réserve obligatoire de 20% (ce chiffre  pris comme exemple, ne correspond en rien à la réalité actuelle dans la zone euro , où il est égal à 1% des dépôts , qu’à  celle de la Chine où  les autorités le  maintiennent à 16,5%.)   Supposons, qu’une banque ait rassemblé pour 1'000 euro de dépôts . Il lui faudra  donc maintenir en permanence sur son compte en monnaie centrale  200 euros  de réserves obligatoires  afin qu’elle puisse accorder avec le reste  (800 euros) de crédits, créant ainsi  800 euros de dépôts . Ces dépôts ne tarderont pas à circuler .  Ils  serviront ainsi à régler un achat dont le bénéficiaire possède un compte dans une autre banque .  Cette dernière enregistre alors 800 euros de dépôts supplémentaires et devra constituer  20% (donc  260 euros ) de réserves obligatoires auprès de la banque centrale .

 Ainsi, la deuxième banque disposera-t-elle de 640  euros  (800-160) de liquidités disponibles , pour octroyer un nouveau crédit . Et ainsi de suite jusqu’à ce que le mécanisme de 20% de réserves obligatoires face tendre les liquidités disponibles vers zéro .    Le montant total de monnaie créée à partir des dépôts initiaux  de 1'000 euros sera ainsi le résultat de tous ces crédits , réduits à chaque fois du montant total de la monnaie créée  à partir des dépôts de 10'000 euros sera ainsi le résultat de tous ces crédits , réduits à chaque fois du montant des réserves obligatoires .  Au total de cet exemple, il sera créée 5'000 euros de monnaie , soit cinq fois le montant initial de dépôts .   On dira que le « multiplicateur  de crédit «  est de 5.  Ainsi  , plus le taux de réserves obligatoires est élevé et plus le pouvoir de création monétaire des banques est limité. 

 Ce mécanisme multiplicateur fait de la masse monétaire une quantité que la banque centrale peut contrôler puisqu’elle  dépend , en grande partie des réserves qu’elle impose aux banques et de la quantité de monnaie centrale qu’elle met à leur disposition .   En effet, c’est assez peu réaliste , car les banques peuvent emprunter la monnaie centrale dont elles ont besoin  auprès d’autres banques  disposant de réserves excédentaires .  Elles  ne sont ainsi obligées de détenir au préalable un excédent de monnaie centrale pour prêter .  Elles distribuent des crédits , puis refinancent , c’est-à-dire qu’elles vont chercher la quantité de monnaie centrale dont elles ont besoin pour répondre aux contraintes réglementaires .  Dans ce cas , les banques créent la quantité de monnaie  qu’elles  souhaitent  en répondant à la demande de crédit de leurs clients et la base monétaire s’ajuste  ensuite .  La masse monétaire n’est plus , dans  ce schéma un multiple de la base monétaire , c’est à  l’inverse la base monétaire qui devient une division de la quantité de monnaie en circulation par les banques . 

Ce mécanisme est appelé  par les professionnel :  « diviseur de crédit «  .     Dans ce schéma , la monnaie est « endogène » , car elle résulte d’une demande propre au système économique  ( celle exprimée par les entreprises et  les particuliers qui demandent des crédits auprès des banques ou émettent des titres que celles-ci achètent ) et non pas  de la volonté de la banque centrale .  

Dans un tel système de création de monnaie , la capacité de la banque centrale à contrôler la monnaie et donc à pouvoir conduire une politique monétaire  est remise en question .  Pour autant , la maîtrise qu’elle conserve  de la quantité des modalités  du refinancement  en déterminant le taux directeur qui influence le taux auquel les banques prêtent l’argent  entre  elles .  Lui préservant ainsi une influence sur la création monétaire , certes  indirecte mais déterminante pour le fonctionnement du secret bancaire .   En effet, les périodes de crises, comme celle qui a suivi la débâcle de Lehman  Brothers  en 2008, où la panique incitait les banques à ne plus  se prêter  entre elles de crainte de voir un débiteur faire faillite .    Par ailleurs, sans l’argent fourni par les banques centrales , le système bancaire mondial aurait sombré corps et biens .

 Les intervention des banques centrales pour réapprovisionner les banques en liquidités ont été massives et même sans précédent : les banques centrales ont concédé des milliers de milliards de prêts aux banques (dans le cas de la BCE ou des achats de titres pour la FED .  Cela aussi accrédite la thèse de la monnaie endogène , car les banques centrales ont eu beau augmenter comme jamais leur base monétaire, la masse monétaire , elle, n’a que peu progressé .   Nous sommes en droit de se demander si le taux multiplicateur est toujours valable ?   si  la   monnaie centrale ne parvient plus à proportionner  la monnaie en circulation  dans l’économie réelle , il est plus que probable qu’on la retrouve bel et bien démultipliée sur les marchés financiers,  toujours à l’affût de la bonne affaire qui les emportent au diable … 

 DEUX CONCEPTIONS DE LA MONNAIE S’AFFRONTENT  EN EUROPE

 
  Derrière  le débat actuel sur l’euro , il y a des conceptions divergentes sur la nature de la monnaie .  La première , la plus répondu et celle qui a présidé à la création de l’euro, consiste à  la considérer comme un  simple instrument  . Selon cette approche , la monnaie n’est là que pour faciliter  les échanges :  elle est «  le lubrifiant des échanges » , selon  David Hume .  Les acteurs échangent parce qu’ils ont besoin d’objets et de services et qu’ils essayent de « maximiser leur satisfaction «  , selon les économistes néoclassiques . La deuxième approche , loin de considérer la monnaie comme un instrument neutre, estime qu’elle est l’institution au fondement de l’échange , celle qui spécifie  qu’’est la valeur  économique . La monnaie  est le lien de confiance sans lequel il ne peut y avoir d’économie de marchés . 

En ce sens, , elle est une institution publique .  Il y a d’ailleurs  une proximité très forte entre monnaie et Etat : la monnaie a besoin de l’Etat et réciproquement . L’Etat produit  la communauté  d’intérêts nécessaire à la confiance monétaire et il l’organise .  Mais en retour, il a besoin de la monnaie ppour avoir accès aux moyens matériels ( armée , police…) son existence . Cependant, la monnaie n’est jamais un instrument de l’Etat . Il n’est dans la possibilité de l’Etat d’imposer la confiance des acteurs économiques dans le signe de la valeur qu’elle représente .  Il y a  une expression  de Napoléon , à  propos de la Banque de France qui exprime cette ambivalence «  Je veux que la Banque de France soit assez dans les mains du gouvernement , mais qu’elle n’y soit pas trop «  . Même si elle  dépend  du pouvoir politique , la monnaie, en tant que lien de confiance , garde son autonomie . 

 LES LIAISONS DANGEREUSES ENTRE LA MONNAIE & LA FINANCE ***

 Depuis  trois décennies , les marchés financiers ont connu une montée en puissance spectaculaire . Jusqu’à transformer le rôle des banques dans l’économie et la nature de la monnaie qu’elles créent .   En effet, la monnaie , pour tout un chacun , c’est un instrument de paiement et aussi , un instrument de réserve de valeur . 

C’est l’une des formes que peut prendre la détention de richesse .  Elle offre l’avantage par rapport à d’autres éléments du patrimoine  - tels les valeurs mobilières comme les actions , les obligations et autres  titres financiers , d’être plus liquide .    Par ailleurs, un actif liquide possède deux caractéristiques principales  que la monnaie possède au plus  haut point . Tout d’abord , sa valeur nominale  est stable , à la différence d’autres actifs réels et financiers , dont les prix fluctuent  au gré de l’offre et la demande .

 Ensuite , il est immédiatement   disponible pour le règlement des transactions , sans délai et sans coût important … Ces propriétés     de la monnaie , qui font l’actif le plus liquide , expliquent pourquoi les agents économiques ( les ménages, les entreprises  …) souhaitent en détenir .  Le premier économiste à avoir compris l’importance de la liquidité est John Maynard Keynes :  dans sa théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie  , en  1936, il explique la détention de la monnaie comme un comportement «  de préférence pour la liquidité  «  . Selon lui, les agents économiques recherchent la monnaie pour faire face  à l’incertitude , car l’économie du marché évolue d’une manière  imprévisible  . La monnaie inspire confiance de fait de sa qualité d’actif  sans risque , garantie par le système bancaire et par l’Etat . 

 NOUVEAUX COMPORTEMENTS DES MENAGES  

 Dans une économie moderne, la liquidité d’un agent économique ne peut plus être définie  par la seule détention de la monnaie ( billets et dépôts bancaires) , dans la mesure où il existe  des actifs  liquides peuvent être transformer en moyens de paiement  .   Conséquence des innovations de ces trente dernières années, le patrimoine financier des ménages s’est profondément modifié .    En premier lieu, la taille  de ce patrimoine  a fortement augmenté ( +70% ), malgré la crise  financière , passant ainsi  de 2'600 à 5 755 milliards  de 2000 à 2014, alors  que le revenu disponible  des ménages n’augmentait  que de 46% .

 En second lieu, la  composition du patrimoine s’est transformée : la part des actifs financiers  s’est accrue  et celle des actifs monétaires  ayant chuté ( de 31,3% à 30%) . Les dépôts bancaires (monnaie scripturale ) étaient la composante la plus importante du patrimoine des  ménages en 2000.  Quatorze ans plus tard, les contrats d’assurance-vie , le placement financier, préféré des ménages ayant supplanté les avoirs monétaires avec une part de 38% . 

 LES BANQUES JOUENT UN RÔLE MAJEUR DANS LA MONTEE EN PUISSANCE
DE LA FINANCE DE MARCHE
 

Le poids  relatif des crédits et des dépôts dans le bilan  consolidé a fortement baissé : de 1980 à 2010, la part des crédits à la clientèle est passé de 84  à 38% , tandis que la part des dépôts à chuté de 73 % à à 34% . Mais dans le même temps , les  banques ont élargi la gamme de leurs opérations sur les marchés des titres .  En effet, celles-ci participent de plus en plus au financement de l’économie par le rachat des titres , qu’ils s’agisse  des titres à court terme inclus dans l’agrégat monétaire (les valeurs mobilières) . Ainsi qu’à l’actif des banques ,  la  part des titres  a été multipliée par 8 , passant 5% à 40% , de 1980 à  2010 .  Parallèlement , les banques ont émis une proportion croissante des dettes sous  forme de titres , de sorte, que au passif de la part des dépôts bancaires , qui constituent  la monnaie scripturale , étaient devenue  en 2010 importante que la dette sous forme de titres  (42%) , dont une partie (les certificats de dépôts ) figurent dans l’agrégat monétaire .  

CONCLUSION    

Afin de pouvoir tenir compte de la multiplication des innovations financières  les autorités européennes ont définit trois agrégats monétaires , du plus étroit ( M1) au plus large (M3) , construits par intégration successive des actifs à caractère monétaire figurant au passif des institutions financières monétaires .  Celles-ci comprennent trois catégories d’institutions émettrices d’actifs monétaire : les banques centrales émettent la monnaie fiduciaire (billets), les établissements de crédits ( banques émettrices de monnaie scripturale (dépôts à vue ) et institutions financières émettrices d’actifs financiers  liquides , tels que les  organismes de placement collectif  en valeurs mobilières (OPCVM) monétaires .           

 -  L’agrégat monétaire étroit (M1) , qui représente la monnaie au sens strict, ne comprend  que les actifs  ayant le caractère de moyens de paiement, c’est dire la monnaie fiduciaire , et la monnaie scripturale , qui représentent 90% des moyens de paiements . -             

L’agrégat intermédiaire (M2) qui comprend, en plus du M1, les placements à vue  effectués sur des comptes  aux taux réglementés , tels que les livret A , les livrets de développement durable , les comptes d’épargne logement .  Ces placements , parfois qualifiés de quasi  monnaie , car ils sont disponibles à tout moment et leur valeur nominale est stable . Mais contrairement  aux actifs M1, ils ne peuvent servir directement à effectuer  des paiements .             

- La masse monétaire au sens large  M3 , recouvre  M2 et les actifs financiers  liquides  émis par des institutions  financières  monétaires . Ce sont des titres court et moyen  termes  dont la valeur fluctue sur les marchés .  Les titres émis par  les OPCVM, qui gèrent  des portefeuilles d’actifs financiers pour le compte des épargnants . Et d’autre part  les titres de créances négociables (TCN)  créées lors de la réforme financière de 1985, dont la durée peut aller de quelques  mois à cinq ou sept ans :  ce sont des bons  de Trésor négociables qui constituent  la dette à court terme de l’Etat, les billets de trésorerie émis par les entreprises  et les certificats de dépôts  émis par les banques  .   A coté  des  actifs financiers liquides, les agents économiques ont  la possibilité de détenir  des actifs financiers risqués  qui, quant à eux , ne sont pas comptabilisés dans la masse monétaire .  Ceux-ci  correspondent aux valeurs mobilières négociables sur les marchés financiers.  

D’une part, les actions , qui sont des titres de propriété  sur les actifs , qui sont un titre de propriété  sur des actifs sociaux de la société émettrice , avec une rémunération variable (les  dividendes ) liés en principe aux résultats de la société ou l’institution émettrice dont la rémunération est fixe  est déterminée  lors de l’émission . 

Il s’agit d’actifs financiers risqués , car contrairement à la monnaie et à la plupart des actifs financiers, liquides mentionnés  ci-dessus , leur valeur est  variable  , donc incertaine , car déterminée par les conditions du marché .  Enfin, il ne faut pas oublier les  placements   d’assurance-vie, dont le caractère risqué dépend du support dans lequel ils sont investis.   

 La monnaie et ses mécanismes , par Dominique Pilhon . Collection  Repères –Editions la Découverte – 2013 ;
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Notre éditorial  « Pouvoir et Argent -  Paru sur notre site www.dr-ben-abdallah.ch 
le 07/06/201
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 *** Théorie de la monnaie  et de la banque  Tome I :L’essence de la monnaie  Par Joseph Schumpete  -Edition  L’Harmattan  2005 .   Références -      

   Alternative économique  -Hors série   No 105 – Avril 2015 .            

 Monnaie , Finance et économie réelle –Edition  LA DECOUVERTE –
Collection Repères 
- Anton Brender- Florence Pisani  - Emile Gagna .


                      

 DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
 DR OF BUSINESS ADMINISTRATION;
 
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;

AUTEUR DE «  L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE » ;
 
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dt-ben-abdallah.ch;
DEPUIS  LE 1er MARS 2009 ;

  & 

   EDITORIALISTE-REDACTEUR EN CHEF DU SITE
  www.dr-ben-abdallah.ch;

  RESIDENT  SIS 1202  GENEVE II ;   


 04//06/ 2015 ;