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   EDITORIAL ECONOMIQUE

LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE S’APPRÊTE À INJECTER 1'140 MILLIARDS  D’EUROS  DANS LA FINANCE EUROPEENNE EN  RACHETANT LES DETTES … 

 PREMIERE PARTIE

 M. Mario  Draghi, gouverneur de la Banque Centrale européenne, depuis  quelques années ayant   annoncé jeudi , 22 janvier 2015,  que la BCE s’apprête à   racheter  une grande   partie  de la dette européenne pour un montant de 1'140  milliards d’euros  .  Il s’agit  d’une petite révolution dans le monde des banquiers centraux .   En effet, après des semaines d’espoirs et de rumeurs  sur le sujet , la Banque Centrale Européenne (BCE) ayant dévoilé les contours de son arme fatale « bazoka monétaire « , anti-inflation :  le programme d’assouplissement quantitatif « , ou «  quantitative easing « , en anglais . «QE » .   Beaucoup, en effet, ne s’attendaient  pas à une annonce d’une telle ampleur !   A  Davos, les leaders mondiaux trépignaient en scrutant leurs « smart –phones « .  Un vent  de panique soufflait  en rafale , en attendant  la curée  annoncée .  Les plates-formes  du site internet de la BCE a été bloqué quelques instants . «  Netfix   devrait faire payer 9,99 dollars pour une retransmission correcte de la BCE «  .

Par ailleurs, Mario Draghi, c’est l’homme  qui, avec une seule déclaration durant l’été 2012, «  Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro «  .  Il avait réussi à enrayer partiellement la crise économique mondiale .  Ces faits et gestes sont scrutés , analysés, décortiqués  et interprétés par une kyrielle d’économistes, analystes  financiers  et autres banquiers centraux .  Alors quand on attend de lui qu’il présente «  La mesure pour sauver la zone euro et surtout   rassurer une Europe  qui  courbe  l’échine  et  marche à la baguette de l’Allemagne  fulminant contre ces Latins plus cigales que fourmis «  .   
 En résumé, La BCE  avait officiellement jeudi dernier, un «  quantitative easing « , en bon français , il s’agit d’une  injection massive de milliards d’euros dans la machine financière européenne .

Une manœuvre qualifiée de » non conventionnelle «  dans le jargon des banquiers centraux , comme la mise en place des taux plancher de la Banque Nationale Suisse (BNS) , en septembre 2011.  Abandonné,  il y a quelques jours !   Cependant, il est de bon aloi de se demander , comment le président de la BCE va créer des centaine de milliards d’euros ? Le tour de force  de  M. Draghi  consiste à brouiller les cartes  avec un poker menteur .  Même si l’on connaissait la manœuvre, aucune idée des montants  mis en jeu !   De quoi créer un «  quantitative easing «   (…)   « La  titrisation de la dette « !   Malgré le flou artistique qui entoure cette opération  les marchés financier ont bien accueilli cette annonce :  les indices des bourses européennes ont grimpé d’un peu plus de 1% en milieu d’après-midi . Et les taux d’emprunt de la France, de l’Espagne et de l’Italie ont atteint les plus hauts niveaux , après les propos de  M. Mario Draghi .

    QUE VA FAIRE LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE ? *  

 A partir du mois de mars, la BCE va racheter les titres de dettes aux institutions financières  de la zone euro principalement auprès des banques .  L’institut financière achètera  via les banques centrales , des obligations souveraines (emprunts des Etats ), des titres privés (obligations sécurisées d’institutions financières) et des titres d’agences européennes .   Le montant de 60 milliards d’euros  par mois, au moins jusqu’en septembre 2016, soit plus de  1'000 milliards d’euros au total .  C’est plus de ce qu’attendaient les analystes , qui misaient  sur 500 à 750 milliards d’euros .  La BCE se garde la liberté  de poursuivre les achats tant que l’inflation ne se redresse pas suffisamment .  Les obligations des pays  sous programme d’assistance de la  Troïka  ( Fonds monétaire international , Commission et Union  européennes), comme la Grèce, seront soumis à  des critères supplémentaires . 

 QUEL EST L’OBJECTIF DES RACHATS DE DETTES ?

 
Si les modalités de son plan un peu trop technique , l’objectif de Mario Draghi, le président de la BCE, est simple :  Il s’agit de lutter contre les pressions déflationnistes  à l’œuvre  dans l’union monétaire et de relancer la croissance . En décembre les  prix ont , en effet, reculé  de 0,2 % dans la zone euro , bien loin  de l’objectif d’une hausse de 2%, fixé par son mandat . « La BCE n’avait pas le choix . Elle devait faire quelque chose «  , commente Ch.  D. Economiste de chez Saxo Banque . 

 COMMENT MARIO DRAGHI A-T-IL REPONDU AUX PREVENTIONS ALLEMANDES ?  

La bataille avec les Allemands n’a pas été facile . Ces dernières semaines , opposants et supporters du QE se sont ainsi livrés à une guerre de mots  dans la presse allemande . Juste avant de la conférence de Mario Draghi, jeudi, la chancelière  allemande , A. M. , qui était au Forum  économique  mondial  de Davos , a encore tenu à rappeler que les décisions de la BCE ne devaient pas «  faire dévier du chemin des réformes «  dans les pays européens .   Si Mario Draghi, a donc fini par l’emporter , il a toutefois pris soin de placer des garde-fous de nature à rassurer Berlin . Les Allemands sont , en effet, très  réticents  aux rachats de dettes publiques , les jugements sont non seulement inefficaces , mais  surtout dangereux  .   Ils redoutent en effet,  que cela incite les Etats les moins  sérieux à renoncer à la discipline  budgétaire , puisqu’ils auront la garantie Que la BCE achètera leurs obligations, quoi qu’il arrive . 

Par conséquent, les achats de titres publics seront réalisés sur la  base de la participation des banques centrales  nationales  au capital de la BCE , où l’Allemagne et la France arrivent en tête . Ces achats ne favoriseront pas  outre mesure les pays du sud de la zone euro   face  aux autres , comme le craignaient les Allemands .   Plus de 20% seulement des titres seront soumis à un partage des risques .  Une mesure plus symbolique qu’autre chose . «  Je dois dire que je suis surpris que ce point ait pris autant d’importance aujourd’hui , il ne devrait pas «  , avait d’ailleurs balayé Mario Draghi.  La décision de lancer, jeudi un programme de rachats massifs de dette publique et privée a été prise «  à une large majorité «  , ayant    précisé  le président  de la BCE.

   QUELS SONT LES EFFETS ATTENDUS DE CES MESURES SUR L’ECONOMIE ?  

En théorie, le QE peut avoir plusieurs effets sur l’économie réelle : -       le premier effet est psychologique . En effet, en montrant qu’elle a pris le taureau par les cornes, la BCE espère influencer les anticipations des marchés en matière d’inflation et de croissance  Si les financiers  et plus largement,  l’ensemble des agents économiques ne croient pas au scénario déflationniste , en grande partie auto-réalisateur ,  celui-ci a moins de chance de se produire .
 -       Deuxièmement, en rachetant des titres souverains, la BCE, entend également assurer les coûts de financement bas aux Etats , et /ce pour longtemps . Ces titres rachetés par la BCE  deviendront du même coup moins attractifs pour  le reste des investisseurs , ce qui seront alors poussés à se tourner   vers les actifs financiers plus rentables, comme les obligations d’entreprises.

Et si cela fonctionne au démarrage de l’activité, Super Mario emportera la mise ! En effet,   Mario  Draghi  a donc fini par l’emporter, il a toutefois pris soin de placer des garde-fous  de nature à rassurer Berlin .
 -       Enfin, en augmentant la quantité de monnaie en circulation «  faire tourner la planche à billet), la Banque Centrale européenne (BCE) poussera le cours de l’euro à la baisse face  aux autres  devises , en particulier le dollars . De quoi donner un petit coup  de pouce  aux exportations européennes . En la matière, les entreprises françaises  et italiennes, dont les produits moyens de  gamme sont très sensibles au prix, devraient être les premières à en profiter .
 Avec  une nuance, tout de même :les marchés ayant largement anticipé le QE, la devise européenne a déjà reculé à plus de 10% face au billet vert (dollar), depuis  l’été 2014 . 

 LES MESURES DE LA BCE PEUVENT -ELLES FAIRE REPARTIR LA CROISSANCE ?  

 Si  les analystes soulignent qu’il est important , face au recul des prix  que la BCE déploie cette nouvelle arme , ils sont en revanche très partagés sur sont efficacité .  Aux Etats-Unis et Royaume- uni où ce type de programme de rachats de dettes avait été utilisé entre 2008 et 2014, cela avait soutenu la reprise .  Au Japon, où la banque centrale l’avait lancé en  2013, son impact , en revanche, était incertain . Fin 2014, l’archipel est même retombé en récession .  

 Le plan d’investissement Junker et la plus grande flexibilité budgétaire que la Commission européenne ayant décidé d’accorder au Etats un vrai plus . Cependant, il faudra , tout de même des mois , probablement des années, avant que la zone euro ne retrouve un niveau d’activité similaire à celui d’avant la las crise .   « Le QE peut booster  les marchés financiers , mais il ne réparera pas  les faiblesses des banques , et ne se  substituera  pas aux réformes structurelles nécessaires ni au plan de relance par l’investissement « , résument les analystes de RBS .

QUEL SERA L’IMPACT DE L’ACTION DE LA BCE AU QUOTIDIEN POUR LES MENAGES EUROPEENS ?  

Dans tous les cas, le programme de rachat des dettes publiques  annoncé  par la BCE , n’aura pas d’impact direct et immédiat sur la vie des Européens , notamment les Français . Les effets  ne  seront ressentis qu’à moyen terme . À  condition : si le plan fonctionne et atteint ses objectifs .    Et surtout tenir  compte de la réticence  allemande  . En effet, Berlin ne partage pas le diagnostic alarmiste de la BCE sur la situation dans la  zone euro .

  «  La BCE   ne doit pas nous  faire dévier du chemin des réformes «  avait martelé  Angela Markel , à Davos , au moment où Mario Draghi présentait son plan de rachat de titres d’Etats de soixante milliards d’euros par mois  . Auparavant, la Chancelière  avait rappelé le principe d’indépendance de la Banque Centrale européenne (…)  De fait, ni la chancelière  ni son ministre de finance, W. Sch.   , ne sont intervenus dans le virulent débat qui a secoué les milieux d’affaires et la presse allemande , en amont de la décision . Selon les estimation du « Tagesspiegel « , les deux représentants de l’Allemagne au conseil de la BCE, Jens W. et Sabine L. , faisaient partie des 7 « Faucons » , ayant voté contre le plan Draghi, face à 6 « neutres » et 12 votes pour , venant des « colombes », Les    Allemands  doutent en effet, du timing et de l’efficacité des mesures adoptées.   

La question du timing préoccupait les observateurs ces derniers jours .  « La BCE soutient le candidat de la gauche radicale Alexis T. « , titrait ainsi le « Frankfitter  Allemein Zeitung , mercredi, estimant que cette décision annoncée , trois jours avant les élections grecques , encourageaient les mauvais élèves «  de la zone euro .  A Berlin, tous les camps politiques confondus, on crains en effet, le rachat des titres d’Etats par la BCE ne lève la pression sur les Etats du Sud  de la zone euro, notamment , la France et l’Italie , pour qu’ils se réforment afin de relancer  la compétitivité .   Au delà, les Allemands ne croient pas au scénario de la déflation décrit par la BCE .

 Certes, les prix ont diminués de 0,2% dans la zone euro, en 2014, en moyenne, mais cette baisse , tirée par la seule diminution du prix du pétrole , n’a rien à voir , avec une inflation négative .argumente-t-on à Berlin .  Pondérés  par l’effet pétrole ,les prix auraient même augmenté de 0,8% , l’an passé dans la zone euro .  Dans ce contexte, le rachat des titres d’Etats ne pourra relancer  ni la machine économique , ni l’inflation , selon Jens  Veidmann , grand défenseur de la tradition allemande , en matière de politique monétaire, qui a pour objectif une monnaie forte, la stabilité monétaire , la non intervention pour secourir  les Etas en difficulté et l’indépendance de la Banque centrale. 

 INTERPRETATIONS DIVERGENTES  

 Mais  ces critiques  ne sont pas unanimement partagées . L’Institut DIW estime, dans la « Handelblasatt » que les craintes de voir le programme  nuire au contribuable  sont en grande partie injustifiées .  L’Analyste  S. B, de Natixisix , estime qu’au final , les Allemands sont gagnants dans l’affaire .  Ce qui est été annoncé est une victoire de Jens Viedmann  parce qu’on a très peu de partage de risque .  La plus grosse surprise de la décision de jeudi est que le partage du risque  portera seulement 20% du programme réalisé .          

DETTE GRECQUE, UN DEBUT DE BRAS DE FER **  

 Face à l’écrasante victoire de la gauche grecque , l’Europe affiche superbement sa volonté de ne pas céder aux exigences des Grecs : effacer la dette, c’est non. Discuter c’est possible !  En effet, tous les regards sont tournés vers les premiers pas du nouveau gouvernement grec en formation .  La liste des promesses électorales est longue : le retour au salaire minimum à 751 euros , le rétablissement du 13ème mois pour les retraités recevant moins de 700 euros par mois, exemption d’impôts  pour les salaires annuels de moins de 12'000 euros , garantie de dépôts dans les banques, imposition des grandes fortunes et surtout la renégociation du remboursement de la dette extérieure .   

 Autant dire que la mission du nouveau  premier ministre, M.  Alexis  Tsipras ,  qui a  prêté serment ,  lundi comme premier ministre ne s’annonce pas facile .   Son pays en crise depuis 2008, avait bénéficié de deux programmes d’aide pour un montant de 270 milliards d’euros , soit six fois et demi son Produit National Brut (PNB) qui avoisine les 43 milliards d’euros .  Autant dire, qu’il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan de la dette grecque  qui s’élève aujourd’hui à 318 milliards d’euros , soit 175% du Produit Intérieur Brut (PIB). Très loin de la limite de 60%, imposée par le pacte de stabilité ou même de la moyenne européenne à 90% . 

 Le message du premier ministre  M. Alexis Tsipras est simple .  Les deux programmes ont certes commencé à donner quelques résultats .  Le pays devrait, après cinq ans de récession renouer avec la croissance en 2015 .  Mais pour les Grecs  contraints à se serrer la ceinture, le bout du tunnel n’est toujours pas visible .  Le taux de chômage s’élève à 27% , tandis que celui des jeunes  dépasse allègrement les 50% .  Les programmes de la troïka sont arrivés à échéance en décembre , mais ont été prolongés jusqu’en février .    En effet, la victoire de Syrzia  représente clairement un désaveu pour la troïka . Dans un message laconique ,  lundi, par le porte-parole , de la Commission européenne , qui avait pris partie le gouvernement sortant , ayant déclaré qu’elle respectait les résultats des urnes et était prête à travailler avec les nouvelles autorités grecques .   Du côté de la BCE, le message est tout aussi sec «  Nous n’accepterons pas une restructuration des titres grecs ; le nouveau pouvoir grecque doit payer les dettes et ne pas  agir de manière unilatérale « , avait déclaré lundi, Benoît Coeuré , membre du directoire .   En attendant la stratégie que va déployer  le nouveau pouvoir, plusieurs Etats européens , se disent prêts à lui donner une chance .   A commencer  par les pays du sud de l’Europe ( Italie, Espagne, Portugal, et  France) .  Qui sont également enfermés dans le piège  de la  dette . 

 DEUXIEME PARTIE

 
L’Allemagne  CRAINT UNE CONTAGION

 
Berlin craignait que la victoire Syrzia en Grèce ne remette en cause les politiques de rigueur  au sein de la zone euro .  En  effet, Angela Merkel  n’a montré  aucun empressement à « féliciter «  Alexis Tsipras : s’en tenant à la « tradition « , elle ne lui enverra de télégramme  qu’une fois , il aura été officiellement nommé premier ministre » . Chose faite depuis quelques jours .  M. Tsipras , s’en passera des félicitations de la Madonna  de la rigueur !    En effet,  en  votant Tsipras, , les Grecs ont voté contre Merkel, et contre la rigueur , estime le Spiegel . Dimanche, ni la CDU ni le SPD n’avaient jugé bon de réagir au vote grec .  Seul  Jens Veidmann, le président de la Bundesbank, avait pris la parole pour l’Allemagne officielle , demandant à  Syriza  de « ne pas faire de promesses illusoires « à ses concitoyens .

  Lundi matin, le SPD assurait que l’Allemagne «  était prête à travailler avec n’importe quel gouvernement élu démocratiquement . A condition que soit respectée la fidélité aux traités déjà signés par  la Grèce vis-à-vis de ses partenaires de la zone euro « . 

 UN TRAITE EST UN TRAITE !

  «  La zone euro n’est pas un tripot dans lequel chacun pourrait jouer comme il veut . Un traité est un traité « , s’indigne hier, le quotidien  populaire «  Bild Zeitung «  , rappelant que l’Europe  a « respecté ses engagements depuis 2010 » , en accordant 200 milliards d’euros à  la Grèce .  Par ailleurs, selon le quotidien « Süd deutshe Zeitung «  , Berlin n’a pas attendu le scrutin   de dimanche  pour négocier avec l’entourage d’Alexis Tsipras : le social-démocrate Jörg Asmussen a déjà entamé d’officieux entretiens avec Syriza au cours des dernières semaines pour préparer le terrain , assure le quotidien de centre gauche . Les relations avec Athènes et Berlin s’annoncent en effet houleuses .   Dans un premier temps , Berlin cherchera à dresser la liste des points de négociation possibles avec la nouvelle équipe grecque . Une troisième réduction de la dette d’Athènes et Berlin  envisageable  , tant pour le CDU que pour le SPD.  «  Entre Merkel et Tsipars, il va y avoir une partie de poker passionnante « , estime Julian Rappold, chercheur à l’institut de politique étrangère DGAP . Au delà de la Grèce , l’Allemagne craint une contagion du rejet de l’austérité à d’autres pays en difficulté , comme l’Espagne avec le nouveau parti  gauche radicale Podemos .  

POUR UN « PRINTEMPS ROUGE « ! 

 Cependant, même en République fédérale, le succès d’Alexis Tsipras pourrait réveiller  les attentes d’une partie de la gauche .  Hier, la présidente du parti    néo-communiste  allemand, Die Linke, Katja Kipping, appelait à un « Printemps rouge européen « , tandis que la confédération syndicale  DGB, réclamait un changement radical de cap de la politique en Europe .  « Il faut mettre fin aux programmes d’austérité , qui sont en premier lieu,  portés par la couche la plus modeste et une partie de la classe moyenne en Grèce comme ailleurs qui ont mené à des conditions scandaleuses » . Estime le chef du DGB, Reiner  Hoffmann .  

Dans un manifeste électoral, Syriza  a également proposé la tenue d’une conférence internationale sur la crise de la dette  sur le modèle de celle qui avait eu lieu en 1953, dans le but d’aider l’Allemagne ruinée à la sortie de la seconde guerre mondiale.  La directrice du FMI, Christine Lagarde, s’est dite partante .   Selon Grégory Clayes , chercheur à l’Institut Bruegel , centre d’analyses politiques et économiques  à Bruxelles , le dirigeant de Syriza  souhaite consacrer 2% du PIB par an au remboursement de la dette , contre 4,3% actuellement .   « C’est objectif réaliste et nécessaire , tant pour la Grèce, que l’Espagne , le Portugal ou encore l’Italie  qui déboursent près de 5% de leur PIB, rien que pour payer les intérêts « , dit-il . Un tel niveau d’endettement n’est soutenable ni pour les  Etats débiteurs , ni pour les créanciers .  Il estime que l’initiative grecque est jugée crédible , du fait que Syriza  ayant affirmé son appartenance à l’Union européenne et à la monnaie unique .   

BERLIN JOUE LA DISCRETION APRES LA VICTOIRE DE SYRISA

 
S’il ne fallait qu’une preuve de l’embarras de Berlin après la victoire de la Syrizia  en Grèce , le communiqué publié par Angela Merkel l’apporterait . D’habitude  très  prompte à féliciter ses homologues , la chancelière allemande a cette fois attendu mardi matin à 11 heures , pour publier un communiqué qui tient en quelques lignes : « Très honoré monsieur le premier ministre , je vous félicite pour votre nomination comme premier ministre  de la République Grecque . Vous prenez vos fonctions dans une période difficile et faites face à une grande responsabilité . J’espère que la collaboration avec vous permettra de consolider et d’approfondir la traditionnelle et profonde amitié qui lie nos deux peuples . Je vous souhaite  beaucoup de force et de succès dans votre fonction de premier ministre . Sincères  salutations « . 

 La différence de ton avec le communiqué  de  l’Elysée est frappante . Dès lundi, le président de la République  a d’ailleurs invité le vainqueur des élections  de dimanche, Alexis Tsipras, à Paris, ce que n’a pas fait Angela Merkel . Sans doute  pour des raisons en partie tactiques .   En effet, lundi, son porte-parole, Steffen Seibert , avait rappelé qu’il ne s’agissait, en aucun cas, d’une confrontation  entre l’Allemagne et la Grèce , mais d’une discussion qui va concerner l’ensemble des Etats européens .  Il est clair, que l’Allemagne  ne souhaite pas se mettre en première ligne dans les semaines à venir , mais va chercher à peser sur l’attitude des autres européens .

  L’INTERVENTION D’UN VIEUX ROUTIER DE LA POLITIQUE …  

Par ailleurs, la Grèce sera évidemment au menu ses discussions  que   la  chancelière  a eu , ce mercredi avec le polonais Donald Tusk, nouveau président du Conseil européen , et avec François Hollande , et Martin Schulz, président (social-démocrate ) du parlement européen .  Le rôle de ce dernier sera intéressant tant le parti social-démocrate  semble également effarouché par ce qui se passe en  Grèce . « Celui-ci n’accorde pas à Syriza le crédit politique que lui accorde le Parti socialiste «  , analyse Ernest Hillebrand, responsable des questions européennes à la fondation Fredrich  Ebert . Seul espoir de la coalition au pouvoir à Berlin : «  Qu’Alexis     Tsipras  oublie une partie de ses promesses électorales et se montre plus conciliant « .  « Son élection n’est pas une surprise et malgré les apparences, c’est déjà un vieux  routier de la politique. On espère qu’il se montre réaliste », résume M. Hiellebrand .  

C’est aussi ce que espère  une partie de la presse . Mardi, la « Süddetsche Zeitung «  se voulait optimiste .  « Si les Grecs , avec Tsipras , balaient la corruption , ne créent plus d’emplois de complaisance dans l’administration  et imposent réellement les plus riches, alors les Allemands , avec Merkel , doivent faire des concessions sur les taux d’intérêts , le  rééchelonnement de la dette et les investissements « . C’est dans l’intérêt de tous .   D’ailleurs, pour le quotidien de centre-gauche, l’enjeu est en partie symbolique . » Les  rééchelonnement de la dette que Tsipras présente depuis des mois comme le remède miracle aiderait en réalité bien peu la Grèce . Comme les pays de la zone euro ont déjà prolongé  sur trente ans et plus le remboursement des crédits accordés à Athènes , le gouvernement grec n’a aucun euro à rembourser avant 2020. Seuls les intérêts tombent « , fait valoir le journal .  

UN PARLEMENT DEMOCRATIQUEMENT ELU

 
  C’est ce que pense le quotidien berlinois de gauche le « Tageszeitung « . Pour celui-ci, cette victoire historique est considérée comme « une chance que la Grèce  se débarrasse  de décennies de corruption et de népotisme, dont la nouvelle démocratie et le Pasok  étaient inséparables « .  Néanmoins , le journal met en valeur les dangers auxquels la Syriza est confrontée : «  Avec sa rhétorique de campagne, elle produit des espoirs insatiables «  et des ennemis dangereux . Or elle n’échappera pas à des négociations avec les bailleurs de fonds .  En conclusion de son analyse , la « TAZ » avertit ceux qui pourraient contester l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir en Grèce : «  La Grèce a élu démocratiquement son parlement .

 Le résultat obtenu et digne de respect sinon, l’appareil de la démocratie sera mis en danger – et pas seulement à Athènes .
 » .  C’est donc la démocratie qui prévaut : il convient de respecter le choix électoral du peuple grecs et ne pas  le  prendre à la légère  .   La F. A. Zeitung », quotidien conservateur , explique en quoi est «  inconcevable que les Grecs annulent leurs dettes  immédiatement «  , rappelant que la zone euro veut éviter de créer un précédent . Le journal de Frankfurt nie que les Grecs soient submergés par une dette élevée .«   Alexis Tsipras  a affirmé que la dette publique , atteigne 180% du PIB, étouffe  l’économie grecque  .Celui-ci  est , viable, au moins à terme «  . Et explique doctement que les prêts accordés à la Grèce  ont des termes éloignés  dans le temps  et surtout » inférieurs à la moyenne à ce que l’Allemagne paie pour sa dette publique «  .   Des  «  Concessions minimes mais répétées de la part des autres pays » pourraient selon la » FAZ «  , permettra à Syriza  de  conquérir les Grecs sur d’autres terrains plus douloureux «  Mais ça reste un espoir , selon le journal , qui estime  que de toute façon les réformes promises par Tsipras ne seront   pas réalisables  par manque de ressources !  

DES REFORMES PLUS FACILES A METTRE EN PLACE 


   « D’un point de vue économique » Grexit «  ne serait plus aussi risqué qu’il était considéré , il y a quelques années , à cause des plans  « de sauvetage et des actions de la Banque Centrale » .  A la question  que signifierait un  « Grexit » ? A savoir une sortie de la Grèce de la zone euro , le quotidien résume sans ambages   qu’il en coûterait beaucoup d’argent, au contribuable Allemand .   C’est sans surprise  que  le  quotidien »  Bild « mettait en avant  ce sujet . Mardi,  celui-ci   titrait sous une   photo   d’Alexis  Tsipras : » ses promesses nous coûteraient 20  milliards d’euros «  .  Cette somme résulte de l’évaluation des promesses de campagne  effectué par l’Institut pour l’économie mondiale de Kiel . La Syzira  évalue son programme à 12 milliards d’euros …   Par  ailleurs, le bras de fer entre le gouvernement grec, dominé par le parti Syriza  et l’Union européenne (UE) a d’ores et déjà commencé .

 En effet, le président de l’euro-groupe (le club de ministres de Finances des pays ayant adoptés la monnaie unique ) s’est rendu à Athènes  vendredi  et mis les nouveaux dirigeants en garde contre le non-respect  des accords passés entre la Grèce et ses partenaires européens . « Ignorer les engagements n’est pas le bon chemin à prendre «  , a-t-il dit à l’adresse  du ministre grec des finances, Yanis Vaourakis . La réplique de ce dernier ne s’était pas fait attendre : »La Grèce veut bien dialoguer avec l’Europe , mais pas avec le Comité branlant de la troïka  (Commission , Banque centrale et Fond monétaire international ).  Nous avons une volonté absolue  de coopérer avec nos partenaires et de les convaincre qu’il est de leur intérêt de nous tous de négocier un nouvel accord .  

Un tête-à-tête  entre le premier ministre , Alexis  Tsipras , et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker , est prévu la semaine prochaine  à Bruxelles .  Le Luxembourgeois a toutefois rejeté toute annulation de la dette . Arguant du fait que les autres pays n’accepteront pas ! Le ton  est également monté du côté grec . Dans une  interview accordée au New-York Times, le ministre Yanis Varoufakis, a ouvertement critiqué la troïka , qui doit encore verser une dernière tranche de 7 milliards d’euros à la Grèce .  « Les 7 milliards nous n’en voulons pas », a-t-il dit . Ce que nous voulons , c’est repenser toute la collaboration . 

Le ministre des finances entend défendre sa position la semaine prochaine à Paris, à Londres et à Rome . Il bénéfice déjà du soutien de son homologue français . « Annuler la dette grecque , non « . En discuter pour alléger , oui . Avait assuré son homologue français  mardi à Bruxelles .


   CONCLUSION

 
Selon toute vraisemblance , le plan du gouverneur de la BCE  ne suffira pas à redresser l’économie européenne  sinistrée par la crise des sub-prime et aggravé par la rigidité de la Banque Centrale européenne (BCE), dirigée par un monétariste pur jus ,  et ancien de Goldmann  Sachs, loin de l’école » Keynizienne « qui favorise l’emploi  et l’investissement à  faire de l’argent pour l’argent . Cette école  d’Adams  Smith et  Riccardo qui  avait généré la crise de 1929, suivirent des années sombres  aux Etats-Unis et en Europe .  

Les lois préservant les salariés et les petits  actionnaires ont été balayés par les réformes  d’un  ancien président des Etats-Unis .   La crise des sub-primes , n’est que l’arbre qui cache la forêt .  Les gesticulations  du gouverneur de la BCE  sont, non seulement inutiles mais dangereuses pour l’économie mondiale au bord de l’étranglement .  D’autres solutions son possibles,  si  la raison l’emporte .

Quant au   peuple grec, que nous félicitons de sa victoire électorale de dimanche dernier, il  a montré que la volonté populaire  peut déplacer les  montagnes .   L’Union européenne  est obligée  de s’asseoir à la table des négociations , tout en oubliant sa suffisance et son arrogance habituelles .    

 * Notre  éditorial   «  Dette souveraine «  du 1er septembre 2011 ;

  paru sur notre site
www.dr-ben-abdallah.ch
 
 **  « Dette grecque ,le début du bras de fer « paru sur « LE TEMPS » du 27/01/2015 »;


 DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
 DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE  EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB;
 
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE LE
POSSIBLE & LE REALISABLE ;
VISIBLE SUR NOTRE SITE
 
www.dr-ben-abdallah.ch
DEPUIS LE 1er Mars 2009 ;  

 &

EDITORIALISTE, REDACTEUR EN CHEF ;
DU SITE 

www.dr-ben-abdallah.ch  


DEMEURANT    SIS  1202  GENEVE II
 


 05/02/2015