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Le retour en puissance du mercantilisme

Editorial économique

DR MOHAMED BEN ABDALLAH - REDACTEUR EN CHEF DU SITE 

EDITORIAL  ECONOMIQUE
EDITORIAL ECONOMIQUE

LE  RETOUR  EN  PUISSANCE   DU MERCANTILISME

Le mercantilise  classique regroupait  entre le XVIe et XVIIIe siècle un ensemble  de penseurs  européens très   divers  qui  étaient partisans d’une forte intervention de l’Etat tourné  vers le développement du marché intérieur, la promotion  des exportations et le découragement  des importations dans le but   de cumuler des excédents extérieurs , sources  financière  d’une politique  de puissance . Certains  dirigeants  sont tentés  de  réveiller  cette vieille  doctrine .

Dans le sens étymologique, le mot  vient de l’italien  mercante , marchand . Au sens courant , le mercantilisme  désigne l’attitude  consistant  à faire du commerce  avec un esprit étroit et de l’âpreté  au gain , il relève  du  syndrome de l’avidité . 

Quant au sens  économique : le  mercantilisme   est une doctrine  économique  des XVe, XVIIe et première moitié  du XVIIIe siècle qui part  du postulat que la puissance  d’un Etat est  fonction  de ses réserves en métaux précieux ( or et argent ) .  Il prône  le développement économique  par l’enrichissement  de l’Etat au moyen du commerce extérieur .  Dans un système mercantiliste .L’Etat  joue un rôle primordial  en adoptant  des politiques  protectionnistes qui établissent notamment des barrières  tarifaires et encouragent les exportations .

Le système mis en place par Colbert (1619-1683), le colbertisme  est un mercantilisme  national, fondé  sur une intervention de l’Etat dans le commerce  extérieur afin d’accroître  les rentrées de devises par l’augmentation   des exportations  des marchandises  comme conséquence le  développement  des manufactures . Ainsi, pour protéger et augmenter les réserves , la plupart des pays européens ont pratiqué le mercantilisme  et mis en place , durant cette période , des politiques économiques  protectionnistes et des relations  contraignantes avec leurs possessions coloniales .

Apparaissant en même temps  que les Etats-nations  et le développement  du capitalisme moderne , le mercantilisme  ayant permis  les premières  descriptions  du rôle des monnaies  et de la production  ainsi  que là les premières analyses des circuits économiques .  Précédant les physiocrates , le mercantilisme  a été  une  étape majeure  dans l’avènement de la  science économique moderne .


LE MERCANTILISME, EN  TANT   QUE     SCIENCE ECONOMIQUE


Comme nous l’avions  déjà  décrit  ci-dessus, le  mercantilisme désigne  le courant  de pensée économique  dominant  du  XVIe à la moitié  du XVIIIe siècle .  Selon ce courant, la puissance de l’Etat repose sur trois piliers :  l’or  et sa collecte par l’impôt, les marchands et leur valorisation dans le commerce extérieur , les exportations  et l’excédent  commercial qu’elles permettent d’obtenir en vue de l’accumulation  de métaux précieux .

Le  mercantilisme n’est pas , à proprement parler  une école économique , puisque  ce courant recouvre  un ensemble d’analyses hétérogènes . C’est Adam Smith qui, dans « De la richesse des nations «  réunit  plusieurs penseurs sous cette  étiquette en critiquant  « le système mercantile «  qui prône la puissance  militaire de l’Etat , son intervention  dans l’économie , ainsi que les protections  douanières  et les monopoles .
En effet, le mercantilisme  s’est développé  dans la plupart des pays européens .  Il connaît  différentes variantes suivant les pays . En Espagne, le courant mercantiliste  est nommé  bullioniste (  de l’anglais  billion  qui signifie  lingot ) . Le bullionisme  vise à  accumuler les métaux  précieux issus  des colonies amérindiennes  et les empêcher ensuite  de sortir du pays.  Ils  furent   pratiqué aussi par  Charles Quint  et Philippe  II . En  France, le courant mercantiliste se  traduit  par le colbertisme  pratiqué par Louis IV.  L’objectif   reste l’accumulation métaux précieux , mais n’ayant  pas les mêmes ressources aurifères , la politique colbertiste  vise à se  les procurer  par le bais d’un protectionnisme sélectif et d’un interventionnisme industriel .

Contemporain  de la colonisation du nouveau monde, de la monarchie absolue, le  mercantilisme  s’était développé  surtout dans les Etats-nation qui dominaient alors l’Europe :  L’Angleterre et la France . Les mercantilistes  anglais les plus connus sont  William  Petty (1623-1687), John  Law (1671-1729) . En France ce sont  Jean Bodin (1529-1556), Jean-Baptiste Colbert (1619-1665) . Mais  le pays  le plus  cité par les mercantilistes  comme le modèle à suivre  fut  la Hollande .  Ce pays où le pouvoir appartenait aux marchands dominait économiquement   l’Europe grâce  à la puissance de son commerce .  Les mercantilistes français et anglais , fut  en affirmant les spécificités nationales  de chaque pays, se servant de la Hollande pour montrer que  le commerce  international  fut  un vecteur de richesse pour une nation  .

Par ailleurs, la stratégie  de leur discours  consistait à placer l’Etat , pensé  comme l’incarnation de l’intérêt  général , contre les archaïsmes féodaux  à l’intérieur du pays  contre les autres puissances nationales extérieures  . L’Etat qui représentait  l’intérêt  général était opposé  au marché qui était le lieu où  s’affrontaient les intérêts particuliers ,  représentait  l’intérêt général  fut  opposé au marché qui était le lieu  où  s’affrontaient  les intérêts  particuliers , synonymes  de désordre , et donc  contrevenant  à l’intérêt  de l’Etat-nation .

En effet, le recours à l’Etat servait d’outil logique pour commander les archaïsmes : concessions  accordées à certaines villes, péages intérieurs abusifs, ou encore les  privilèges  de l’Eglise .  pour cette raison, les mercantilistes  favorisaient les  monopoles accordés par l’Etat , et plus généralement,  sollicite  son intervention  dans l’économie afin que les intérêts  particuliers soient  modérés , afin de pouvoir réaliser  l’objectif de l’Etat  qui consistait   à doter  l’Etat  de moyens financiers, monétaires  et fiscaux afin qu’il puisse mener  une  politique autonome .

En ce sens, les mercantilistes  furent animés  par la rationalisation et la modernisation de l’Etat. On  peut même dire, que  la pensée économique laïque naquit  avec  le mercantilisme .  En effet,  les analyses mercantilistes  étaient  en rupture  avec les analystes  économiques  des théologiens  qui cherchaient  à qualifier la nature bonne ou mauvaise de telle  activité commerciale .

Le problème  spécifique des mercantilistes  n’était pas  celui du péché , mais la  puissance du Prince ou de l’Etat . Ils  introduisaient  donc  une rupture avec la   conception  économique traditionnelle . Par  ailleurs, la politique  économique fut  menée en vue de la puissance politique  et militaire sur le plan international .  La puissance d’un Etat, se mesure à sa capacité  de pouvoir  se procurer des armes et des armées , donc  à  l’accumulation des métaux  précieux permettant  de se  les  acheter ( notamment à  pouvoir recourir à des mercenaires , le cas échéant .

L’accumulation  et le placement de l’or et de l’argent  furent  au cœur  des préoccupations  des mercantilistes . Selon eux, ces métaux  sont mieux placés s’ils  circulent  dans l’économie nationale que s’ils  sont accumulés  dans les coffres .  Néanmoins , ils doivent pouvoir  être rapidement  saisis par le Prince en cas de besoin .

Par conséquent, certains mercantilistes préconisaient l’interdiction de l’exportation de l’or afin de l’Etat conserve sa puissance . D’autres soulignaient cependant que comme le commerce extérieur apportait la richesse , donc la puissance , il ne faut pas gêner les  exportations , voire , il faut les favorise , à condition cependant de limiter  le plus possible les  importations .

Apparaissant  en même  temps  que les Etats-nations  et le développement du capitalisme moderne, ayant permis les premières rescriptions  du rôle  des monnaies et de la production , ainsi que les premières  analyses  des circuits  économiques . Précédant les  physiocrates, le mercantilisme a été une étape majeure de l’avènement  de la science  économique moderne .  En effet,  la monnaie pour les mercantilistes est  avant tout , un bien qui importe plus que les autres . Cette analyse de la monnaie  allait    à l’encontre des théories classiques de la monnaie développées  par Adam  Smith ou Say qui  analyse la monnaie comme un bien neutre , une marchandise  comme  les autres , soumise à la loi  de l’offre et  la demande .

Par  ailleurs,  à partir  de la moitié  du XVIIIe siècle , les penseurs libéraux tels que Smith ou Quesnay ou Hum, critiquent le mercantilisme , ce qui mettra fin à ce courant de pensée au profit des physiocrates  et des classiques . On retrouve aujourd’hui , des formes  de néomercantilisme dans les politiques  économiques protectionnistes faisant à favoriser un excédent  commercial . John  Maynard  Keynes   préconisait ces politiques , le mérite de  favoriser le décollage économique  et la constitution   d’un capitalisme national . Il reprend également certaines de leurs analyses  concernant la monnaie  ou les taux  d’intérêt .

ADAM SMITH  (   1723-1790) , PÈRE  DE L’ECONOMIE POLITIQUE

La  plupart  des   économistes  considèrent Adam Smith  comme  le « père de l’économie politique «  «  , pourtant  certains , comme joseph Schumpeter , ou  Murray Roth bard , l’ont  défini    comme un auteur mineur , considérant que son œuvre  comportait peu d’idées originales  et que ces dernières  étaient  , pour   beaucoup , fausse .Cependant,  il n’en demeure pas moins  qu’il reste  dans l’histoire comme le père des sciences économiques modernes , dont l’œuvre  principale , publiée en  1776 « La richesse des nations «  , est un des  textes fondateurs du libéralisme économique .  Bien  que connu  de son vivant pour ses œuvres  de philosophie, la postérité  avait surtout retenu  son talent d’économiste . Les  sciences économiques   l’ont  très rapidement élevé au rang de fondateur .  Le    courant    libéral  autant économique que politique ,  avait   fait un de ses auteurs de référence .  Qu’y va-t-il  apporté dans la richesse des nations qui justifie une  telle postérité ? Paradoxalement, Adam  Smith n’a apporté presque aucune idée nouvelle  à la philosophie  et    à l’économie  dans son ouvrage .  La plupart de ses idées avaient  été approchées  par des  philosophes  et des économistes comme le Français  Quesnay , John  Locke, William  Petty , David Hme (avec qui il  entretenait  des relations amicales , Turgot , ou encore  Richard  Cantillon  .  la  richesse  des nations  mentionne  plus d’une centaine d’auteurs   auxquels  sont empruntées les différentes analyses .

Ce qui lui donnait    toute sa  valeur à l’œuvre de Smith, n’est donc pas  son originalité , mais la synthèse  de la plupart  des idées économiques  pertinentes  de son temps . La plupart des auteurs   qui l’ont précédé ont développé  des idées brillantes , mais  distinctes de tout système global  cohérent .  Et souvent associées à d’autres  conceptions  économiques  beaucoup  moins pertinentes ( comme  la stérilité de  l’industrie chez les physiocrates )  .  Smith corrige  les erreurs à  postériori  évidentes  des auteurs  qui l’avaient  précédé , il avait approfondit  leurs idées  et les  lient   entre   elles , pour tisser une compilation   cohérente  .

Son  mode de pensée  repose souvent  sur le principe suivant :pour Smit  , ce qui est sage    pour  le chef de famille  ne peut  être  une  folie dans la gestion  d’un  empire  .Dans la théorie des sentiments moraux  ( publié en  1759), il tentait  de décrire  les principes de la nature  humaine  pour comprendre   comment  ils se suscitaient  la création  d’institutions communes   et  un comportement social  .  En effet, dans  « la  Théorie  des sentiments moraux « , la sympathie au sens d’empathie  , de capacité de comprendre  un autre  en se mettant en quelque sorte  à sa place, occupe  une place centrale dans sa théorie . Pour Smith, l’homme dans ses actions doit tenir compte  du point de vue  des spectateurs tels ou du spectateur impartial , dans un cadre  d’un double processus  de sympathie .  Le problème ,  est que ce double  décentrement  n’est pas facilement accessible  à tout le monde .  Tout aussi, Diakène suggère-t-il  que Smith  avait conscience  de ces difficultés   qu’il  a écrit  la Richesse  des  Nations , où  , dans le domaine  économique, le marché  , d’une certaine façon , se substitue  au spectateur  impartial , ou  du moins  oblige les acteurs  économiques  à tenir compte les uns des autres .

LA NATURE DES RICHESSES  

Avant Smith , les économistes avaient proposé  deux grandes définitions  de la  richesse  . Smith  reprend  dans le livre IV, de la Richesse des Nations , une critique mercantiliste  que Schumpeter  qualifiera   d’intelligeant , à savoir que la richesse  est définie   par la  possession des métaux et des pierres précieuses , car ce sont eux  qui permettent  de financer les guerres  , ce sont eux  qui ont de la valeur  durable  dans le temps  et reconnue partout .  Il s’agit d’une richesse  essentiellement princière «  jamais les mercantilistes  n’ont soutenu  cela « , souligne Schumpeter  .  pour les physiocrates , la  production agricole  fut la seule source de richesse  , les autres  activités  notant vouées  qu'à   la transformation  de cette richesse princière  .

Pour Smith, la richesse de la nation   , c’est l’ensemble  des produits  qui agrémentent  la  vie de la nation entière , c’est-à-dire  de toutes les classes  et de toutes   autres  objets   leurs consommations . L’or et la monnaie  constituent donc  plus la richesse  , elles  n’ont  en elles-mêmes  aucune autre  utilité  que celle d’intermédiaire  de l’échange .  Adam Smith avait rejoint donc la vision  de la monnaie  proposé par Aristote  dans l’antiquité  . Pour lui  l’origine de la richesse est le travail des hommes . Il pose ainsi  les bases de la doctrine de la valeur travail ,  qui  sera pleinement  théorisé au siècle suivant  par David  Ricardo .

LE LIBRE ECHANGE

Adam Smith  constatait d’abord que, en Angleterre, « les effets naturel  du commerce  des colonies , aidés de plusieurs autres  ont  surmonté en grande partie les mauvais effets  du monopole «  . Ces causes , à ce qu’il semble , sont  la liberté d’exporter, franche de droit , presque toutes les marchandises qui sont le produit de l’industrie  nationale à presque tous les pays étrangers , et  la liberté illimité de les transporter  d’un endroit  de notre pays  à l’autre  , sans être obligé  de rendre compte  à aucun bureau public , sans  avoir  à  essuyer des questions  et des examens d’aucune espèce .

Par ailleurs, la thèse de Smith sur le commerce international se fonde sur une évidence à priori : il est prudent de ne jamais essayer  se faire chez soi  la  chose qui coûtera  moins cher  à  acheter   qu’à faire  .  Dans ce cas de figure, Smith  reprend, en fait, une critique du mercantilisme  entamé  par David Hume , en 1752. Hume ,   pensait que   les excédents commerciaux , en accroissant  la quantité des monnaies  sur le territoire, provoquaient  une hausse de prix et donc  une  baisse de la compétitivité induisant ainsi  un déficit  commercial , de sorte que les balances commerciales s’ajustaient  naturellement , et qu’il est utile  de poursuivre l’excédent .

La  démonstration  formelle  des avantages  du libre-échange est différente chez Smith . Elle  repose  sur  la notion  d’avantage absolu . Si une première nation est meilleure  dans la production d’un second bien , alors chacune  d’entre elles a  intérêt de se spécialiser dans sa production  et échanger  les fruits de  son travail . 


LA NECESSAIRE  REGLEMENTATION  DE  LA FINANCE


Quelques années  avant la  parution  du renommé Recherches  sur la nature  et les causes de la richesse  des nations (1776), Adam Smith  avait été témoin  de l’éclatement de la bulle financière qui avait décimé  le système bancaire  d’Edimbourg : sur trente banques , seules trois  avaient survécu. Pour lui , livrée  au seules forces du marché, la finance  fait  aussi   courir de graves danger à la société . Adam Smith stipule expressément que la logique d’un marché libre  et concurrentiel ne doit pas s’étendre à  la sphère financière .  D’où , une nécessaire exception  financière  au principe  de la liberté  d’entreprendre  et de commercer, et la  nécessité  d’un cadre réglementaire  stricte : « ces règlements peuvent à certains égards  paraître  comme une violation  de la liberté  naturelle   de quelques individus , mais cette liberté  de quelques-uns pourrait compromettre la sécurité  de  toute la société .  Comme pour l’obligation de construire des murs  pour  empêcher la propagation des incendies, les Etats  , dans les pays libres comme dans les pays despotiques , sont tenus  à réglementer le commerce des services bancaires «  .


LE RÔLE DE L’ETAT

Dans  le livre V  de la  richesse des nations , Adam Smith  définit enfin  les fonctions  d’un Etat gardien  de l’intérêt général  et non de l’intérêt  du prince .  Il s’agit  d’abord des fonctions   dites régaliennes ( police, armée, justice et santé ) l’Etat doit protéger  les citoyens  contre les injustices et les violences  venant du dedans  comme du dehors .

En effet,  l’analyse du droit public de Smith s’inscrit  dans la logique  de Grotius, Pufendorf et Hobbes , mais Adam Smith opère dans ses cours à Glasgow ( 1762-1763)  une rupture nette  dans sa définition  des fonctions de la » police « , c’est à—dire la protection de la régulation  de l’ordre intérieur . Or , à l’époque, la régulation  de l’ordre intérieur  est étroitement  liée à l’abondance aux prix des vivres : garantir  l’ordre  public, c’est garantir l’approvisionnement en vivres . La police impliquait donc  l’intervention économique  est contre-productive   vu qu’elle nuit  à  l’opulence des  denrées .

Adam Smith avait défini donc les devoirs régaliens dans leur  sens moderne :  protection des libertés individuelles  fondamentales  contre les agressions du dedans  et de   dehors . Pour autant Smith ne refuse pas à l’Etat  toute  intervention économique .

« Dans le septième  de la liberté naturelle, le souverain  n’a que trois devoirs à remplir ; trois  devoirs de haute importance, mais clairs , simples et à la portée d’une intelligence ordinaire .
Le premier , c’est le devoir de défendre  la société de tout acte de violence ou  d’invasion de la part des autres sociétés indépendantes .

Le deuxième, c’est le devoir  d’ériger  et d’entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l’intérêt privé d’un particulier  ou de quelques particulier  ne pourraient jamais  les porter à ériger  ou à  entretenir , parce que  jamais le profit  n’en rembourserait  la dépense à  un particulier  ou quelques particuliers , quoi qu’à l’égard  d’une grande société ce profit  fasse beaucoup plus  que rembourser les dépenses «  .

Avec « ces  devoirs «  Smith justifie  clairement un  certains  interventionnisme  de l’Etat   dans la vie économique .  Il définit  aussi   ce que  les activités économiques  appellera  plus tard le »bien commun «  .  Selon Smith, le marché ne peut  pas prendre en charge  toutes les activités économiques, car certaines  ne sont pas rentables  pour aucune entreprise , et pourtant  elles profitent largement à la société  dans son ensemble . Ces activités doivent  être prises en charge  par l’Etat .  Il s’agit surtout  des grandes infrastructures , mais l’analyse peut s’étendre aux  services publics .  A cela, on peut ajouter  la fourniture  d’une  éducation pour les pauvres .

Dans un article publié  en 1927, Jacob Viner, professeur d’économie  à l’université de Chicago, écrivait  ainsi qu’Adam Smith, n’était pas un avocat  doctrinaire  de « laisser faire « , laissant  beaucoup de place à  l’intervention gouvernementale , tout en rendant compte des circonstances  pour décide  si une politique libérale est bonne ou mauvaise . Il soulignait : «  les avocats modernes du laisser-faire  qui s’opposent à la participation  du gouvernement  des affaires  parce qu’elle  constituerait   un empiètement  sur le champ réservé  à la nature  , à l’entreprise  privée  ne pensent  trouver appui à cet argument  de la Richesse des nations «  (Viner , 1927 . 1927 ) .

POSITIONS POLITIQUES 



A travers  la Richesse des nations, Adam Smith  prenait  de nombreuses positions  sur les débats politiques  de son temps   et tente , à la lumière de l’économie  de contribuer  à l’idéal  des lumières  du XVIIIe siècle .

Sur la question de l’esclavage , il explique  que le travail des esclaves  est en fait plus coûteux  que celui des hommes libres, motivés par l’appât du gain  et guidés par les forces du marché . « l’expérience  de  toutes   les nations, écrit Adam Smith, s’accorde, je crois , pour démontrer  que l’ouvrage naît par des esclaves , quoiqu’il  paraisse .  Ne coûter  que les frais de leur subsistance, est au bout du compte le plus cher de tous «  . C’est  dans  la même logique qu’il s’attaque  au colonialisme , entreprise coûteuse d’exploitation . « Les colonies sont tout au plus des  dépendances accessoires , une espèce de cortège  que l’empire traîne à sa suite pour la magnificence  de la parade «  . Il consacre  une centaine de pages à  dénoncer  le système mercantiliste  qui dicte  jusque-là, la politique des grandes  nations .

Adam Smith n’épargne pas non plus  l’aristocratie terrienne . La critique des propriétaires  fonciers  oisifs , rentiers , sera surtout l’œuvre  de David Ricardo, mais dès  1776, Smith  fait remarquer  «  les propriétaires terriens comme tous les autres hommes , aiment recueillir  là où ils n’ont pas semé «  .

L’HERITAGE   INTELLECTUEL D’ADAM    SMITH

Adam Smith  n’a pas  fait naître  le libéralisme économique . Déjà Montesquieu, écrivait en 1748  De l’esprit des lois «  Il se trouve  que chacun va au bien commun , croyant aller à ses intérêts  particuliers « .   Puis  le physiocrate  Vincent de  Gournay  avait demandé  aux gouvernements de « laisser faire les hommes «  et de laisser passer les marchandises «  , mais il ne s’agissait alors que de dénoncer  le système des   corporations et d’encourager la libre circulation des  grains dans les provinces  d’un unique royaume . Sur le plan  intellectuel, l’influence la plus directe  d’Adam Smith se manifeste  dans l’inspiration  que trouvent  dans «  la richesse des nations »  les économistes  des décennies  suivantes .  Parmi  eux , se réclament de Smith des auteurs  dont la célébrité deviendra  aussi grande comme Tomas Malthus, David  Ricardo, et John Stuart  Mill, en Angleterre , Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat en France .  Ces auteurs libéraux  donnent  une impulsion sans antécédent  à la science économique  en discutant  dans leurs ouvrages les avis  de celui  qu’ils nomment  le Dr Smith.  Karl Marx , lui-même  admirateur d’Adam Smith , les qualifient  de « classiques «  , bien que ses propres  travaux , fondés sur  la « méthode scientifique «  et rigoureuse classique , l’amènent à prôner  une doctrine , le communisme , opposé au libéralisme .

Le plus étonnant est  de trouver  dans « la Richesse des nations » nombre  de petites phrases  qui semblent annoncer des grandes idées  économiques des siècles futurs , en voici quelques exemples :  Au début des années huitante, les  « théoriciens  de l’offre «  avancèrent l’idée que le taux de prélèvements   obligatoires  top élevé, en décourageant  l’activité , peuvent finalement engendrer   des recettes fiscales  inférieures  à celle d’un impôt  plus modéré .  Cette théorie  modélisée  par la courbe  Laffer , popularisée par la célèbre phrase  «  trop d’impôt tue l’impôt «    et qui motiva  une partie  de la politique économique  de  Ronald  Reagan , n’avait rien de nouveau . En 1776, Smith écrivait déjà : » L’impôt  peut entraver l’industrie du peuple  et  le détourner , de  s’adonner à certaines branches  de commerce ou de travail , qui fourniraient  de l’occupation  et les moyens de subsistance  a beaucoup de monde . Ainsi  tandis que d’un côté  il oblige le peuple  à payer, de l’autre  il diminué  ou peut-être  anéantit  quelques-unes  des sources  qui pourraient le mettre  plus aisément  dans le cas de le faire . » .

Par ailleurs, à la fin du XIXe siècle, le  sociologue américain Thor Stein  critiquait  les postulats économiques  sur le comportement du consommateur . Pour lui, le consommateur  accroît souvent  sa consommation d’un bien  quand son prix augmente et ce par effet de snobisme ,  dans un objectif   de démonstration sociale . Mais Smith  l’avait écrit  cent  cinquante ans plus tôt .

« Pour la plupart des riches , le principal  plaisir  qu’ils  tirent de la richesse  consiste à  en faire étalage  et de sa fortune, et à     ses  yeux, leur richesse est incomplète tant qu’ils  ne paraissent pas  possède  ces marques décisives de l’opulence ne nul  ne peut posséder  sauf eux-mêmes «  .

Cependant, en général,  c’est  le concept  du marché , comme mécanisme  de base de la société  tout entière  qui devint  le sujet  de prédilection  des économistes qui depuis  lord s’intéressent  à ses imperfections , à ses incapacités , et à son inexistence relative  dans l’économie réelle où les  situations  de monopole sont courantes  .

Si bon nombre  d’économistes  admirent Smith, c’est peut-être  par ce que nombre de courants peuvent y voir le père  de leurs idées . Les libéraux  le saluent  comme celui  qui a mis  en lumière  l’importance du marché  comme mode de régulation automatique  de la société ,  ceux  qui  recommandent une certaine  intervention modérée  de l’Etat  peuvent pourtant  rappeler  que Smith en a aussi souligné  les imperfections éventuelles et ayant appelé  la puissance  publique à corriger . Bien qu’à  l’opposé des  idées de Smith, Karl Marx lui-même  s’en inspire en  développant  toute une  doctrine  fondé  sur  la théorie classique  de la valeur .

«  Quelles  soient juste ou erronées , les idées  des théoriciens de l’économie  et de la politique  exercent  une puissance  supérieure  à celle qu’on   leur prête  communément . En fait, ce sont elles  qui mènent  le monde ou peu s’en faut . Tel pragmatique déclaré , qui se croit libre  de toute influence  théorique , suit en fait aveuglement  un économiste défunt . Tel  maniaque de l’autorité, qui entend  des voix  ,  ne tire  en fait  sa frénésie que  d’un docte  barbouilleur de papier  des années  précédentes .  Je suis certains  qu’on   exagère  l’influence  des intérêts  acquis par rapport à l’emprise  progressive des  idées «   .

Si on croit Keynes,  il semble donc pas exagéré  de  prétendre d’Adam Smith et ses idées  ont modeste  le monde  qui les a suivis , toutefois,  Schumpeter  et Magngusson , les idées attribuées à Adam Smith on en effet été fabriquées  après  sa mort , pour des raisons politiques et idéologiques  et Smith lui-même , selon Michaël  Bizou, était un philosophe    moral  dans la lignée  de son maître Francis  Hutcheson , qu’un économiste .

CONCLUSION

Les  mercantilistes  modernes s’appellent   l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats  arabes , en somme les pays du CCG qui, assis   sur  une multitude  de gisements de   pétrole et de gaz  naturel essayent  depuis  une trentaine d’années de transformer  la manne pétrolière en  puissance politique .  Peine perdue, car à part  la  construction  de mosquées  un peu partout  dans le monde pour propager  le salafisme partout dans  le monde, il sont   restés bédouins  mal décrassés  qui préfèrent  leurs dromadaires à leurs femmes, obligées de se couvrir de la tête  au pied sous  un  « khimar «   et vivre  recluses  dans harem .  Ne savant quoi faire  de leur  manne pétrolière, ils construisent  des tours  dont  la hauteur défie  toute concurrence : Borj  Khalifa  à Dubaï,  dépassait  les 810  mètres,  à 2/3 vide  et qui coûte  les yeux de la tête à ses constructeurs  et propriétaires . Le Qatar, un  pays  de moins de 100 000 autochtones, s’est doté  d’une flotte d’avions de  chasse de marque française , sans  qu’il possède  un seul  pilote de chasse qualifié pour piloter ses  engins .   Il  va sans dire  que  la flotte  d’avions  civile qui sillonne  la planète ,portant  l’enseigne  «  Emirati «  , navigue  à vide  ou remplit  par une clientèle  presque achetée …

La dernière  trouvaille des bédoucraties  du Golfe  est financer  les  guerres en Syrie, en Libye et au Yémen , sans oublier  les 7000 maghrébins  qui sont  entrain   de guerroyer un peu  partout à la  gloire d’un  islam  rétrograde  et obscurantiste . Voilà  un aspect  du mercantilisme  «  Arabe » qui  ne sert absolument à rien, parce qu’il  est prôné  par  des  imbéciles  heureux . Nous leur   dirons     «  Qu’un  mulet  reste  un mulet  même  s’il est ferré en or massif «  .
Dans le même ordre, Donald Trump  veut accumuler un trésor financier , source de puissance  politique qui, hélas  ne l’a pas .  Après  cent  et quelques  jours de gouvernance chaotique, il est menacé d’ »Empechment « , si  les multiples  accusations se confirment .


Quant à la politique fiscale proposé par Paul Rayan, l’un des leaders républicains , qui consiste  à supprimer l’impôt sur  les sociétés  et à le remplacer  par un impôt sur la trésorerie  au taux de 20% , n’est qu’une aberration : En clair, le revenu d’exportation sort de la base fiscale et le coût  de tout ce qui est acheté à l’étranger  n’est plus déductible de la base fiscale . Et si vous investissez sur le sol américain,  le  montant de l’investissement est immédiatement et intégralement déductible , l’année où elle est réalisée . Un tel projet  aurait  de lourdes conséquences . D’un côté , inciter les entreprises à localiser de  manière réelle et artificielle  leur activité aux Etats-Unis, transformés en un gigantesque paradis fiscal .  D’un autre côté, une véritable déclaration de guerre commerciale aux partenaires des  Etats-Unis , avec le risque de rétorsion  et éclatement du commerce mondial . Tout ça  pour servir  la politique de puissance américaine avec un budget militaire , déjà ,  la    plus élevé du monde  en hausse .

Le pire n’est jamais   très loin :Si les entreprises américaines exportatrices  soutiennent le projet, les importateurs du type Wal-Mart le récusent . Les dirigeants politiques du monde entier   dans l’expectative , attendant avec fébrilité la décision   de Donald  Trump Qui  démontre  que les politiques  nationales peuvent changer  les règles de jeu  de la mondialisation .  Même si on est  la première puissance mondiale .


*Christian Chevagneux – Trump   ou le mercantilisme en marche – Alternative économique
 No 367 – Avril  2017 ;  


Références

-          LA  RICHESSE   DES NATIONS – ADM SMITH  -GB – 1756 ;
  • Théorie des sentiments moraux  - 1750 ;
  • Recherches    sur  la nature et les causes  de la richesse des nations  -1776
  • A   Titre   Posthume : Works AND  LIVE   OF   ADM  SMITH - 1776





































DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
DR OF  BUSINESS   ADMINISTRATION ;
 SPECIALISTE  EN MACRO-ECONOMIE  DU MAGHREB ;
 AUTEUR   DE  «  L’INTEGRATION ECONOMIQUE   DU MAGHREB
 ENTRE    LE  POSSIBLE &  LE REALISABLE » ,
EN  LIGNE  SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch

&

EDITORIALISTE – REDACTEUR  EN CHEF    DU  SITE

DEPUIS  LE  1er MARS  2009

Résident sis  1202  GENEVE  - CH

1er juin 2o17