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EDITOTIAL ECONOMIQUE

EDITORIAL ECONOMIQUE

SOMBRES  PERSPECTIVES ECONOMIQUES POUR  2016 !

PROLOGUE

Le marasme du commerce mondial et les investissements internationaux semble traduire un épuisement du processus de la mondialisation .  Une évolution qui suscite  la quête de nouveaux cadres d’intégration , à l’échelle régionale et interrégionale .  En effet, entre les incertitudes sur l’économie américaine , le coup de frein  subi par les économies émergentes et les conflits qui se  multiplient  aux portes de l’Europe , l’environnement international n’est pas des plus rassurants .

Dans un monde instable, l’année 2015  avait  confirmé que le prix du baril de pétrole pouvait rester  durablement  bas  pour plusieurs  raisons :  l’Arabie saoudite , premier  producteur mondial du pétrole , ayant fait  le  choix de maintenir sa production malgré la forte augmentation des  quantités de pétrole extrait des schistes américains, ces dernières années .

Dans le même temps, les pays émergents , en premier lieu  la Chine, ont vu leur croissance ralentir , et avec elle, leur  consommation d’énergies  fossiles .  Ce double  mouvement  ayant accéléré la chute  des cours et l’a inscrite  dans la durée .

Cette situation va-t-elle  changer en 2016 ?  La croissance  dans les pays émergents  ne devrait pas accélérer notablement  et l’Arabie saoudite , semble pour le moment, vouloir  continuer son jeu de poker menteur  avec les Etats-Unis, dont la production de pétrole extraite de schiste , plus cher  à extraire , résiste pour l’instant à la baisse du prix du baril . 

Par ailleurs, la production  du pétrole irakien ne semble pas bouleverser , outre mesure par l’instabilité engendrée par Daech , au Nord du pays .  Tandis que la levée des sanctions contre l’Iran, devrait provoquer un nouvel  afflux  d’hydrocarbures . Il est donc probable que le prix du baril  ne remonte   pas  de manière  significative et  durable cette année .

Ce qui est certes soutenir l’activité dans les pays consommateurs , notamment  l’Europe occidentale, mais  aussi  contribuer à déstabiliser  d’avantage des pays producteurs comme  le Venezuela , la Russie , l’Iran et surtout l’Arabie saoudite .  Tout en freinant l’indispensable transition énergétique  chère  à ces  pronostiqueurs  qui se trompent souvent .

L’ONCLE SAM RELANCE  SON «  JOB MACHINE «  GRÂCE AU SCHISTE !

Dopé par le pétrole de schiste, avec  sa cohorte de conséquences négatives sur l’environnement , mais aussi , par les efforts massifs et répétés de la Banque centrale américaine (FED), les Etats –Unis, sont enfin parvenus  à revenir à un taux de chômage de 5%  et à sortir de leur «  job –lees –recovry «  .  La reprise  sans emploi , même si le taux de l’emploi  est loin d’avoir retrouver  son niveau d’avant la crise des «  sub-prime « . En effet, en déversant plusieurs  milliards de dollars sur l’économie, la FED avait réussi à  compenser  en bonne partie  la politique d’austérité  imposée  à  Barak Obama par les républicains , majoritaires  au congrès . L’abondance  des crédits déversés  sur les banques et les marchés financiers ayant réussi à regonfler les bulles spéculatives  . 

Par ailleurs, les marchés boursiers  avaient  atteint des niveaux supérieurs à ceux  qu’ils  avaient  atteint  avant  l’éclatement  de  la bulle financière de 2008 .  L’inquiétude  se porte en particulier  sur le numérique , dont les  actions se vendent aujourd’hui  à prix d’or , alors qu’elles  n’ont, le plus souvent  toujours pas de modèles économiques réellement pérennes .

L’année  2016, risque donc d’être compliquée aux Etats-Unis : sortie progressive  engagée par la FED de son programme «quantitative easing «  faisant craindre un enrayement  de la reprise  suite à  la hausse des taux et celle  du dollar  qu’elle  allait  entraîner . 

Tout cela, à un moment où  le Président sortant , en fin de mandat et, est  largement paralysé . Et le pays violemment polarisé  par la perspective de l’élection présidentielle  de novembre 2016 .

LA PANNE DURABLE DES PAYS EMERGENTS

Du côté  des émergents, les  anciens moteurs de la croissance, les tentatives de relance ne fonctionne plus .  La  chute  des taux de croissance semble  durable , en particulier  en Chine .  Officiellement son Produit Intérieur  Brut (PIB), devrait  croître , comme en 2015, de plus  de 6% en 2016 .  Cependant,  nombreux  sont  les économistes  qui pensent ce que les chiffres sont nettement  surévalués  .  En effet, malgré  les  plans de  relance à répétition , la Chine peine  à dynamiser son économie  sans provoquer d’importants  déséquilibres .  Que ce soit dans l’immobilier  ou dans  certains pans entiers  de l’économie sont déjà  en surcapacité  chronique .

L’enjeu est de taille, le maintien de l’emploi est   une condition sine  qua non  au pacte  tacite qui lie  le régime communiste à la population . D’importants  soubresauts  ont déjà  secoué  le pays l’été dernier, avec une chute vertigineuse des bourses chinoises , traduisant le manque de confiance des investisseurs  dans la santé réelle de l’économie  chinoise .

Du coup, l’Inde devait  dépasser son voisin, avec7,5% de croissance en 2016 . Mais cela ne devrait pas suffire pour autant à créer  les   emplois  nécessaires à l’absorption des millions de jeunes indiens  qui entrent chaque année sur le marché  du travail .   Tandis  que , le libéral en économie , Premier ministre, Narendra Modi, peine toujours à  attirer  les capitaux privés pour dynamiser et le  tissu  économique du pays .

Quant au Brésil, très dépendant  du pétrole, ayant le plus de peine de sortir de la crise engendrée  par la chute des cours de pétrole .  Malgré les efforts  de la Banque centrale pour relancer l’économie du pays , la colère des Brésiliens vis-à-vis du pouvoir  est à son paroxysme .  Il est toujours difficile de compter sur les émergents pour tirer l’économie mondiale ( surtout européenne) en 2016 .

LE MONDE  GANGRAIGNÈ PAR L’INSTABILITÈ

A la fragilité   économique , s’est greffé l’instabilité politique    notamment  dans   les régions   à haut risque , particulièrement , le Proche-Orient, l’Afrique , particulièrement  en Syrie et en Irak . L’Afrique  est devenue, depuis cinq ans  le terrain de jeu des groupes djihadistes  s’est  élargit  sur le continent  africain ( le Sahel )  et l’Afrique du Nord . Les djihadistes ont  réussi  à établir des bases arrières  grâce à la conquête de  nouveaux  territoires .  Après  les attentats de Paris, les Occidentaux ont décidé de frapper la Syrie , avec  des objectifs ambitieux , pour affaiblir Daech , dans son fief du  Moyen-Orient .   Tandis  qu’une coalition africaine  s’attaque à Boko Haram, les regards se tournent désormais , de plus en plus vers la Libye , où  les organisations djihadistes profitent du chaos .  Et  l’Arabie saoudite et les » bédoucraties «   du  Golfe  se retrouvent eux aussi en première  ligne , avec la guerre  au Yémen .  

Par ailleurs, sous l’impact  de la crise syrienne , la situation  pourrait  bien dégénérer aussi en Turquie ,  où  la guerre civile entre l’armée et la population Kurde  est relancée .  Même  si à priori  aucun de ces conflits ne devrait  déboucher  sur une confrontation  mondiale de grande ampleur immédiatement, nous ne sommes pas à l’abri , en 2016, de  mauvaises surprises susceptibles d’avoir un impact majeur sur l’économie  mondiale, encore convalescente , surtout  en Europe occidentale, notamment  dans les pays du  Sud : ( Italie, Espagne , Grèce,  Chypre, Malte, Portugal ( etc.  c’est d’ailleurs  déjà  le cas sous forme d’un flux  extraordinaire de réfugiés .

AU SECOURS, L’EVASION  FISCALE EST DE RETOUR …

Les conflits ouverts  ne sont cependant pas les seuls dysfonctionnements  mondiaux  qui affectent négativement  les sociétés occidentales et leurs  économies .   En effet, le dumping  fiscal  des paradis  fiscaux ont terriblement  nuis aux  modèles  sociaux occidentaux , aux  cours  de ces dernières décennies : les pertes de recettes sur l’impôt  sur les sociétés  pourrait  atteindre  entre 0,2 et 0,5 point de PIB (Produit  Intérieur Brut(.  En effet, en récupérant ces  recettes, la France serait  en  mesure  de tenir , sans difficulté  son engagement vis-à-vis  de Bruxelles  et revenir  à 3%  de déficit public, en 2017 .

Ce sera  donc  des enjeux  centraux de 2016 que de  confirmer ou non  le tournant majeur  engagé ces  dernières années en la matière .  Par ailleurs, l’OCDE  ayant  dévoilé en octobre dernier , un plan d’action contre l’évasion fiscale  des multinationales , le plan  BEPS, qui a été  validé  ensuite par les pays  du G20.

Cet accord  reste incomplet, mais il contient tout de même de nombreuses avancées significatives .  Plusieurs  de  ces mesures prévues doivent être  mises en œuvre, en 2016.  Il faudra suivre l’avancée réelle de ce dossier , comme le lait sur  le  feu , sachant que  dans ces raouts  de G20, souvent la montagne  accouche  d’une toute petite souris grise …

COOP21, IN CHÀ ALLAH, ON RASE GRATIS !!!
Enfin, un autre accord mondial qui va dans le bon sens, celui  sur le climat , adopté  dans le cadre de la COOP21, le 12 décembre 2015 dernier  à Paris .  Cet accord qualifié par ses auteurs d’historique, n’est certes pas contraignant , mais a pour mérite de fixer l’objectif ambitieux de maintenir  le réchauffement climatique « bien en dessous de 2oC, par rapport au nivaux préindustriels , ainsi que de réduire  à zéro  les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère , dans la deuxième partie du siècle (…) , in châa Allah . Mais après les paroles , il faut passer aux actes .

Après un creux marqué entre 2011 et 2013, du fait  de l’écroulement des dépenses  en Europe, sous l’effet  de la  crise de la zone euro , les investissements dans les énergies progressent de nouveau, mais à un rythme  très faible .  la crédibilité  de l’arrord de Paris  se jugera à la capacité d’accélérer  ces investissements à l’échelle mondiale  en 2016 .

LA RENTREE DISCRETE DE LA CHINE DANS LE CERCLE DES DST !

L’inclusion  de la monnaie chinoise dans le panier de monnaies  que constituent les droits de tirages spéciaux (DST) du FMI a été largement interprété comme une consécration de la puissance économique de la Chine .  C’est exact , mais cela reste très symbolique et cela cache une  réalité  mal connue .

Pour   comprendre les mécanismes  complexes de fonctionnement de certaines  Organisations  internationales , il faut  s’armer de patience  et  de saine   curiosité  , faute de quoi, vous passez  à côté  de votre sujet .  Le Fonds  Monétaire International  n’échappe pas  à la règle .

En effet, il y a  peu de gens qui savent ce que sont  les DST , et ils n’ont pas   vraiment besoin de le savoir .  Formellement, les DST sont l’l’unité de compte utilisée par le FMI  pour toutes ses opérations .  Lors  de leur  création, en 1969, l’idée était à se passer  du dollar.  On a alors constitué un panier de 15 monnaies , ramené  à 5   devises en 1981, puis 4 devises lors de la création de l’euro en 1999 . Par  construction, le DST fluctue comme une moyenne pondérée des monnaies constituantes .  Autrement dit, ça n’a aucun intérêt , c’est la cuisine interne du FMI.  C’est  devenu plus important lorsque le FMI avait commencé à créer des DST à partir de rien , comme les banques centrales créent la monnaie , la planche  à billets .   Mais comme le FMI n’est pas une banque centrale, il ne peut créer  des DST  que si  c’ est accepté à 85% des votes , sachant que les droits de vote  de chaque pays sont déterminés par son quota  qui est proportionnel  à sa taille . Avec 16,7%, les Etats-Unis détiennent  le droit de veto .  La Suisse a  droit  à 1,4% .  Les droits  sont attribués  à chaque pays dans les mêmes proportions .

Il y a eu plusieurs distributions , mais la somme  totale reste  relativement faible, donc largement symbolique .  Les pays en développement  ayant demandé que les distributions  futures leurs  soient réservées , il n’y a eu  plus de nouvelle distribution  depuis 1998 du fait de l’opposition   de Etats-Unis  et des Etats européens .

Une nouvelle distribution , suivant la règle habituelle, a été décidée en 2010 mais  a été bloquée  par le refus  du Congrès américain pour de sombres raisons  politiques . Le Congrès  vient juste de changer d’avis . L’inclusion  du renminbi est le petit nom affectueux du yuan.  . Ainsi le RMB  étant l’acronyme  chinois  de  la « monnaie  du peuple «  l’inclusion   de la monnaie  chinoise     , ne change  rien   aux règles  du FMI  et sa  cuisine interne  .    En effet, quand un pays emprunte de l’argent  au FMI, il peut choisir de le faire soit en DST , il peut librement  les convertir dans les monnaies du panier , et donc , désormais  en renminbi . Ainsi le RNB devient officiellement une monnaie de réserves internationales , si les pays emprunteurs le  souhaitent .

C’est ce que veulent les dirigeants  chinois . En effet, depuis quelques années ils rêvent  de  leur  rôle international du dollar au profit du renminbi .  Le hic , c’est que pour être utiles , les réserves doivent pouvoir être largement  acceptées  . Ils ont engagé une vaste opération  de relations publiques , poussant les pays  avec lesquels  ils font  des prêts  à détenir  des réserves en renminbi  n’est pas librement convertible . La demande reste très faible , même si l’idée  de réduire  le rôle  du dollar  reste attrayante .

Finalement,  le plus important , c’est que la chine  s’est engagée à rendre  sa monnaie entièrement  convertible d’ici octobre 2016 . C’est une   condition  sine qua none pour rentrer  dans  le DST  nouveau  à cette date .  Or  pour cela , il faut libéraliser  complètement  ses marchés financiers .  L’objectif de faire renminbi une monnaie de réserve internationale , et donc de rentrer dans les DST , est puissant argument  au sein d’un pouvoir politique  toujours ambivalent  en  matière de libéralisation financière . Paradoxalement, derrière ce triomphe , se cache une lourde lutte idéologique  au sein de la direction du Parti communiste ..

Les DST , c’est un instrument de pression pour  les réformateurs , et ça n’est symbolique.  C’est sans doute la raison  pour laquelle  le FMI a décidé  de sauter  le pas, même si le  renminbi  n’est pas encore convertible .

LA CHUTE  DU YUAN  SE  RESUME A LA REPONSE A TROIS QUESTIONS

Alors que Pékin  alterne baisses et hausses de sa monnaie, les marchés oscillent au gré  des inquiétudes sur la Chine .   En effet, les bourses européennes ont terminé  en hausse , mercredi dernier,  grâce à une stabilisation ,mardi ,  du  yuan après une semaine de fluctuations erratiques et relativement incompréhensibles  de la monnaie chinoise . Fluctuations  qui ont eu des répercussions sur les marchés .

EST-CE QUE LE YUAN BAISSE OU DESCEND ?

Vendredi  dernier, le  renminbi ( monnaie du peuple) , le nom officiel du yuan , ayant terminé  à son niveau de clôture le plus faible depuis mi-février  2011.  A l’origine de cette baisse, un mouvement de dévaluation , la semaine dernière :  le cours de référence du yuan avait été abaissé  de 1,4% jusqu’à jeudi dernier .   C’est  la deuxième fois que Pékin  procède à un tel mouvement  de baisse, après celui d’août 2015 .

En même temps, la  Chine cherche à stabiliser sa devise ; c’est qu’elle avait tenté de  faire à partir de vendredi  , en remontant le cours de référence, sans toutefois  retrouver  son niveau  d’avant la baisse de début janvier 2016 . 

La  centrale est intervenue su le yuan  « offshore » , c’est-à-dire , le yuan  utilisé  pour les échanges  commerciaux en  dehors de la Chine et librement convertible , achetant d’importantes quantités . Ce dernier ayant réalisé un bond  historique .

COMMENT FONCTIONNE-T-IL ?

Le fonctionnement  de la monnaie  de la deuxième  économie mondiale et premier exportateur , est assez illisible .Ni totalement fixe , ni totalement flottant, le régime de  change chinois peut-être qualifié  d’intermédiaire . A la différence  des Etats-Unis ou de la zone euro , qui laissent le niveau des changes  s’établir librement . La Chine administrativement  chaque matin , un cours pivot  autour duquel  sa monnaie  ne peut varier  de plus de 2%, à la hausse ou à la baisse .

Depuis 2005, le régime chinois  avait décidé que le yuan  serait ancré  sur un panier de devises  composé de dollars, d’euros et de yens japonais .  Ce sont toujours les autorité  qui définissent le taux de change officiel , ce qui se traduit par un cours  qui évolue en paliers .  mais en affirmant qu’elles fixent le niveau chaque matin  par rapport au niveau  de la veille ( en restant  dans la fourchette  de (+ ou -2 ) , les autorités  signalent  qu’elles prennent  en compte  le marché  afin de se rapprocher  autant que possible  d’une fluctuation «  libre » .

Car la Chine  aspire  à ce que  sa monnaie , même si elle ne flotte pas librement , soit reconnue comme une monnaie de réserve , une manière de battre en brèche le dollar  et les Etats-Unis .  Car le yuan  ne représente  que 2,5% des  transactions  internationales, contre 29 %, pour l’euro et 43% pour le dollar .

QU’EST-CE QUE CA CHANGE ?

Les récentes dévaluations  de la monnaie chinoise, les plus importantes  depuis 1993, représentant un ensemble de risques non négligeables pour les  autres pays , à savoir : la déstabilisation  des marchés et des monnaies , renchérissement des  importations  et risque  de guerre des monnaies .

Car l’outil monétaire , ici utilisé à la baisse, permet de jouer  sur l’attractivité  des exportations  du pays ( moins chères  par rapport  à celles  qui sont libellées  dans d’autres monnaies ), ce qui les rend plus  compétitives  sur les marchés mondiaux . Un fait  très mal accepté  par ses  grands partenaires commerciaux , au premier rang desquels , les Etats-Unis .

D’un autre côté, cette baisse progressive du yuan  est destinée aussi , à rapprocher  la monnaie chinoise  du dollar, afin de préparer le terrain  à  une «  libéralisation « du yuan. En clair, qu’il  puisse , à terme  passer en taux de change  flottant, comme la majorité  des autres monnaies .

Les Etats-Unis jugent  que c’est prétexte : ils estiment  que le yuan est déjà  assez sous-évalué  comme cela .  Il est vrai  qu’après  une décennie de hausse qui avait culminé  en 2014, le yuan  n’a fait  que reculer face au dollar .

UNION  EUROPEENNE : PROJET D’UNION DES MARCHES DE CAPITAUX SUR LES RAILS ; BRUXELLES RALLUME LA MECHE …

Selon ses promoteurs, , la mise en place d’une union des marchés  de capitaux  d’ici 2019, devrait améliorer  le financement  des entreprises  et stimuler  l’investissement dans l’Union européenne . Cependant, ce projet défendu par le lobby bancaire  et levé au rang  de priorité  par la   nouvelle  Commission européenne , fait craindre  le retour  de la crise financière .

Sept  ans à peine après  l’une des plus graves crise  de l’histoire économique contemporaine , le train de la  dérégulation  financière s’ébranle de nouveau * . L’angoisse qui éreintait les  dirigeants des banques à l’automne 2008 , ce n’est qu’un  vague souvenir , tout comme la prévention la titrisation et autres acrobaties  financières.

En Europe,  ainsi que  chez l’Oncle  Sam,  «  il est temps  de faire tomber les barrières pour faciliter la libre circulation des capitaux  entre les  vingt-huit Etats membres « **, selon le nouveau commissaire européen aux services financiers , un certain M. Hill . Pour réaliser cette ambition, la Commission européenne ayant inscrit  au nombre de  ses chantiers prioritaires futurs , l’Union des marchés  de capitaux ( UMC).  Son plan d’action , dévoilé  en septembre 2015, prévoit une mise en œuvre progressive d’ici 2019,  à travers d’une série d’initiatives , en consultation  avec l’industrie , études d’impact, révisions  des directives et  nouvelles impositions législatives .

A ceux qu’une énième dérégulation du secteur laisse perplexe, Bruxelles  oppose un argumentaire  bien rôdé .  Puisque ,  comme l’explique le sieur Hill, « le facteur de  risque le plus important pour la stabilité c’est l’absence  de croissance « , il  importerait de stimuler  l’investissement .  Or ni  les PME (Petites et Moyennes Entreprises)  qui composent l’essentiel du tissu productif , ni les projets d’infrastructures gloutons en capitaux ne parviendraient à trouver  des financements adéquats .  En cause : des circuits  traditionnels  grippés .  Les banques rechignent  à prêter  et les puissances publiques  sont corsetées par les contraintes budgétaires .  Pour sortir  de ce cercle vicieux, il faut adopter une série de réformes visant à organiser un recours accru à la finance  de marché .

En effet, certaines mesures destinées  aux entreprises  visent à simplifier les formalités , à normaliser l’évaluation de leur solvabilité, et surtout à développer les « placements privés «  . Ces derniers  permettent  aux  sociétés non cotées  de ne plus  faire appel aux banques  et de se tourner  vers des investisseurs –fonds spécialisés , assurances  - pour obtenir  des  financements selon une procédure moins  stricte  qui réduit le contrôle des autorités  de marchés  et les obligations de diffusion  d’informations . Ce marché de placement privé connaît  un formidable essor :  il pourrait représenter les prochaines années soixante  milliards  d’euros , dont  dix à quinze milliards  en France , (7,5  milliards en 2013) .

Les autorités  monétaires de ce pays, s’inscrivent dans ce processus de désintermédiation , autrement dit , le recours  aux financements bancaires .  La  dernière loi  de finance, voté par le parlement, supposée stimuler l’activité , favorise les crédits  dits «  interentreprises «  , c’est à dire accordés par des   sociétés  entre-elles  , sans passer  par des banques …Et échappent ainsi  à la régulation .

L’EXPANSION  DES BANQUES DE L’OMBRE  …

D’autres   mesures facilitent le rachat par des investisseurs  de dettes d’entrepises  détenues par des   banques .  La commission  propose  d’encourager  fiscalement les investisseurs institutionnels ( fonds de pension  et compagnies d’assurances , notamment),  à acquérir directement des dettes d’entreprises  non   cotées .  Il s’agit  d’un  placement plus rentable, car plus risqué que le traditionnel emprunt d’Etat .   Dans un pays comme la France, la Société  générale, avait  ainsi cédé à AXA 80%  de son portefeuille de prêts à plus de cinq ans accordés  aux entreprises , petites  et moyennes (PME-PMI)  ou de taille intermédiaire (ETI) , la banque conservant 20% dans son bilan .  Le Crédit  agricole , BNP Paribas , Natixis font  de même avec  d’autres compagnies d’assurances .

Cependant, la  proposition  phare de la Commission  concerne le développement de la  titrisation des prêts bancaires .  Avec cette technique , les banques revendent leurs crédits  sur le marché des capitaux  sous forme  de titres  financiers , ce qui leur permet de se débarrasser de leurs risques , tout en empochant  de juteuses  commissions perçues à l’occasion de l’octroi  des prêts .  Ce qu’elles  firent  avec allégresse   au milieu des années 2000 , en transférant aux investisseurs les emprunts  immobiliers des ménages américains reconditionnés en actions .   Or la titrisation  déresponsabilise  les banques (en transmettant les risques  à d’autres ) et renforce , non seulement  la complexité , mais  aussi les interconnexions  des marchés financiers , de sorte, qu’en 2008,  lors de la crise de « subprime «  , cette ingénierie  favorisa à la fois  l’éclatement de la bulle et la propagation de la crise  dans le monde .

Consciente de l’énormité  de la propagation , la Commission, en appelle  à « une  titrisation de qualité « , plus transparente … Mais en pratique, les lobbies  bancaires ont œuvré  à  l’adoption  des normes minimales . Avec succès :  le sieur Hill,  ayant d’ores et déjà  annoncé qu’ils ne s’opposerait pas à un assouplissement des règles  qui obligent  les banques  à garder dans   leur  bilan , une partie  des risques de créances dont la titrisation  n’est pas aussi évidente .

En effet, aux yeux des autorités  européennes , le système américain , dominé par les marchés, représente  un modèle de performance (…) !  Et une garantie de sécurité  des entreprises … » La plus grande  dépendance à l’égard des prêts bancaires rend l’économie  européenne et, en particulier  les PME plus vulnérables en cas de resserrement  du crédit bancaire , comme lors de la crise financière de 2008 », explique  doctement la Commission  dans son «  livre vert «  ***. C’est   oublier  un peu vite  que cette crise eut  précisément pour  causes  de la finance  de marché  et sa dégradation .

D’ailleurs les promoteurs  de la libéralisation peinent à convaincre  . En alignant  le système financier  sur  normes anglo-saxonnes , expliquent-ils , l’union ses marchés  permettrait «  un retour durable de la croissance et la création d’emplois «   et une « amélioration  de l’accès  aux  financements , surtout  pour les PME «  . Une thèse  battue  en brèche  par M. G. H   qui préconise « Pour l’immense  majorité  des petites entreprises , observe  un responsable de recherche  à l’Association  européenne de l’artisanat  et des PME  «  le crédit bancaire  restera  la principale source de financement . L’Union  des  marchés  des capitaux ne peut pas compenser  les dysfonctionnements  du financement bancaire «  . Les bookings  Institutions , un Think  Tank  américain centriste  considère pour sa part  que «  les avantages  de l’union des marchés  de capitaux  pour les PME , sont largement  surestimés »  .

M. Hill, lui-même,  admet exagérer  le bénéfice  de son  projet pour les petites entreprises afin d’amadouer  les gogos , en l’occurrence les citoyens européens : «  Si les PME  sont mises en avant  dans le débat  européen , relève-t-il  devant un auditoire tiré sur le volet , c’est parce qu’elles sont perçues  comme un élément important dans l’économie  et qu’il n’est plus facile de convaincre le public  des propositions qui les renforcent «  . En somme  il s’agit  d’une escroquerie  intellectuelle , pour le moment, mais qui pourrait  aboutir  sur une vraie  .  L’Organisation  non gouvernementale « Finance Watch Et  Associations des banques  coopératives  allemandes  «  dénoncent pour leur part une démarche visant à renforcer la rentabilité des  grandes banques européennes .

Le projet de l’UMC, aura   en outre pour conséquence  la généralisation  du système  de «  La Banque de l’ombre «  «  shadow banking system «  qui avait joué un rôle décisif  de la crise  de 2008 .  L’expression désigne  le financement de l’économie par  des acteurs   qui  ne sont pas soumis à des normes aussi strictes  que les banques . Il s’agit d’une manière  de contourner la régulation prudentielle  bancaire  en recourant aux marchés financiers .

En effet, associer , les assurances, les fonds de pension , et autres fonds spéculatifs  au financement de l’économie  revient à prendre  un risque supplémentaire, à savoir : ces investisseurs  n’ont pas l’expérience pour évaluer  la qualité des prêts .  Pour  pallier  à cette méconnaissance, ils  remplacent l’expertise  et la proximité   des emprunteurs   par des calculs  de risques , qui , par le passé se sont  révélés inaptes  à prendre en compte  les retournements  impromptus  des marchés financiers .

L’éclatement d’une bulle de crédit aurait des conséquences  d’autant  plus grandes que les investisseurs , ne pourraient pas , à la différence  des établissements  bancaires, bénéficier  des mesures de protection  et de sauvetage  des banques centrales .



Pour financer ces activités , parfois  hautement spéculatives, les banques ont besoins d’argent frais . Elles pourront désormais  se  retourner  vers  la banque Centrale européenne (BCE) , qui  avait décidé  d’accepter les crédits « titrisés » comme  garantie  d’échange  en  liquidités  sonnantes  la mauvaise foie  de leur inventeur, en l’occurrence, l’actuel  gouverneur de la BCE, qui  rêve  de « titriser  le néant «  pour prétendre stimuler  l’économie  réelle via  le crédit  (...) Tout porte   à croire  qu’il alimentera  surtout la « banque de l’ombre «   : les liquidités détenues auprès de la BCE  offriront  aux banques  l’occasion  de réaliser de juteux profits  nouveaux , par exemple en les consacrant à des activités  spéculatives .  Ainsi  naissent  les bulles financières et ainsi crèvent-elles .

Par ailleurs, un système   financier fondé sur la titrisation d’autant  plus fragile , qu’en cas  de crise , les actifs  titrisés , ne sont plus acceptés  en garantie , laissant  les banques sans financement , comme nous l’avions vu  avec le « subprime » . Le projet de l’Union des marchés de capitaux promet ainsi  de transformer les grandes banques universelles  en bombes  financières  à retardement . N’est-ce-pas M. Draghi , ? L’ancien  directeur  de  chez     Goldman Sachs ?


CONCLUSION

Protégée des regards du public par la  technicité du sujet, la Commission européenne réuni    tranquillement  les ingrédients d’une nouvelle crise majeure . D’autant  que le développement de l’Union des marchés  de capitaux s’inscrit  dans  un contexte de démantèlement   des maigres avancées obtenues  depuis 2008.

Bénéfices discutables, risques considérables : L’UMC cumules les handicaps . Son fondement même  repose  sur  un diagnostic  erroné, puisque la Commission  écarte d’emblée  l’une des principales  causes de la stagnation économique  de l’espace européen : les politiques d’austérité budgétaire et salariales . Comme le démontrent de nombreuses  enquêtes , dont  celle de la BCE. Les entreprises n’investissent pas fautes de débouchés , par suite d’une demande déprimée par les politiques stupides  et restrictives  .


* DUI CRACH A LA BANQUEROUTE  publié sur notre site www.dr-ben-abdallah.ch  le 06/06/2009 ;
** CAPITAL  MARKETTS UNION – Communiqué de la Commission européenne le 30/09/2015 ;
***  LIVRE VERT  DE LA COMMISSION EUROPEENNE – Février  2015 ;



REFERENCES

 -ALTERNATIVES  ECONOMIQUES  No353  DU MOIS DE JANVIER 2016 ;
-LE MONDE  DIPLOMATIQUE  No  742 –Janvier 2016 ;
-LA FACE CACHEE DES BANQUES – ERIC LAURENT – EDITIONS  PLON – 2009 ;

DR BEN ABDALLAH MOHAMED ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR  DE «  L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE
LE POSSIBLE & LE REALISABLE « ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE  www.dr-ben-abdallah.ch ;


EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF   DU SITE

DEMEURANT SIS  1202 GENEVE

04/02/2016 ;