EDITORIAL POLITIQUE
LA TUNISIE VICTIME DE L’INCURIE DE SA CLASSE POLITIQUE
AVIS IMPORTANT A NOS CHERS LECTEURS & LECTRICES !
Chers lecteurs & lectrices,
Après dix ans de bons et loyaux services, en tant que rédacteur en chef-éditorialiste du site www.dr-ben-abdallah.ch, je prends congé de vous, car l’inéluctable est arrivé au galop : je prendrai officiellement ma retraite au 30 avril 2018. Une retraite méritée après 44 ans, en tant qu’Analyste en informatique, journaliste & macro-économiste, spécialiste du Maghreb.
Notre site www.dr-ben-abdallah.ch , continue en tant que site de nouvelles. Rien ne change dans l’ordre de parution. Le site reste consultable gratuitement comme avant . Vous pouvez donc y consulter notre thèse de doctorat en format PDF ainsi que les 88 éditoriaux qui s’y rapportent .
Nous vous remercions de nous avoir accompagnés pendant cette dernière décennie . Ce n’est qu’un au revoir …
A bientôt sur notre site de nouvelles www.dr-ben-abdallah.ch
Nos vœux de santé , de bonheur et de prospérité vous accompagnent …
PROLOGUE
Sept ans, jour pour jour après le départ de Zine El- Abidine Ben Ali, en exil doré en Arabie saoudite, la Tunisie attend toujours la récolte des fruits de sa révolution confisquée par une poignée d’opportunistes qui ont flairé le bon filon et se sont jeté sur son cadavre, encore fumant, s’emparant ainsi d’un pays en état de décomposition laissé par la bande de cleptomanes de Ben Ali et ses sbires.
Depuis une semaine la rue tunisienne en est grande ébullition. Le pays est traversé par une vague de mécontentement généralisé contre une classe politique discréditée auprès d’une population désabusée qui ne croit plus aux promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Le pire est à craindre. On n’est pas à l’abri d’une provocation d’un côté ou de l’autre qui provoquera le brasier. En se pliant aux injonctions des bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale, et Union européenne), le gouvernement de Youssef Chahed, avait procédé à des réformes économiques douloureuses : augmentation des prix dans tous les domaines, sauf les produits de base (thé sucre, huile végétale, farine, couscous, pâtes, oléagineux etc…).
Au troisième jour d’une contestation alimentée par des mesures d’austérité, la tension ne diminue pas en Tunisie. De nouveaux heurts ont éclaté dans la soirée de mercredi 10 janvier entre manifestants et policiers dans plusieurs villes : Tunis, 09 janvier, Siliana : 09 janvier, Kasserine : 9 et 10 janvier ; Sidi Bouzid : 09 janvier ; Gafsa : 9 janvier ; les principaux heurts ont éclaté à Tunis et ses environs le 8 janvier 2018.
En effet, depuis lundi, des troubles ont été enregistrés dans le pays, sept ans après le début du « Printemps arabe », avec une révolution qui réclamait travail et dignité et avait fait tomber le dictateur Zine El Abidine Ben Ali.
Déjà la semaine dernière, des manifestations pacifiques sporadiques avaient dénoncé la hausse des prix et un budget d’austérité, prévoyant entre autres, des augmentations d’impôts, conformément aux exigences des bailleurs de fonds, qui menacent de mettre la Tunisie au régime sec à l’instar de la Grèce …
En effet, la rapidité de la contagion de ces derniers jours présente toutefois un caractère nouveau. Les troubles ont touché quasiment et simultanément des quartiers de Tunis (Ettadhamen, Al Ourdia et bien d’autres quartiers populaires). D’autres répliques ont éclaté à l’intérieur du pays , notamment à Gafsa, Sidi Bouzid, ainsi que des villes du littoral Gabes, Nabeul , normalement pas concernés par l’agitation puisque leur population vit dans une opulence relative . Comme à son habitude, la police avait procédé à des dizaines d’arrestations.
VOLATILITE POLITIQUE
Ces secousses mettent rudement sous pression le gouvernement de Youssef Chahed, nommé en août 2016, et dont la marge de manœuvre reste très imitée. Déjà fragilisé par les turpitudes de son camp ayant scellé une alliance contre nature avec « la mente religieuse «, Ennahda qui, en sept ans de gouvernance (gouvernements Jebaili Lareïd Jomaa , Essid I et II) qui s’ajoutent au CPR de Marzouki et Ettakattol de Mustapha Ben Jafar , tous broyés et ingurgités par Ennahda, qui ne tolère personne que ses affidés et encore ! N’oublions pas que les Frères musulmans sont issus d’une grande confrérie internationale présente notamment en Égypte, en Turquie, au Qatar, en Tunisie (très récent) et bien d’autres pays .
En effet, sur le plan politique, le premier ministre n’est que très mollement soutenu par son parti Nidaa Tounès , la formation dite « moderniste « , allié aux islamistes d’Ennahda, dans la coalition gouvernementale . M. Chahed avait été placé à la tête du gouvernement par le chef de l’État , Béji Caïd Essebsi . Une nomination qui avait irrité nombre de ses amis , en raison des ambitions présidentielles qui lui sont prêtées .
En quête de nouveaux soutiens , il a noué une relation privilégiée de travail avec l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) , le principal syndicat du pays capable de tout : soutien de Ben Ali dans les années nonante, des Islamistes d’Ennahda au début de la révolution, puis d’Essebsi aux élections présidentielles de 2014 et maintenant soutien de Chahed . L’UGTT n’est pas une girouette, mais c’est le vent qui tourne !
Ce lien avec le principal syndicat du pays ne lui est guère utile pour apaiser l’actuelle agitation sociale , car nombre de protestataires ne sont affilés aucune organisation syndicale . La perspective des élections municipales prévues en mai prochain, le premier scrutin local depuis 2011 et qui devrait ajouter à la « volatilité « du paysage politique en attisant de nouvelles concurrences y compris au sein de la coalition gouvernementale . Avec un paysage politique composé de 107 partis et mouvements politiques, le choix reste plus qu’aléatoire … Pour un pays de 11 millions d’habitants, dix partis politiques sont largement suffisants pour une représentation équitable . Cette inflation de partis politique relève au choix : de l’incurie crasse des politiciens et politiciennes du pays , de l’anarchie , ou de l’analphabétisme politique !
En effet, Youssef Chahed , voit en outre sa latitude bornée par des indicateurs financiers au rouge écarlate , alors que le déficit budgétaire (6,1%du PIB), et une dette publique , qui frôle les 70% du PIB, le gouvernement s’est résolu à aggraver la ponction fiscale , en particulier en relevant la TVA . Ajouté à l’inflation nourrie par la dépréciation du dinar , qui a perdu , le quart de sa valeur , par rapport à l’euro en deux ans . Ce relèvement de la fiscalité indirecte s’est révélé socialement dévastateur en pesant lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes . Un coup de torchon s’impose .
LA REVOLUTION INACHEVEE
Quand la révolution tunisienne a éclaté, suite à l’immolation par le feu, devant le siège du gouvernorat (préfecture) d’un marchand de quatre saisons , M. Mohamed Bouazizi , qui s’était vu confisqué sa charrette et sa marchandise par une policière qui , comble de l’humiliation, elle l’avait giflée, en procédant à la saisie .
Les réseaux sociaux se sont emparés de triste fait divers et la rue a fait le reste . La révolution tunisienne est née à l’insu de la classe politique tunisienne qui se croyant protégée par la machine répressive installée par Ben Ali, depuis sa prise de pouvoir , en 1987, en renvoyant dans ses foyers, le « combattant suprême, et Président de la République, feu Habib Bourguiba.
Les deux ans qui suivirent furent un apprentissage chaotique de la gouvernance d’un pays tenu d’une main de fer par le régime bourguibien (30 ans) et 24 ans par le régime kleptomane des Ben-Ali-Trabelsi . Une alliance improbable entre militaires (Ben Ali) et un conglomérat d’opportunistes kleptomanes du RCD , une sorte de gardiens du temple pilleurs et oppresseurs qui se plaisent à mettre le pays sous coupe …
La transition commença dans la confusion totale . Surgis de nulle part, les islamistes associés à Moncef Marzouki, un neurologue exerçant en France depuis des années, se trouva propulsé comme leader d’un mouvement se réclamant du nationalisme arabe (CPR) et associé à un autre vieux leader d’Ettakattol, une variante soft du courant « bourguibien «, M. Mustapha Ben Jafar. Ce dernier rafla le perchoir de l’Assemblée nationale de l’époque.
Cette alliance hétéroclite donna naissance à un monstre manchot revanchards et aveugle : 70% des ministres étaient des affidés d’Ennahda, fraichement sortis des geôles de Ben Ali, avides de pouvoir et d’argent , malgré les trois milliards de dollars versés par le Qatar à son vassale Ghannouchi, fraichement rapatrié de Londres, où il coulait avec sa famille des jours paisibles sous l’œil bien veillant des services secrets de sa majesté .
Son retour en Tunisie fut confus et très discret . Le taulier d’Ennahda, Hammadi Jébaïli, devint premier ministre, sous l’autorité du Président provisoire de la République, Moncef Marzouki qui veut être Président, à tout prix , même d’un club de foot de 3ème division …
Il s’agit d’une invention sortie tout droit , des crânes d’œufs de l’Union européenne, supervisés « parrain de la transition tunisienne « sous le contrôle du cheikh du Qatar, son ami Turc Erdogan et Mohamed Morsi, ancien chef d’État éphémère d’Egypte , renversé par l’un de ses généraux devenu Maréchal par la volonté de Morsi (…) Cet Orient est vraiment compliqué …
En 18 mois de gouvernance de la Troïka, la Tunisie a perdu ¾ de son potentiel industriel, 2/3 de ses réserves de change et tout son potentiel touristique à cause des turpitudes de ses ministres et l’incohérence de son gouvernement sorti tout droit des geôles de Ben Ali .
Le résultat était une catastrophe ambulante : L’éducation à l’arrêt, l’économie inscrit aux abonnés absents, la corruption s’est généralisée, au point que l’Union européenne se fâche et congédie Jébaïli , après l’assassinat de Me Chokri Belaïd en février 2013 . Quatre mois plus tard, les sbires des islamistes d’Ennahda, exécutent froidement, le député de gauche de la Constituante, Mohamed Brahmi , autre nationaliste arabe comme Chokri Belaïd .
La Tunisie va de mal en pis. Ennahda, sort de sa réserve un bien curieux personnage : Ali Laraeïed, un progressiste de la mouvance islamiste qui montra à tout le monde qu’il est un homme d’État. Hélas pas pour longtemps. Les erreurs et les attentats s’accumulent au point que l’Union européenne nomme un super-consul nommé Mehdi Jomâa, ingénieur de l’ENIT, spécialiste en hydrocarbure , surnommé par le soussigné « le cheval de Caligula « en référence au sénateur romain Caligula, qui pour humilier ses sénateurs, il éleva son cheval au rang de sénateur.
Cependant, M. Mehdi Jomâa a fait du bon travail : l’organisation des élections présidentielles et législatives de 2014. Les élections ont eu lieu et nous remercions chaleureusement M. Joma et lui dirons « le peuple Tunisien vous remercie de votre patriotisme . ». Si ça ne dépend que du soussigné lui aurait consacré le nom d’un boulevard de Tunis à votre nom. Hélas, je ne suis qu’un citoyen ordinaire …
Ennahda, ce poison qui ronge les entrailles de la Tunisie, se présente aux prochaines élections présidentielle , avec Jébaïli, son ex-taulier . En effet, selon un site Internet tunisien, l’ancien premier ministre Hammadi Jablai, se présente à la présidence de la République. C’est une hérésie ! Lui qui, après quatorze mois de gouvernance chaotique avait été obligé de déguerpir pour inappétence et incurie crasse. Il a laissé au bord de la guerre civile. L’insécurité régnait en maître absolu dans tous les domaines : sécurité intérieure, éducation nationale en déserrance, distribution d’eau potable anarchique, puérile alimentaire, contrebande à gogo et corruption généralisée. Lui, il a manqué une occasion de se taire . Qu’y s’estime heureux qu’il n’est pas poursuivi pour sabordage de l’État.
L’autre concourant, n’est autre que Moncef Marzouki, soixante-quinze ans dans le compteur, veut lui aussi se représenter aux élections de 2019 . Lui, qui a montré au monde entier qu’il est l’incarnation de l’incompétence politique et l’incurie crasse . Il est incapable d’administrer un club sportif . Peut-être aurait-il des compétences médicales, puisqu’il est neurologue de formation. Le reste est à vérifier ! Il s’est chamaillé avec le roi du Maroc, et à chaque fois qu’il partait en visite officielle, il retourne la queue basse . Son seul soutien international reste l’ancien président de la République française, François Hollande , par les temps qui courent , il vaut mieux escamoter cette référence ! Car elle n’apporte pas chance . . Exit Marzouki !
Dès le 1er janvier 2015, la Tunisie a un nouveau Président de la République, en la personne de M. Béji Saïd Essebsi, présumé laïc et farouche adversaire d’Ennahda, l’autre gagnant des élections législatives de 2015 . Suivi de l’UPL ( 16 sièges) ; Le Front populaire (15 sièges) ; suivi d’Afek Tounès ( 8 sièges) ; et une kyrielle de petits partis qui totalisent moins que 5 sièges à l’ARP ( Assemblée des Représentants du Peuple ) ; Un total de 217 représentants dont 69 affidés à Ennahda ; 89 affidés à Nida Tounès .
« Pour la petite histoire, le soussigné avait appelé par l’intermédiaire de notre site internet www.dr-ben-abdallah.ch à voter contre Moncef Marzouki en attribuant mon vote pour M. Essebsi . Donc j’étais électeur de M. Essebsi par défaut . « .
La nomination de Habib Essid n’enthousiasma personne , car le bougre est notre inoxydable à nous : ancien secrétaire d’État à l’écologie sous Ben Ali , super intendant au ministère de l’intérieur, facilitateur auprès les instances d’Ennahda etc…C’était le joker des islamistes, car notre ami n’est pas girouette mais c’est le vent qui tourne …
Pendant dix-huit mois de gouvernance , il a réussi en 18 mois de gouvernance chaotique de mettre ¾ de la classe politique du pays contre lui . Il fut viré de son poste de premier ministre comme un laqué maladroit . Un ouf de soulagement avait suivi le départ de ce cataplasme sur une jambe de bois . *
YOUSSEF CHAHED , CE PREMIER MINISTRE, MAL AIME !
Dès sa nomination au poste de Premier ministre, le jeune ingénieur en agronomie, titulaire d’un doctorat en économie numérique, n’a suscité d’intérêt que chez certains intellectuels et les jeunes qui ont vu sa venue au gouvernement comme sortie de l’impasse politique et économique créée par tous ses prédécesseurs, à l’exception de M. Mehdi Joma qui s’est acquitté de sa tâche dans le meilleur du monde . M Chahed a été pris en tenaille d’un côté par son propre camp , notamment sa rivalité avec le propre fils du président de la République, H.C. Essebsi, qui formé un parti dans le parti qui a rejoint les sirènes d’Ennahda, heureuse de casser Nida Tounès en deux sections rivales et prendre la tête de la coalition contre nature entre les laïcs supposés de M. Essebsi , père et les islamistes d’Ennahda qui jouent les loyaux face à un rival affaibli et un jeune premier ministre qui ne sait pas où se donner la tête . Car la liste est longue : assainir l’État de la corruption devenue une gangrène au sommet de l’État, ; rétablir l’autorité de l’État dans ses prérogatives régaliennes comme l’éducation , restée sans ministre après la démission forcée du titulaire . Repêcher la ministre de l’économie qui, à peine nommée , elle accumula les bourdes et les incohérences, finalement révoquée pour incompétence ,,,
Le pire est encore à venir : face à un parlement hétéroclite composé en majorité d’opportunistes, de profiteurs et de salauds ( sur les 217 députés qui forment l’Assemblée des représentants du peuple ARP), il y a moins d’une cinquantaine qui sont probes et propres sur eux , le reste est un ramassis de salauds, à envoyer en bagne . Alors, comment voulez-vous que le jeune premier ministre trouve ses repères ?
Après sept mois de tergiversation, le jeune premier ministre donna le coup de torchon nécessaire en menant l’opération « mains propres « , approuvée par 80% de la population qui en avait marre des turpitudes des politiciens et la bassesse de leurs affidés . Résultat des courses : un léger nettoyage au Karcher, insuffisant , car il n’a pas atteint le sommet : partis politiques, très hauts fonctionnaires , intermédiaires en tout genre, facilitateurs en relation le sommet de l’État et le citoyen lambda .
La côte de popularité grimpa au sommet, sans qu’il fasse quelque chose d’extraordinaire comme la nomination de ministres aux postes vacants, le redressement d’une économie à la dérive, soutenir la monnaie nationale qui a dégringolé de 42% face aux devises comme le dollar ou l’euro . Penser à sortir du cercle infernal de l’endettement international en souscrivant un emprunt national auprès de la population libellé en dinar convertible et garanti par le trésor public et la Banque Centrale . A propos de cette dernière : il faut mettre à la retraite d’office l’actuel gouverneur de la BCT, nonagénaire , en le remplaçant par un jeune macro-économiste, rompu aux nouvelles technologies bancaires et politiquement neutre.
Rien de tout ça n’a été fait par M. le premier ministre Chahed, il s’est mis sous la protection du président de la République et accepta sans rechigner tout ce que le président voulait . En commençant par former un nouveau cabinet ministériel dont 1/5éme provient d’anciens caciques du RCD, de Ben Ali ou d’autres affidés connus comme tels . La boucle est bouclée.
Nous avons donc retiré immédiatement notre soutien à M. Chahed qui a trahit la confiance de plusieurs intellectuels du pays . Dommage pour lui, il a lapidé tout son crédit populaire . Tant pis pour lui .
LE RETOUR EN FORCE DES AFFIDES DE BEN ALI
« sept ans après sa chute, qu’est devenu le dictateur Ben Ali ? Malgré de multiples condamnations en Tunisie pour différents chefs d’accusation, la famille Ben Ali, majoritairement réfugiée en Arabie saoudite n’est pas inquiétée par la justice .
C’était un avion entrée dans l’histoire de la Tunisie . Le 14 janvier 2011 , « Oscar Oscar » , Boeing Business Jet acheté en 1999, quittait le tarmac de Tunis , pour la dernière fois . A son bord, Zine El Aabidine Ben Ali, sa seconde épouse Leïla Trabelsi, les deux de leurs enfants et un de leur gendre . Une fuite en pleine nuit qui tournait la page d’une dictature de vingt-trois ans et la mainmise d’un clan tout-puissant sur tous les secteurs publiques, économique et sociaux du pays .
En effet, sept ans plus tard, malgré de multiples condamnations par contumace, en Tunisie, pour des chef d’accusation tels que, détournement de fonds publics, détention d’armes, et pièces archéologiques , corruption, fraudes immobilières, la famille kleptomane , majoritairement réfugiée en Arabie saoudite, n’est pas inquiété par la justice , malgré le mandat d’arrêt international et plusieurs demandes d’extradition ont été émis par la Tunisie contre le couple présidentiel . Cependant, au nom de « l’hospitalité « , l’Arabie saoudite refuse d’extrader les ressortissants musulmans, surtout s’ils sont riches et puissants . Un pauvre on lui coupera au choix : les mains pour vol, et la tête pour trois fois rien ... Il est hérétique !
APPARITIONS PUBLIQUES RESTRINTES
En contrepartie, de cette bienveillance, le dictateur Ben Ali, s’est engagé à rester discret . Ses apparitions sont donc rares, tout comme les images le montrant dans sa vie quotidienne , en somme une cage dorée , au bord de la mer rouge, à Djeddah , où vivent également le reste de la famille, en l’occurrence sa fille Halima et son fils Mohamed . Pour une apparition impromptu sur son compte Instagram, filmé par son fils en pyjama, la sanction est brutale : fermeture immédiate du compte . Les Saoudiens ne badinent pas avec la sécurité de leurs hôtes !
Par ailleurs, depuis janvier 2011, la seule prise de parole officielle du dictateur tunisien, âgé de 81 ans, avait été menée par son avocat Me A. Azoury . L’ancien général avait nié les accusations portées contre lui par la justice tunisienne , assurant que l’ancien général n’a « jamais donné l’ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants « . Voilà un militaire qui n’assume pas sa responsabilité , honte à lui . Il n’a jamais mérité son grade de général . Il est resté encore le chauffeur du général El Keffi qui a gravit les échelons en se mariant avec la fille du général El Keffi, sa première épouse …
Par ailleurs, régulièrement, la rumeur d’une publication de ses mémoires (…) sic ! Revient dans la presse tunisienne . Selon son épouse, l’auteur du « coup d’État médical contre feu Habib Bourguiba « , en 1987, est en bonne possession de ses capacités mentales pour affronter un jury d’assise ou devant un tribunal militaire (…) Alors qu’est-ce qu’il attend pour rentrer au pays et laver son honneur ? Peut-être, voulait il mourir en exil en Arabie saoudite . Il sera Hadj putatif (…) Quant à Leïla Trabelsi, elle vit entre Dubaï et Djeddah dans un luxe de mille et une nuit . Elle s’est même permit le luxe de sortir un livre (…) sic ! Intitulé « Ma vérité « …Bof !
Dans ce navet, elle rejette toutes les accusations de corruption et de dérives dictatoriales du régime déchu . Souvent surnommée « la femme la plus détestée de la Tunisie « elle n’a pas froid aux yeux et accorde des interviews accordés par Skype , notamment au journal le « Parisien « , en 2013 . Exit Leïla , la régente de Carthage …
Certains membres du clan Ben Ali, ont connu néanmoins un exil chahuté …Après un séjour au Qatar abrégé , sur ordre des autorités , la fille ainée de la seconde femme, Nesrine Ben Ali, est partie s’installer aux Seychelles , avec son mari , l’homme d’affaires Sakr El Matri. Tous deux ont été condamnés par contumace à de lourdes peines de prison pour notamment, corruption, fraudes, blanchiment d’argent et acquisition de terrains illicites qui s’ajoutent au détournement de fonds publics .
UNE CABANNE AU CANADA …
Longtemps considéré comme le chef du clan Ben Ali, Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla, et richissime homme d’affaires, s’est réfugié au Canada. Mais sa demande d’asile ayant été rejetée . L’homme s’est volatilisé. Sa femme et ses quatre enfants, ont quant à eux obtenus le statut de réfugiés , listés en tant que « étrangers politiquement vulnérables « . C’est vrai avec les millions de dollars détournés et les fortunes amassés , particulièrement les pierres précieuses amassées , ils sont d’une vulnérabilité affligeante … Tant qu’ils ne demandent pas l’aide sociale au Canada, oublions-les jusqu’à ce qu’ils reviennent à meilleure fortune .
En revanche, ils ont été déboutés de leur demande , déposée à la Cour suprême de Montréal , de débloquer leurs fonds bancaires pour subvenir à leurs besoins . Selon la presse canadienne, la Tunisie aurait même averti Ottawa que le déblocage des avoirs de la famille nuirait aux relations entre les deux pays . Exit les Trabelsi …
PAS DE RESTITUTION DE PASSEPORT
Enfin, une partie du noyau dur du clan Ben Ali, est restée en Tunisie . Ainsi les trois filles de Ben Ali, issues de son mariage avec Naïma El Keffi, fille du général beylical El Keffi, dont Ben Ali, était le chauffeur, vivent toujours en Tunisie . La cadette, épouse de l’homme d’affaires Slim Chiboub, se dit atteinte de grave maladie , et demande régulièrement le droit de sortir du pays pour avoir accès aux soins à l’étranger. Mais les autorités tunisiennes refusent toujours la restitution de son passeport confisqué depuis 2011.
Son mari est recherché , dans un premier temps, pour « trafic d’influence « , n’a regagné le pays qu’à la fin 2014, après un long séjour aux Émirats . D’abord incarcéré , il a été libéré au bout de quatorze mois, soit la plus longue période de prison préventive . Il reste toutefois, poursuivi dans plusieurs affaires . En mai 2017, les fonds de l’homme d’affaires gelés en Suisse, ont été restitués à la faveur d’un accord d’arbitrage et de conciliation …
Cyrine Ben Ali, elle aussi , restée contrainte et forcée en Tunisie . Poursuivie dans une affaire de blanchiment d’argent , la fille de l’ancien dictateur était jusqu’à 2015 sous le coup d’une interdiction de voyage . Son mari, Marwane Mabrouk, codirigeant de la très puissante entreprise Mabrouk, occupe toujours le même poste .
LE RETOUR DISCRET DES « BENALISTES »
Si l’empire économique du clan Ben Ali, s’étendait de la grande distribution à l’immobiliers en passant par la téléphonie, les médias ou l’automobile, a été en parte placé sous contrôle d’administrateurs judiciaires , nommés par l’État , certains secteurs sont toujours dans l’escarcelle de la puissante famille ou leurs proches .
Sur le plan politique , aucun membre du clan Ben Ali, n’a pris des fonctions de premier plan. Cependant, sur les 43 ministres et secrétaires d’État du gouvernement actuel , au moins 1/5éme de ce beau monde, ayant occupé un poste ministre sous Ben Ali . Ou assumé des fonctions dirigeante au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti unique de Ben Ali. Le projet de loi d’exclusion - qui aurait exclu de la vie politique , les personnes considérées comme ex-soutiens de Ben Ali, n’a finalement jamais été voté par la nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP) .
CONCLUSION
Généralement , les révolutions dévorent leurs progénitures , la Tunisie n’échappe pas à la règle. Le printemps arabe qui fleurit en plein hiver, s’est transformé très vite en hiver islamiste nauséabond . La révolution s’est vite transformée en terrain de chasse pour des partis politiques surgit de nulle part . La conception même de la démocratie est toujours flou fans la tête du citoyen lambda . Les Islamistes d’Ennahda, rompus à la lutte souterraine sous Bourguiba et Ben Ali, ont très vite surgit de nulle part et occupèrent la rue, en attendant l’arrivée providentielle de leurs leaders , souvent en exil doré à Londres, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et la Suisse . Le financement de leurs structures politiques était assurée en grande partie par les pays du Golfe, principalement le Qatar. La confrérie des Frères musulmans , présente en Égypte, en Turquie et en Tunisie assura la logistique et la propagande nécessaire à faire connaître de célèbres anonymes terrés dans les geôles de Ben Ali .
A la surprise générale, les islamises d’Ennahda et leurs corolaires salafistes et autres Nosra et Ansar en tout genre : Eddine, l’Islam, El Qods (Jérusalem) . La multiplication de « confréries « religieuses montrent que le Tunisien lambda est presque nul en croyance car il hésite entre la laïcité qu’il ne comprend pas assez et une religiosité superficielle hérité de ses origines berbères . Rappelons-nous que le développement de la langue arabe dans le Maghreb est dû à l’arrivée des tributs de Beni Hilal et Beni Selim de la Haute Égypte pour arabiser ces berbères . Ils ont réussi à propager la langue arabe entre le 9ème et le dixième siècle sur tout le territoire maghrébin . L’arabité du Maghreb s’est institutionnalisé avec les Al Moahed qui ont régné deux siècles et demi et uni le Maghreb à deux reprises **.
C’est l’arrivée des Ottoman en Tunisie au XIV siècle qui changea la donne au Maghreb. L’arrivée des Turcs e Afrique du Nord, avait été vécu par les Algériens les Days et en Tunisie les Beys comme un colonialisme « acceptable puisque les Turcs étaient en majorité musulmans. Mais le comportement arrogant et invasif des Ottomans était très mal vécu par le peu d’intellectuels de l’époque . Le bey de Tunisie ne régnait que sur Tunis et ses banlieue huppés de Bardo et la Marsa au nord de Tunis. Le reste du pays s’enfoutait du Bey et des Turques . Quand le Destour et plus tard le New Destour avaient pris la tête du rébellion, il voulait avant tout bouter le colonisateur français et après régler une fois pour toute l’affaire beylicale . Chose faite le 25 juillet 1957, la Tunisie est devenue République et le pays a tourné la page Husseinite à jamais . Hélas , les islamistes et leurs corollaires ennemis du progrès, veulent rétablir le califat après 61 ans de démocratie …
Les Tunisiens et Tunisiennes sont trop attachés à leur République et pour rien au monde ne changeront la marche de l’histoire . La Tunisie a changé et sa jeunesse gardera la République à jamais . Quant aux vieux croûtons irréductibles du califat , ils n’ont qu’une seule destination : les prisons de la Républiques s’ils ne se conforment pas à la constitution et les lois qui s’y rapportent .
Reste à signaler l’amitié naissante entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi , elle intrigue et dérange énormément le citoyen lambda . Que se cache-t-il derrière la totale soumission de Ghannouchi, à Béji Caïd Essebsi ? Un lourd secret partagé par les deux compères , comme l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ? l’implication directe de l’Émir du Qatar, comme le laissait paraître un site internet Émirati ? Ou quelque chose plus lourd … Allez savoir ! Un jour ou l’autre la vérité éclatera au grand jour et rira qui rira le dernier …
*Voir notre éditorial « Escalade meurtrière en Tunisie »
*voir notre éditorial « Essid quitte le navire * .
Références
HISTOIRE DU MAGHREB MEDIEVAL - VII-IXe siècle
Philippe Sénac – Professeur à l’université Paris IV-Sorbonne
Patrice Crissier – chargé de recherche au CNRS (CIHAM-UMR 5648 , Lyon )
Edition ARMAND COLIN
DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB
ENTRE LE POSSIBLE & REALISABLE ;
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EDITE PAR NOTRE SITE INTERNET www.dr-ben-abdallah.ch;
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1er Février 2018