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EDITORIAL POLITIQUE




LA TUNISIE VICTIME DE L’INCURIE DE SA CLASSE POLITIQUE

AVIS IMPORTANT A NOS CHERS LECTEURS & LECTRICES !

Chers lecteurs & lectrices,

Après dix ans de bons     et  loyaux services, en tant que rédacteur en chef-éditorialiste du site www.dr-ben-abdallah.ch, je prends congé de vous, car l’inéluctable est arrivé au galop :  je  prendrai officiellement ma retraite au 30 avril 2018. Une retraite méritée après 44 ans, en tant   qu’Analyste en informatique, journaliste & macro-économiste, spécialiste du Maghreb.

Notre site www.dr-ben-abdallah.ch , continue en tant que site de nouvelles. Rien ne change dans l’ordre de parution. Le site reste consultable gratuitement comme avant . Vous pouvez donc y consulter notre thèse de doctorat en format PDF ainsi que les 88 éditoriaux qui s’y rapportent .

Nous vous remercions de nous avoir accompagnés pendant cette dernière décennie . Ce n’est qu’un au revoir …

A bientôt sur notre site de  nouvelles  www.dr-ben-abdallah.ch

Nos vœux de santé , de bonheur et de prospérité vous accompagnent …




PROLOGUE

Sept ans, jour pour jour après le départ de Zine El- Abidine Ben Ali, en exil  doré en Arabie saoudite, la Tunisie    attend toujours   la récolte des fruits de sa révolution confisquée par une poignée d’opportunistes qui ont flairé le bon filon et se sont jeté sur son cadavre, encore fumant, s’emparant ainsi d’un pays en état de décomposition laissé par la bande de cleptomanes de Ben Ali et ses sbires.


Depuis une semaine la rue tunisienne  en  est grande ébullition. Le pays est traversé par une vague de mécontentement généralisé contre une classe politique discréditée   auprès d’une population désabusée qui ne croit plus aux promesses qui n’engagent que ceux qui y croient.  Le pire est à craindre. On n’est pas à l’abri d’une provocation d’un côté ou de l’autre qui provoquera le brasier. En se pliant aux injonctions des bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale, et Union européenne), le gouvernement de Youssef Chahed, avait procédé à des réformes économiques douloureuses : augmentation des prix dans tous les domaines, sauf les produits de base (thé sucre, huile végétale, farine, couscous, pâtes, oléagineux etc…).

Au troisième jour d’une contestation alimentée par des mesures d’austérité, la tension ne diminue pas en Tunisie. De nouveaux heurts ont éclaté dans la soirée de mercredi 10 janvier entre manifestants et policiers dans plusieurs villes : Tunis, 09 janvier, Siliana  : 09 janvier, Kasserine : 9 et 10 janvier ; Sidi Bouzid : 09 janvier ; Gafsa : 9 janvier ; les principaux heurts   ont éclaté à Tunis et ses environs le 8 janvier 2018.

En effet, depuis lundi, des troubles ont été enregistrés dans le pays, sept ans après le début du « Printemps arabe », avec une révolution qui réclamait travail et dignité et avait fait tomber le dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

Déjà la semaine dernière, des manifestations pacifiques sporadiques avaient dénoncé la hausse des prix et un budget d’austérité, prévoyant entre autres, des augmentations d’impôts, conformément aux exigences des bailleurs de fonds, qui menacent de mettre la Tunisie au régime sec à l’instar de la Grèce …

En effet, la rapidité de la contagion de ces derniers jours présente toutefois un caractère nouveau. Les troubles ont touché quasiment et simultanément des quartiers de Tunis (Ettadhamen, Al Ourdia  et bien d’autres quartiers populaires). D’autres répliques   ont éclaté  à l’intérieur du pays , notamment à Gafsa, Sidi Bouzid, ainsi que des villes du littoral Gabes, Nabeul , normalement  pas  concernés par  l’agitation puisque  leur population vit  dans une opulence relative . Comme à son habitude, la police avait procédé à des dizaines d’arrestations.



VOLATILITE POLITIQUE

Ces secousses mettent rudement sous pression le gouvernement de Youssef Chahed, nommé en août 2016, et dont la marge de manœuvre reste très imitée.  Déjà fragilisé par les turpitudes de son camp ayant scellé une alliance contre nature avec « la mente religieuse «, Ennahda qui, en sept ans de gouvernance (gouvernements Jebaili  Lareïd  Jomaa , Essid I et II) qui s’ajoutent au CPR de Marzouki et Ettakattol de Mustapha   Ben Jafar , tous broyés et ingurgités     par  Ennahda, qui ne tolère personne que ses affidés  et encore ! N’oublions pas que les Frères musulmans   sont issus d’une grande confrérie internationale   présente notamment en Égypte, en Turquie, au Qatar, en Tunisie (très  récent) et bien d’autres pays .

En effet, sur le plan politique, le premier ministre n’est que très mollement soutenu par  son parti Nidaa  Tounès , la formation dite « moderniste « , allié aux islamistes d’Ennahda, dans la coalition gouvernementale .  M. Chahed avait été placé à la tête  du gouvernement par le chef de l’État , Béji Caïd Essebsi . Une nomination qui avait irrité nombre de ses amis , en raison des ambitions présidentielles qui lui sont prêtées .

En quête de nouveaux soutiens , il a noué une relation privilégiée de travail avec l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) , le principal syndicat du pays capable de tout : soutien de Ben Ali dans les années nonante,  des Islamistes d’Ennahda au début  de la révolution, puis  d’Essebsi aux élections présidentielles de 2014 et  maintenant  soutien de Chahed . L’UGTT n’est pas  une girouette, mais c’est le vent qui tourne !

Ce lien avec le principal syndicat du pays ne lui est guère utile pour apaiser l’actuelle agitation sociale , car nombre de protestataires ne sont affilés aucune organisation syndicale . La perspective des élections municipales prévues en mai prochain, le premier scrutin local depuis 2011 et qui devrait ajouter à la « volatilité «  du paysage politique en attisant de nouvelles concurrences  y   compris au sein de la coalition gouvernementale . Avec un paysage politique composé de 107 partis et mouvements politiques, le choix reste plus qu’aléatoire … Pour un pays   de 11 millions  d’habitants,  dix  partis politiques sont largement suffisants pour une  représentation équitable . Cette inflation  de partis politique relève au choix : de l’incurie crasse des  politiciens et politiciennes du pays , de l’anarchie , ou de l’analphabétisme  politique !

 En effet, Youssef Chahed , voit  en outre  sa latitude bornée par des indicateurs financiers au rouge écarlate , alors que le déficit budgétaire (6,1%du PIB), et une dette  publique , qui frôle  les 70% du PIB, le gouvernement s’est résolu à aggraver la ponction fiscale , en particulier en relevant la TVA . Ajouté à l’inflation nourrie par la dépréciation du dinar , qui a perdu , le quart de sa valeur , par rapport à l’euro en deux ans . Ce relèvement  de la fiscalité indirecte s’est révélé socialement dévastateur en pesant lourdement sur  le pouvoir d’achat des ménages  les plus modestes .  Un coup  de   torchon  s’impose .

LA REVOLUTION  INACHEVEE


Quand la révolution tunisienne a éclaté, suite à l’immolation  par  le feu, devant le siège du gouvernorat (préfecture) d’un marchand de quatre saisons , M. Mohamed   Bouazizi , qui s’était vu confisqué sa charrette et sa marchandise par une policière qui , comble  de l’humiliation,  elle  l’avait  giflée, en procédant à  la saisie . 

Les réseaux sociaux  se sont emparés de    triste fait divers et la rue a fait le reste . La révolution  tunisienne  est née  à l’insu de la classe politique  tunisienne qui se croyant protégée par la  machine répressive installée par Ben Ali, depuis sa prise de pouvoir , en 1987,  en renvoyant  dans ses foyers, le « combattant suprême, et Président de la République, feu   Habib  Bourguiba.

Les deux ans  qui suivirent  furent  un apprentissage chaotique de la gouvernance  d’un pays tenu d’une main de fer par  le régime bourguibien  (30 ans) et 24 ans par le régime kleptomane des Ben-Ali-Trabelsi . Une alliance improbable entre militaires (Ben Ali) et un   conglomérat d’opportunistes kleptomanes  du RCD , une sorte  de gardiens  du temple pilleurs  et oppresseurs qui se plaisent à mettre le pays sous  coupe …

La transition  commença    dans la confusion totale . Surgis    de nulle part, les islamistes associés à Moncef Marzouki, un neurologue exerçant en France depuis des années, se trouva propulsé comme leader d’un mouvement   se réclamant du nationalisme arabe (CPR) et associé à un autre vieux leader d’Ettakattol, une variante soft du courant « bourguibien «, M. Mustapha Ben Jafar. Ce dernier rafla le perchoir de l’Assemblée nationale de l’époque. 

Cette alliance hétéroclite  donna naissance à un monstre manchot  revanchards  et aveugle :  70% des ministres étaient  des affidés d’Ennahda, fraichement sortis  des geôles  de Ben Ali, avides de pouvoir et d’argent , malgré  les trois milliards de dollars versés par  le Qatar  à son vassale  Ghannouchi, fraichement rapatrié  de Londres, où  il coulait avec  sa famille des jours  paisibles sous  l’œil  bien  veillant  des services secrets  de sa majesté .

 Son   retour   en Tunisie  fut  confus  et très discret . Le taulier d’Ennahda, Hammadi Jébaïli, devint premier ministre, sous l’autorité du Président provisoire de la République, Moncef Marzouki qui veut être Président,  à tout   prix  ,  même d’un club de foot de 3ème division …

 Il s’agit  d’une invention   sortie  tout droit  ,  des crânes d’œufs de l’Union européenne, supervisés  « parrain de la transition tunisienne « sous le contrôle du cheikh du Qatar, son ami Turc Erdogan et Mohamed Morsi, ancien chef d’État éphémère   d’Egypte  , renversé par l’un de ses généraux devenu Maréchal par la volonté de Morsi (…) Cet Orient  est vraiment compliqué …

En 18 mois de gouvernance de la Troïka,  la Tunisie  a perdu ¾  de son potentiel industriel, 2/3 de ses réserves  de change et tout  son potentiel  touristique à cause  des turpitudes  de ses ministres  et l’incohérence  de son  gouvernement sorti  tout droit des geôles  de Ben Ali . 

Le résultat était une catastrophe ambulante : L’éducation à l’arrêt, l’économie inscrit aux abonnés absents, la corruption  s’est généralisée, au point  que l’Union  européenne  se fâche et congédie Jébaïli  , après  l’assassinat de Me Chokri Belaïd en février  2013 .  Quatre mois plus tard, les sbires des islamistes d’Ennahda, exécutent froidement, le député de gauche de la Constituante, Mohamed  Brahmi , autre nationaliste arabe comme Chokri Belaïd .

La Tunisie va de mal en pis. Ennahda, sort de sa réserve un bien curieux personnage : Ali Laraeïed, un progressiste de la mouvance islamiste qui montra à tout le monde qu’il est un homme d’État.  Hélas pas pour longtemps.  Les erreurs et les attentats s’accumulent au point que l’Union européenne nomme un super-consul nommé Mehdi Jomâa, ingénieur de l’ENIT, spécialiste en hydrocarbure , surnommé par le soussigné « le cheval de Caligula « en référence au sénateur romain Caligula, qui pour humilier ses sénateurs, il éleva son cheval au rang de sénateur.

Cependant, M. Mehdi  Jomâa a fait du bon travail : l’organisation des élections présidentielles et législatives de 2014. Les élections ont eu lieu et nous remercions chaleureusement M. Joma et lui dirons « le peuple Tunisien vous remercie de votre patriotisme . ». Si ça ne dépend que du soussigné   lui    aurait   consacré  le nom d’un boulevard de Tunis à votre nom.  Hélas, je ne suis qu’un citoyen ordinaire …

Ennahda, ce poison qui ronge  les entrailles de la Tunisie, se présente aux prochaines élections présidentielle , avec Jébaïli, son ex-taulier .  En effet, selon un site Internet tunisien, l’ancien premier ministre Hammadi Jablai,  se présente à la présidence de la République. C’est une hérésie !  Lui qui, après quatorze mois  de gouvernance chaotique avait été obligé de déguerpir pour inappétence et incurie crasse.  Il  a laissé au  bord de la guerre civile. L’insécurité régnait en maître absolu dans tous les domaines : sécurité intérieure,  éducation nationale en déserrance, distribution d’eau potable anarchique, puérile alimentaire, contrebande à gogo et corruption généralisée. Lui, il a manqué une occasion de se taire . Qu’y s’estime heureux qu’il n’est pas poursuivi pour sabordage de l’État.

L’autre concourant,   n’est autre que Moncef Marzouki, soixante-quinze ans  dans le compteur, veut lui aussi se représenter aux élections de 2019 . Lui,  qui   a montré au monde entier qu’il est l’incarnation  de l’incompétence politique  et l’incurie crasse . Il est incapable d’administrer un club  sportif  . Peut-être aurait-il des compétences médicales, puisqu’il est neurologue de formation. Le reste  est à vérifier ! Il s’est chamaillé avec  le roi du Maroc, et à chaque fois qu’il partait en visite officielle, il retourne la queue basse  . Son seul soutien international reste l’ancien président de la République française, François Hollande , par les temps qui courent , il vaut mieux escamoter cette référence ! Car elle n’apporte pas chance . . Exit Marzouki !


Dès le 1er janvier  2015,  la Tunisie a un nouveau  Président de la République, en la personne de M. Béji Saïd Essebsi, présumé laïc et farouche adversaire d’Ennahda, l’autre gagnant des élections législatives  de 2015 . Suivi  de l’UPL ( 16 sièges) ; Le Front populaire (15 sièges) ; suivi d’Afek Tounès  ( 8 sièges) ;  et une kyrielle  de petits partis qui totalisent  moins  que 5 sièges  à l’ARP  ( Assemblée des  Représentants  du Peuple ) ;  Un total  de 217 représentants dont 69 affidés  à Ennahda ; 89 affidés  à Nida Tounès .

« Pour la petite histoire, le soussigné  avait appelé par  l’intermédiaire  de notre  site internet www.dr-ben-abdallah.ch   à voter  contre Moncef  Marzouki en attribuant mon vote pour M. Essebsi . Donc  j’étais électeur de M. Essebsi par défaut . « .

La nomination de Habib  Essid n’enthousiasma  personne , car le bougre est  notre inoxydable  à nous : ancien secrétaire  d’État à l’écologie sous Ben Ali , super intendant au ministère de l’intérieur, facilitateur auprès  les instances  d’Ennahda etc…C’était le joker  des islamistes, car notre ami n’est pas girouette mais c’est le vent qui  tourne …

Pendant dix-huit mois de gouvernance , il a réussi en 18 mois de gouvernance chaotique de mettre ¾ de la classe politique du pays contre lui . Il fut  viré de son poste de premier ministre comme un laqué  maladroit .  Un ouf de soulagement  avait suivi le départ de ce cataplasme sur une jambe de bois . *

YOUSSEF  CHAHED , CE PREMIER MINISTRE,    MAL   AIME  !

Dès sa nomination au  poste de Premier ministre, le jeune ingénieur en agronomie, titulaire d’un doctorat en économie numérique, n’a suscité d’intérêt que chez certains intellectuels et les   jeunes qui ont vu   sa  venue au gouvernement  comme sortie de l’impasse politique et économique créée  par tous ses prédécesseurs,  à l’exception  de M. Mehdi  Joma qui s’est acquitté  de sa tâche dans le  meilleur du monde . M Chahed  a été pris en tenaille  d’un côté  par son propre camp , notamment  sa rivalité  avec le propre fils du président de la République, H.C. Essebsi,  qui  formé un parti dans le parti qui a rejoint  les sirènes  d’Ennahda, heureuse  de casser Nida Tounès  en deux sections rivales  et prendre la tête  de la coalition contre nature entre les laïcs supposés de M. Essebsi , père et les islamistes d’Ennahda qui  jouent les loyaux face à un rival  affaibli et  un jeune premier  ministre qui ne sait pas où   se donner la tête . Car la liste est longue : assainir l’État de la corruption devenue une gangrène  au sommet de l’État, ; rétablir l’autorité de l’État dans ses prérogatives régaliennes comme l’éducation , restée sans ministre après la démission forcée  du titulaire . Repêcher  la ministre  de l’économie  qui, à peine nommée , elle accumula  les bourdes et les incohérences, finalement révoquée pour incompétence ,,,

Le pire est encore à venir :  face à un parlement hétéroclite composé en majorité d’opportunistes, de profiteurs  et de salauds ( sur les 217  députés qui forment l’Assemblée des représentants du peuple ARP), il y  a  moins d’une cinquantaine qui sont  probes et propres sur eux , le reste  est un ramassis  de salauds, à envoyer  en bagne . Alors, comment voulez-vous que le jeune premier ministre trouve ses repères ?

Après sept mois de tergiversation, le jeune premier ministre donna  le coup de torchon nécessaire en menant l’opération « mains  propres « , approuvée par 80% de la population qui en avait marre  des turpitudes  des politiciens  et la bassesse  de leurs affidés . Résultat des courses : un léger nettoyage  au Karcher, insuffisant , car il n’a pas atteint  le sommet : partis politiques, très hauts fonctionnaires , intermédiaires  en tout genre, facilitateurs  en relation  le sommet de l’État et le citoyen lambda .

La côte de popularité  grimpa  au sommet, sans qu’il fasse quelque chose d’extraordinaire comme la nomination  de ministres aux  postes vacants, le redressement   d’une   économie à la dérive, soutenir  la monnaie nationale qui a dégringolé  de 42%  face aux devises comme le dollar ou l’euro .  Penser à sortir  du cercle infernal de l’endettement international  en  souscrivant   un emprunt national auprès de la population libellé en dinar convertible et garanti par le trésor public  et la Banque  Centrale . A propos de cette dernière : il faut mettre à la retraite d’office l’actuel   gouverneur de la BCT, nonagénaire  ,   en le remplaçant par un jeune macro-économiste, rompu aux nouvelles technologies bancaires et politiquement neutre.

Rien de  tout ça  n’a été fait par M. le premier ministre Chahed, il s’est mis  sous la protection   du   président  de la République et accepta  sans rechigner tout ce que le président  voulait . En  commençant  par  former un nouveau cabinet ministériel  dont 1/5éme  provient  d’anciens  caciques  du RCD, de Ben Ali   ou d’autres affidés  connus comme tels . La  boucle est bouclée.
Nous avons donc  retiré  immédiatement  notre soutien à M.  Chahed qui a trahit  la confiance de plusieurs  intellectuels du pays .  Dommage pour lui, il  a lapidé  tout son crédit populaire . Tant pis pour lui .


LE RETOUR EN FORCE  DES AFFIDES  DE BEN ALI


« sept ans  après sa chute, qu’est devenu le dictateur Ben Ali ? Malgré de multiples condamnations en Tunisie pour différents chefs d’accusation, la famille Ben Ali, majoritairement réfugiée en Arabie saoudite n’est pas inquiétée par la justice .

C’était  un avion  entrée  dans l’histoire de la Tunisie . Le 14  janvier   2011  , « Oscar Oscar » , Boeing  Business Jet acheté en 1999, quittait le tarmac de Tunis , pour la dernière fois . A  son bord, Zine El Aabidine Ben Ali, sa seconde épouse Leïla Trabelsi, les deux  de leurs enfants et un de leur gendre . Une fuite en pleine nuit qui tournait la page d’une dictature de vingt-trois ans et la mainmise  d’un clan tout-puissant sur tous  les secteurs publiques, économique et sociaux du pays .

En effet, sept ans plus tard, malgré de multiples condamnations par contumace, en Tunisie, pour des chef d’accusation    tels   que,  détournement de fonds publics, détention  d’armes, et pièces archéologiques , corruption,  fraudes  immobilières, la famille  kleptomane , majoritairement réfugiée en Arabie saoudite, n’est pas inquiété par la justice , malgré le    mandat  d’arrêt international et plusieurs demandes d’extradition ont été émis  par la  Tunisie  contre le couple présidentiel .  Cependant, au  nom  de « l’hospitalité « , l’Arabie saoudite refuse d’extrader les ressortissants musulmans, surtout s’ils sont riches et puissants . Un pauvre on lui coupera au  choix : les mains pour vol,  et la tête  pour trois fois rien ... Il est  hérétique !

APPARITIONS PUBLIQUES RESTRINTES

En contrepartie, de cette bienveillance, le dictateur Ben Ali, s’est engagé à rester  discret . Ses apparitions  sont donc rares, tout  comme les images le montrant dans sa vie quotidienne , en somme une cage dorée , au bord  de la mer rouge, à Djeddah , où vivent également le reste de la famille, en l’occurrence  sa fille Halima et son fils Mohamed  . Pour une apparition impromptu  sur son compte Instagram, filmé par son fils en pyjama, la sanction  est brutale : fermeture immédiate du compte . Les Saoudiens  ne badinent pas avec la sécurité de leurs hôtes !

Par ailleurs, depuis janvier 2011, la seule prise  de parole  officielle du dictateur tunisien, âgé de 81 ans, avait été  menée par son avocat Me A. Azoury .  L’ancien général  avait nié  les accusations portées contre lui par la justice tunisienne , assurant que l’ancien général n’a « jamais donné l’ordre de tirer  à balles réelles sur  les manifestants «  .  Voilà un militaire qui n’assume pas sa responsabilité , honte à lui . Il n’a jamais mérité  son grade de général . Il est resté    encore  le chauffeur du général El Keffi  qui  a gravit les échelons en se mariant avec la fille du général El Keffi, sa première  épouse …

Par ailleurs, régulièrement, la rumeur d’une publication de ses mémoires (…)  sic ! Revient dans la presse tunisienne . Selon   son    épouse, l’auteur du  « coup d’État médical contre feu Habib Bourguiba «  , en 1987, est en bonne possession  de ses capacités mentales pour affronter un jury d’assise  ou devant un tribunal militaire (…)  Alors qu’est-ce qu’il attend  pour  rentrer au pays et laver  son honneur ?  Peut-être, voulait il mourir en exil en Arabie saoudite . Il sera Hadj  putatif  (…)  Quant à Leïla  Trabelsi, elle vit  entre  Dubaï et Djeddah dans un luxe de mille et une nuit . Elle s’est même permit  le luxe de sortir un livre (…) sic ! Intitulé «  Ma  vérité «  …Bof !

Dans ce navet, elle rejette toutes les accusations de corruption et de  dérives dictatoriales du régime déchu . Souvent surnommée « la femme la plus détestée de la Tunisie « elle n’a  pas    froid aux yeux  et accorde des interviews accordés par Skype , notamment au journal le « Parisien « , en 2013 . Exit  Leïla , la régente  de Carthage …

Certains membres du clan Ben Ali, ont connu néanmoins  un exil chahuté …Après un séjour au Qatar abrégé , sur ordre des autorités , la fille ainée  de la seconde femme, Nesrine Ben Ali, est partie s’installer aux Seychelles , avec son  mari , l’homme d’affaires Sakr El Matri. Tous  deux   ont été condamnés par  contumace à de lourdes peines de prison  pour notamment, corruption, fraudes, blanchiment d’argent et acquisition  de terrains  illicites  qui s’ajoutent  au détournement de fonds publics .

UNE CABANNE AU CANADA …


Longtemps considéré  comme le chef  du clan Ben Ali, Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla, et richissime homme d’affaires, s’est réfugié au Canada. Mais sa demande d’asile ayant été rejetée . L’homme s’est volatilisé.  Sa femme et ses quatre enfants, ont quant à eux obtenus le statut de  réfugiés , listés en tant que « étrangers politiquement vulnérables «  . C’est vrai  avec les millions de dollars détournés et les fortunes amassés , particulièrement les pierres précieuses amassées , ils  sont d’une vulnérabilité  affligeante … Tant qu’ils ne demandent pas l’aide sociale au Canada, oublions-les jusqu’à ce qu’ils reviennent à meilleure fortune . 

En revanche, ils ont été déboutés de leur demande , déposée à la Cour suprême de Montréal , de débloquer leurs fonds bancaires pour subvenir à leurs  besoins . Selon la presse canadienne, la Tunisie aurait même averti Ottawa que le déblocage des avoirs de la famille nuirait aux relations entre les deux pays . Exit  les   Trabelsi …

PAS DE RESTITUTION DE PASSEPORT

Enfin, une partie  du noyau dur  du clan Ben Ali, est restée en Tunisie . Ainsi les trois filles de Ben Ali, issues de son mariage avec Naïma El Keffi, fille du général beylical  El Keffi, dont Ben Ali, était le chauffeur, vivent toujours en Tunisie . La cadette, épouse de l’homme d’affaires Slim  Chiboub, se dit atteinte de grave maladie , et demande régulièrement le droit de sortir du pays pour avoir accès aux soins à l’étranger. Mais les autorités tunisiennes  refusent toujours la restitution  de son passeport confisqué depuis 2011.

Son   mari est recherché , dans un premier temps,   pour   « trafic d’influence « , n’a regagné le pays qu’à la fin 2014, après un long séjour aux Émirats . D’abord incarcéré , il a été libéré au bout de quatorze mois, soit la plus longue période  de  prison préventive . Il reste toutefois, poursuivi    dans   plusieurs affaires . En mai 2017, les fonds de l’homme d’affaires gelés  en Suisse, ont été restitués à la faveur d’un accord d’arbitrage et de conciliation …

Cyrine  Ben Ali, elle aussi , restée  contrainte et forcée en Tunisie . Poursuivie   dans une affaire de blanchiment d’argent , la fille de l’ancien dictateur était jusqu’à 2015 sous le coup d’une interdiction de voyage . Son mari, Marwane   Mabrouk, codirigeant de la très puissante entreprise Mabrouk,  occupe toujours le même  poste .

LE RETOUR DISCRET  DES «  BENALISTES »

Si l’empire économique  du clan  Ben Ali, s’étendait de la grande distribution à l’immobiliers en passant par la téléphonie, les médias ou l’automobile, a été en parte placé sous contrôle d’administrateurs judiciaires , nommés par l’État ,  certains secteurs sont toujours dans l’escarcelle de la puissante  famille ou leurs proches .

Sur le plan politique , aucun  membre  du clan Ben Ali, n’a pris  des fonctions  de premier plan. Cependant, sur les 43 ministres et secrétaires d’État du gouvernement actuel , au moins 1/5éme de ce beau monde, ayant  occupé un poste ministre  sous Ben Ali . Ou  assumé des fonctions  dirigeante au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti unique de Ben Ali. Le projet de loi d’exclusion  - qui aurait exclu de la vie politique , les personnes considérées comme ex-soutiens  de Ben Ali, n’a finalement jamais été  voté  par la nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP) . 




CONCLUSION

Généralement , les révolutions dévorent leurs progénitures , la Tunisie  n’échappe pas à la règle.  Le printemps  arabe qui  fleurit  en plein hiver, s’est transformé très vite en hiver islamiste nauséabond . La  révolution s’est    vite   transformée  en terrain de chasse pour des partis politiques surgit  de nulle part . La conception même  de la démocratie est toujours  flou  fans la tête  du citoyen lambda . Les Islamistes d’Ennahda, rompus  à la lutte souterraine sous Bourguiba et Ben Ali, ont très vite surgit  de nulle part et occupèrent la rue, en attendant l’arrivée providentielle  de leurs leaders , souvent en exil doré à Londres, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne  et la Suisse . Le financement de leurs structures politiques était assurée  en grande partie par les pays du Golfe, principalement le Qatar.  La confrérie  des Frères musulmans , présente en Égypte, en Turquie et en Tunisie  assura la logistique et la propagande  nécessaire à faire connaître  de célèbres anonymes  terrés  dans les geôles de Ben  Ali .

A la surprise générale, les islamises d’Ennahda et   leurs    corolaires    salafistes et autres Nosra et Ansar en tout genre : Eddine, l’Islam, El Qods (Jérusalem)  .    La multiplication de « confréries «  religieuses montrent  que le Tunisien lambda est presque nul en croyance  car il hésite entre la laïcité qu’il ne comprend pas assez et une religiosité  superficielle hérité de ses origines berbères . Rappelons-nous que le développement de la  langue arabe dans le  Maghreb est dû  à l’arrivée des tributs  de Beni  Hilal  et Beni Selim  de la Haute Égypte pour arabiser ces   berbères . Ils ont réussi  à propager la langue arabe entre le 9ème et le dixième siècle  sur tout le territoire maghrébin . L’arabité  du Maghreb  s’est institutionnalisé  avec les Al Moahed  qui ont régné  deux siècles et demi et uni le Maghreb  à deux reprises **.

C’est l’arrivée des Ottoman en Tunisie au XIV siècle qui changea  la donne au Maghreb. L’arrivée des Turcs  e Afrique du Nord, avait été vécu par les Algériens les Days et  en Tunisie les Beys comme un colonialisme « acceptable puisque les Turcs étaient en majorité musulmans. Mais le comportement arrogant et invasif des Ottomans était    très mal vécu par le peu d’intellectuels  de l’époque . Le bey de Tunisie  ne régnait que sur Tunis  et ses banlieue huppés de Bardo et  la Marsa au nord  de Tunis. Le reste du pays s’enfoutait  du Bey  et des Turques . Quand le Destour et plus tard le New Destour avaient pris la tête du rébellion, il voulait avant tout bouter  le colonisateur français  et après régler une fois pour toute l’affaire beylicale . Chose faite le 25 juillet 1957, la Tunisie est devenue République et le pays a tourné la page Husseinite  à jamais . Hélas , les islamistes et leurs corollaires  ennemis du progrès, veulent rétablir le califat après 61 ans de démocratie …

Les Tunisiens  et Tunisiennes sont trop attachés à leur République et pour rien au monde ne changeront la marche de l’histoire .  La Tunisie a changé  et sa jeunesse gardera  la République à jamais . Quant aux vieux croûtons  irréductibles du califat , ils n’ont qu’une seule destination : les prisons  de la Républiques s’ils ne se conforment pas à la constitution et les lois qui s’y rapportent  .
Reste à signaler l’amitié naissante entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi , elle intrigue et dérange énormément le citoyen lambda . Que se cache-t-il  derrière  la totale soumission  de Ghannouchi, à Béji Caïd Essebsi ?  Un lourd  secret  partagé par les deux compères , comme l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ? l’implication directe  de l’Émir du Qatar, comme le laissait paraître un site internet Émirati ?  Ou quelque chose plus lourd … Allez savoir ! Un jour ou l’autre la vérité éclatera au grand jour et rira qui rira le dernier …

















*Voir notre éditorial «  Escalade meurtrière en Tunisie »

*voir notre éditorial «  Essid  quitte le navire * .  








Références

HISTOIRE DU MAGHREB  MEDIEVAL  - VII-IXe siècle

Philippe Sénac – Professeur à l’université Paris IV-Sorbonne

Patrice Crissier – chargé de recherche  au CNRS (CIHAM-UMR 5648 , Lyon )

Edition ARMAND COLIN






DR MOHAMED  BEN ABDALLAH ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE L’INTEGRATION  ECONOMIQUE DU MAGHREB
ENTRE LE POSSIBLE & REALISABLE ;
EDITE PAR NOTRE SITE INTERNET www.dr-ben-abdallah.ch;

&

EDITORIALISTE -REDACTEUR EN CHEF DU SITE

Demeurant sis 1202 Genève -CH

1er Février 2018