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EDITORIAL POLITIQUE 

YOUSSEF CHAHED, UN AN DEJÀ …

PROLOGUE

Comme nous l’avions promis, au mois   d’août 2016  ,  nous  dressons un bilan politique , économique et social d’une année de gouvernance  du premier ministre Tunisien , M. Youssef chahed .  Après   un début   de mandat  laborieux, que nous avions  analysé  dans notre éditorial  « Les cent jours de M. Chahed,  nous vous soumettons  dans cet éditorial  le bilan  d’une année de gouvernance, somme toute positif qui honore le chef du gouvernement  et son équipe .*

Nidaa Tounès plongé dans une crise sans fin à cause des querelles   et scissions ,   affaiblissant le parti au pouvoir contrôlé par le fils du président de la République M. Béji Caïd Essebsi, au profit  des islamistes d’Ennahda, tapis dans le noir, en embuscade .  

Il   y a    des signes qui ne trompent pas . L’effervescence   qui agite la scène  politique  tunisienne depuis quelques mois , n’est pas seulement  dû    à une  préparation    en ordre de bataille  avant les élections municipales prévues au 17 décembre, septième  anniversaire  du déclenchement de la révolution.

En effet,  après tant d’années d’attentes, la transition démocratique va  enfin s’incarner  au niveau local  . Si la fièvre monte à ce point  ,  c’est aussi parce que Nidaa Tounès   , parti  qui dominait la coalition  au pouvoir à Tunis, traverse  une crise majeure et que  ses déboires libèrent  une cohorte  d’ambitions concurrentes .

Par  ailleurs,  le 2 avril 2017,  un front de salut  et de progrès  s’est  solennellement formé dans la capitale  tunisienne .Ses inspirateurs  le conçoivent  comme un regroupement transversal de partis, visant à détrôner l’actuelle alliance dirigeante  entre  Nidaa Tounès et le parti islamiste Ennahda . Ils  jouent sans fard sur la peur qu’inspire une frange de l’opinion  publique , l’influence prêtée aux islamistes dans l’appareil de l’Etat . Selon eux, Nadaa   tounès  , dont le socle est pourtant  l’anti-islamisme , est devenu  trop faible pour s’opposer au jeu d’Ennahda .  Depuis sa victoire aux élections  législatives  et présidentielles de 2014, Nidaa    Tounès  ruiné  est, de fait  rongé par des querelles  d’appareils  et une hémorragie de ses cadres  au point de jeter le doute sur la solidité de la transition  démocratique tunisienne, tant louée  à l’étranger .

«  il  y  a  une descente  aux abîmes « , s’alarme  la député  de Nidaa tounès  L. C. Selon elle, la glissade commence véritablement au congrès  du parti  à   Sousse  en janvier 2016,  quand   ,  le  fils  du Président, H. Essebsi , prend les rênes du parti .


LA CONTROVERSE !

Quand  le fils  du président de la République,  M. H.  C. E.  ,   avait    mis la main  sur deux fonctions stratégiques  : directeur de l’exécutif  et représentant légal  de Nidaa Tounès . Ce congrès consacre, par ailleurs la rupture  avec son   grand rival  d’alors  , M.   M.  , ex-conseiller  spécial du Président , qui avait claqué  la porte du parti avec ses soutiens , pour fonder une nouvelle formation .  « Haraket Machrouw  Tounès «  .  Un mouvement ,  « néobourguibiste « .   Le   coup  était   très  dur  pour le groupe  Nidaa  Tounès à l’Assemblée  des représentants  du peuple .  Une vingtaine de députés le quittant .

 Du coup Nidaa Tounès  perd  son statut   de premier groupe  parlementaire  au profit d’Ennahda.

La conquête   de l’appareil politique   par  le fils  du Président de la République,  avait   déchainé  les passions .  Le parti, déjà fragilisé par la disparition de sa raison d’être idéologique (l’anti-islamisme ), rendue caduque par la formation d’un gouvernement de coalition  avec Ennahda , à partir de 2015.  La violente controverse autour  de « succession  dynastique «  (le fils remplaçant  le père  à la tête du parti), avait porté le coup  de grâce  à un parti en phase  terminale de décomposition .  Le malaise est à son paroxysme  . 

Par la suite, les défections  se sont multipliées , touchant jusqu’au groupe qui avait servi de marchepied à  H.   C.   E.  , lors du congrès  de Sousse .  Parmi ses anciens alliés devenus dissidents    figure    R. B. , ex-directeur de cabinet  du chef de l’Etat .  Le groupe de M.  B. , ayant tenté fin janvier , d’écarter de la direction  du  parti    Hafeh   Caïd  Essebsi .  Ce dernier avait porté  l’affaire devant la justice .M. B. , est aussi l’un  des inspirateurs , aux   côtés   de  M. M. ,   du Front du salut récemment constitué .

« le parti  a perdu le contact avec le citoyen «  se désole Madame CH  .  Le gouvernement de  M. Youssef  Chahed , chargé de piloter  des réformes sensibles sous la pression du Fonds  Monétaire International (FMI ) , est ainsi  affaibli , car il ne peut pas compter  sur  un   appui  partisan dynamique . «   . « Le gouvernement  n’est pas  assez soutenu «  , grince le député Moncef  S. ,  qui  avait jeté l’éponge après avoir présidé un éphémère  (comité  de sauvetage du parti ) .

Toutes   ces tergiversations   ont légitimé le parti   islamiste des Frères musulmans  Ennahda qui  a renforcé  son rôle de partenaire  loyal et discipliné  de la coalition , s’en trouve mécaniquement renforcé.  « La majorité ne tient que grâce à Ennahda « , souligne M. S. . « Ennahda joue bien le jeu afin d’affaiblir son  partenaire , abonde Madame CH . Il apparaît  de plus en plus  stable et équilibré , dont légitime sans prétention à gouverner «  .  C’est ce qui inquiète  de nombreux  militants historique de Nidaa  Tounès  qui avaient rejoint le parti pour contrer  le projet islamiste , qualifié d’antinomique  au modèle  tunisien .

« Si Ennahda  ne rencontre   aucun contrepoids, il va    inévitablement essayer de changer  le modèle tunisien .  La transition en Tunisie  sera alors en danger «  , avait averti M. B. , le chef de file  des opposants  à H.  C.  E.  , fils  du Président tunisien en exercice . Fondée ,    ou   pas , par l’appréhension  avait saisi  une grande partie  de l’électorat de Nidaa   Tounès , sensible , dès lors  , aux vents de la dissidence .


UN MEMBRE DU CLAN BEN ALI REVELE L’AMPLEUR DE LA CORRUPTION DE L’ANCIEN REGIME

Connivences, pots-de-vin, , documents falsifiés, contrebande …I..  T.  , le neveu de l’ancienne régente de Carthage, et  épouse  de Zine El-Abi dine Ben Ali, l’ex-autocrate  renversé par la révolution tunisienne  de 2011, avait livré , vendredi 19 mai 2017, un témoignage exceptionnel sur les coulisses de la dynastie affairiste aux pratiques mafieuses  qui avait mis la Tunisie en coupes réglée pendant les 22 ans de la dictature .  Agé de 42 ans, I.  T.,  condamné  à  un total  de 108 ans de prison, dans différentes affaires, de  malversations , s’est exprimé  lors d’une audience publique de l’instance  de vérité  & dignité (IVD) sous la forme d’un enregistrement  diffusé en différé .
 Le document avait été réalisé en détention,  à la prison de la Mornaguia , près de Tunis, où  Imad T.,   en   est détenu depuis 2011 .

Institution phare  de la justice institutionnelle de la Tunisie, l’IVD, mandatée  pour enquêter sur les violations  des droits de l’homme et les crimes économiques, commis  entre  1955 et 2013, avait décidé de consacrer  sa séance des auditions  de vendredi aux dossiers de corruption .  Le choix  n’est  pas anodin, à l’heure où  le président  de la République , Béji Caïd  Essebsi, tente de faire adopter  par l’Assemblée des représentants du peuple un projet de loi  de « réconciliation économique «  amputant l’IVD de ses compétences  en matière de corruption. Le projet de loi fait l’unanimité contre lui .  Il est dénoncé  par ses opposants comme permettant « un blanchiment  de la corruption «  commise sous le régime Ben Ali. Les tensions récurrentes   entre l’IVD,   opérationnelle depuis  2014, et la présidence  de la République , n’ont cessé de perturber le processus de la justice traditionnelle en Tunisie .

DENONCIATION D’UN   SYSTÈME   OLIGARCHIQUE

En effet, avec le témoignage d’Imad T. ,  l’IVD tente par tous les moyens  de démontrer  la pertinence de son travail de dévoilement du système oligarchique mis en place par Ben Ali durant 23  ans passés au pouvoir , entre novembre 1987 et janvier 2011 . »  Honnêtement, sincèrement, je  reconnais  mes erreurs, a déclaré  Imad  Trabelsi . Je ne suis pas un ange. Je m’excuse  devant le peuple tunisien , je   suis  prêt à restituer les biens que j’ai détournés . J’aimerais bien redevenir  propre et blanc comme j’étais  avant «  .

Cheveux gominés , en   chemise  blanche, le fils d’un frère de Laila Trabelsi, l’épouse de Ben Ali, qui avait réussi  à imposer  sa parentèle  au cœur  des circuits  économiques du pays, fait le récit de sa carrière en triturant nerveusement  entre ses doigts un mouchoir  en papier . Passant
de promotion  immobilières à l’importation  des bananes, en passant par le marché de l’alcool  et la franchise de Bricorama ,  Trabelsi  a raconté  comment ses connexions familiales  lui ont permis d’amasser une fortune  de   rapines  en tout genre « Toutes les portes m’étaient ouvertes «  , va-t-il  résumé .  « Si vous avez quelqu’un  aux douanes, vous n’avez aucun  problème «  va-t-il  ajouté , en évoquant de fausses déclarations   aux douanes monnayées –pour l’importation –exportation  au port de Radés  près de Tunis . « J’étais généreux  avec les douaniers va-t-il précisé . Ils savaient qu’il payait    cinq fois plus que les   autres .   Trabelsi,   cite notamment les manipulations autour des exportations –comportant prétendument de la valeur ajoutée locale – bénéficiant ainsi  d’exemptions fiscales  en vertu  d’une loi datant de 1972.. Ainsi   que du cuivre importé de Libye  était exporté  à partir de Radés  sous de faux labels de téléviseurs  montés en Tunisie .

Le  sieur  T. ,  avait également  expliqué  comment  il  réussit  , en deux ans, à s’arroger 30% du marché  de l’alcool légal et informel . « Cela  rapportait  un argent faramineux «  a t- il  souligné . Je n’imaginais pas  que les Tunisiens  buvaient  autant «  . Chacune des affaires  était conclue  en intelligence  avec une administration coopérative . «  Les fonctionnaires de l’Etat  faisaient partie des clans, dit-il . Ils  avaient une bourse politique et ils  savaient qui montaient  et qui descendaient « .  Au passage , le sieur  T.  avait semé   quelques grenades à retardement.  «  Il y  avait eu  une révolution , mais rien n’a changé «  . « Selon mes échos, le même système est encore  opérationnel «  .




DECRYPTAGE


Par ailleurs, plusieurs  personnalités  qui  ont été interpellées , sans explication  officielle . Le chef de gouvernement  ,  ayant évoqué « une guerre contre la corruption «  . S’agit-il de la guerre contre la corruption , plusieurs fois annoncée  par le gouvernement  tunisien, ou un règlement de comptes entre  élites économiques ? En effet, depuis  le 23 mai 2017  , les arrestations de personnalités  du monde des affaires se multiplient en Tunisie .

« Elles sont impliquées dans des affaires   de corruption et soupçonnées de complots contre  la sûreté de l’Etat par leur incitation et le financement présumé  de mouvements de protestation  à Al-Kamour (dans la région de Tataouine et d’autres régions «  ,avait déclaré  à l’AFP, un haut  responsable tunisien , sous couvert de l’anonymat . Mais il n’ y a pas  eu d’explication  officielle sur les motifs de ces arrestations, et l’on ne sait  pas  où se trouvent  les personnes en question .

Parmi elles, figure Ch. J , un homme d’affaires  qui revendique  des liens avec les partis politiques , et les médias, notamment une amitié avec  A. B.  , chef  du parti  islamiste  libyen  « Al Wantan «  . Il y a  également  Y.   Ch., lui aussi présenté  comme un  « homme d’affaires » , un ancien  douanier et candidat  à l’élection présidentielle de 2014 .  Et   la liste continue de s’allonger : au moins cinq personnalités   auraient  été interpellées .

A la suite de l’audition  de  cette personnalité emblématique du régime Ben Ali, le ministre de la justice Ghazi Jribi ,  a saisi le parquet . Toutefois , « aucun  pôle  du tribunal de première instance n’a été saisi   pour l’arrestation  des sieurs  . J.   et  CH   « . Aucun mandat d’amener  n’a été émis «  affirmait S. S , le porte-parole  du tribunal  , mercredi matin,  au Monde  Afrique .

RECOURS A L’ETAT D’URGENCE !

« La législation  portant sur l’état d’urgence est la seule possibilité pour le ministre de l’intérieur de mettre aux arrêts des  citoyens sans passer par la justice « , précise F. J , avocat de  Chafik J.  , qui a cherché son client dans différents services du ministère de l’intérieur , en vain . Me J. s’est également  adressé   à la caserne militaire d’Al-Acouina  , qui avait nié la présence du sieur  Jarraya .

Par ailleurs, le recours  à   la base    légale  de l’état d’urgence  pour procéder  aux arrestations pourrait  toutefois fragiliser les poursuites : l’état d’urgence    est  régi par  un décret  présidentiel  datant de 1998 . Il  n’est pas en phase avec la nouvelle constitution tunisienne , qui prévoit un contrôle parlementaire de cet état d’exception .  Dernièrement, certaines assignations à résidence  basées sur ce décret  ont même été cassées par le tribunal administratif .

LA LABORIEUSE TENTATIVE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE , POUR RASSURER UN PAYS  INQUIET …

L’arrestation   de Ch.  J. avait fait en tout cas, un grand bruit . L’homme est un personnage sulfureux .  Originaire de Sfax, à la tête  de plusieurs  entreprises (employant plus  de 40^000 personnes   dans le secteur agro-alimentaire . Il,  se  présente comme autodidacte : sorti de l’école trop jeune, puis  vendeur ambulant .   Ses   liens avec les T.  , particulièrement la belle-famille de Ben Ali, , lui ont permis de se faire  une place dans le monde des affaires :il est notamment surnommé « Chafik la banana « , pour avoir dominé le marché de l’importation  de bananes, avec  le clan des « Trabelsi » .


   SULFUREUX   PERSONNAGE   INFLUENT  MANGEANT     A   TOUS LES RÂTELIERS …

Depuis 2012, le sieur   J.    , s’est aussi  ullistré par ses sorties médiatiques : fin 2016, il affirmait avoir » acheté  des journalistes » …L’homme ne s’est jamais présenté  à une  quelconque élection – même pas  communale- Cependant, il est politiquement influent .  Il a adhéré au parti Nidaa Tounès , fondé en 2012, par l’actuel président de la République , avant de s’en retirer en 2015 . Il dispose d’un réseau de politiciens et d’élus qui s’affichent en sa compagnie dans ses déplacements .     

En effet,  le sieur J.   avait  indiqué à plusieurs reprises d’être  à la disposition  des autorités judiciaires pour toute enquête sur sa fortune , que beaucoup attribuent à la contrebande et à des passe-droits  obtenus grâce  à  des pots de vins .  En octobre 2016, il avait même défié le chef du gouvernement , dans une intervention télévisée sur  la chaîne «  El-Hiwar  Ettounsi « ,   en déclarant : » : Youssef Chahed n’est même pas en mesure  de mettre  une chèvre en prison « , avait  affirmé  . Il semble que l’intéressé  ait décidé de relever le défi .

M. Chahed  s’est succinctement  exprimé  mercredi soir : «  Dans la guerre contre la corruption , il n’y a pas  d’alternatives .  C’est la corruption  ou la Tunisie . Moi, comme tous les Tunisiens , j’ai choisi l’Etat . Je veux rassurer tous les Tunisiens , le gouvernement  prend toutes ses responsabilités  , il mène une guerre  contre la corruption  jusqu’au bout . Je demande  aux Tunisiens  de rester unis dans cette bataille  et de rester  debout pour la Tunisie «  .

Pour Mouhoub   Karwi, , cofondateur  de l’association  anti-corruption  « I Watch, la prochaine étape de  cette bataille contre la corruption «  , devrait viser des hommes d’affaires  du sérail, ceux qui sont intégrés à  l’Uticia  - Union  tunisienne  de l’industrie  et de l’artisanat - , le syndicat des patrons en Tunisie .


BILAN ECONOMIQUE  ET SOCIAL D’UNE  ANNEE DIFFICILE


L’arrivée  de Youssef Chahed  au pouvoir, il y a exactement une  année fut  un soulagement . Le constat  d’échec  de la politique hasardeuse  de l’ancien premier ministre,  Habib Essid  qui avait     conduit le pays dans  une quasi faillite : l’économie  à l’arrêt depuis plusieurs années affichait des carences  profondes, avec  à l’appui une baisse  de 3% du PIB , sur  la période  de 2012-2015 . Les secteurs porteurs comme le commerce et  l’industrie  souffrent  des décisions  calamiteuses  de leurs ministères respectifs . 

Le tourisme sinistré, par les attentats  répétitifs ne décolle pas  malgré l’injection  massive  de fonds  publics  pour le faire  démarrer . Mais  chaque tentative de démarrage  se solde  par un échec   cuisant   .  Les observateurs  économiques  amputent  cette situation calamiteuse  à  la personnalité  de l’actuelle  ministre du tourisme, la  seule représentante  du parti islamiste  Ennahda, émanation  des Frères musulmans qui avaient jeté leur  dévolu  sur ce ministère  pour des raisons idéologiques  . Il s’agit d’une curiosité , puisque la  ministre  d’Essid  a été reconduite  dans ses fonctions  malgré les attentats  à répétition .

Rappelons-nous, que le secteur du tourisme représentait 7%  du  PIB (Produit  Intérieur Brut ) , en 2011 . Soit 1,9  milliards  de dollars . Les tours opérateurs   opérant en Tunisie , prélevaient 76% de la manne, le reste est reversé  au  pays sous forme de taxes  . Il  s’agit  d’une pantalonnade  qui dure   depuis  1992, année  de la privatisation totale  du secteur   sous Ben Ali et sa clique  de kleptomanes .  Les islamistes  d’Ennahda et leurs  colistiers  de Nida Tounès  n’ont pas fait mieux .  Ils  ont  reconduit  le système   Ben Ali  avec  toutes ses turpitudes à la sauce islamiste .

Quant à  leur leader R. Ghannouchi,  officiellement n’a aucun poste de commandement, il  tire les ficelles  et distribue les cartes . C’est lui,  en  manœuvrant   habilement  tous les protagonistes  de la classe politique tunisienne : il a réussi  à casser  Nidaa  Tounès  en  le scindant  en plusieurs   fractions rivales : les légitimistes  bourghibistes ( un tiers  des adhérents,  le deuxième  tiers  revient  à Hafedh  Essebsi, fils du président de la République  et  allié  du  fils du Président . Le dernier tiers de Nidaa Tounès  s’est éparpillé  à travers  les  autres   mouvements politiques , tout   en essayant de créer un parti transcendant  les partis  , célébré en grande pompe le premier avril 2017 .  Depuis  l’eau  a coulé sous les ponts de la Medjerda  et  le pays tangue  au gré  des turpitudes de sa classe  politique .

Amputé de sa majorité parlementaire, ,  le premier ministre  essaye de colmater les brèches et concilier  l’inconciliable :  un parlement  à la dérive , sans majorités  claires , un premier ministre soumis  à  toutes sortes  de turpitudes avec  des ministres  mis d’office  à la retraite , en l’occurrence les ministres de l’éducation nationale et  la ministre  de l’économie  qui avait montré ses limites, malgré sa formation d’économiste .  D’autres  attendent  leur révocation  ou leur transfert à d’autres occupations . Bref un état délai taire   objectivement  ingérable.  Mais malgré tout,  l’Etat    fonctionne normalement : aucun service de l’Etat  est défaillant et soudain  la justice  s’est réveillé  de sa torpeur .  plusieurs potentats locaux  goûtent  aux délices de l’incarcération,  d’autres ont vu  leurs  biens  mis  en   sûreté   à la Banque Centrale de Tunisie (BCT), notamment le député  S.R. , propriétaire,  entre autre  du club sportif  le «  Club Africain «  . Riche comme crésus ,  cependant,   personne ne connaît l’origine  de la fortune d’un quidam né en  Tunisie , mais  ayant  vécu toute sa vie en Libye .  Son père,   était  une ponte  du négoce du pétrole .  Les mauvaises langues attribuent   sa fortune  à sa proximité  avec  la famille Kadhafi, particulièrement, son fils  Essâdi, joueur de foot, de ligue B , en Italie .

Maintenant son club de foot  est au bord du gouffre.  La dernière fois qu’il avait mis le nez  dehors , il s’est  fait  copieusement sifflé  par les supporters du club .  La majorité  des supporters  l’ont  hué  avec  un retentissant «  dégage «  qui  rappelle  curieusement  le fameux  « dégage «  à l’encontre    Ben    Ali .

Pour le moment, protégé par son  immunité parlementaire, la justice  ne peut pas l’inquiéter    pour  ses turpitudes  financières  supposées .  Mais la confiscation  de ses biens est, selon certaines  sources proches du dossier, n’est pas  à  exclure , surtout  que   la  Banque   Centrale   du pays   (BCT) , enquête  depuis plusieurs mois  sur les origines  de sa colossale  fortune . Pour le moment, il est intouchable !

Mais le bras  de la justice  est long : immunité  ou pas, un jour viendra pour  solder les  comptes , surtout  que l’intrépide  a  fait  de solides ennemis bien placés  dans les hautes sphères  du pouvoir.  C’est toujours comme ça, les moins  qualifiés ,paient    les pots  cassés ,  plus  qu’on est prétentieux, moins qu’on est habilité  de jouer dans la cour des grands  .  De toute façon,  son  mandat  législatif, prendra fin  officiellement  en 2020, donc  bientôt !  Donc, le député  R.   rattrapé   par ses turpitudes   redeviendra   comme   un ovni comme il  avait surgit de nulle part,   ou une étoile  filante qui finissait  sa course nulle  part …



LA LUTTE ANTICORRUPTION EN QUESTION

Le  premier ministre,  Youssef Chahed avait déclenché  une opération « mains propres «  sans précédent  depuis  la révolution  de 2011.  Officiellement, tout le monde est   d’accord. Cependant, comment s’opposer  à une campagne  anticorruption ? « C’est  soit  la corruption, soit la Tunisie « , avait lui-même résumé le premier  ministre, Youssef Chahed, en donnant le coup d’envoi , fin mai , d’un vaste coup de filet contre des réseaux de mafieux, voire de simples ripoux .  L’affaire est  sans précédent depuis la révolution de 2011.  Elle  se manifeste comme un sursaut du pouvoir exécutif face à une sombre  perspective , celle  de « voir la Tunisie devenir un Etat mafieux «  ,  selon la mise en garde rituellement  par  Chawki Tabib , le président  de l’instance nationale de la lutte contre la corruption ( Inclucc) .

En effet,  depuis le 23 mai, les lignes ont  bougé . Une quinzaine  d’arrestations  d’hommes d’affaires  et de cadres dans l’administration , la plupart liés  à  la contrebande (spécialité  des islamistes ), ont modifié le climat politique . » C’est très sérieux , cela augure  un changement profond «  , commente, M. Ayari, analyste pour la Tunisie  de l’international Crisis Group (ICG).  L’offensive  a fait grimper    sa  cote   de popularité du premier ministre , M. Chahed , le plus  jeune chef de gouvernement de l’histoire du pays (41 ans ) .  Technocrate, jusqu’alors effacé …

Par  ailleurs,  si la classe politique  applaudit  en façade, les alliés du pouvoir s’enfièvrent de petites et grandes manœuvres . Nidaa Tounès et Ennahda , le parti «  moderniste «  et la formation «  islamiste », issu des Frères musulmans , réconciliés , après une dure rivalité  des années - 2012-2013 – au sein  de la coalition dirigeante, sont sur leurs gardes face  aux nouvelles  ambitions de M. Chahed.  La rumeur annonce  un remaniement  ministériel  pour la seconde moitié de juillet . M. Chahed qui ne peut pas s’en passer de leur soutien parlementaire, risque de se voir davantage ligoté .  «  Ils  veulent l’affaiblir « , commente un ex-député de Nidaa Tounès  .

L’ELEMENT DECLENCHEUR DE CE  CHARIVARI     POLITIQUE

Par  son   action, le premier ministre  avait perturbé  bien des intérêts  en s’attaquant frontalement  à  un certain  Chafik Jarraya, figure emblématique  de cette nouvelle caste d’entrepreneurs issue des activités de la contrebande .  Ancien second couteau du clan  Trabelsi, ( la belle-famille de Zine El Abidine Ben Ali, ex-dictateur chassé du pouvoir par la révolution de 2011, le sieur  Jarraya  avait prospéré après la révolution, jusqu’à  devenir  l’incontournable  facilitateur dans les cercles du pouvoir . Il avait    financé les campagnes électorales de Nidaa Tounès en 2014, tout en cultivant des connivences avec  des islamistes libyens et tunisiens .  Il se vantait lui-même d’avoir acheté environ vingt-cinq députés et  nombre de journalistes .  Sûr  de son influence, et provocateur invétéré, il mettait M. Chahed au défi de l’arrêter, ce que ce dernier a fini par le faire .

Quant au rôle qui lui est prêté dans la récente » agitation  sociale  « dans le Sud tunisien est en liaison avec ses attaches avec les réseaux libyens , ont finalement fini par  l’associer à une menace de type stratégique .  En  effet, l’élément déclencheur de  son arrestation pour «  atteinte à la sûreté de l’Etat » , « trahison  et intelligence  avec une armée étrangère «  , a été  sa rencontre à Genève, le 18 mai , avec le chef islamiste Libyen A. Belhadj , doté de multiples liens avec des groupes armées dans son pays . La veille, le sieur  J.      aurait rencontré , dans le  même hôtel ,  selon une  source , ayant eu accès au dossier . Il s’agit  d'un  Français , ex-acteur   dans l’ombre de la diplomatie parallèle en Afrique, du Temps  de l’ancien Président Jacques Chirac .

Les conversations auraient porté sur  une livraison  d’armes  destinées à un pays africain et devant  transiter  par le Sud de la Tunisie . Telles sont en tout cas  les pièces figurant dans le dossier d’accusation, ce que contestent  ses avocats . Quoi qu’il soit , l’arrestation du  sieur Jarraya avait infligé de sévères dégâts collatéraux à Nidaa Tounès .

Le chef du groupe parlementaire du  parti  à l’Assemblée, S.Toubal, et deux autres députés de Nidaa Tounès  ont été entendu par la justice militaire , en raison de leurs connexions avec le toxique  homme d’affaires sulfureux . L’embarras est d’autant  plus vif à Nidaa Tounès que  ces députés sont très proche du chef du parti , Hafedh Caïd Essebsi.  Ce dernier , qui doit son poste à sa qualité du fils  du Président de la République , Béji Caïd  Essebsi , espérait contrôler le  premier  ministre . Or M. Chahed  ayant déclenché la campagne anticorruption sans le consulter.

CONCLUSION


«  Le chef du gouvernement s’est autonomisé en jouant l’opinion  publique contre les partis «  , observe  , un député  dissident de Nidaa Tounès, R. Belhadj. Ainsi, les partis de la coalition , Nidaa Tounès  et  dans une moindre mesure, Ennahda , souhaitaient-ils rétablir leur ascendant  sur l’exécutif . 

Le Président Béji Caïd Essebsi, pilote la lutte anticorruption  en tandem  avec le premier ministre , Youssef Chahed,  mais orfèvre en rapport des forces en présence, il laisse son premier ministre s’exposer seul, voire  prendre les coups …

C’est un peu dire,  que le chef du gouvernement avance  en terrain miné . Sa principale faiblesse serait  que l’offensive s’avère, à ce stade limitée .  Elle cible surtout les entrepreneurs émergeants , nouveaux riches, ayant bâti des fortunes grâce à la contrebande , laquelle, a  fleuri, sur l’affaiblissement de l’Etat, depuis  la révolution, jusqu’à  représenter  40% du PIB.  Cependant , aucune figure de l’élite traditionnelle , économique, administrative et politique , n’a pour l’instant, été  inquiétée . «  Je pense que M. Chahed  est sincère , mais il lui faut aller plus loin « , affirme le président  de l’Inclucc « , M, CH. Tabib., en ajoutant « il doit s’attaquer plus profondément aux réseaux de l’administration ,notamment  les marchés publics . Il y a tout  un  système  hérité de Ben Ali à démanteler «  .


Si  M. Chahed veut échapper  au soupçon, notamment celui de servir les intérêts  de la Fédération patronale UTICA , qui a toujours appelé  à combattre la concurrence  déloyale infligée  par la contrebande au secteur informel , il lui faudra aussi  s’intéresser aux pratiques de certains groupes industriels  ou financier , ayant pignon sur rue , soulignent  de nombreux observateurs . A défaut de ses détracteurs, ou les sceptiques  trouveront à leur angle d’attaque . « Les  arrestations sont , pour l’instant, très sélectives « , dénonce  Fayçal Jadlaoui   , avocat  de Chafik Jarraya . et ajoute « Pourquoi  ne pas arrêter certaines grosses  têtes de l’Etat ? Seuls les maillons faibles du système sont  touchés « .
 « S’il ne va pas plus loin , « , souligne  un proche  du parti islamiste  Ennahda, » cela prouvera  que la campagne  n’est que la poudre aux yeux « .

Par ailleurs, la pression s’intensifie ainsi pour que le premier ministre  porte le fer le plus radicalement  dans la plaie . «  S’il échoue, c’est que l’Etat qui  tombe   , « , averti , un homme d’affaires , car « cela  signifiera que les mafia   ont gagné  «  . Mais les rivaux sont  à l’affût . Elargir le champ des arrestations , c’est aussi prendre le risque  de faux pas  politiques judiciaires   susceptibles de se retourner contre lui .  

Maintenant, le dernier  mot  revient  au parlementaires  Tunisien  de décider . A notre connaissance, le Premier  ministre,  Chahed  a fait  du bon travail, malgré  les obstacles  et les rivalités politiciennes . Son action  « mains  propres «  est  nécessaire pour bâtir  une Tunisie  démocratique et libre  de toutes  entraves, particulièrement la corruption  qui gangrène  la vie politique  tunisienne depuis  1989, quand  le clan  avait fait main-basse  sur la Tunisie .

Quant au parlement tunisien, il est temps  qu’il se réveille  de son sommeil profond et fasse  son travail d’arbitrage , faute de quoi, l’Histoire avec un grand H vous inscrira dans ses oubliettes et  les martyrs de la Révolution se cacheront le visage pour ne pas voir  vos  hideux  tête .

  •  Voir  notre éditorial  « Les cent jours du premier ministre Youssef Chahed » paru sur notre  site www.dr-ben-abdallah.ch  le 02/02/  2017 .



VIVE LA REPUBLIQUE, VIVE   LA TUNISIE 



DR MOHAMED   BEN ABDALLAH ;
DR OF  BUSINESS  ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE
LE POSSIBLE & LE REALISABLE ;
EN  LIGNE  SUR  NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch , depuis
LE 1er MARS  2009 ;

&

EDITORIALISTE –REDACTEUR EN CHEF DU   SITE  www.dr-ben-abdallah.ch ;
DEPUIS LE  1er MARS 2009 ;
DEMEURANT    SIS  1202   Genève    -  CH

Jeudi 07   Septembre     2017