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EDITORIAL POLITIQUE

L’UNION EUROPEENNE DANS UN MONDE INSTABLE

PREMIERE PARTIE : UNION EUROPEENNE

Entre les incertaines sur l’économie américaine , le coup de frein  subi par les économies émergents et toutes sortes  de conflits qui se multiplient  à ses portes, l’Europe doit  montrer  la solidité de ses institutions pour affronter  un environnement international incertain .

Pour la première fois depuis 2008, ce ne sont pas les problèmes économiques qui dominent  la vie politique et  économique  de l’Union européenne, mais  la crise des réfugiés, les divergences euro-américaines , associées à la crise de l’euro, après  le calamiteux référendum  britannique sur le Brexit qui  ont mis  le vieux continent à rudes épreuves .

En effet, c’est plutôt  la  grave crise engendrée par l’afflux  soudain  de centaines de milliers de réfugiés , en provenance  de Syrie, chassés  par  une guerre civile  qui dure, depuis 2011. Ce flux  incessant  de réfugiés  syriens pour la plupart s’est vu gonflé par  d’autres   réfugiés  en provenance d’Irak, pays dévasté  par les résidus  de la guerre  de W. Bush, commencée  en 2003 et officiellement close en 2013 .

Par ailleurs, l’Europe qui enregistrait, bon an , mal an,  20. 000 demandes d’asiles par mois , depuis plusieurs années , en avait reçu 166. 000 durant le seul mois de septembre  2015 . En effet, entre octobre 2014 , et   septembre 2015, ce sont ainsi ,1,2 million de  personnes  qui sont arrivées en    Europe, alors qu’elles n’avaient été  que « 431.000, en 2013 .

En soi, l’entrée en Europe  d’un ou deux  millions  de réfugiés , même soudaine, ne devrait pas constituer un défi insurmontable , pour un continent  de 510 millions d’habitants . Qui est aussi , une des zones  les plus riches et le mieux équipées du monde . Cependant, ce qui pose problème , c’est leur répartition  très inégale : l’essentiel des arrivants se dirigent vers  l’Allemagne ou la Suède . L’incapacité  de l’Union  de se doter  d’un  mécanisme  efficace de répartition  des réfugiées sur l’ensemble du territoire , combinée aux craintes populaires, suscités  par le terrorisme islamique, pourraient conduire à une remise en cause généralisée  de la libre circulation au sein de l ‘Union.

Par ailleurs, la volonté de limiter à tout prix  les arrivées  nouvelles  renforce la conception d’une Europe forteresse , de plus en plus copiée   de ses voisins  immédiats .  En effet,  les premiers mois de  2016, furent décisives . L’Europe  a montré son  visage frileux , voire  identitaire menée  par une poignée  d’irréductibles à savoir la Pologne, la Hongrie associée à une kyrielle de  xénophobes    de l’ex-Yougoslavie .

DES EAUX  INCONNUES …

Pour autant, les problèmes économiques n’ont pas fini  d’occuper les Européens . Fin décembre 2016, la réserve  fédérale américaine avait décidé d’augmenter  ses taux d’intérêts , alors que la BCE  avait, elle choisit quelques jours auparavant, d’accentuer encore  sa politique  expansionniste .  Cette nouvelle divergence  entre les politiques monétaires des   Etats-Unis  et l’Europe tendu, nous fait  entrée  dans une zone inconnue et potentiellement dangereuse .

En effet, avec des taux d’intérêts qui deviennent supérieurs à ceux de l’Europe, les   Etats-Unis devraient attirer d’avantage  de capitaux , l’Europe devrait donc baisser  l’euro,   par rapport au dollar .

Cette évolution  devrait certes favoriser les exportations européennes , mais l’Europe dégage déjà   des  excédents extérieurs importants . Et cet effet positif risque d’être limité par le ralentissement économique de la zone euro . Sans  oublier  les mêmes effets  sur les émergeants  qui  sont en train de tourner la page européenne . La baisse de l’euro devrait en revanche pénalise la demande intérieure en renchérissant les coûts des produits importés d’Europe .

Alors que  la modeste reprise qui avait été , en bonne partie, portée par la baisse  non  anticipé  de l’inflation , liée notamment à la baisse du prix du pétrole ,  qui   avait  soutenu le pouvoir d’achat des Européens .  ce mouvement des capitaux vers les Etats-Unis pourrait aussi se  traduire par une hausse des taux d’intérêts à   long terme , pénalisant ainsi les Etats  européens , malgré la politique accommodante de la BCE .

En effet, la solidité de la reprise  risque d’être mise à rude épreuve , bien que l’austérité budgétaire, chère à Madame Merkel, devrait moins faire  sentir  ses effets négatifs en 2016 . Beaucoup dépendra, en particulier, de la capacité de l’Allemagne à soutenir le dynamisme  de sa demande intérieure, entretenu  ces derniers mois  par la mise en place d’un « Sin »  et l’arrivée de nombreux réfugiés .

UNE CAISSE DE RÈSONNANCE

De plus la crise de la zone euro, elle-même, loin d’être terminée .  Les Européens ont  certes réussi à mettre à genoux Syrzira à l’été 2015, mais la situation économique et sociale  n’en continue pas  moins de se dégrader en Grèce   , tandis  que l’endettement du pays poursuit son envolée .  Parallèlement , la majorité d’Alexis Tsipras se réduit comme une peau de chagrin au parlement grec, alors qu’il n’a toujours obtenu  des Européens au sujet de la réduction  de la dette de son pays . Il se pourrait que la Grèce fasse rappeler d’elle en 2016 .

D’autant que le Portugal s’est dotée  lui aussi  d’un  gouvernement anti-austérité .  Tandis  que l’Espagne semble  être devenue difficilement gouvernable après les élections du mois de décembre .  Quant  à l’Italie , elle reste enfermée dans une crise profonde .

Si l’Europe n’est pas  davantage capable  de montrer  en 2016 qu’elle peut devenir un espace  de solidarité  et de convergence sur   le terrain économique et social, la crise des réfugiés , qui touche particulièrement  la Grèce et  l’Italie , pourrait entrer les résonnances  avec  les insuffisances persistantes pour relancer la crise de la  zone euro .

Enfin l’hypothétique britannique devrait peser tout le long de l’année  sur l’Europe : David  Cameron a promis  d’organiser outre-manche , d’ici la fin 2017  des  élections  pour la réalisation du Brexit . Chose faite  en 2017, il perdit son referendum et fut remplacé  par Theresa May  qui gouverne  maintenant . Quant à la sortie  effective  Royaume –uni   de la zone euro, elle fait  maintenant  l’objet  d’un bras de fer entre l’Union  et le Royaume –Uni .  Selon toute vraisemblance, on se dirige vers un Brexit  dur …

Plus généralement  , il  faut  bien reconnaître que la gestion désastreuse de la zone euro, handicape son économie et y maintient le chômage  très élevé , n’est guère  de nature à convaincre nos voisins  de s’accrocher  pour  rester  à tout prix  dans l’Union .
LA CRISE DES REFUGIES AVAIT MIS A JOUR LE MANQUE DE SOLIDARITTÈ  INTRA-EUROPEENNE .

En effet, la crise ouverte par l’arrivée  de centaines de milliers de réfugiés (demandeurs  d’asile, pour la plupart et plusieurs réfugiés économiques ), chassés de leurs pays par la misère, confirme l’échec patent  de la politique européenne en la matière , souvent par manque  de coordination et égoïsme  nationaliste pour certains pays d’Europe de l’Est , restés  trop longtemps  isolés  sous  des régimes forts .

Cet état de fait, oblige l’Union européenne à faire  un choix cornélien entre le fractionnement annoncé par certains pays et une Europe à la fois  plus solidaire et plus ouverte . Par ailleurs, sur le plan économique, malgré les craintes légitimes de certains pays, qui s’exprime : « un tel afflux est  loin d’être un  fardeau insurmontable «  , à condition de briser , à cette occasion  le carcan qui  bride actuellement  les économies  de la vielle  Europe .

En effet, la crise entretien un rapport étroit avec  la politique inadaptée , menée par les pays  occidentaux  au Proche-Orient , le début des années 2000 , notamment la deuxième guerre du Golfe en 2003 . Et surtout  l’incapacité de la communauté internationale à stabiliser les pays , de départ, constitue  en soi un enjeu central  qui ne se joue pas, hélas, à court  terme !

Les débats nécessaires à ce sujet ne peuvent donc pas éviter aux Européens de s’interroger sur les moyens d’aider  davantage les millions  de personnes déplacées  par ces conflits , et qui viennent en Europe en  risquant leur   vie aux mains de trafiquants  en tout genre , sans aucun scrupule . 

L'épisode n'aura été que de courte durée , mais la décision  de la chancelière Allemande, Madame A. M. , début  septembre, d’accueillir  des dizaines de milliers de réfugiés , comptabilisés  comme migrants , plutôt  que les renvoyer vers la Hongrie , où  ils auraient dû, selon les règles  européennes, déposer leur demande d’asile , avait fait naître l’espoir d’un changement de cap européen sur cette question . Très vite, la  nasse s’est refermée , laissant  sur le bord des routes européennes des milliers  d’errants, actuellement confinés dans des camps  qui rappellent  la triste période  de 1939-1944 . Le retour à l’approche  sécuritaire  a pris  le dessus  et prévaut  maintenant (…) 

OU SONT PASSÈS  LES GRANDS  PRINCIPES ?


En effet, en 1997, le traité d’Amsterdam, avait  fait   de  l’asile une compétence européenne . Dans la foulée, le Conseil européen décidait, en 1999 le suivant «  de travailler à  la mise  en place d’un régime d’asile européen commun (RAEC), fondé sur l’application intégrale  de la Convention de Genève  et d’assurer  ainsi que nul ne sera renvoyé là où  il risque  à nouveau  d’être persécuté »  .

Mais les débats ont été dominés par le souci de lutter contre l’immigration irrégulière et le terrorisme , notamment après  les attentats du 11 septembre 2001. Un nouveau cycle de négociations ayant démarré en 2008, débouchant en 2013 sur  une série  de directives et les  fameux règlements de Dublin III.

« Mais l’Allemagne et la France avaient raboté  les propositions les plus ambitieuses de la Commission et le parlement européen « . , rappelle  Marie-Laure Basilien-Ganiche , professeure  à l’Université  Lyon III. En effet, malgré la mise en place de certaines garanties, les Etats peuvent toujours placer des demandeurs d’asile en rétention dans un  nombre important de cas. De même, des procédures sont raccourcies :les Etats disposent désormais officiellement de six  mois  pour examiner la demande d’asile . Mais il existe de nombreuses dérogations pouvant atteindre  vingt et un mois . Les pays de l’Union n’ont par ailleurs toujours pas réussi  à se mettre d’accord sur une liste  de « pays sûrs «  , dont les ressortissants verraient  leur demande d’asile considéré  a priori comme irrecevable .

UNE EURPE EN VOIE D’IMPLOSION !

Résultat de cette cacophonie :  une Europe de l’aile éclatée , où nombre de demandeurs accueillis , avec  un taux de réponses positives varie  considérablement d’un Etat à l’autre . Les règlements de Dublin imposent notamment que le pays responsable de l’examen d’une demande d’asile soit celui par lequel le migrant est entrée dans l’Union .  « Cette règle provient de la peur bleue qu’avaient certains pays face à ce qu’on appelle l’aslym shopping , autrement dit le fait de déposer des demandes d’asile dans plusieurs pays , » , explique  Marie-Laure Basilien Gainche .  Pourtant « toutes les études montrent que ce phénomène  est tout à fait marginal » .  Car les migrants ont , en tout cas, bien compris qu’ils devraient  éviter de déposer une demande dans une Grèce totalement débordée et qui n’a accordé le statut de réfugié  qu’à 15%de demandeurs , en 2014 . Cette règle intenable a fini  par voler en éclats .

En effet, « le dogme de Dublin « , a portant été longtemps défendu mordus par de nombreux  Etats , en particulier l’Allemagne et la France …Reste que son échec , désormais patent, , peine à l’heure , à déboucher sur une alternative .   En effet, ce n’est qu’à grand-peine, et avec l’opposition persistante de certains pays de l’Est, qu’a été acceptée la logique de quotas proposée  au printemps dernier par la Commission européenne , établis en fonction  e la population du pays, de sa richesse  et le  niveau de chômage  . Une proposition à laquelle Paris  a fini par se rallier, après l’avoir refusée avec vigueur !

Parallèlement,  l’Europe veut accélérer la mise en place de « Hots spots «  dans les pays les plus exposés en l’occurrence l’Italie et la Grèce . Autrement dit , des  centres permettant de faire le tri entre « authentiques «  demandeurs d’asile et autres migrants irréguliers .

Les premiers devraient être envoyés  dans d’autres pays de l’Union pour voir leur demande  examinée , tandis que  les seconds seraient reconduits  dans leurs pays .  De même , le Conseil européen ayant décidé , le 14 septembre 2016, de   renforcer les moyens de l’agence FRONTEX , de surveillance des frontières , ainsi que de faire monter en puissance le programme militaire de capturées bateaux de passeurs « EU Naviforme Med « .  

Par ailleurs, les négociations se poursuivent dans les pays d’Afrique  du Nord afin que les demandeurs d’asile y restent , en attendant l’éventuelle acceptation de leur demande . Une perspective qui paraît  très éloignée de la réalité , en particulier au vu de la situation en Libye . D’autant que les pays limitrophes de la Syrie (Liban et Jordanie )  . Qui accueillent déjà plusieurs millions de réfugiés , risquent à leur tour d’être  déstabilisés par cet afflux .  Or l’Union européenne s’est engagée à les aider financièrement à la hauteur de 4 milliards d’euros , n’a pas encore versé  les sommes promises . 

Pour le directeur du Forum international et européen  de l’asile M. F.Pastore,  et  recherche sur les Migrants (FIERI ), une politique européenne de l’asile ne peut pas  passer  que par une européanisation de la décision d’asile elle-même : une note  think tank  de Terra Nova * propose ainsi  une autorité commune et un juge européen  de l’asile .  Ce transfert complexe de compétence pourrait , dans un premier temps concerner une avant-garde de pays prêts  à sauter le pas . Un budget  est également nécessaire  pour soulager les pays les plus  touchés .





COMMENT    FAIRE FACE   A LA  CRISE   ?  *

« Faire face à la crise des réfugiés suppose de fait une transformation majeure de la politique économique et sociale de l’Europe « , conclut F. Pastore, car « la question des migrants n’est pas  transitoire : elle va durer des années « . « Nous n’avons pas les moyens » : c’est l’argument , le plus souvent entendu chez les opposants à l’accueil  des  réfugiés . Croissance atone, niveau élevé du chômage, et la dette publique colossale brideraient la solidarité dont nous pouvons  faire preuve , une crainte compréhensible , mais néanmoins  surestimée .

En effet, les discours utilitaristes sur le thème  «  L’Europe vieillissante va avoir besoin  de main-d’œuvre et c’est pour cela qu’il faut laisser rentrer les réfugiés «  sont vraiment  insupportables . Sans parler de ceux qui insistent sur le fait que les personnes qui cherchent asile en Europe  sont plutôt des élites bien formés des pays de départ : ce serait presque une raison de s’opposer  à ce que l’Europe pratique une fois de plus le « train-train  «  en privant ces pays de leur main-d’œuvre qualifiée .

Non. Si nous devons impérativement abaisser le pont-levis de la forteresse Europe malgré  nos propres difficultés économiques, , c’est d’abord pour des raisons humanitaires .  Comme l’historien, P. Weil résume « fort justement . L’immigration n’est ni une chance , ni une malchance , mais une réalité «  .

Il faut cependant relativiser aussi l’importance de ces migrations, même  si les images sont  impressionnantes . L’Europe devrait accueillir cette année 2015, de l’ordre d’un million de réfugiés .  Rapporté aux 511 millions d’habitants de l’Union  , soit  0,2% de sa population . Même si ce nombre devait  au bout de compte monter à 10 millions , cela ne représenterait jamais que la hausse de population européenne au cours  des sept dernières années, ou  celle des Etats-Unis en  trois  ans .

REPONDRE  AUX  CRAINTES JUSTIFIEES OU NON  !

En effet, les  craintes qui s’expriment reposent sur  l’idée qu’il faudrait nécessairement répartir le « gâteau » entre la population actuelle et les réfugiés qui arrivent . Dans cette optique, un tel afflux, devrait nécessairement accroitre le chômage , faire baisser les salaires , renchérir les logements …Or cette vision n’est nullement fondée .  En effet, le niveau d’activité d’un pays peut s’élever avec  l’arrivée de migrants . Patrick Artus, et Evariste Lefeuvre , montrent par exemple que « l’énorme flux migratoire «  reçu  par l’Espagne  entre 2000 et 2008 ( plus de 600 000) personnes par an , alors que le chômage était  initialement élevé, avait eu au final  un impact  positif sur l’activité de l’emploi . Même , bien entendu, dans le cas  espagnol  , la crise de 2008, ayant  balayé tout cela par la suite .

En effet, les précédents  historiques invitent également à ne pas surestimer les difficultés que de tels  mouvements suscitent . Cet effet positif ne se fait cependant sentir qu’à terme , une fois ces réfugiés  sont installés , formés  à la langue du pays, et s’intégré progressivement …Dans  l’immédiat, leur accueil a évidemment  un coût . Une solution simple existe déjà : le crédit  ou la création monétaire . Si l’installation  et l’accueil   des migrants sont  financés , les revenus et l’activité globaux augmentent , tandis que les revenus de la population existante ne sont pas affectés .  paradoxalement, plus on se montre généreux à l’égard des réfugiés est moindre  est le dumping  social qu’ils exercent sur les sociétés accueillantes . Les précédents historiques montrent que  leur ardeur au travail, généralement très forte, permet ensuite de rembourser « l’investissement «  initial .  C’est en particulier la logique du plan Marshall qui avait permis à l’Allemagne d’absorber sans heurts onze millions  de réfugiés d’après-guerre .,

Une piste impossible avec le carcan budgétaire que nous nous sommes   imposés ? La Banque centrale européenne (BCE) est en train de faire marcher  la planche  à billets pour injecter  1000 milliards d’euros dans la  machine économique .  Et  cela   d’une façon qui, pour l’instant risque surtout  de gonfler  des bulles spéculatives ! Par ailleurs, c’est cette fois l’Allemagne qui se montre plus allante en Europe .  C’est  le moment de lui dire « d’accord, faisons un plan Marshall pour  accueillir  dignement les réfugiés sans affaiblir nos économies «  . A cette condition, loin d’être un fardeau , l’accueil des réfugiés pourrait devenir une  bonne opération , tant économique que politique .



DEUXIEME PARTIE : PAYS EMERGENTS   :  POURQUOI CALENT-ILS ?


   L’histoire économique des nations en développement –devenus  pays émergents  par miracle , est marquée  depuis le XIXe siècle par l’alternance de phases d’euphorie financière et de dépression économique . L’ampleur des ressources humaines et naturelles dont jouissent la plupart de ces pays suscite régulièrement ,  c’est à-dire chaque fois les capitaux sont disponibles en abondance  dans  les pays riches , des poussées de fièvres spéculatives qui  dépassent de loin les  opportunités  d’investissements  réelles .

Lesquelles sont non moins régulièrement suivies de débâcles financières. La période récente ne fait guère exception . A ceci près, que la phase euphorique ayant  pris   appui cette fois sur la maturation bien réelle et prodigieusement rapide d’un acteur de poids en l’occurrence la Chine.


S’AGIT-IL  D’UNE DOUBLE DYNAMIQUE ?


Depuis le début des années 2000,  la croissance chinoise avait tiré l’activité dans l’ensemble  des pays exportateurs de produits de base, depuis le Brésil jusqu’à l’Australie en passant par la Russie et l’Afrique . Entre 2000 et 2014, le volume des importations chinoises a été multiplié par 18. Tiré par l’investissement , la demande d’importation chinoise, ayant fait de la Chine premier consommateur mondial de matières premières .  Le pays assurait à lui seul pratiquement la moitié de la demande mondiale de métaux .  En l’espace d’une décennie les prix des matières premières ont passé d’un creux historique à un sommet aussi historique , progressant de 150% en dollars,  entre 2002 et 2011 . Une envolée entièrement imputable à l’intensité  caractéristique  structurelles de la croissance chinoise .

Or cette période   avait été  marquée par une abondance extraordinaire de   liquidité .  Celle-ci, était alimentée , dans une première partie des années 2000, par la faiblesse  des taux d’intérêts aux Etats-Unis, du Japon et  en Europe . Les politiques de détente quantitative**mise en œuvre par les principales banques centrales à la suite du séisme financier de 2008  ont  porté cette tendance à son paroxysme , avec l’injection de d’environ  de 6000 milliards de dollars dans l’économie de ces trois zones .

Rebutés par les  rendements nuls ou déclinants offerts sur les marchés obligataires *** des économies avancées , les capitaux ont pris le chemin  de la bourse et des économies émergents.

En effet, la possibilité d’emprunter sur les marchés mondiaux , à  des taux exceptionnellement bas, avait aussi encourager l’endettement en dollars des agents privés , qu’il s’agisse  d’institutions financières  ou d’entreprises .  Les émissions obligataires, d’obligations  internationales  privées s’élevant ainsi , selon ,  la Banque des Règlements Internationaux (BRI), à plus de  1200milliards de dollars sur la période  2010-2014 .

Rarement destinés  au financement d’investissement productifs  ,  les fonds levés ont été placés dans un système bancaire ou sur les marchés financiers, les emprunteurs –investisseurs bénéficient à la fois du différentiel positifs de rendements entre le marché local et le marché mondial , et de l’appréciation des monnaies locales , elles-mêmes suscitées par l’afflux  de capitaux étrangers .

ZONE DE TURBULENCES                   

Cette  double dynamique , fondée  sur la demande chinoise et sur les capitaux occidentaux, s’est enrayée en trois temps .  Tout d’abord ,le ralentissement et surtout rééquilibrage de la croissance chinoise après 2010 , en faveur de la consommation , et au détriment  de l’investissement peut provoquer  le retournement des prix des produits de base . Hors énergie, ceux-ci ont chuté en moyenne  de 40% depuis  leur  point haut de 2011. (-60% dans le cas de pétrole ) . Mettant à nu la faiblesse   persistante des ressorts internes de la croissance dans des pays comme le Brésil , l’Argentine  et la Russie .

Par la suite, la normalisation, progressive de la politique monétaire américaine, avec l’annonce au printemps 2013, du ralentissement de la détente quantitative outre-Atlantique , puis son arrêt en 2014ayant provoqué un reflux massif des capitaux vers les Etats-Unis et un premier mouvement de déstabilisation financière et  économique des pays émergents . Ce mouvement s’est amplifié en 2015 et les anticipations de relèvement des taux d’intérêt de la Fed. 

A son tour, le Krach boursier chinois  de 2015 et les signes de ralentissement plus marqué de l’économie chinoise qui ont suivi avaient exacerbé les craintes d’une déstabilisation généralisée des  économies émergentes , amplifiant ainsi le mouvement des fuites des capitaux . Ce mouvement global de repli des capitaux sur le dollar américain expose les  réserves de change  des économies émergentes ,  en particulier  celles dont les échanges sont nettement déficitaires (Brésil, Turquie, Afrique  du Sud ) …Mais à la différence de la crise asiatique  de 1997-1998, la plupart  d’entre-elles n’ont pas tenté de s’opposer  , s’employant dans le meilleur cas, à s’en  contrôler  la chute .

Lorsqu’elles ont malgré tout voulu défendre leur  monnaie , comme le cas de la Russie , en 2014, les réserves ont fondu à un rythme tel que la Banque Centrale a dû relever son taux d’intérêt  de plus de dix points , dans l’espoir  de briser le mouvement spéculatif . pour beaucoup d’observateurs, cette flexibilité des taux de change constitue une différence essentielle avec la crise de 1997-1998  . Elle protège les réserves de change cumulées dans les années 2000 et devrait  favoriser le redressement de l’activité par la compétitivité accrue sur les marchés mondiaux .

Par ailleurs,  la  forte dépréciation des monnaies des pays émergents n’en est pas moins déstabilisante  pour ces pays . D’abord, parce qu’elle stimule l’inflation , comme on le voit  au Brésil , en Russie et en Argentine , obligeant ces pays à relever leur taux d’intérêt et donc freiner l’activité . Mais aussi , et   surtout , parce qu’elle propulse le service de la dette des agents endettés en dollars à des niveaux insupportables , provoquant  des faillites en série  et l’accumulation des  créances douteuses aux bilans des banques .

PAS  DE GUERRE DE MONNAIES ?


Ceci  explique  certainement la réticence des autorités  chinoises à laisse le Yuan se déprécier de façon significative par rapport  au dollar ( en plus   les   aspirations à voir son rôle international se développer à long terme )  .  A cet égard , la réforme du  régime de change annoncée  par les autorités chinoises le 11 août 2016, vaut moins pour la dévaluation initiale de 2% qu’elle entraîne que pour la plus  grande flexibilité du taux de change qu’elle  autorise  Les interventions de la Banque Centrale qui ont immédiatement suivi cette réforme et les instructions données . A cet égard, la réforme des régimes de change annoncée par les autorités chinoise le 11 août  dernier vaut moins de 2% qu’elle avait entraîné  que pour plus de flexibilité du taux de change qu’elle  autorise .  Les interventions de la Banque centrale qui  avaient immédiatement suivi de réformes et instructions données  aux  banques de l’Etat de vendre des dollars  ( et donc soutenir le Yuan ), attestent clairement le désir des autorités chinoises de maintenir la valeur de la monnaie , tout en augmentant l’incertitude à laquelle sont confrontés les spéculateurs .

En fait, cette détermination des autorités chinoises  constitue en soi, une bonne nouvelle  pour  les économies émergentes et plus généralement pour l’économie mondiale : elle semble écarter le scénario conflictuel  d’une course effrénée à la dévaluation compétitive et elle confirme la  priorité donnée par le pouvoir à la transition vers un modèle de croissance tiré par la consommation .

En effet, si le Yuan se dévaluait d’avantage, , les produits importés verraient en effet leur prix augmenter , pénalisant ainsi  consommation , tandis que la pression déflationniste serait  accentuée dans le reste du monde par la baisse des prix des produits chinois .

Certes ,  au rythme  actuel de fuite des capitaux ( plus de 100 milliards  de dollars , par mois ) et avec les réserves de change désormais, en baisse, des doutes  peuvent être émis sur la capacité de la banque centrale chinoise à garder, à terme, le contrôle de la situation .

Par ailleurs, les moyens d’action ne manquent  cependant pas :  contrôle  de changes, Bourse fermée aux investisseurs étrangers , banques  sous  contrôle , marges de manœuvre budgétaires. Ils plaident pour un optimisme modéré à court terme  sur la capacité du pays à traverser la zone de turbulence  sans trop de dommage .

UN  RISQUE  D’ABORD LOCAL …

En effet, les risques actuels de déstabilisation des économies des pays émergents qui  ont ainsi toutes les chances  de demeurer  cantonnés au niveau local , plutôt  que de prendre une tournure systémique .D’autant que La  Fed, ayant  reporté le relèvement de son taux directeur . La dégradation récente de la dette brésilienne au statut de « Junk Bonds » par Standard & Poor’s  , qui fait  suite à celle de la Russie , illustre certes l’ampleur de la crise que traversent  certains pays.  Celle-ci  est toutefois  davantage le résultat d’une gestion économique déficiente (Brésil, Argentine , Russie  et Turquie ) ou de décisions aventureuses ( invasion de la Crimée  par la Russie et impact des sanctions économiques qui l’ont suivie) , que la conséquence inéluctable des inflexions de la conjoncture  mondiale .

Par ailleurs, l’impact  du ralentissement de la croissance chinoise, et  plus   généralement , des économies émergentes , qui représentent près de la moitié du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial , au taux de change courants , peut cependant marquer le pas et manquer de se faire sentir au niveau global .

Cependant, cette onde négative sera amortie pour nombre d’économies par la réduction de la facture pétrolière . A l’heure où l’économie américaine s’affermit , la croissance mondiale pourrait donc  se recentrer sur son moteur traditionnel , mais  elle traîne toujours  le poids mort que constitue  la zone euro, qui continue d’accumuler  les excédents extérieurs , faute de soutenir sa demande intérieure .  Après  l’élection de Madame Merkel comme chancelière pour la  4eme fois , l’Europe doit  se mettre en marche  pour corriger certains erreurs du passé .



CONCLUSION


L’immigration n’est ni une chance ni  une malchance, mais une  réalité : elle pourrait rassembler une politique d’asile  commune . Il suffit  la volonté  rassembler  et ne pas s’égarer dans les égotismes . Rappelons-nous de ce qui s’est passé il n’y a pas longtemps : en janvier 1939, 500 000 réfugiés républicains espagnols  fuyant la dictature de Franco avaient traversé les Pyrénées . Débordé, « le pays des droits de l’homme « , en proie   de sentiments xénophobes leur fera  cependant mauvais accueil :  les hommes séparés de leurs familles, seront entassés dans des camps avant de servir de  main-d’œuvre  supplétive .

EN  1945

11 millions d’Allemands d’origine qui habitaient , de longue date  , en Pologne, en Tchéquie, en Hongrie ou encore en Roumanie, ont été déplacés de force en Allemagne ( 8 millions à  l’Ouest et 3 millions à l’Est ), dont ils représentaient  16%  de la population .  Malgré le  contexte économique très difficile, cet afflux massif n’a pas empêché le spectaculaire  «  miracle allemand «  d’après-guerre .

Pendant l’été 1962 ,

Après  la fin de la guerre d’Algérie, plus de  500`000 rapatriés ayant débarqués à Marseille, Nice, Sète , Bordeaux . Ils sont reçus dans un contexte assez hostile     « des  impôts nouveaux en  perspective « ,titre un quotidien régional . Mais la création en 1961 un secrétariat  d’Etat aux réfugiés (qui devient ministère  entre 1962vet 1964) et l’établissement  de 3 prestations ( accueil, installation et reclassement ), combinés aux plans d’hébergement et élaborés  par les préfets , permettant de faire face à la situation.

Enfin, 1990, dans la  première partie de années 1990 , parmi  les trois millions de déplacés par les guerres  de l’ex-Yougoslavie ,  environ   700 000 trouvèrent refuge  en Europe  de l’Ouest , l’Allemagne  accueillera  , elle seule  345 000 réfugiés bosniaques , la France, elle  n’en prendra  que  15 000  en charge …




*Europe : A QUOI POURRAIT RESSEMBLER UNE POLITIQUE  D’ASILE COMMUNE ? –Accessible sur www.alterecoplus .Fr

**Crise des  Migrants : Une chance pour l’Europe ?- Spécial Report, Recherche économique No.  79 Nat xis, 08/09/2015





REFERENCES

-          ALTERNATIVES ECONOMIQUES No 350- October 2015
-          L`EURO :   COMMENT LA MONNAIE UNIQUE MENACE L’AVENIR DE L’EUROPE –Par  Joseph STIGLITZ – Edition exclusive pour le GLM – dépôt  légal septembre 2016 – No 8995-1 – Floch   - à Mayenne – France 


DR BEN ABDALLAH  MOHAMED ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMI DU MAGHREB;
AUTEUR  DE “L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB
ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE ; PUBLIÈ PAR NOTRE SITE
 www.dr-ben-abdallah  le 1er mars 2009 ;


&

EDITORIALISTE-REDACTEUR EN CHEF  DU SITE

DEPUIS   le 1er MARS  2009 ;

RESIDENT SIS  1202  Genève

05/10/2017