
Editorial Politique
EDITORIAL POLITIQUE & ECONOMIQUE
LES CONSEQUENCES DU BREXIT SUR L’UNION EUROPEENNE (UE)
PROLOGUE
Perçu en Europe comme un risque majeur, le Brexit pourrait être une opportunité pour transformer en profondeur l’Union européenne . En effet, le 23 juin 2016, restera une date historique dans l’histoire du Royaume-Uni, mais aussi de l’Union européenne . Pour permettre , pour la première fois , à la population d’un pays décidait par 52% de voix lors d’un référendum, de mettre fin à son statut d’Etat membre de l’Union européenne .
Peu de responsables politique , y compris parmi ceux qui ont soutenu cette sortie au sein du parti conservateur , pensaient que le résultat final serait celui-ci . A 22 heures, le soir du référendum , un sondage de YouGov, diffusé par la télévision britannique annonçait encore la victoire de 52% pour les partisans du maintien . Les résultats s’inversèrent rapidement au cours de la nuit , montrant une carte électorale très fragmentée . Si l’Ecosse et l’Irlande du Nord ont voté majoritairement pour rester dans l’Europe, l’Angleterre ( l’exception du grand Londres) et quelques métropoles importantes (Birmingham, Leeds, ou Liverpool)se sont prononcés majoritairement pour la sortie de l’Union .
Nommé première Ministre, le 11 juillet 2016, suite la démission du conservateur David Cameron, la nouvelle occupante du 10 Dowding Street, Theresa May, membre du même parti , ayant annoncé qu’elle aurait recours l’article 50 du traité de l’Union européenne , organisant la sortie formelle , d’ici la fin mars 2017 .
Elle doit cependant faire face à des clivages au sein de sa propre formation entre partisans du Brexit dur (visant à sortir complètement de l’Union ) et les partisans du Brexit souple , qui permettait au Royaume-Uni de conserver les bénéfices du marché intérieur européen .
DANS PLUSIEURS PAYS, LES PARTIS D’EXTRÊME DROITE APPELLENT A DES REFERENDUMS DE SORTIE DE L’UNION EUROPEENNE !
En Europe, le Brexit est perçu comme une crise supplémentaire qui s’ajoute à celle de l’Union économique et monétaire (UEM) ayant particulièrement frappé l’Europe du Sud depuis 2008 et celle des réfugiés s’est cristallisé avec l’accueil par l’Allemagne d’un million de réfugiés , à partir de 2015 .
En effet, le Brexit défie toutes les théories de l’intégration européenne élaborés par des politiciens : depuis longtemps ils « conceptualisent « la crise de l’Union européenne comme un moyen d’aller de l’avant par la recherche d’un compromis. Cette fois-ci le scénario de la désintégration de l’Union devient un scénario plausible « .
LES MARCHANDISES, MAIS PAS LES HOMMES
Plusieurs partis politiques d’extrême droite , comme le PVV, ( Parti pour la liberté ) aux Pays-Bas ou le Parti du peuple danois (DF), appellent à des référendums identiques de sortie de l’Union . D’autres, comme le Front national en France, ou le mouvement cinq étoiles en Italie , se contenteraient d’une version plus édulcoré , en appelant seulement à une sortie de l’UEM. Face à ces tendances lourdes , des mouvements populistes , la réaction des gouvernements des vingt-sept est une fois de plus embarrassée . Comment traiter la question du Brexit sans enflammer les anti-européens chez soi ?
En effet, malgré le discours très dur de Theresa May, au congrès du parti conservateur, début octobre 2016, la diplomatie britannique pourrait chercher à négocier un accord sur une relation privilégiée avec l’Union européenne qui soit plus favorable aux intérêts de ses entreprises , lesquelles exportent encore 45% de leurs produits vers le continent .
Pour elle, la situation idéale, serait la signature d’un accord qui permettrait de rester dans l’Union pour bénéficier des facilités du marché extérieur , tout étant pas tenu par les dispositions de la libre circulation des personnes ( l’immigration un sujet essentiel pour les partisans du Brexit , si possible, sans contribuer au budget européen . Cependant la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande avaient fait savoir que la non - application du principe de la libre circulation des personnes serait inacceptable . Cela reviendrait en effet à rompre le principe fondateur du marché intérieur .
En effet, si le Royaume –Uni veut rester dans le marché intérieur , que ce soit à travers le mécanisme multilatéral de l’Espace économique européen ( comme la Norvège et l’Islande ) , ou un accord unilatéral ( comme la Suisse), il faudra accepter la libre circulation des personnes. Sinon , seul un accord de libre-échange semblable à celui difficilement négocié par l’Union européenne avec le Canada pourra entrer en vigueur .
UNE UNION EUROPEENNE A DEUX OU PLUSIEURS CERCLES …
Cependant, le Brexit pourrait être plus largement l’occasion pour les vingt-sept de transformer la difficulté en vertu : en insufflant une réorganisation complète de l’Union qui validerait une structure institutionnelle à deux cercles . Si les gouvernements n’ont pas encore commencé à faire circuler des scénarios appelant à réorganiser l’Europe dans sa globalité , le think tank Bruegel appelle à inclure le Royaume –Uni dans le marché intérieur grâce à des mécanismes de décisions intergouvernementaux . La limite de ce projet est qu’il accepte une application partielle par le Royaume-Uni du principe de la libre circulation des personnes en validant un système de quotas .
Par ailleurs, la Fondation Robert Schuman prévoit , au contraire , une entrée du Royaume –Uni dans une espace économique européen réformé qui forcerait Londres à accepter la libre circulation des personnes , mais qui lui donnerait plus de garanties pour participer à la décision. A côté de ce premier cercle, il y en aurait un deuxième , plus central , composé des Etats qui ont vocation d’adhérer à l’UEM. C’est le noyau central , composé d’Etats qui ont vocation à adhérer à l’UEM. C’est ce noyau Central qui deviendrait ce qu’on appelle aujourd’hui l’Union européenne . Tout ça pour ça vous dira l’autre ou bien pourquoi faire simple ? …
Peut-on espérer que les chefs d’Etats et de gouvernements valident de telles solutions à court terme ? Force est de constater que les obstacles ne sont pas maigres . Les élections en France en mai-juin 2017 et en Allemagne , en septembre 2017 amèneront les partis politiques des dits gouvernements à ne pas vouloir prendre trop de risques face à la montée des partis populistes anti-européens . Quant à l’asymétrie économique grandissante entre la France et l’Allemagne, elle apporte l’eau au moulin des eurosceptiques et ne favorise pas non plus une vision commune de ce que devrait être le fonctionnement de l’UEM. C’est ce noyau central qui deviendrait ce qu’on appelle aujourd’hui l’Union européenne .
Peut-on espérer que les chefs d’Etats et de gouvernements de telles solutions à termes ? Rien n’est moins sûr . Force est de constater que les embûches ne manquent pas . Les élections en France arrivent dans un climat surréaliste : un Président de la République en exercice jette l’éponge, trahi par son Premier ministre, à son tour balayé le suffrage de ses camarades socialistes . Et c’est un frondeur qui s’imposa comme porte drapeau d’un parti socialiste en loque, plus divisé que jamais . Pour corser le tout , le petit Macron , avec son mouvement » en marche » devint de facto le leader de ce « presque rien invertébré « qui s’agite dans tous les sens et promet tout et son contraire . Il est crédité de 24% des sondages (..,) Autant que la fille Le Pen qui caracole devant . Se voyant marginalisé, François Bayrou, s’est joint à son cadet en scellant une improbable alliance ! La gauche radicale , crédité de 12% avait refusé la main tendue de Benoît Hamon, le représentant officiel du parti socialiste , lui aussi, crédité de 12%.
En refusant la main tendue de Benoît Hamon, le parti des « insoumis » de Jean-Luc Mélenchon, avait torpillé une possible sélection au second tour des élections , compte tenu des déboires du sélectionné de la droite , traînant derrière lui des batteries de casseroles .
Le coup de pied de l’âne n’est pas à exclure avec l’élection de Madame Le Pen après un second tour chaotique ! Hitler , n’est-il pas arrivé par les urnes comme la flopée de populistes dans toute l’Europe ( Hollande, Hongrie, mouvement 5 étoiles en Italie etc.…) Cette époque rappelle les années trente avec l’arrivée du fascisme et le national -socialisme de Hitler !
Peut-être, le salut de l’Europe est en Allemagne . M. Martin Schulz , en gagnant les élections de septembre 2017, écartant ainsi la Merkel , retournant ainsi la page de 12 ans d’immobilisme doctrinaire . En cas de reconduite de Madame Merkel, l’Union européen aura donc du mal à se saisir du Brexit pour se réformer complètement . Cela confirme qu’il est devenu difficile d’entrevoir des projets à long terme pour l’Union européenne .
Par ailleurs, la montée des forces politiques qui contestent le principe même de la construction européenne , pour des raisons plus souvent identitaires qu’économiques est devenue un sérieux obstacle . Le retour dans les Etats membres des débats de souveraineté et des identités nationales s’inscrit dans un mouvement plus large que la question identitaire . Il ne s’agit pas simplement d’une question économique liée au rejet de la mondialisation libérale . Il existe en effet un lien explicite entre le rejet de l’Union européenne et celui de l’islam, ou plus généralement l’altérité que l’immigration représente dans la société .
L’identité et la souveraineté nationale sont d’autant plus l’objet d’un retour en force quelle sont perçues comme l’ultime Rampart par tous ceux , qui sont , parfois seulement qui pensent être , les victimes de l’Etat-providence .
L’Europe ayant cru permettre un dépassement des identités , en favorisant une adaptation des sociétés à la globalisation économiques , mais aussi culturelles .
Elle est parvenue assez bien chez les élites, qui, globalement continuent à la soutenir , mais elle avait échoué avec le plus grand nombre de la population . Quel gâchis !
Le retrait britannique entre dans une phase irréversible des négociations avec les 27. Une épreuve de vérité pour le futur de la cohésion européenne . En effet, le 23 juin 2016, les britanniques ont voté en faveur d’une sortie de l’Union européenne . Ce vote avait ouvert une crise politique au Royaume –Uni et fait planer la menace de la dislocation à terme de l’Union : la quitter devient un choix possible . Le vote britannique reflète ainsi un malaise grandissant dans toute l’Union . L’Europe est gérée par un fédéralisme libéral et technocratique qui impose des politiques et des réformes que les peuples refusent .
Le vote britannique reflète un malaise grandissant dans toute l’Union . Ses citoyens sont d’autant plus réticents à aller vers une Europe plus fédérale que la discipline budgétaire et la libéralisation promues à Bruxelles n’emportent sur leur adhésion .
Rappelons-nous, que les Britanniques sont entrés dans l’Europe du marché commun à reculons, en 1973 . Ils ont toujours été hostiles à tout transfert de souveraineté nationale et à l’Europe sociale . L’accord négocié par David Cameron en février 2016 accordait aux britanniques des garanties en matière de souveraineté et de restriction de l’immigration des travailleurs des autres Etats membres . Cela n’a pas suffi à les convaincre de rester dans l’Union .
Theresa May , nommée Premier ministre, le 13 juillet 2016, s’est longtemps limitée à confirmer qu’il y aurait un « Brexit » . « Brexit means Brexit « . Ce n’est que le 2 octobre , au congrès des conservateurs , quelle avait annoncé qu’elle déclencherait au plus tard, en mars 2017 l’article 50 du traité de l’Union . Puis le 17 janvier , Theresa May avait enfin précisé son projet pour le Brexit .
Elle souhaite signer un accord de libre-échange pour maintenir les relations commerciales et financières privilégiées avec l’Union . Cela minimiserait les conséquences économiques du Brexit tant pour le Royaume-Uni que pour l’Union des 27 . Mais les Vingt-Sept ne veulent pas faciliter un tel accord , voulant éviter que d’autres pays membres suivent l’exemple britannique et puissent bénéficier des avantages du marché unique sans contrepartie .
En effet, en quittant le marché unique , le Royaume-Uni prend le risque de relever de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), avec le risque que des multinationales relocalisent, ailleurs dans l’Union , leurs usines et leurs sièges sociaux et qu’une large partie des activités bancaires et financières de la zone euro quittent Londres, , pour Paris, Francfort, Amsterdam ou Dublin . La menace d’une guerre commerciale entre l’Union et la Grande Bretagne existe déjà depuis belle lurette, mais l’Union favorable , à la libre circulation des marchandises , ses services et des personnes et des entreprises , ne dressera probablement pas d’obstacles contre le Royaume –Uni d’autant que l’Union affiche un excédent courant de 130 milliards d’euros, vis-à-vis du Royaume-Uni . De même, ces accords de coopération industrielles ( Airbus, armement, énergie etc.) , pourront difficilement être remis en question .
Pour Theresa May, le Royaume-Uni doit devenir un champion du libre marché mondialisé . En effet, le pays affiche un excédent commercial avec le monde, hors Union , avant tout avec les Etats-Unis . Et il conserve des liens historiques avec les pays du Commonwealth .. Londres pourrait aussi jouer la carte du paradis fiscal et réglementaire . Cependant, il est peu probable que le Royaume-Uni , dont la législation est déjà la plus libérale , bénéficie d’un choix important de croissance induit par les réformes encore plus libérales .
LA TENTATION SOUVRAINISTE !
La stratégie mise en œuvre par l’Union européenne depuis 1999 et renforcée après la crise de 2008, ( discipline budgétaire et réformes libérales ) naguère eu de résultats économiques et sociaux satisfaisants . Elle donne aux peuples le sentiment d’être dépossédés de tout pouvoir démocratiques . C’est particulièrement vrai pour ces pays ) Grèce, Portugal, , Irlande )qui ont dû accepter l’assistance et les conditions draconiennes de la funeste troïka ou la Banque Centrale Européenne (BCE) . Depuis 2015, le plan Junker destiné à relancer l’investissement en Europe fut un flop mémorable . Il n’a marqué qu’une infime inflexion .
En effet, pour sortir du marasme, l’Europe aurait besoin d’une stratégie économique pérenne forte , mais compte tenu des contraintes institutionnelles actuelles et les divergences de situations et surtout d’intérêts entre les pays membres, celle-ci ne peut être actuellement décidée collectivement . L’Europe est aujourd’hui gérée par un pseudo fédéralisme mou , libéral et technocratique qui impose des politiques et des réformes que les peuples refusent , pour des raisons parfois légitimes , parfois discutables . Des règles sans fondement économique ont été introduites dans le pacte de stabilité , puis dans le traité budgétaire : elles n’ont pas été remises en cause après la crise financière de 2008 . En raison des disparités nationales, de nombreux dispositifs européens ( politique monétaire unique, liberté de circulation des personnes , statut des travailleurs détachés ) qui posent problème . De ce fait , la tentation d’un retour à la souveraineté nationale se généralise comme une trainée de poudre …
LE RÊVE AVORTE D’UN FEDERALISME EUROPEEN … *
Le Brexit et les réticences de biens d’Etats membres ( Pologne, Hongrie, Danemark , Suède et Hollande ( à aller vers plus d’Europe pourrait conduire à une Union à trois cercles . Le premier regrouperait les pays de la zone euro, qui accepteraient de nouveaux transferts de souveraineté et bâtiraient une union budgétaire , fiscale , sociale et politique . Les pays européens qui ne pourraient ou ne souhaiteraient pas participer à cette Union étroite , formeraient un deuxième cercle, tandis que le dernier réunirait les pays liés à l’Union par un accord de libre-échange : Norvège, Islande, Liechtenstein, et la Suisse, aujourd’hui, le Royaume-Uni et autres pays ( Turquie, Maroc, Ukraine), demain .
Ce projet pose de nombreux problèmes . Le fonctionnement européen serait encore plus compliqué que maintenant , car toutes les institutions devraient être dédoublées pour les pays ayant adoptés le système fédéral et les autres . Surtout beaucoup d’Etat ne souhaitent pas être marginalisés comme membres de la seconde zone . De plus, il n’existe pas de consensus politique , même dans la zone euro , pour aller vers l’Europe fédérale . Publié en 2015, le rapport des cinq présidents sur l’union économique et monétaire ayant proposé de nouveaux pas vers le fédéralisme européen, comme la création d’un Compté budgétaire européen , la mise en place d’un Trésor européen, une Union des marchés de capitaux , un socle européen des droits sociaux et une unification partielle des systèmes d’assurance chômage .
Cependant, les évolutions envisagées risquent fortement de renforcer les pouvoirs d’organismes technocratiques au détriment des gouvernements élus démocratiquement .
Un pouvoir fédéral , même démocratique, pourrait-il tenir en compte des spécificités nationales ? Dans une Europe composée de pays hétérogènes, rien n’est moins sûr . En tout état de cause l’Europe ne progressera vers une « Union , toujours plus étroite » , que si au préalable , elle ne met en œuvre des politiques la qui rendraient légitime aux yeux des citoyens .
PREMIERE CONSEQUENCE DU BREXIT : LES EUROPEENS SE METTENT A QUITTER LE ROYUME-UNI
Les premiers chiffres de l’immigration après le référendum indiquent un départ des Européens de l’Est . Les entreprise peinent désormais à recruter . En effet, quand les Britanniques ont voté pour sortir de l’Union européenne le 23 juin 2016, la réduction de l’immigration était l’une de leurs principales motivation . Avant même le Brexit ne soit effectif , leur vœu semble en train d’être exaucé .
Depuis une quinzaine d’années, plusieurs millions d’émigrants européens sont installés au Royaume –Uni , mais le flot semble être inversé . C’est particulièrement vrai avec l’Europe de l’Est . Lundi dernier, le Ministère du développement polonais avait estimé d’entre 100 000 et 200 000 émigrants installés au Royaume-Uni , sur un total d’un million , pourraient revenir dans les années qui viennent . Le mouvement est motivé par un effet de ciseau : d’une part, la croissance polonaise est solide et trouver un emploi est aujourd’hui facile ; d’autre part, avec le Brexit , la livre sterling ayant baissé de 20% et l’écart entre les salaires des deux pays est en baisse .
Le mouvement de retour est confirmé par des chiffres de l’immigration au Royaume-Uni . Selon les données publiées , jeudi dernier, par l’Office National des Statistiques (ONS), l’immigration nette ( immigration – émigration ) au Royaume-Uni avait atteint 273 000 personnes , entre octobre 2015 et septembre 2016, une baisse de 49 000 personnes , par rapport à l’année précédente .
L’une des principales explications est le départ des Européens de l’Est . Selon l’ONS , 39 000 migrants venant des pays devenus membres de l’UE , en 2004 ( Pologne, République Tchèque, Slovaquie , Pays Baltes, Slovénie et Hongrie ) ont quitté le Royaume-Uni sur la même période de douze mois, soit 12 000 de plus que l’année précédente . Dans le même temps , le nombre d’arrivées venant de ces pays, avait baissé de 10 000 personnes .
Par ailleurs, dans les entreprises britanniques, ces départs commencent à se faire sentir . « Staff Line « , une agence de travail temporaire basée à Nottingham, tirait le mois dernier la sonnette d’alarme , lors de la présentation de ses résultats annuels « Nous avons vu des Européens de l’Est rentrer chez eux parce qu’ils ne se sentent plus les bienvenus et c’est inquiétant « , confiait au « Nottingham Post « , son directeur général . Il affirme avoir recensé plusieurs incidents à caractère racistes , après le Référendum . Cela s’est calmé maintenant, mais il en reste des traces .
De nombreuses anecdotes similaires semblent indiquer que le Brexit ayant brisé l’attractivité du Royaume-Uni pour les Européens , pas seulement de l’Est . S. S. Une Française qui a fondé « Saeb Energy, » , une entreprise qui transforme les déchets organiques en électricité s’inquiète pour l’avenir de ses employés Britanniques et Euro cinq Européens et affirme ne plus recevoir de CV européens .
Outre l’aspect financier, de nombreux Européens hésitent à s’installer outre-Manche à cause du symbole négatif du Brexit . D. H. , un associé d’un cabinet d’audit , basé à Londres, en a fait l’expérience « on a de plus en plus de mal à attirer des Européens pour des postes au Royaume-Uni « . Depuis le référendum, à cinq reprises , il avait essuyé des refus d’Allemands, de Scandinaves et des Européens de l’Est qui travaillaient dans son entreprise . L’incertitude est entretenue par Theresa May , qui refuse de garantir le droit de résidence aux Européens déjà installés au Royaume –Uni . Elle exige pour cela que le reste des pays de l’UE accorde la réciprocité aux citoyens Britanniques installés en Europe, ce qu’elle n’a pas obtenu, pour l’instant .
La chambre des lords se bat pour essayer de débloquer la situation , mais le gouvernement britannique résiste . Pour Theresa May, le sort des Européens est une carte de négociation importante, qu’elle veut conserver . Mais ces derniers n’apprécient guère de servir de monnaie de change .
LONDRES , ELDORADO INATTENDU DES BANQUES GENEVOISES
Si les banques internationales désertent la City après le brexit, les banques genevoises s’implantent à Londres , ville aux 500 000 millionnaires . En effet, les lumières de la City brillent-elles encore pour le secteur bancaire ? Alors que le Brexit est sur les rails, les grandes banques internationales - UBS, Goldman Sachs, ou HSBC , ont annoncé vouloir déplacer des milliers d’employés vers d’autres cieux plus attractifs , comme Francfort ou Paris . Mais , à contre-courant , les banques genevoises ne cessent, de renforcer leur présence sur les rives de la Tamise en y implantant des bureaux .
Dans leur cible : une clientèle potentielle de près de 500 000 millionnaires de tous les pays, un rêve pour n’importe quel gestionnaire de fortune privé . « Londres est une plateforme unique en Europe , qui permet d’être en contact avec de grandes fortunes asiatiques, du Moyen-Orient ou d’Europe , qui se rendent dans cette ville est , et pas spécifiquement pour des raisons fiscales « , relève le porte-parole d’une banque genevoise .
En effet, Pictet emploie déjà 307 personnes dans la capitale du Royaume-Uni, soit 24 de plus qu’une année plut tôt . Lombard & Odier ayant envoyé cent –vingt personnes et prévoit d’accroître ses effectifs de 5% par an sur le long terme . Mirabaud , dénombre 130 personnes dans ses bureaux londoniens , situés à deux pas du palais de Buckingham.
Contrairement aux grandes banques internationales, les établissements basés à Genève, misent sur le rendez-vous mondial des millionnaires que constitue la capitale britannique . Tout en suivant de près la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne . En effet, aux yeux de maintes grandes banques internationales, la City de Londres ayant perdu son attrait depuis le vote sur le Brexit . L’UBS, Goldman Sachs, HSBC et City Group, ont annoncé le déplacement de milliers de leurs employés dans d’autres métropoles financières . C’est tout le contraire pour les principales banques genevoises . Pictet, Lombard et Odier, Mirabaud, UBP ou encore Sys, ne cessent de se renforcer sur les rives de la Tamise .
Loin d’être sinistrés par les incertitudes issues du Brexit, ces établissements parient plus que jamais sur les promesses de la capitale britannique . « Londres est, et restera , un centre financier de première importance pour l’Europe et le monde entier « , témoigne un banquier privé préférant l’anonymat . En effet, ce rôle de la capitale financière ne tient que par la banque d’affaires , activité à qui pourtant explosée depuis les années 1980 . Mais aussi la présence d’une cinquantaine de milliardaires , la plus forte fortune d’Europe , et surtout , de plus d’un demi-million de millionnaires , selon le magazine « Forbes ». Le durcissement des conditions pour obtenir le statut de « résident non domicilié « , qui permet à ses bénéficiaires de substantielles baisses d’impôts qui ne dérange nullement les grandes fortunes et ne décourage pas les grandes fortunes de prendre pied sur les rives de la Tamise .
Citoyens britanniques , ou simples résidants étrangers, ces personnes fortunées sont autant de clients potentiels pour les banques spécialisées dans la gestion de fortune privé , le cœur de métier des établissements genevois . De plus , la fonction de rendez-vous de la jet-set internationale tenue par Londres n’est pas remise en question par le Brexit . Plusieurs personnes fortunées prennent Londres pour y installer leur domicile . Car donner une adresse à Londres confère à son détenteur , entre autres avantage , de pouvoir entrer facilement en affaires avec une banque qu’en fournissant une référence dans un pays de moindre réputation.
EFFECTIFS EN PROGRESSION : « NOTRE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT A LONDRES N’EST PAS REMISE EN QUESTION PAR LE BREXIT »
Pictet, la plus grande banque de gestion de fortune basée à Genève, emploie déjà 307 personnes réparties dans deux implantations Maifaire ( pour la clientèle privée ) et de la City ( pour la gestion institutionnelle) . C’est 24 de plus qu’une année plus tôt . La banque prévoit d’accroître ses effectifs de 7% cette année, selon un porte-parole de l’établissement . Sa demande de licence bancaire britannique a été maintenue en dépit du Brexit .
LOMARD ODIER , qui emploie quelque 120 personnes , à une rue de Saville Row, la mythique adresse des plus beaux costumes , prévoit d’accroître ses effectifs de 5% sur le long terme . Mirabaud , de taille similaire avec 130 personnes à Belgravia , juste derrière le parc du palais Buckingham , mais ne donne pas de renseignements concernant son développement . « Notre stratégie de développement à Londres n’est pas remise en question par le Brexit « , indique simplement un porte-parole .
Avec une soixantaine de personnes à Saint-James, non loin de Piccadilly Circus , l’UBP, n’envisage pas non plus de réduction de sa présence. A quelques pas de là, sur Regent Street, Sys , enfin, est de taille modeste : une petite quinzaine de personnes. Mais cette organisation ne devrait pas être marginalement affectée par le Brexit .
L’EXCEPTION
Seule exception à cette unanime confiance , la Banque Edmond de Rothschild . La banque ayant annoncé par écrit , à la fin de l’année dernière, la fermeture de son implantation de Saint-James . « En cohérence avec la stratégie définie pour ses différents métier , et le rassemblement d’une partie des activités de Londres vers ses principaux bureaux à Paris, à Genève et au Luxembourg , où elle bénéficieront d’une grande convergence « . Elle refuse de dire d’avantage . Il est à noter que l’institution avait aussi annoncé en décembre dernier, la fermeture de son bureau à Hongkong .
Toutes les autres banques se disent néanmoins très attentives à l’évolution du dossier du Brexit . « Notre stratégie sera conditionnée par le type de liens que le Royaume-Uni maintiendra avec l’Union Européenne « poursuit le banquier genevois . La question centrale est de savoir si le pays gardera son accès au marché unique, qui permet ainsi de distribuer sur tout le territoire de l’Union des fonds domiciliés en Grande Bretagne .
En cas de fermeture des frontières, ces fonds devront être domiciliés ailleurs , dans un pays membre de l’UE . Cependant, cette perspective qui suscite les inquiétudes de tout le secteur financier de la City, n’est pas à même d’affecter sérieusement le choix des banquiers genevois.
CONCLUSION
En guise de conclusion nous vous offrons ce que pensent les économistes du Brexit notamment M. A. H. , économiste en chef à la Banque d’Angleterre qui préconise que l’échec des modèles de prévisions récents est dû au comportement irrationnel des agents économiques. Le fait de ne pas repérer cette irrationalité avait conduit les décideurs à prévoir que l’économie Britannique ralentirait dans le sillage du référendum sur le Brexit de juin dernier . Au lieu de cela , les consommateurs britanniques se sont lancés dans une frénésie de dépenses inconsidérées, depuis la décision de quitter l’Union européenne . De manière aussi illogique, les secteurs de la construction , des produits manufacturés et des services ont rebondit .
Par ailleurs, les modèles de prévision des banques centrales utilisent essentiellement la même logique . Par exemple la BoE , a ( correctement) ayant prédit une baisse de taux de change de la livre sterling après le vote du Brexit . .Cela devrait entraîner une baisse des prix, donc un ralentissement des dépenses de consommation . Justifié ou non , à propos de ce sentiment intime comme en 1940, immédiatement après la chute de la France aux mains des Allemands, l’économiste John Maynard Keynes , écrivait à un correspondant « Pour ma part , à présent je me sens, pour la première fois, complètement confiant que nous allons gagner la guerre « . De même , de nombreux britannique sont maintenant plus confiants quant à leur avenir .
*Pourquoi l’Europe peine à défendre son marché intérieur ? –Par Guillaume DUVAL . Alternatives Economiques No 111- Février 2017.
REFERENCES
ALTERNATIVES ECONOMIQUES No 111 /Février 2017 ;
ALTERNATIVES ECONOMIQUES HORS SERIE – QUEL MONDE EN 2017 ?
GRAND ATLAS 2017 ; SOUS LA DIRECTION DE FRANK TETARD , Institut FRANÇAIS de Géopolitique ( Université Paris VIII, Editions LE CLUB - PARIS- France
DR BEN ABDALLAH Mohamed ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB,
ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE » ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch;
DEPUIS LE 1er MARS 2009 ;
&
EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF DU SITE www.dr-ben-abdallah.ch;
DEPUIS LE 1er MARS 2009 ;
DEMEURANT SIS 1202 GENEVE II ;
21.03.2017