EDITORIAL ECONOMIQUE
LA RENAISSANCE DE L’AFRIQUE NOIRE
PROLOGUE
Les transformations de l’économie continentale se sont exercées en lien avec les anciennes puissances coloniales qui ont déterminé la manière dont le continent noir s’est inséré dans la mondialisation . Toutefois, si les rapports commerciaux avec les pays européens restent prépondérants, les pays émergents ont joué un rôle croissant dans les économies africaines . D’autres évolutions notables sont à noter comme le désendettement progressif de la plupart des Etats et le retour notoire de la classe moyenne sur l’échiquier économique, politique et surtout social .
LA DETTE METAMORPHOSEÈ DU CONTINENT AFRICAIN …
En effet, après une phase d’endettement prohibitif, entre 1970 et 1990, les pays africains avaient mis à profit la hausse des cours des matières premières pour assainir leurs finances publiques . Cependant, ils font face aux fonds vautours . Afin de satisfaire leurs besoins en matière de développement , qui n’ont pas diminué la nécessité d’emprunter de nouveau sur les marchés des capitaux .
Par ailleurs, dans l’euphorie des fausses indépendances , gagnées dans les années 1960, les pays sub-sahariens voulurent rompre avec une division internationale du travail qui leur assignait le rôle d’exportateurs de matières premières et d’importateurs de biens manufacturés . Ils s’attelèrent donc à diversifier leurs économies par l’industrialisation et le renforcement de leurs capacités productives . Cependant, ils se heurtèrent à plusieurs difficultés , à savoir : à l’exception de l’Afrique du Sud et la Rhodésie (actuel Zimbabwe ), naguère gouvernés par une minorité blanche . Aucun autre pays africain n’avait accès aux marchés internationaux de capitaux , faute du sésame délivré par les agences internationales de notation financière .
Ils étaient donc obligés de faire appel à des fonds privés de garantis par des Etats , aux fonds bilatéraux accordés par le Club de Paris et le Club de Londres . Ils ont aussi fait appel aux fonds multilatéraux prêtés à des Organisations internationales tels que : Le Fonds monétaire International (FMI), Banque Mondiale (BM), et la Banque Africaine .
En même temps, les recettes des exportations sur lesquelles comptaient investir se rétrécissent comme une peau de chagrin , en raison de la chute du cours mondial des matières premières . Principalement , les produits agricoles , dont l’indice, passa de 155, en 1977, à 94, en 2002 .
Quant aux coûts de leurs importations, eux, augmentent sans cesse. En effet, en 1979, la hausse des taux d’intérêts par les Etats-Unis , décidée unilatéralement pour lutter la dépréciation du dollar, acheva de faire exploser la dette du continent . Un Continent victime de toutes les prédations et les spéculations en tout genre .
Pour assainir leurs comptes, les pays africains se tournèrent , à nouveau, vers les institutions financières internationales . Celles-ci leurs administrèrent leurs « médicaments-tueurs » , en l’occurrence les « ajustements structurels « (PAS) –lesquels imposèrent la dérégulation financières suivie par sa cohorte de privatisations , de réductions de salaires , de compressions budgétaires etc… Ces programmes sont multiples , prescrivant la même « potion magique « - « libre-échangiste libérale « . Il s’agit du baiser de la mort de l’Europe à l’Afrique *.
Par ailleurs, au titre de l’initiative « pays pauvres endettés (PPTE) » , lancée en 1996, trente-six pays , dont trente africains, avaient bénéficié d’un allègement total de 76 milliards de dollars , du service de leurs dettes bilatérales et multilatérales . Néanmoins, selon le Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, (CADTM), ces mesures sont un trompe-l’œil car le stock de la dette sub-saharienne est passée de 2 milliards de dollars , en 1970 à 331 milliards , en 2012. Les remboursements effectués se sont élevés à 435 milliards de dollars , soit 200 fois le capital initial emprunté (2 milliards de dollars ) …**
De surcroît, les pays africains affrontent encore les fonds d’investissement baptisés « fonds vautours « . Ceux-ci achètent à un vil prix , des dettes bradées sur le marché secondaire des créances dues par des Etats en difficulté . Ils attendent ensuite le retour de ces pays à meilleure fortune ( fin de troubles politiques , par exemple), puis , ils les traduisent devant les juridictions des Etats-Unis et du Royaume-Uni), pour le recouvrement des dettes et arriérés de remboursement des intérêts . Une première vague avait laminé l’Afrique entre 2000 et 2008, année de la crise financière mondiale. Le nombre exact d’attaques reste difficile à chiffrer , car pour ne pas affecter leur image, les Etats préfèrent éviter la médiatisation et négocient avec les fonds vautours, en marge des tribunaux .
Selon le Fonds monétaire international (FMI), , dix-sept procédures seraient engagées contre des pays pauvres très endettés , dont quinze, à l’encontre de pays africains . En effet, en avril 2014, une décision de la Cour d’Appel des Etats-Unis, , pour le 9ème circuit avait donné raison à la République Démocratique du Congo (RCD), contre FG « Hemisphere « Associates , qui réclamait 104 millions de dollars à la RCD, autour d’un contrat de fourniture d’électricité impayé .
Certes depuis la crise financière de 2008, les fonds vautours se sont retournés vers les marchés européens , mais ils n’ont pas , pour autant, quitté l’Afrique . En 2010, la BAD, avait créée la Facilité africaine de soutien juridique (FASJ), afin d’accompagner les Etats africains dans la gestion de leur endettement .
En effet, deux évènements suscitent à la fois , l’espoir de développement et la crainte de l’endettement . D’abord, la présence de plus en plus affirmée , sur la scène africaine des pays émergents en phase d’industrialisation rapide comme la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, la Malaisie , la Turquie et le Brésil .
Par ailleurs, depuis les années 1990, les importations des matières premières et les exportations de leurs produits à meilleur prix, est un réel bénéfice aux pays de la région. Cela élargi leurs options de croissance économique et leur avait permis de réduire leurs dettes, grâce à l’accroissement de leurs recettes d’exportations .
C’est ainsi que le Nigeria , première puissance économique du continent , avait pu, en novembre 2005, racheter douze milliards de dollars , sur les 18 milliards qu’il devait aux créanciers du « Club de Paris ». En 2009, l’Angola est devenu le premier partenaire commercial africain de la Chine . Pékin avait annulé la dette angolaise de 67,8 millions de yuans (10 millions de dollars) et supprimé les droits de douanes sur les importations de 466 catégories de produits en faveur de Luanda . La carte des investissements chinois recouvre celle des ressources naturelles précieuses : le Soudan, l’Angola , et le Nigeria pour le pétrole, l’Afrique du Sud, pour le charbon et la platine, la RCD et la Zambie , pour le cuivre et le cobalt .
Si l’engagement de Pékin ouvre des possibilités , il fait aussi courir d’énormes risques au développement africain. Les Chinois ont pris le contrôle de certaines industries locales, acquérant ainsi du même coup les quotas d’exportation des produits africains comme le textile . Pékin étudie le marché de l’Ethiopie , dont les exportations de textiles avaient crû de 257%, en dix ans.
De même le modèle de coopération adopté consiste à amalgamer en un paquet combinant investissements directs (IDE), prêts concessionnels (comprenant 35% de dons), commerce et aides publiques . Sans clés de répartition , il n’est toujours pas possible de déterminer si les prêts concessionnels sont inclus dans l’encours de la dette , ou font partie intégrante de l’aide ? Compte tenu du volume important des prêts de ce type, l’’inquiétude grandit quant au fardeau du futur de la dette , si dans l’optique chinoise , les prêts concessionnels n’étaient assimilables à de l’aide ?
Par ailleurs, l’ouverture à l’Afrique des marchés des capitaux représente un événement sans précédent . Plusieurs pays avaient obtenu la notation financière attribuée par les Agences de notation spécialisées : Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Mozambique, Ouganda , Rwanda, Sénégal et Zambie notamment .Cette note s’est révélée , dans la plupart des cas, supérieure ou égale à des notations , aussi industrialisées comme le Brésil, l’Argentine ou la Turquie (…) Sic !
En effet, l’intérêt des investisseurs internationaux pour les marchés africains s’est accru, ces dernières années . Ils considèrent la plupart d’entre eux comme des marchés intermédiaires à haut rendement . Les investisseurs institutionnels nationaux – tels que , les banques , les sociétés d’assurances ou les caisses de retraites . A ceux-ci s’ajoute les investisseurs privés qui s’activent en masse .
Par ailleurs, depuis 2007, des pays comme le Sénégal, le Gabon, le Ghana ont levé des millions de dollars , sur le marché des capitaux – respectivement 200, 1000, et 750 millions de dollars . La tendance s’est amplifiée ces trois dernières années . Le Kenya avait lancé un emprunt obligataire ( c’est-à-dire émis par l’Etat ou des investisseurs institutionnels ), de vingt milliards de dollars , pour la construction d’un second port, d’un gazoduc, de deux kilomètres et d’une route pour le transport du pétrole, à partir du Soudan du Sud.
En Ethiopie, le barrage de la renaissance, avait été financé grâce à des tiers sous forme de titres souscrits, par les Ethiopiens eux-mêmes . Parmi les africains qui ont attiré les capitaux privés, par l’émission d’emprunts obligataires, figure le Rwanda, dont la banque centrale ayant émis ses premiers emprunts , en dollar, en 2013.
Selon l’indice Bloomberg, les investisseurs y ont obtenu un niveau record de rentabilité de l’ordre de 9,3%, ce qui est supérieur aux 6,6% générés par les marchés des émergents .
LES GOUVERNEMENTS DOIVENT SE MONTRER PRUDENTS ET ATTENTIFS !
Selon l’Agence de notation « FITCH », les émissions des dettes souveraines des Etats sub-sahariennes avaient atteint six milliards de dollars en 2015, après un record de 6,25 milliards, en 2014. Le Kenya , la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal envisageant de lever 1,5 milliards de dollars et d’euro-obligations sur les marchés internationaux des capitaux . La Zambie est venue, le 7 avril 2015, solliciter , le marché international des capitaux, pour 1 milliard de dollars .
Cette recrudescence d’emprunts peut faire redouter une nouvelle crise de dettes . « Les gouvernements devraient se montrer attentifs et prudents afin de ne pas surcharger leurs pays de cette dette publique « , avait alerté la directrice du FMI, madame Christine Lagarde , avant de préciser que si cela représentait « un financement supplémentaire », c’est aussi une « vulnérabilité supplémentaire « , relatait le « Les Echos » du 30 mai 2014.
Par ailleurs, le risque de surendettement reste toutefois limité . Les finances publiques du Continent se sont améliorés dans les cinq pays de la région ( Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée – Bissau et Togo) qui affichent même des excédents . L’inflation est maîtrisée , les réserves de devises étrangères et l’épargne ont augmenté , la dette extérieure est réduite. Ainsi pour le gouverneur de la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) « Les perspectives de croissance de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine , sont favorables . Elles montrent que rester stable dans l’ensemble des Etats membres « .
En effet, les pays de UEMOA avaient émis, en 2015 2865 milliards de Francs CFA, soit 4,4 milliards d’euros de dette . La BCEAO, prévoit une croissance de 7% , dans la sous-région , contre 6,6% , en 2014, alors que le FMI, table sur 5,8% , pour l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne , en 2015.
Pour mobiliser les fonds nécessaires aux investissements massifs dont ils ont besoin, particulièrement dans l’agriculture, l’énergie, et les infrastructures , les gouvernements africains , les sociétés publiques et privées recourent de plus en plus, aux emprunts sur les marchés des capitaux . L’investissement public demeure essentiel à un rattrapage économique , désormais mis en place dans les politiques nationales .
LA GRANDE BATAILLE POUR L’ECONOMIE NUMERIQUE
Fibre optique, téléphonie mobile, câblage numérique, le marché du Continent noir se développe dans le cadre d’une féroce concurrence mondiale . Les groupes européennes et américaines , qui s’affrontent depuis plusieurs années , voient désormais émerger la concurrence d’entreprises asiatiques, mais aussi africaines .
Les acteurs des technologies de l’information et de communication (TIC) avaient bien mesuré l’enjeu que constitue le continent africain . Un espace qui connaît une expansion démographique très rapide ( environ 4,5 milliards d’habitants, prévus, en 2030) et une forte croissance économique de plus de 5%, en moyenne . En ce qui concerne les TIC, les chiffres se révèlent aussi alléchants : le taux de pénétration du téléphone mobile dépasse les 80%, la fibre optique est en cours de déploiement . De nouveaux acteurs apparaissent , notamment en Inde et en Chine .
En effet, de nombreux opérateurs télécoms et équipementiers locaux (le Sud-Africain MTN, l’Egyptien ORSACOM, etc.) ou internationaux (le Français Orange, devenu –SALT, le Britannique Vodaphone , l’Indien Baharati, Airtel, le Franco-Américain Alcatel –LCENT) investissent en Afrique, notamment dans le câble sous-marin et la fibre optique . Ils sont également présents sur les réseaux mobiles où la concurrence est très rude. On voit aussi apparaître des marques africaines avec de nouveaux produits comme « ELIKA » - « ESPOIR en LINGALA », une langue locale d’Afrique centrale .
Il faut reconnaître que le premier smartphone africain, avait été crée par un jeune ingénieur Camerounais , M. A. Z. , ayant crée « CARDIOPAD », une tablette qui permet des examens cardiaques à distance . Quant au Béninois , A.C. , président de l’entreprise GRECO, il se fixa un objectif : « équiper tous les étudiants Ouest-Africains avec des ordinateurs -OPEN AFRICA « .
Par ailleurs, si les acteurs des TIC visent l’ensemble du marché, nous observons des combats concentrés au tour des points stratégiques , comme le marché nigérian (77,7 millions de clients uniques ), L’Egypte, (44,6 millions ), et l’Afrique du Sud (36,4 millions), mais aussi des cibles spécifiques comme le marché des « smatphones » et la fibre optique .
En ettet, le marché des télécoms mobiles est l’un des plus lucratifs : 48,5 milliards d’euros . Les forces engagées sur ce juteux marché sont nombreuses : MILLICOM (Suède, SALT ex-Orange, Vodaphone (Grande Bretagne), ZAIN (Inde), ETISALT (EAU) et sa filiale MOOV…
Par ailleurs, le succès de la société kényane de transfert de fonds (M. PESA), avait orienté l’ensemble des opérateurs vers le développement des solutions de monnaie électronique . Tel Orange money , ou Aairtel money . Mais aussi , on voit poindre une offensive africaine portée par les sociétés comme TELECOM et MTN (Afrique du Sud), ORSACOM ( Egypte), MAROC TELECOM(Maroc), DJEZZY & MOBILIS( Algérie ), GLO, (NIGERIA), et LIBRECOM (Bénin). Notons, toutefois, que malgré quelques succès , les opérateurs africains ont souvent du mal à faire la concurrence à des géants mondiaux .
En Afrique, et au Proche-Orient, le réseau de la fibre optique devrait passer de 18 à 32 millions de kilomètres à l’horizon de 2018. Soit une hausse de 80%. Il s’agit d’un marché porteur , disputé âprement par des équipementiers de grosses pointures ( Le Chinois Huawi, le Suédois ERICSON, le Français SAGEM), autour desquels gravitent les cabinets d’études et des entreprises de génie civil . Ici, les entreprises africaines, se sont engagées dans la bataille : Maroc TELECOM, ( Maroc) ; ( SONATEL(Sénégal ) . Face à la fibre optique, est apparu le polyvalent « Wirelees Communication Systems « (PCWS) , systèmes de communications générale ( téléphone, télévision , Internet(, sans fil , doté de capacités comparables à celles de la fibre optique , pour un coût , jusqu’à 10 fois inférieur . Reste à convaincre les décideurs africains . Quant au secteur acquisitions, il donne son plein sens au mot bataille . Dans le domaine de la musique, par exemple, « VEROD CAPITAL », déjà détentrice de « SPINLET », avait racheté peu à peu ses locaux. « SUNIL BAHARATI Mittal » avait acquit , en février 2010, pour plus de 10 (dix) milliards de dollars la plupart des actifs africains du Koweitien « Zaïn , qui lui permet de prendre pied sur le continent africain .
Toutefois, la stratégie et les circonstances requièrent souvent des alliances et des compromis . En effet, pour répondre aux appels d’offres liés à l’installation et à l’exploitation de la fibre optique, les opérateurs s’organisent en consortiums . C’est le cas du réseau « AFRICA COAST TO EUROPE », lancé par Orange, actuellement « SALT », en 2012, et qui avait associé dix-sept opérateurs . Ce type de partenariat est souvent technique . En effet, le géant informatique américain , s’est par exemple associé à l’équipementier chinois « HUAWEI » , pour lance « 4 AFRICA », un téléphone multifonctions bon marché , destiné pour l’Afrique . Par ailleurs, s’associer se révèle souvent décisif dans la stratégie de diversification des produits . Par exemple, grâce à un partenariat entre « AIRTEL « et « RADIO France INTERNATIONALE « (RFI), qu’avait été lancé « RFI MOBILE « , un nouveau service permettant à la clientèle d’écouter la radio et recevoir les « Alertes info « par SMS .
TELEPHONES INTELLIGENTS A MOINS DE 100 DOLLARS !
Des sociétés asiatiques font valoir de leurs côté un certain nombre d’atouts : Des technologies simples et solides, donc bien adaptées aux besoins du Continent noir , et des coûts de production extrêmement bas . A cela s’ajoute de nombreuses facilités bancaires . Un bémol, s’impose, toutefois, ces entreprises sont accusées de ne pas respecter les droits humains et sociaux (…) !
De toute façon, quelles que soient, asiatiques ou occidentales , les multinationales des TIC, saisissent la justice pour contrecarrer la concurrence . Ainsi « ETISALAT » avait saisi la justice nigériane pour casser le privilège accordé à « MTN », (une réduction de 30% du tarif d’appel sur le « hors réseau « , rendant les tarifs de « MTN » , plus avantageux pour les consommateurs .
Cependant, le plus souvent, ce sont les acteurs étatiques qui se servent de l’arme juridique pour ramener au droit chemin , certains opérateurs égarés . En 2011, au Bénin, la Cour Constitutionnelle du pays, avait mis ainsi , en demeure « LIBERCOM et GLO » , de se conformer à l’obligation de couvrir tout le territoire national .
Enfin, en se positionnant sur le créneau des prix bas, GOGEL, avait lancé ,un téléphone intelligent , de moins de 100 £, pour les pays émergents . La réponse de Microsoft , ne s’est fait pas attendre : il propose des appareils à 70 £. (Zaïn –Koweit ), avait mis en place un systéme qui permet d’effectuer des appels et d’envoyer des messages au tarif local . Qui dit mieux ? L’avenir nous le dira …Peut-être un jour !
TERRES VOLEES, PASSIVITE INTERNATIONALE FLAGRANTE …
C’es en Afrique que le mouvement mondial d’accompagnement des terres est le plus violent . En effet , profitant de la faiblesse ou la complicité des gouvernements locaux, les multinationales des pays émergents s’approprient indûment de vastes surfaces agricoles . Une fois encore, la Banque mondiale se fait l’agent d’une spoliation des populations .
Parmi les causes du fléau de la faim en Afrique , se trouve les investissements fonciers qui visent à établir des cultures vivrières et énergétiques, à une grande échelle où la terre arable demeure disponible . Leur ampleur est édifiante . Quarante millions d’hectares de terre , soit environ six fois plus que la moyenne des années précédentes, auraient changé de main en 2009 . Selon le Land Matrix Project, un groupe international de surveillance des acquisitions importantes de terres étrangères , 203 millions d’hectares de la planète (huit fois la taille de la Grande Bretagne) sont passés sous contrôle étranger entre 2000 et 2010, via des ventes ou locations de longue durée. L’Afrique compte à elle seule 134 millions , soit l’équivalent du Tchad . Il est certes malaisé de distinguer les projets envisagés de ceux décidés , ou plus ou moins engagés , tant les entreprises et les Etats rechignent à livrer leurs chiffres . Même la Banque mondiale (BM), affirme avoir eu les plus grandes difficultés à obtenir des informations fiables, au point qu’elle s’est appuyée sur des données – très alarmantes – diffusées par l’Organisation non gouvernementale (ONG) »Grain « , pour rédiger son rapport sur la question . Rapport paru , en septembre 2010 . *
A priori, ces achats de terres cadrent bien avec le discours de la Banque mondiale (BM), après la crise financière de 2008 . Elle estime que tout apport de capitaux extérieurs dans un pays souffrant de déficit d’épargne favorise son développement ; donc les investissements privés dans l’agriculture , contribuant ainsi au développement national et à la lutte contre la pauvreté , exigence morale du XXIe siècle . On note d’ailleurs que la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale (BM), joue un rôle majeur dans la promotion de tels investissements .
Cependant, ces dynamiques embarrassent aussi l’institution qui, en dresse un bilan édifiant , confirmant les nombreuses dénonciations des ONG(Organisation non gouvernementale (. Ces critiques portent d’abord sur l’argument d’une exploitation plus rationnelle , donc plus productives des terres jusqu’alors sous-exploitées . A cette fin , un ensemble de techniques modernes devrait être mis en œuvre , qui combine un recours aux engrais chimiques , motorisation , aménagement d’irrigation , cultures de pures variétés à haut rendement obtenues par hybridation ou, mieux , par modification génétique . Mais l’application indifférenciée de ces techniques fragilise les agrécosystèmes , qui ne doivent souvent leur fertilité qu’aux pratiques agricoles et pastorales de préservation .
C’est ensuite, sur le plan social que se concentre le feu des ONG, justifiant le terme d’accaparement . Trois types de spoliation se dégagent : soit les investisseurs soutenus par les pouvoirs publics déclarent les terres sous-exploitées par les populations , voire perdues pour l’agriculture - le mythe d’un « jatropha « faisant reverdir le désert ; soit ils profitent du flou des règles foncières en immatriculant des parcelles qui faisaient auparavant l’objet de « simples « droits coutumiers , avec la complicité des autorités locales ; soit on mobilise l’ancienne rhétorique des nécessités du développement et sa violence légitime . Il s’agit alors de passer d’une agriculture familiale « archaïque « à une agriculture modernisée, malgré quelques coûts sociaux à termes . Pour les populations concernées , cela signifie une perte sèche de moyens d’existence, du fait d’un moindre accès foncier et à l’eau , marginalisation , vulnérabilité alimentaire .
Mais , contrairement aux espoirs des théoriciens libéraux et aux promesses des investisseurs, ces inconvénients ne constituent pas de « simples coûts de transition » vers un avenir meilleur . En effet, de l’aveu même de la Banque mondiale (BM), les retombées économiques sont très limitées . On assiste , au contraire , à une destruction nette d’emplois liée au remplacement des agricultures familiales, mobilisant prioritairement l’énergie humaine , par des systèmes « latifundaires « , fondés , justement , sur la réduction du facteur travail . En outre, ces enclaves agricoles « modernes » soutiennent peu le marché local, dans la mesure où elles recourent à l’importation d’intrants .
Enfin, elles ne contribuent pas à l’autosuffisance alimentaire, puisqu’il s’agit avant tout d’exporter . L’Ethiopie , où sévit actuellement la famine est aussi l’un des pays les plus prisés par les investisseurs fonciers étrangers, principalement chinois . Depuis 2008, 350'000 hectares ont été alloués par le gouvernement . Selon OKLAND INSTITUTE , en 2011, au moins 2 millions de propriétaires identifiés – ont d’ores et déjà été transférés à des investisseurs .
DU VOLONTARIAT, PLUTÔT QUE DES REGLES CONTAIGNANTES !
Comment concilier, ce qui semble inconciliable ? D’une part l’idiologie du marché et l’investissement libre , d’autre part la réduction de la pauvreté , qui passe par un soutien aux agricultures familiales . La difficulté pourrait être levée , pensent les organismes internationaux , en appelant à investir de manière responsable . La Banque mondiale (BM), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO), la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CUNUCED) et le Fonds international de développement agricole (FIDA), ont ainsi dicté, en septembre 2014, « les principes pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires « . Il s’agit de dix principes agrées par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) . Mais ces principes demeurent dans la lignée des politiques libérales admises par presque tout le monde . Sauf, moi dirais-je , qui n’adhère pas à cette politique kleptomane .
Ainsi les problèmes sont d’abord vus comme les conséquences d’un manque de transparence , de défaillances locales - Etats et lois , très faibles pour agir en conséquence –qui s’ajoute à une insuffisance chronique de consultation de la population rurale , objet de toutes les réprimandes , allant du châtiment corporel, à l’expropriation pure et simple .
De même les correctifs préconisés sont de l’ordre du volontariat . Il est donc question de créer des labels et des codes de bonne conduite , mais aucun de ces cas de réviser ou rétablir les règles , régissant les investissements , étranger ou non , ou de s’appuyer sur un texte contraignant . On compte d’avantage sur les capacités d’autorégulation des marchés que sur l’action politique .
Par ailleurs, selon de nombreuses ONG, tels appels à la responsabilité ne constituent qu’un écran de fumée . Cette critique prend plus de consistance encore face à l’imbrication parfois étroite des intérêts des entreprises et ceux des Etats . Ce ne sont donc pas seulement aux entreprises d’investir de manière responsable , mais aussi les Etats , qui tantôt soutiennent les projets privés, tantôt investissent eux-mêmes , via des fonds souverains . On peut alors douter de la portée d’appels aux « bonnes pratiques « , l orsqu’il est question de sécurité - alimentaire et énergétique-nationale .
Bien loin de telles critiques, la Banque mondiale (BM), propose donc, un argument assez proche de celui développé après la crise financière , à la fin des années 2000 : d’avantage de transparence et d’éthique , et, les vertus des marchés pourront pleinement s’exprimer . En somme, laissez le marché s’autoréguler et surtout pas de contraintes ! Non seulement ce modèle de développement agricole a échoué lamentablement , mais il n’a pas apporté de résultats tangibles . Quant à l’essor des marchés fonciers, il reste problématique et sans issue .
Une conclusion devrait alors logiquement s’imposer :il convient de soutenir les petites et les moyennes exploitations , leur assurer l’accès au crédit, aux marchés locaux , des recherches fondées sur les principes de la promotion de culture biologique qui respecte les fondements d’une écologie sociale . Ce qui n’est pas de loin les préoccupations de la Banque mondiale (BM) qui persiste à chercher une agriculture dite « gagnant-gagnant « , chère à la doctrine chinoise . C’est une façon comme une autre d’espérer qu’une régulation ferme du marché foncier sont instaurée de grée ou de force , faute de quoi, l’anarchie régnera et la loi du plus fort s’imposera .
CONCLUSION
Au terme de cet éditorial, nous tirons la conclusion suivante : voilà un Continent qui renaît de ses cendres après des siècles de servage, de colonialismes à répétition , d’’indépendances biaisées et lapidation de ses richesses par ses gouvernants, souvent imposés par les néo-colonialistes de tout bord . Heureusement, ces trois dernières décennies , une nouvelle génération de nouveaux décideurs commence à reprendre le pouvoir et les décisions justes qui s’imposent . Une génération qui ne courbe plus l’échine devant le dominateur du moment . La route de l’indépendance totale sera longue et parsemée d’embûches , mais elle est déjà tracée par des ancêtres comme feu Nelson Mandela et suivie par l’actuelle génération , celle de la connaissance et la maîtrise des technologies de pointe, dans tous les domaines, y compris celui de l’information et les services . Nous souhaitons à cette nouvelle génération , tout le succès qu’elle mérite . Bon vent !
*Nations Unies – Commission pour l’Afrique – The African Information Society (AISI ) Addis-Abeba 2008 ;
**Jean Baxter-Ruée sur les terres africaines – LE MONDE DIPLOMATIQUE –Janvier 2010 ;
REFERENCES :
- MANIÈRE DE VOIR No 143 – Octobre-Novembre 2015 ;
- Alain Nonjon & ARNAUD PAUTET : L’AFRIQUE .Nouvelles frontière du XXIe siècle –Ellipsses , Paris 2015 ;
- SYLVIE BRUNEL –L’Afrique est-elle bien partie ? ;
- Editions Sciences humaines , 2014 ;
DR BEN ABDALLAH MOHAMED ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ;
ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE « ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE INTERNET www.dr-ben-abdallah.ch ;
DEPUIS LE 1er Mars 2009 ;
&
EDITORIALISTE-REDACTEUR EN CHEF DU SITE www.dr-ben-abdallah.ch;
DEPUIS LE 1er MARS 2009 ;
DEMEURANT SIS 1202 GENEVE II ;
03/03/2016