
EDITORIAL POLITIQUE
IRAK : CHRONIQUE D’UNE GUERRE ANNONCEE
PROLOGUE
« Si l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis avait pour objectif le contrôle du pétrole, ainsi que confirment les documents récemment déclassifiés , elle s’est soldée par un échec cuisant . La guerre avait également fait des centaines de milliers de victimes , déstabilisant ainsi un Etat constitué depuis 1924 .
QU’EST DEVENU L’IRAK APRES DIX ANS DE COLONISATION ?
En effet après d’effroyables violences brisant ainsi des centaines de milliers de vies , ne laissant quasiment personne , sans qu’il ait une histoire tragique à raconter . Sous l’égide de l’ancien premier ministre, Nouri Al Malki, l’Irak s’était installé dans « une nouvelle normalité « . Mais sans prendre un cap tangible qui permettait aux Irakiens de se projeter dans l’avenir . Dix ans après l’invasion américaine qui avait mit fin au régime de Saddam Hussein, l’Irak reste toujours en crise . Mais pour s’en rendre compte, il est impératif de se rendre à Bagdad (…) .
Quant aux attentats sanglants , sans lesquels ce pays cesserait d’exister dans les médias , ils sont devenus beaucoup plus rares qu’il y avait quelques années . Il s’agit d’une période jalonnée de violence venant de toute part, face à une occupation barbare qui n’avait épargné personne , aucune ! A cela s’ajoute les milices qui faisaient usage de voitures piégées , de Kamikases et de bombes en tout genre , pour exister ! La cherté de la vie n’avait pas empêché de nouveaux arrivants de bénéficier de la manne pétrolière en s’adonnant à une consommation frénétique . L’activité semblait plus intense dans les rues commerçantes de la capitale que dans les coulisses du pouvoir . Où des figures de tout bord paraissaient aborder le dernier conflit en date avec une déconcertante nonchalance .
LENTE AGONIE DU PEUPLE IRAKIEN (…)
Pour la seule année 2012, malgré le retrait américain, les statistiques officielles dénombrent plus de quatre mille cinq cents morts civils irakiens . Cependant le bilan de dix années de conflit demeure très difficile à étayer . Par contre, nous savons , à l’unité près , le nombre de soldats américains tombés en Irak entre le début de l’invasion (mars 2003) et le retrait des Gis, fin 2011 : ils sont 4'484 unités . En revanche, les chiffres des civils irakiens restent très incertains . Ils varient entre plus de cent mille et un million . « L’Iraq Body Count Project « avait tenté une évaluation ne recensant que les morts qu’il avait pu documenter de manière précise : « c’est à dire que l’on est très en dessous de la réalité « .
Le bilan plausible, se situerait entre 15 000 et 130 000. A cela il faudrait ajouter 80 000 militaires et insurgés tombés, le 28 mars 2007 . Le quotidien britannique « The Gardian » , citait une étude de l’université Johns Hopkins de Baltimore selon laquelle cent cinquante mille Irakiens étaient morts des suites de l’intervention américaine . En 2009, les médecins de l’Hôpital général de Fallouja , furent effrayés par ce qu’ils constataient au fil des ans , avaient adressés un courrier commun aux Nations Unis pour réclamer des investigations indépendantes : « En septembre 2009, sur cent soixante-dix nouveau-nés , 24% sont morts dans leur première semaine , parmi lesquels 75% présentaient des malformations importantes « . Des enquêtes partielles avaient été menées à Fallouja et à Bassora , quelques mois plus tard et les résultats publiés dans « Bulletin of environnemental Contamination and Toxicologie « de l’université du Michigan l Les résument leurs observations en une phase , qui veut dire « Le taux de cancer , de leucémie et de la mortalité infantile observé à Fallouja est plus élevé qu’il le fut à Hiroshima et Nagasaki en 1945 « . Notons que l’exposition aux métaux toxiques , dont les effets sont reconnus , sont sources de complications sévères pour les femmes enceintes et le développement du foeutus . Il est fort probable que les munitions utilisées pour les bombardements dans les villes de Fallouja et Bassora soient à l’origine de ces tragédies .
LES MARIONNETTISTES AMERICAINS ONT FAIT DE L’IRAK
UNE CARICATURE DE LUI-MÊME
Les errances de Nouri Al Maliki auraient dû être corrigées , mais les Etats-Unis ont péché par omission , disent les amis de l’Oncle Sam et intentionnellement, rétorquent les Irakiens . Leur retrait , s’était fait , contrairement aux objectifs, qu’ils s’étaient eux-mêmes fixés . Par ailleurs, sans aucun accord sur toutes les questions qui hantent et hanteront l’Irak encore l’Irak pendant longtemps : à savoir : la révision de la constitution , l’allocation des territoires disputés , la répartition des ressources, les rapports entre le pouvoir central et les provinces , les prérogatives du premier ministre, et enfin l’institutionnalisation des contre-pouvoirs ainsi que le fonctionnement interne du parlement et surtout la structuration de l’appareil répressif qui fonctionne au gré de l’homme fort du moment .
Tout reste à négocier et renégocier, encore . En effet, de crise politique en crise institutionnelle , cette indétermination avait été théorisée par des personnes dont le seul but demeure l’accaparement du pouvoir et l’enrichissement illicite . Le second volet de » l’héritage américain » , concerne l’architecture identitaire , bancale et incomplète , dans laquelle les Irakiens se sont provisoirement empêtrés . En effet, en projetant une vision rudimentaire de la société , en calquant sur les Irakiens des concepts grossiers de l’ancien régime : « baaathisme , saddamisme , terrorisme, sectarisme ou tribalisme « tout en échafaudant une construction politique fondée sur des clichés construits par les Etats-Unis . Ils ont fait de l’Irak une parodie de lui-même . Il s’agit d’un phénomène qui évoque l’effet pervers d’un imaginaire colonial , quoique l’invasion n’avait pas, selon les amis de l’Oncle Sam, vocation à « coloniser « à proprement parler (…) sic !
C’est en traitant les sunnites comme s’ils étaient tous, des partisans de Saddam Hussein, que l’occupant les avaient regroupés contre lui . En effet, en les marginalisant dans son système politique , il les avaient poussé à regretter une ère dont ils avaient, souffert eux aussi . Du côté chiite, les Américains avaient également voulu distinguer les « bons », des « méchants « . Aggravant ainsi un simple clivage de classe en s’aliénant le mouvement prolétaire de Moktada Sadr , accusés à tort ou à raison d’être les suppôts de Téhéran . Quant aux Kurdes, eux , ils sont apparus comme des alliés naturels de l’ennemi arabe , renforçant ainsi leur autonomisation et leurs ambitions dans les territoires disputées Par ailleurs, selon toute vraisemblance, les Irakiens restent en partie prisonniers d’une image d’eux-mêmes , façonnées aux Etats-Unis , et que les Américains ont laissés derrière eux . Par ailleurs, si les identités qu’ils s’affichent le plus ostensiblement, elles sont souvent caricaturales . Quant aux quartiers de Bagdad , ils arborent une abondance de marqueurs identitaires ( portrais de « martyrs » , drapeaux et graffitis ) qui annoncent sans ambiguïté possible , leurs couleurs identitaires et partisanes . En effet, les institutions étatiques ne sont malheureusement pas à l’abri d’une telle absurdité . Dans un pays où les symboles nationaux se sont éclipsées derrière des emblèmes particularistes . Ainsi, des bannières chiites flotte-elles sur la plupart des barrages de contrôle de la capitale , bannissant ainsi leurs adversaires sunnites (…) !
LES IDEES RECUES AVAIENT RENFORCES LES PREJUGES IDENTITAIRES
Depuis 2003, les discours ont été empreints d’un sectarisme ostentatoire qui, avant 2003, était absent de la sociologie irakienne , du moins dans l’espace publique . Les préjugés réciproques s’expriment désormais sans aucune retenue . Loin des interminables propos convenus tenus naguère sur « la fraternité nationale « chanté par le premier interlocuteur pris au hasard , ne prendra que quelques minutes pour faire tomber le masque . Le même interlocuteur ne se gênerait pas d’accuser les « manifestants de l’Ouest de l’Irak « d’être un mélange de « baassistes « , de membres d’Al Qaïda et d’agents infiltrés et de décréter que maintenant , c’est aux chiites de régner « . Par ailleurs, dans ce registre , ça relève moins de la profession de foi que de la provocation gratuite . Mais qu’importe les affichages identitaires des uns et des autres qui viennent confirmer et renforcer les idées reçues de chacun (…) Et pourtant , dans une publique saturé d’images d’Epinal , les rappels des enchevêtrements identitaires irakiens sont à foison . En somme de nombreux facteurs peuvent venir aplanir les identités les plus contrastées.
Cependant, ce qui manque pour que ces modulations s’exprimant plus vigoureusement, c’est un peu de calme et de relâchement . Par ailleurs, le spectre des journées noires où des évènements extraordinaires explosent une violence , souvent très intime que les euphémismes tentent d’exorciser par une pirouette. Chacun se tourne vers ses lieux familiers et rassurants . Quant aux zones dangereuses, chacun essaye d’oublier son malheur en regardant ailleurs . Escamotant au passage, toutes les crispations identitaires de son répertoire communautariste infligé par les évènements .
En attendant une normalisation réelle ou lointaine, les Irakiens se bricolent un quotidien plus au moins plausible . En s’orientant bien dans le dédale d’un système politique alambiqué d’une société désaxée , dans une ville déstructurée et d’une économie compliquée par mille et une forme de prédation. La plus troublante dans ce climat malsain, c’est l’attitude de la classe politique irakienne , qui s’accommode de la situation plus qu’en elle essaie de la changer . En effet, le nouveau régime s’est coulé dans les vêtements de l’ancien sans faire de grands efforts. Les responsables squattent les résidences opulentes de leurs prédécesseurs qu’ils se sont appropriés sans vergogne, au lendemain de l’installation du sieur Paul Brumer , comme proconsul de l’Oncle Sam en Irak . Suivirent des années de pillage systématique des richesses économiques et culturelles du pays . A Bagdad, presque aucune infrastructure n’a été construite durant la décennie écoulée, à l’exception du siège de la municipalité , de la route de l’aéroport et quelques passerelles automobiles . Des stands censés abriter les policiers aux carrefours sont estampillés « cadeau de la mairie », dans une logique qui évoque les largesses de l’’ancien régime .
Quant aux salaires de la fonction publique, ils demeurent insuffisants , poussant ainsi ses membres à rechercher des revenues supplémentaires légaux ou non . La corruption à haut niveau est institutionnalisée et utilisée comme moyen de pression au besoin . L’arrivisme, le népotisme et incompétence gangrènent les institutions , du moins ce qui en restent . Aujourd’hui, encore tout est à espérer parce que tout est à faire . Le potentiel , les ressources au moins sont là. Le pays est riche en pétrole , bien que la corruption est bien ancrée et veille à ce qu’il n’en paraisse rien . La fuite des cerveaux pourrait un jour s’inverser , quad l’appareil d’Etat se nourrira à nouveau des compétences plus qu’il n’engraissera les fidèles, amis et les cousins et autres affidés . Il est impératif de sortir de cette nouvelle impasse d’un système politique dont l’intermédiation demeure une condition sine qua none d’un provisoire qui dure depuis deux décennies ( Première invasion de l’Irak en 1991 Par George Herbert Bush ) .
La seconde invasion a été perpétré par son fils George Walker Bush qui voulait montrer au monde entier qu’il n’était pas « l’idiot du Texas « , comme l’appellent ses amis . Après dix ans de guerre, il reste aussi idiot qu’avant . Deux guerres, deux échecs pour toute l’humanité qui n’a pas su anticiper le coup de Jarnac à venir . Le pire est à craindre avec l’arrivée d’une nouvelle génération de combattants assoiffés de vengeance et de revanche d’un Occident qui les prend, au mieux, pour des imbéciles et au pire pour de la chaire à canon pour valider ses expériences militaires sur le terrain ( bombardements à l’uranium appauvrie à Fallouja en Irak, entre 2003 et 2008 , à Gaza, en 2007 et maintenant à Rakka et Alep en Syrie . Et on s’étonne, pourquoi, le Deach triomphe malgré les bombardements alliés en Syrie et en Irak ?
L’ETAT ISLAMIQUE EN IRAQ « CE MONSTRE PROVIDENTIEL » !
« Selon le chercheur pour l’l’Institut International Crisis Group, M. Peter HARLING *, le mouvement djihadiste L’Etat islamique en Irak qui contrôle désormais une grande partie du Nord-Est de la Syrie et Nord-Ouest de l’Irak apparaît aussi déterminé et sûr de lui que la région qui l’entoure est confuse « . En effet, les conquêtes militaires de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie ont stupéfié le monde par leur rapidité et surtout leur brutalité . Elles avaient profité de la décomposition des Etats du Proche –Orient et avaient contrarié la stratégie des Etats-Unis . Afin de pouvoir « extirper le cancer djihadiste « , M. Barak Obama prétend compter avant tout sur les acteurs régionaux . En effet, la focalisation sur cet épouvantail commode, épargne à tous des remises en question douloureuses . Cette entité ne constitue en rien un nouvel Etat , puisqu’il rejette la notion de frontières et se passe largement d’institutions . En revanche , il nous en apprend beaucoup sur la situation du Proche-Orient , et notamment sur celles des Etats de la région , sans parler des politiques étrangères occidentales .
Par ailleurs, cette entité conquérante possède étonnamment une ligne rigide qui, à long terme la dessert , compte tenu de la composition de ses membres. Tous, des volontaires venus de partout et de tous les horizons . Quant à l’histoire de ce mouvement, elle avait commencé en Irak , à la suite de la deuxième invasion de l’Irak , en 2003. Ils étaient une poignée d’anciens « bathistes « ayant fait une alliance contre nature avec d’anciens « Moujahidins » rescapés de la guerre d’Afghanistan , ayant mis en Irak, une franchise locale d’Al-Qaida . Très vite, leur doctrine se dissocie de celle de la maison mère en affirmant de s’occuper en priorité de leurs ennemis les plus proches plutôt qu’à un adversaire lointain comme les Etats-Unis ou Israël . En effet, en ignorant superbement l’occupant américain , ils avaient amorcé une guerre confessionnelle entre sunnites et chiites . Puis, en rentrant dans leur, logique , ultra violence s’est retournée contre « les traîtres et apostats supposés « , parmi les sunnites . Par ailleurs, l’autodestruction qui s’en suivie , entre 2007 et 2008, avait réduit cette mouvance à quelques radicaux retranchés dans les confins du désert irakien . Si l’Etat islamique effectue un retour spectaculaire aux affaires , ce n’est pas le fait de hasard et aux circonstances . L’idéologie islamiste est le fruit d’une longue réflexion élaborée par une poignée d’hommes de l’ombre .
Ses ennemis déclarés , dont la liste est impressionnante , comparable à un Who’s Who de la scène stratégique régionale , lui ont ouvert un boulevard . Les régimes sectaires du sieur Nouri Al Maliki, et son corolaire , le président syrien Bachar al Assad, qui utilisé tous les moyens possibles et imaginables et mêmes les plus inimaginables (les armes chimiques) , pour combattre au « nom de la lutte contre le terrorisme » , une opposition sunnite qu’ils s’étaient évertués à radicaliser . Leurs partenaires de circonstances , Washington dans un cas, et Moscou dans l’autre , ensuite , qui les avaient encouragés . Quant à l’Iran, il leur avait offert un soutien inconditionnel à travers ses réseaux occultes, infiltrés au Liban . Téhéran avait poursuivi et poursuit encore une politique étrangère qui se résume , de plus en plus, à l’entretien des poches de miliciens chiites , qui contribuent à une polarisation confessionnelle .
LE RÔLE NOCIF DES BEDOUCRATIES DU GOLFE
DANS LES GUERRES CONFESSIONNELLES QUI SECOUE LA
REGION DEPUIS TRENTE ANS
Force est de constater que le rôle des pétro-bédoucraties du golfe demeure la source de nuisance dans la région . Avec des milliards de pétrodollars , jetés aux quatre vents , finançant ainsi une économie islamiste , partiellement ou complètement occulte . La Turquie , elle , avait pendant longtemps ouvert ses frontières avec la Syrie aux djihadistes , venus, du Maghreb ( selon des estimations sérieuses, ils dépassent les cinq mille , spécialement venus de Tunisie ) , quelques centaines de France et de Navarre qui se mélangent avec apprentis djihadistes venus de toute part , même d’Australie (…) sic !
Les Etats-Unis devrait être jugés par contumace : après une décennie d’agitation insensées sous l’égide de George W. Bush, alias l’idiot du Texas , M. Barak Obama ayant opté pour une posture inverse , à savoir un laisser-faire flegmatique et hautin . Alors que les régimes en faillite , en Syrie et en Irak , apparaissaient clairement comme des pépinières de djihadistes de tout poil . En effet, en l’espace de deux ans, non seulement l’Etat Islamique ayant envahit ses voisins, mais il s’est répliqué de plus en plus , jusqu’à envahir de grandes villes comme Fallouja, dans la province insurgé d’Al Anbar, Rakka en Syrie et surtout la deuxième ville d’Irak, Mossoul connue pour sa mixité et sa tolérance où cohabitent sunnites, chrétiens , chiites, Yazidis et bien d’autres .
Fait marquant : c’est le premier mouvement , dans le monde arabe , qui avait sorti le « djihadisme « de son cocon . Il serait de bon aloi, de tenir compte qu’une partie de son succès tenait de sa stratégie conquérante , qui ambitionne de « conquérir le monde » , comme le suggère sa propagande , ses vassaux et ses détracteurs . Il veut , en effet, s’ancrer dans l’espace qu’il occupe .Ce qui l’avait poussé au pragmatisme qu’on ne lui connaissait pas . jusqu’à présent. Ses combattants rançonnaient des prisonniers occidentaux au lieu de les exécuter sommairement . En effet, l’exécution d’un otage américain , en réponse aux frappes en Irak, le 19 août 2014 , avait représenté , un changement significatif . Les djihadistes ont montré leurs vrais visages de cupides prêts à se battre pour le pétrole qui leur assure une autonomie financière . Ils s’attaquent volontiers à de fragiles rivaux sunnites dans leurs zones de prédilection, mais leur vaillance retombait lors de confrontations trop coûteuses avec des adversaires plus farouche qu’eux . Ils participent très peu à la lutte contre le régime syrien et évitent le face-à face avec les milices chiites irakiennes et modèrent leur antagonisme envers les factions kurdes . Pour autant , que l’Etat islamique ait peu à offrir . En effet, la situation désastreuse à Mossoul, l’illustre parfaitement .
Quant aux ressources colossaux amassées durant ces dernières années , sous forme de butins de guerre (450 millions de dollars, venant de la Banque centrale de Mossoul ) qui s’ajoutent à la centaine de millions de dollars collectés comme rançons payés par les pays occidentaux , en échange de la libération de leurs ressortissants . Ceux qui ont refusé de payer, ils ont vu leurs citoyens exécutés froidement . Cependant, ces ressources considérables ne suffisent pas pour une quelconque redistribution . Quant à leurs principes de gouvernement, elles relèvent de l’anachronisme : une résurrection des pratiques du prophète de l’islam , ce qui serait incommode même si elles étaient bien comprises . En effet, au delà de cette utopie mal dégrossie qui ne s’appuie sur aucune théorie tangible de l’Etat islamique . Il s’agit d’une lacune dans le monde sunnite en général , mais colle aux principes du chiisme de la révolution iranienne .
Ce qui montre que la théologie de l’Etat islamique repose sur des dunes de sable mouvant . Au mieux, il met en œuvre une vision plus codifiée de la guerre , ce qui lui procure un avantage par rapport aux autres groupes armés s’adonnant à la criminalité pure et simple . Cette codification renforce sa cohésion d’ensemble grâce à des pratiques et à un discours violent, mais relativement contredit par les faits sur le terrain .
LE SENTIMENT D’INJUSTICE VECU PAR LES SUNNITES D’IRAK
L’incurie crasse des gouvernements Nouri Al Maliki, ont généré un vide , que l’Etat islamique essaye de combler en occupant le Nord-est de la Syrie, et le Nord de l’Irak, parce que le régime de Bachar Al Assad l’avait abandonné depuis trois ans , et parce que l’opposition qui l’aurait éventuellement pu suppléer avait été laissée en déshérence par ses parrains présumés , notamment les Etats-Unis . Ils s’étaient engouffrés dans des villes comme Fallouja et Mossoul, parce que le pouvoir central , à Bagdad, ne s’en souciait guère, considérant ce territoire comme hostile à son égard . Il y maintenait une présence, tout à la fois corrompue , répressive et précaire.
Quant à son expansion rapide dans des zones contrôlés par les forces kurdes , mais habités par des chrétiens et yézidies , s’explique par le peu d’intérêt pour les victimes de la part de leurs défenseurs supposés , les kurdes, qui ont préféré se replier sur leur territoire naturel , laissant leurs supposés protégés patauger dans leur sang et leurs larmes (…) sic ! Aussi connu sous l’appellation « Daesh » , son acronyme en arabe, à consonance péjorative , l’Etat islamique remplit également un vide sur le plan abstrait . Par ailleurs, le monde sunnite peine autant à rendre compte de son passé qu’à envisager son avenir . Après VIII siècles de domination ottomane et un siècle de domination britannique, le monde arabe est sorti divisé, laminé et au bout de souffle . Après un XXe siècle décousu, faisant suite à une longue occupation ottomane qui avait réduit à néant la culture arabe et abaissé l’individu arabe au rang d’esclave , corvéable à souhait , dépendant d’un empire maléfique qui se disloqua en 1914 , au grand soulagement des populations . Suivirent des années d’incertitudes et d’échecs patents : anti-impérialisme, socialisme, diverses formes d’islamisme , capitalisme éhonté , qui n’avaient débouché que sur des expériences ambigües et amères .
Hormis la Tunisie , qui sonna le glas à quarante ans de navigation à vue . Des espoirs sont nés des soulèvements de 2011, hélas de courte durée . Le « printemps arabe s’est transformé en hiver islamique nauséabond, partout dans le monde arabe : Tunisie, Egypte, Libye, Yémen, Syrie, et Bahreïn . Ce tremblement de terre politique, effraya les « bédoucraties « du CCG ** qui, du jour au lendemain se trouvèrent nus , sans la protection de la « doctrine Carter « qui préconise que tout intervention sur les ressources pétrolières dans les pays du Golfe , entraînera l’intervention des Etats-Unis …Et ses alliés naturels . Une coalition contre l’Etat Islamique est entrain de se constituer … Avec les « bédoucraties « du Golfe, réussira-t-elle ? Ou bien , ne réussira pas ? L’avenir nous le dira … Mais la question qui se pose : -Vers qui se tourner pour trouver une source d’inspiration et de confiance en soi et de fierté ? - Les réactionnaires des pays du Golfe ? L’Egypte du maréchal El Sissi ? Et pendant ce temps , le monde chiite , lui commence à se remuer et à s’imposer comme interlocuteur indispensable pour l’Occident et entend jouer un rôle , toujours plus grand dans le monde arabe .
Le Hezbollah dicte sa loi au Liban, et un axe confessionnel reliant Beyrouth, Damas , Bagdad et Téhéran se consolide de jour en jour . Il en découle un phénomène alarmant : la majorité sunnite dans la région développe un complexe minoritaire – un sentiment confus mais puissant de marginalisation , dépossession et d’humiliation . Ils sont de plus en plus nombreux , dans plus d’endroits , les sunnites qui se croient et se disent privés de leurs droits élémentaires et persécutés . Le plus inquiétant peut-être ,c’est que l’Etat islamique est devenue un cache-sexe d’une vacuité politique généralisée . Tous ceux qui abhorraient « une guerre contre le terrorisme « de W. Bush , y voyait en soit une idée naïve de pompier pyromane , soit la rémanence aberrante d’une logique impériale .
Daesh justifie tous les excès de la fuite en avant iranienne vers plus de sectarisme chiite , en réponse à son équivalent sunnite . Par ailleurs, les ambivalences de l’Occident qui ne sait plus où donner la tête , sans oublier les compromissions d’une grande partie des élites du monde arabe dans une orgie de violence contre-révolutionnaire , ou encore l’aliénation croissante des minorités par rapport à leur environnement . Il s’agit d’une dynamique dont elles sont les victimes , mais aussi les actrices , puisqu’elles se raccrochent à des formes de répression qui aggravent le problème . Les Etats-Unis ont fini par réagir en Irak parce qu’ils pouvait le faire à bon compte : pas de risque d’escalade avec l’Etat islamique , qui n’a pas de moyens de rétorsion immédiate . Pas de tollé dans l’opinion publique américaine ou internationale , largement acquise à la cause . Pas de complications diplomatiques non plus . Puisque Deash fait l’unanimité contre lui au sein du gouvernement irakien et au leadership kurde comme chez le voisin iranien, turc et saoudien . ****
TRENTE PAYS S’UNISSENT POUR LUTTER CONTRE L’ETAT ISLAMIQUE
, CEPENDANT DE NOMBREUSES QUESTIONS RESTENT OUVERTES !
La communauté internationale a promis , lundi 15 septembre 2014, de soutenir la lutte de Bagdad contre les djihadistes islamique (EI), « par tous les moyens nécessaires , y compris militaires » . Elle a pris cet engagement à l’issue de la conférence internationale de Paris sur la sécurité en Irak . Les participants affirment « que « Deach » , acronyme arabe de « EI » , constitue une menace pour l’Irak , mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale . Une trentaine de pays , dont cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, ont débattu , au cours de cette conférence des aspects sécuritaires, humanitaires et politiques de la réponse à apporter du défi posé par l’Etat islamique , qui a pris par surprise la communauté internationale cet été en s’emparant de plusieurs régions en Irak et en Syrie .
De son côté l’Iran a rejeté une demande de coopération américaine . Au delà de leur détermination affichée , les participants à la conférence, de Paris , n’ont pas dévoilé aucun contour du « plan international « à venir , ni donné le moindre détail de calendrier ou de liste de membres d’une possible coalition . Pour le moment il s’agit d’une agitation intense générée par la France, en mal de publicité après la débandade des élections municipales du printemps dernier . La nomination de M. Manuel Vallls, a la tête du gouvernement n’a pas arrangé les affaires du PS et ses alliés verts, qui ont claqué la porte, laissant les socialistes seuls ou presque , face à leur sort . Une fuite en avant entraîne une autre, M. Hollande multiplia les interventions belliqueuses en Afrique ( Côte d’Ivoire, Mali. Centre Afrique ) au nom d’un néo-colonialisme qui ne dit pas son nom . Très bas dans les sondages ( moins de 15% de l’opinion publique française lui fait confiance ) à cause de son manque de charisme et surtout son incompétence flagrante . Certes, il est énarque de la promotion « Voltaire », Mais il est resté figé en perpétuel « contrôleur de finance « . Son évolution est restée confinée dans les cabinets politiques ( secrétaire général du Parti socialiste pendant douze ans ) . Ce dernier coup de va-ton- guerre n’est qu’agitations pour camoufler son échec patent de redresser la France .
Ce qui ne l’empêche pas de s’attribuer « un rôle majeur « en Irak . Ce qui est , très loin de la réalité sur le terrain . Craignant de se faire qualifier de « supplétif des Américains » , le Président s’est flatté d’être « le premier chef d’Etat » à se rendre à Bagdad pendant l’offensive des djihadistes. *****
Quant aux Arabes, ils sont toujours fidèles à leur image de plâtre sur une jambe de bois qui, non seulement ils ont encouragé les extrémistes à s’épanouir , mais ils l’ont inondé de pétrodollars et l’inondent encore à travers leurs œuvres caritatives qui maillent la planète entière . Certains pays arabes sont nommément accusés d’avoir fait prospérer l’Etat islamique en lui apportant leur soutien inconditionnel partout où il opère . A cet égard, une seconde conférence , dont la date n’est pas encore fixée , devrait se tenir prochainement à Bahreïn , afin de déterminer les moyens de couper les circuits d’approvisionnement de l’EI, en nouvelles recrues et en ressources financières (…) sic !
CONCLUSION
Dans sa longue histoire, l’Irak avait vu passer les pires dictateurs , sans sourciller , même les plus abjects, a commencer par Abou Jâfar Al Mansour, dit l’Assassin, El Hajaj Ben Youssef Al Thakfi, Jengis Khan, Abdel Karim Kacem , Abdessalam Aref et maintenant une kyrielles d’assassins en herbe qui veulent asseoir une notoriété qu’ils n’ont pas et n’auront jamais malgré leur terreur aveugle que sèment les djihadistes de l’Etat islamiste .
L’Irak restera l’Irak éternel , malgré les soubresauts qui le secouent durant ces vingt dernières années .
Quand à nous, nous condamnons fermement toutes les violences et la barbarie d’où elles viennent . Les barbares n’ont pas de place dans une société civilisée .
* Peter HARLING – Chercheur pour International Crisis Group ;
** Le Monde Diplomatique No 726 –Septembre 2014;
*** Bédoucratie : Terme utilisé pour la première fois par le soussigné en 1991, désignant un Etat croupion qui règne sur des sujets plus bêtes que méchants capable de faire appel à l’ennemi pour se protéger de son propre peuple ;
Le Koweït fut l’exemple le plus affligeant .
**** La guerre des Bush – Eric Laurent –LE GRAND LIVRE DU MOIS
– Editions PLON 2003
***** Le Canard enchainé du mercredi 17 septembre 2014
DR Mohamed BEN ABDALLAH
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB;
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE
LE POSSIBLE & LE REALISABLE « ;
DEPUIS LE 1er mars 2009
&
EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF DU SITE
www.dr-ben-abdallah.ch
EN LIGNE DEPUIS LE 1er Mars 2009
SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch
BASE SIS 1202 GENEVE II
02/10/2014