
EDITORIAL POLITIQUE
LA REPUBLIQUE TUNISIENNE SE DOTE DE SA DEUXIEME
CONSTITUTION DEPUIS SON INDEPENDANCE EN 1956 …
PREMIERE PARTIE
Dimanche, fin de soirée, l’Assemblée avait célébré dans la liesse l’adoption finale de la Constitution . En effet, trois ans après la chute de Ben Ali, une nouvelle constitution tunisienne a été adoptée, dimanche, 26 janvier , à une écrasante majorité ( 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions ) au sein de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Elle remplace ainsi la Constitution de 1959, suspendue depuis mars 2011 .
Par ailleurs, deux ans et trois mois auront été nécessaires à cette Assemblée , élue en octobre 2011, pour finaliser le préambule de ce texte et ses 146 articles , organisés en dix chapitres . La nouvelle Constitution est le fruit d’un compromis entre les islamistes d’Ennahda, arrivés en tête aux élections, et les autres forces politiques représentées au sein de l’ANC, dont les débats houleux ont retardé le travail de l’Assemblée . Au cours de ces deux derniers mois, les articles ont été débattus un à un par l’Assemblée en séance plénière .
Par ailleurs, la Constitution s’inscrit , comme l’affirme son préambule dans « les objectifs de la révolution , dans la liberté et la dignité, révolution du 17 décembre 2010-14 janvier 2011 » . Elle consacre un exécutif bicéphale et accorde une place réduite à l’Islam . Pour la première fois dans le monde arabe, est introduit un objectif de parité hommes-femmes dans les assemblées élues .
LES PRINCIPAUX CLES DU TEXTE LES PRINCIPES GENERAUX
La Constitution instaure, dans sa préambule, « un régime républicain démocratique et participatif dans le cadre d’un Etat civil et gouverné par le droit et dans lequel la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce sur la base de l’alternance pacifique à travers des élections libres , et du principe de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs » . Les articles 1 &2 de la Constitution précisant les caractères de l’Etat : Article 1.
La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain , l’Islam est sa religion, l’Arabe sa langue et la République son régime . Il n’est pas permis d’amender cet article .
Article 2.
La Tunisie est un Etat à caractère civil, basé sur la citoyenneté , la volonté du peuple et la primauté du droit . Il n’est pas permis d’amender cet article .
UN REGIME PARLEMENTAIRE MIXTE
La Tunisie s’est dotée d’un régime mixte : un régime parlementaire dans lequel le président de la République dispose de certaines prérogatives comme dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple (art.77) et retoquer les textes de lois. Le président définit les politiques générales dans le domaine de la défense, les relations étrangères et la sécurité nationale, après consultation du chef de gouvernement art.77).
Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République et le chef du gouvernement ( art. 71) . Le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans au suffrage universel direct ( art. 75) et il désigne le candidat du parti ou de la coalition électorale arrivée en tête des élections législatives comme le chef du gouvernement ( art. 89). Le président de la République peut demander à l’Assemblée des représentants du peuple de procéder à une cote de confiance au gouvernement, au maximum, deux fois pendant le mandat présidentiel (art. 99) .
Le pouvoir législatif est exercé par le peuple à travers ses représentants à l’Assemblée des représentants du peuple ou par voie de référendum (art. 50). Les membres de l’Assemblée sont élus au suffrage universel direct (art. 55) , pour un mandat de cinq ans (art. 56).
L’Assemblée peut présenter une motion de destitution du président de la République en cas de violation de la Constitution (art. 88) et voter une motion de défiance contre le gouvernement (art. 99) . Par ailleurs, marquée par des décennies d’hégémonie du Rassemblement démocratique (RCD), de l’ex-président Ben Ali, les représentants tunisiens ont introduit des garanties pour le respect du puralisme politique en réaffirmant les droits de l’opposition au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (art. 60) .
LA PLACE DE LA RELIGION
Le préambule reconnaît « l’attachement (du peuple) aux enseignements de l’Islam et ses finalités caractérisées par l’ouverture et la modération , des nobles valeurs humaines des principes des droits de l’homme universels « . L’article 1 reconnaît la place de l’Islam comme religion de la Tunisie, mais la loi islamique (la charia), n’est pas mentionnée comme source du droit, comme le voulaient initialement les islamistes . L’article 2, réaffirme en outre la nature civile de l’Etat .
A noter que seuls les électeurs de confession musulmane , peuvent se présenter à l’élection présidentielle (art. 74) . Une des avancées introduites par la Constitution est la reconnaissance de la « liberté de croyance et de conscience « (article 6), ce qui limite la possibilité d’engager des poursuites pour apostasie . Les islamistes n’ont pas obtenu que ce soit inscrite dans la Constitution la criminalisation des atteintes au sacré, mais l’Etat a pour obligation de « protéger les sacrés » .
LES DROITS ET LIBERTES FONDAMENTALES
L’Etat doit garantir les droits et libertés individuels et collectifs , comme mentionné dès le préambule et dans l’article 21. La Constitution donne une liste exhaustive de ces droits, à l’instar de l’égalité des citoyens et citoyennes en droits et devoirs (article 21), le droit à la vie (art. 22), la protection de la dignité de la personne et l’interdiction de la torture (article 23), le droit à la vie privée et la confidentialité des correspondances, des communications et données personnelles (art. . 24) , la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable (art.27), des libertés d’opinion , de pensée, d’expression, d’information et de publication (art. 31), le droit d’accès à l’information et aux réseaux de communication (art.32), la liberté de constituer des partis politiques, des syndicats et des associations (art.35), le droit syndical (art.36), la liberté de rassemblement et de manifestation pacifiques (art. 37 . Aucun amendement constitutionnel ne peut toucher les acquis en matière de droits et libertés (art. 49) .
LES DROITS DE LA FEMME
La Constitution tunisienne est, dans le monde arabe et musulman, la loi fondamentale qui offre le plus de garanties pour les droits des femmes . Ainsi , dans l’article 34, la Constitution oblige l’Etat à garantir la représentativité des femmes dans les assemblées élues . L’article 40, affirme que « tout citoyen et toute citoyenne ont le droit au travail dans les conditions décentes à salaire équitable « . L’article 46, consacré plus particulièrement aux droits des femmes, inscrit dans la constitution la protection des acquis de la femme, le principe de la parité et la lutte contre les violences faites aux femmes .
L’article 46. Préconise :
L’Etat s’engage à protéger les droits acquis de la femme, les soutient et œuvre à les améliorer . L’Etat garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assumer les différentes responsabilités et dans tous les domaines . L’Etat œuvre à réaliser la parité entre la femme et l’homme dans les conseils élus . L’Etat prend les mesures nécessaires afin d’éradiquer la violence contre la femme .
LA COUR CONSTITUTIONNELLE
La création d’une cour constitutionnelle (art. 118 à 121) est une avancée fondamentale pour la Tunisie, en ce sens qu’elle limite le pouvoir législatif et la possibilité , pour le législateur , de voter des lois contraires aux droits et aux libertés fondamentales .
Le contrôle constitutionnalité des lois s’exerce à la demande des autorités publiques (gouvernement , président ) ou peut-être requis par les parties lors d’un procès (art. 120). Toute proposition de la révision de la Constitution lui est soumise (art. 144) . L’article 125 porte en outre création de cinq autorités constitutionnelles et indépendantes de régulation (droits de l’homme, médias, élections, bonne gouvernance et lutte contre la corruption, environnement ) .
COMMENT EST PERCU, LA NOUVELLE CONSTITUTION TUNISIENNE ?
Selon M. Iadh Ben Achour ,
éminent juriste tunisien, qui avait démissionné en 1992, du Conseil Constitutionnel , pour protester contre la loi sur les associations , jugée liberticide . En 2002, il dénonçait la révision qui avait permis à l’ancien président Ben Ali, de se représenter .
Au lendemain de la révolution , il présida la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution , puis un comité d’experts qui avait accompagné toutes les étapes de la nouvelle constitution . Cette Constitution est révolutionnaire pour son article 6, qui instaure la liberté de conscience , et c’est bien le mot « dhamir » , en langue arabe et « conscience « , dans la langue de Molière , qui figure en Arabe . Pour cet éminent juriste, c’est à elle seule , cette disposition est une « constitution « dans la CONSTITUTION .
En effet, autant que l’Islam n’a pas de difficulté à reconnaître la religion des autres, autant, il a imposé comme règle aux musulmans qu’ils n’avaient, eux, pas le droit de changer de religion . Dans certains pays, comme l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Afghanistan , la personne risque la peine de mort , selon un dit du Prophète , dont on peut discuter l’authenticité . Par conséquent, poser comme principe de la liberté de conscience n’est inscrite que dans deux anciennes républiques soviétiques , en l’occurrence , l’Ouzbékistan et le Tadjikistan . Au Liban, elle résulte d’une erreur de traduction une révolution intellectuelle . On commence à dissocier les choses . La religion devient une question de for intérieur .
Le crime d’apostasie n’a plus le droit de cité . Cependant, il aura fallu quelques concessions . Lors de la dernière discussion du 23 janvier, sur cet article 6, il a été ajouté que « l’Etat s’engage à interdire les atteintes au sacré, tout appel au takfir « accusation d’apostasie « , incitation à la haine et à la violence » . Donc, en définitive, sans revenir à l’idée de certains de vouloir « criminaliser les atteintes au sacré » . Comme cela figurait dans les premiers brouillons de la Constitution , on donne quand même un petit coup de chapeau aux choses sacrées, mais ce n’est pas le plus important . « la charia comme source de droit n’existe plus » .
LE PARADOXE DES ISLAMISTES
En effet, le grand paradoxe , demeure que cet acquis de la modernité a été gagné alors que les islamistes étaient majoritaires au gouvernement et à l’Assemblée . En vérité un gouvernement laïque n’aurait jamais pu faire cela , car il aurait été immédiatement suspecté d’être contre l’islam. Seul un parti comme Ennahda pouvait faire .
C’est un parti qui, au fond de lui-même, n’aime pas la liberté de conscience , mais il a dû transiger pour se montrer défenseur de la démocratie , des libertés et du droit . Une interprétation libérale de quelques versets coranique a fait que ces élus ont pu l’admettre . Quant à l’article qui instaure la liberté de conscience, il avait soulevé beaucoup de résistance des imams, d’associations religieuses qui pensaient avoir le soutien populaire , cependant, ils ont échoué lamentablement . Cette Constitution reflète l’ensemble des négociations entre deux bords, deux tendances qui existent au sein même de la société tunisienne.
Elle est une synthèse de demandes contradictoires sur un pont fondamental qui est le rapport du politique au religieux . Cette Constitution repose sur quelques principes fondamentaux . L’article 2, qui reconnaît l’Etat tunisien comme un « un Etat civil « , sert à interpréter le premier article , inchangé depuis la Constitution de Bourguiba de 1959, qui dit : « La Tunisie est une République , sa religion est l’islam et sa langue l’arabe « . Le mot « civil » est très fort . La Tunisie est un Etat fondé sur la citoyenneté , la volonté populaire et la suprématie du droit . Il ne peut donc être théocratique . Un démocrate peut tout à fait s’y reconnaître .
LES POINTS IMPORTANTS DU TEXTE
Le premier pilier demeure l’affirmation d’un Etat civil , le deuxième , la liberté de conscience . Le troisième pilier concerne les droits de la femme . Les citoyens et citoyennes sont égaux devant la loi . L’article 45 est tout aussi important : « l’Etat s’engage à protéger et à renforcer les acquis de la femme, et même à les faire évoluer « .
Autrement dit , le code du statut personnel ( adopté en 1956, ce code a donné à la femme tunisienne les droits les plus avancés dans le monde arabe ) devient le minimum . L’Etat s’engage, par ailleurs, à rendre toutes les mesures pour éradiquer les violences faites aux femmes . Enfin, l’objectif de la parité est inscrit pour les futures assemblées élues . Tous ces points renforcent un élément-clé de la démocratie fondée sur l’égalité hommes-femmes . Quatrième pilier : la limitation du parlement en matière de restriction des libertés des droits fondamentaux .
Nous avons toujours souffert , sous Bourguiba, sous Ben Ali, d’être soumis à des lois liberticides qui vidaient les textes constitutionnels de leur substance . Or, désormais, le législateur ne peut plus faire ce qu’il veut . S’il était tenté , il faudrait qu’il fasse sans porter atteinte aux droits de l’homme et en respectant le principe de la proportionnalité entre la restriction et le motif de la restriction . Le législateur est surveillé , il peut être censuré par une Cour constitutionnelle qui n’existait pas jusqu’ici . Il y avait seulement un Conseil constitutionnel consultatif .
LES EVENTUELLES RESERVES
Si, et elle concerne le droit à l’enseignement , obligatoire jusqu’à 16 ans . Le 7 janvier , un amendement avait fermé la porte de la modernité en stipulant que l’Etat devait « enraciner « les jeunes dans la culture arabo-musulmane , renforcer la langue arabe et la généraliser .
Quid des sciences et ouverture aux langues étrangères ? Après un grand tapage médiatique, l’amendement a été révisé dans le bon sens : « si l’Etat œuvre pour favoriser l’éducation des enfants dans leur identité arabo-musulmane et à consolider la langue arabe figurant aussi l’identité tunisienne, l’ouverture aux langues étrangères, et aux civilisations , et aux apports de la culture des droits de l’homme « .
Par ailleurs, des droits de la culture, à la liberté de création , aux valeurs de tolérance sont contenus dans d’autres articles . Au font la plus grande réserve porte sur l’aspect technique . Après deux ans de tergiversations, les députés sont passés à la vitesse supersonique en janvier pour adopter ce texte et, sur le plan technique , cette Constitution présente quelques défauts . Les dispositions transitoires de l’Assemblée jusqu’aux prochaines élections font deux pages !
C’est une Constitution longue, complexe, qui souffre d’un trop-plein . Enfin, un dernier regret : la peine de mort n’a pas été abolie, même si la Tunisie ne l’applique plus depuis 1991 . Même si dans le comité d’experts, ils avaient tenté son abolition sans aucun succès possible .
LA CONSTITUTION TUNISIENNE, PEUT-ELLE INFLUENCER
D’AUTRES PAYS ARABES ?
Selon toute vraisemblance, nous ne sommes pas loin de faire tâche d’huile ! On commence à en parler dans les pays voisins …Déjà, certains avaient peur de la contagion avec la révolution , alors ceux qui tiennent à la charia comme source de droit …Mais il y a quelque chose de plus important que la Constitution : l’’instauration du débat public . Pour la première fois, les évolutions de la société ne sont imposées d’en haut . Bourguiba était un despote certes éclairé, mais un despote quand même . Il avait défendu les femmes, imposé la gratuité de l’école, mais c’est c’était une volonté d’en haut . Cette fois, le débat est instauré . Il oppose les modernistes et les traditionalistes , les partisans d’un l’Etat civil ou d’essence religieuse, et il est ouvert . C’est une œuvre collective , avec les auteurs de dizaines d’associations, qui ont pesé à l’extérieur de l’Assemblée . ( le comité d’experts, mouvement citoyen, réseau social citoyen, ainsi que d’autres associations qui militent pour la transparence de la vie politique ) . Cette Constitution n’est pas à 100% la propriété d’une tendance ou une autre . C’est une avancée considérable . Maintenant c’est aux politiques de veiller à son application .
DEUXIEME PARTIE :
LE NOUVEAU GOUVERNEMENTOBTIENT LA CONFIANCE
La formation du cabinet du nouveau premier ministre Mehdi Jomâa a été le résultat de semaines de tractations ayant inclus l’essentiel de la classe politique tunisienne .
Le gouvernement d’indépendants de Mehdi Jomâa avait obtenu la confiance de l’Assemblée dans la nuit de mardi 28 au mercredi 29 janvier, avec pour mission de sortir la Tunisie de sa profonde crise politique et d’organiser dans l’année des élections .
Cent quarante-neuf élus ont voté pour, 20 contre et 24 se sont abstenus après un débat marathon permettant l’entrée en fonction de ce cabinet qui devrait recueillir le soutien d’au moins 109 députés . La formation de ce cabinet à été le résultat de semaines de tractations ayant inclus l’essentiel de la classe politique .
Il succède à l’équipe dirigé par les islamistes d’Ennahda, qui ont accepté de quitter le pouvoir pour laisser des indépendants conduire la Tunisie vers des élections . L’exercice s’est avéré difficile que prévu pour M. Jomâa qui, de la fin de matinée à près de une heure du matin, a fait notamment , face aux critiques de nombreux députés ayant accusé différents membres de son cabinet d’avoir occuppé des fonctions importantes sous le régime de Ben Ali, chassé par la révolution en 2011. Le candidat au poste de ministre de la justice, Hafedh Ben Salah, était particulièrement visé . « Si vous allez voter pour ce gouvernement, vous signerez l’arrêt de mort de la révolution « , ayant lancé un des élus , Hichem hosni . « Elevons le débat ! Ca ne se fait pas d’accuser des gens alors qu’ils peuvent être innocent « avait répliqué le député Salah Chouaëb . Aucune preuve de ces accusations n’a été apporté , alors qu’aucune enquête d’ampleur n’a été menée depuis la révolution sur les crimes commis durant les deux décennies du régime Ben Ali .
LE BUT ESSENTIEL : » DES ELECTIONS LIBRES ET INTEGRES «.
Le chef du gouvernement Mehdi Jomâa avait pour sa part voulu défendre les siens , assurant avoir fait son choix sur la base de « la compétence, de l’indépendance et de l’intégrité « . Tout en promettant de se pencher sur les accusations contre ses ministres soupçonnés d’avoir servi l’ancien régime . « S’il y a des ministre qui ne répondent pas à l’un de ces trois critères , je m’engage à réviser « la composition du cabinet, avait déclaré M. Jomâa, ministre sortant de l’industrie .
Par ailleurs, dans la matinée, M. Jomâa avait fixé ses priorités dans son discours de politique générale , insistant sur la nécessité de rétablir la sécurité face au terrorisme et de créer les conditions pour relever l’économie afin que les élections puissent avoir lieu en 2014 . Il ne faut pas « oublier les difficultés de cette période de transition : difficultés sécuritaires, économiques , sociales et politique . Le but suprême est d’aller vers des élections libres intègres « , ayant déclaré cette personnalité peu connue du public, mais réputée » indépendante « .
En effet, la Tunisie est minée par l’essor d’une mouvance djihadiste depuis la révolution et aussi régulièrement déstabilisée par les conflits sociaux , parfois viole, en référence en raison du chômage endémique. M. Jomâa a ainsi appelé au « calme social « , en référence aux grèves sauvages et blocages réguliers d’entreprises , notamment , publiques , pour forcer à des embauches . La formation de ce gouvernement doit constituer la dernière étape de « la transition démocratique « , entamée en janvier 2011 . Son entrée en fonction , intervient tout juste après l’adoption dimanche, après , plus de deux ans de débats de la nouvelle constitution .
LE FMI DEBLOQUE 506 MILLIONS DE DOLLARS
POUR LA TUNISIE, AFIN DE PARER AU PLUS PRESSANT …
Pour encourager, la nouvelle équipe de M. Jomâa, le FMI a débloqué 506 millions de dollars (370 millions d’euros), Il s’agit d’un prêt en faveur de la Tunisie après plusieurs mois de retard liés à l’instabilité politique du pays . Dans un bref communiqué, le Conseil d’administration du FMI, qui représente 188 Etats membres, indique avoir donné le feu vert à ce versement , dans le cadre du plan d’aide de 1,7 milliard de dollars, accordés en juin au pays pour accompagner sa transition politique .
Cette manne reste une goutte d’eau par rapport aux besoins réels de la Tunisie qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars . Pour redémarrer la machine économique grippée depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir en 2011. Cette manne de 506 millions servira à parer au plus pressant et surtout à préparer les élections législatives et présidentielles au courant de cette année . En tout cas ce n’est pas ce gouvernement de technocrates qui va redresser le pays . D’ailleurs, ce n’est pas dans ses attributions, ni dans sa feuille de route . Par ailleurs, Selon cette institution de Breton Wood, le Produit intérieur brut de la Tunisie aura progressé de 3% (…) !
Ce qui nous étonne , énormément, dans la mesure où le PIB de la Tunisie a réellement régressé de 2% et l’inflation a grimpé à 3,5% . Le cumul de l’inflation plus la régression du PIB est de 5,5% , en négatif . Après les élections, le moment venue, la Tunisie lancera un emprunt public citoyen de huit milliards de dollars, à charge des Tunisiens de souscrire des bons de trésor de 500, mille, cinq mille et 10 mille dinars à un taux de 14% . Remboursables sur cinq ans et garanties par le trésor public tunisien et la Banque Centrale de Tunisie (BCT) , qui serviront à redémarrer l’économie, en panne depuis 2011 .
UN AN, PRESQUE JOUR POUR JOUR ;
LES FORCES SPECIALES TUNISIENNES ONT TUÈ
L’ASSASSIN PRESUMÈ DE CHOKRI BELAÏD …
A quelques heures du premier anniversaire de la mort de l’opposant de gauche, feu Chokri Belaïd, assassiné à Tunis le 6 février 2013, le principal suspect, Kamel Kadhkhadi, a été tué par les forces spéciales tunisiennes . Les proches de Chokri Belaïd restent dubitatifs .
Pour certains, il s’agit d’une opération qui intervient à point nommé. Ils ont maintenu le programme de la commémoration , avec, notamment , l’illumination de la principale artère de Tunis de petites bougies, tandis qu’une dizaine de chefs d’Etats, dont François Hollande, sont attendus dans la capitale tunisienne, vendredi 8 février 2014, pour célébrer la nouvelle Constitution du pays .
LE PRESIDENT FRANCAIS FRANCOIS HOLLANDE EN RENFORT …
Finalement, sur la dizaine de chefs d’Etat, attendus à Tunis , il n’y a que M. François Hollande qui avait fait le déplacement pour adouber les autorités locales en les gratifiant de tous les superlatifs . Oubliant au passage que cette Constitution était « un accouchement dans la douleur « et le fruit de pressions des bailleurs de fonds et la nomination d’un proconsul en Tunisie , en la personne de M. Mehdi Jomâa, comme premier ministre . Epargnons-nous des superlatifs et concentrons-nous sur l’essentiel : préparer les élections dans les plus brefs délais et cessons de jouer les prolongations inutiles .
Quant à cette opération de police, qui s’est terminée dans le sang est le moins qu’on puisse dire, grotesque ! Les Tunisiens et Tunisiennes, auraient aimé que cet individu serait traduit devant la justice pour répondre de ses forfaits et surtout dénoncer ses complices et ses éventuels commanditaires . Seule une enquête approfondie apporte les réponses à ce qui s’est passé à Raoued , pendant les 24 heures , commencés lundi 3 février 2014 et mardi 4 février 2014, à13 heures . M. Lotfi Ben Jeddou, seul ministre reconduit de l’ancienne équipe , reste une énigme, puisque sa reconduite comme ministre de l’intérieur avait fait l’objet d’énormes réserves de la part des députés de la défunte Constituante .
L’opération est perçu par les Tunisiens et Tunisiennes comme coup de pub, pour ce nouveau gouvernement de technocrates, imposé, rappelons-le par les bailleurs de fonds ( FMI, Banque Mondiale, Club de Paris, Club de Londres, Union européenne ) , en contrepartie de la signature de la Constitution , chose faite . Maintenant, que les nouvelles institutions sont en place, il ne reste au nouveau gouvernement de s’atteler à sa tâche principale : préparer les élections législatives et présidentielles , tout en assurant la continuité de l’Etat dans son nouveau cadre . Les coups de pub et les coups de gueules sont à bannir de tous les agendas . Au travail, Mesdames et Messieurs ! La Tunisie a besoin de tous ses citoyens et citoyennes pour se relever de sa chute , on compte sur vous de relever ces défis.
Oui le peuple tunisien a montré sa maturité et sa préférence de la démocratie à l’anarchie . Malgré les tentations d’instaurer une théocratie, voir un califat, ça n’a pas marché . Qu’on le veuille ou non, la Tunisie doit sa modernité à Habib Bourguiba qui, malgré ses travers, avait façonné un pays civilisé, éduqué, capable de relever les défis .
Loin d’être un modèle, la Tunisie a réussi où les autres ont échoué : réussir sa mue en se modernisant dans tous les domaines : éducation, santé agriculture, industrie, techniques, technologies , informatique, sciences , même les mathématiques n’ont pas échappé aux Tunisiens : l’un des meilleurs mathématiciens est Tunisien . Hélas il vit en exil choisi , comme plusieurs sur-diplômés ( titulaires de Doctorats ) et plus . Maintenant, que le ciel s’est éclaircit , nous appelons à l’Unité nationale dans notre nouvelle démocratie . Chaque Tunisien et Tunisienne doit trouver sa place dans la nouvelle Tunisie de 2014 . La nouvelle Constitution n’a oublié personne, faisons en sorte à ne pas décevoir .
Gageons, que la nouvelle équipe de M.Jomâa fasse son travail correctement en préparant des élections libres, honnêtes et impartiales . Personne ne préjugera des résultats . Maintenant que toutes les conditions sont réunies pour réussir , il ne reste qu’à finaliser cette dernière étape .
LA NOUVELLE CONSTITUTION CELEBREE EN GRANDE POMPE !
Le défilé sur tapis rouge des délégations étrangères pour célébrer à Tunis , la nouvelle Constitution du pays, trois ans après la chute de Ben Ali, avait » un petit air de festival de Cannes. Il ne manquait que le réalisateur Ezeddine Kechiche et son staff spécial « .
Le reste est presque parfait : Ali Bango , précédait le prince Rachid, frère du roi du Maroc suivi d’une Kyrielle de potentats africains , que le mot démocratie leur fait mal aux oreilles . En tout, prés d’une quarantaine de Chefs d’Etats , têtes couronnées et dignitaires se sont retrouvés, à Tunis, vendredi 7 février, pour saluer la deuxième République Tunisienne .
N’eut été la fausse note déclenchée par la délégation iranienne, dont la présence ne figurait pas sur la liste remise à la presse. La cérémonie a été une succession sans fin d’hommages à la transition tunisienne marquée par l’adoption le 26 janvier dernier d’une Constitution porteuse d’avancées inédites dans le monde arabe, telles que la liberté de conscience, l’égalité entre les hommes et les femmes, avec de surcroît , l’objectif de la parité dans les futures instances élues, et surtout l’interdiction de la torture, monnaie courante, sous tous les régimes tunisiens .
Mais la plus grande avancée, reste l’indépendance de la justice et la liberté d’expression, parents pauvres des anciennes constitutions . En somme une succession d’autosatisfactions envoyées aux quatre vents allant d’une « triple victoires « de Moncef Marzouki » au « certes la mer fut forte par moments, houleuse, cependant , comme jadis les phéniciens, vous avez maintenu le cap et amenée le navire à bon port » . Ce qu’avait oublié de dire notre ancêtre Libanais, c’est qu’après trois guerres puniques et la trahison de Scipion , Carthage fut rasée et son sol stérilisé par le sel , à ce jour rien ne pousse sur le périmètre incriminé . Allons ! Donc, laissons l’histoire aux historiens . Mais l’estocade est venue de ce député Tunisien qui n’a pas résisté à dire tout haut , ce que les autres murmurent tout bas « Inviter quelques dictateurs africains est un choix malheureux « , ont bien grommelé quelques députés tunisiens, mais au fond , personne n’a boudé son plaisir devant l’avalanche des louanges.
A LA LIMITE DE L'INCIDENT DIPLOMATIQUE !
Soudain, le vingtième intervenant , le Chef de la délégation iranienne, le président du parlement iranien, jeta un froid .Ce conservateur , ancien diplomate chargé des négociations sur le nucléaire , a lancé l’offensive contre « le colonialisme « en général et les Etats-Unis en particulier , accusés d’avoir cherché à « diviser « les révolutions arabes au profit d’Israël , tout en insistant sur la « résistance » en « exhortant les pays musulmans à s’unir, sachant qu’ils sont riches et n’ont pas besoin de charité «.
De ce discours filtre en filigrane , la guerre d’influence entre l’Arabie Saoudite et l’Iran . La Tunisie se refuse ce choix cornélien entre deux obscurantismes, d'égale nocivité : chiite et wahhabite . Aussitôt la délégation américaine , menée par William Roebuk, secrétaire d’Etat adjoint chargé du Maghreb et de l’Egypte, s’est retirée en raison de « fausses accusations et commentaires inappropriés « . Ce qui devait être une cérémonie honorant la réalisation de la Tunisie a utilisé par le représentant de l’Iran en tant que plate-forme pour dénoncer les Etats-Unis « . Ayant réagit, un peu plus tard, l’ambassade américaine dans un communiqué . La Tunisie mérite mieux que les invectives mutuelles des Américains et des Iraniens qui, si ont croit le protocole tunisien, la délégation iranienne, n’était même pas invitée à cette cérémonie. Qui, somme toute, n’apporte rien de tangible , aux Tunisiens et Tunisiennes . Quant à nous, nous déplorons ce fâcheux incident et demandons aux Américains et aux Iraniens , d’aller régler leurs comptes ailleurs !
Vive la République, vive la Tunisie .
DR MOHAMED BEN ABDALLAH
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION
SPECIALISTE EN MACRO- ECONOMIE DU MAGHREB
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB
ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE » ;
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DEMEURANT SIS 1202 GENEVE II
06/03/2014