
EDITORIAL ECONOMIQUE
NEO-LIBERALISME HORS LA LOI
PROLOGUE
Le capitalisme opaque et spéculatif s’oppose désormais au capitalisme réglementé . Ce système retient en otage les Etats et les consommateurs , sans parler des salariés et des petits actionnaires . En effet, ce capitalisme –là : entre le contournement massif des règles par « hors-bilan » et les paradis fiscaux et les interdis avaient explosé . Est-on impuissant face à ce pouvoir occulte que la classe politique n’ose pas affronter ? Aujourd’hui, les ouvrages sur la crise abondent dans toutes les langues .Paradoxalement, les livres sur le thème de l’économie de l’ombre sont très rares . Il y avait donc une lacune à combler . Pourtant cette filière avait été exploitée par les romanciers . Emile Zola , avec son roman « l’Argent « , Thackeray , Trollope, Honoré De Balzac, ou Francis Scott Fitzgerald, avaient décortiqué les vicissitudes du capitalisme.
Est-on impuissant face à ce pouvoir occulte ? Faut-il écarter la possibilité d’un nouveau krach ? La lutte contre la folie spéculative ne passe-t-elle pas par une régulation plus stricte des paradis offshore, qui offrent aussi , sans nier l’évidence , des avantages pour l’économie mondiale ? C’est toute la question de l’évasion fiscale au niveau mondial qui est posée. L’économie de l’ombre provient-elle , par ailleurs, de la tendance du système à créer des monopoles ? C’est toute la question de l’évasion fiscale au niveau mondial est posée .
Et les monopoles bien vus de l’Etat ? La banque ayant joué un rôle déterminant dans le financement des acteurs économiques . En tant qu’entreprise la banque possède des atouts qui la rendent invulnérable . Notamment l’outil informatique et surtout son capital humain : des hommes, des fonds propres et des clients . Dans les faits , les banques sont des entités particulières . Sans elles, il n’y aurait pas de croissance et c’est pourquoi elles bénéficient , gratuitement , de la garantie implicite de l’Etat .
En effet, le capitalisme libéral reste, malgré tout , le meilleur système qui soit , à l’image de la démocratie . La beauté du système, dont le principe n’est ni moral , ni amoral, c’est que, si chacun prend des décisions dans son intérêt , la somme , de ces décisions individuelles doit profiter à l’ensemble de la société . Quant à la spéculation, elle a toujours existé . Bien réglementée, cette pratique exerce une fonction essentielle, qui pourrait être positive dans les rouages du système mondial, qui consiste à fluidifier les échanges et les prix au profit du consommateur. Par ailleurs, le thème de l’économie de l’ombre demeure le pain bénit pour les adeptes du théorie du complot .
Le culte du secret que partagent les professionnels est propice à la propagation des rumeurs, d’informations de seconde main, difficiles à vérifier . Il faut donc, à tout prix , éviter le conte moral , retraçant l’affrontement entre le bien et le mal . Ce qu’il faut retenir : dans cet univers glauque et secret , ceux qui parlent ne savent pas et ceux qui savent ne parlent pas . Quant à l’enquêteur qui veut explorer les coulisses , les règles , les codes et les petits secrets de l’économie de l’ombre, il doit s’attendre à se faire rembarrer avec un « circulez, il n’y a rien à voir « …
HYPOCRITES DE BANQUIERS !
Il s’en passe des choses sur le rocher de cette colonie de la couronne britannique, niché à 7000 kilomètres de la métropole . Les îles Caïmans, un rocher de 260 kilomètres carrés , posé à quelques encablures de Cuba . Il n’existe ni syndicats, ni partis politiques dignes de ce nom, ni Etat-Providence dans cette société auto-satisfaite , gouvernée par le poids du « it’s not done » , « cela ne se fait pas « .
En effet, la façade de la carte postale de cet ancien repaire de flibustiers et de gueux des mers dissimule une nouvelle race d’aventuriers , eux aussi impropres au repentir , qui se gorgent d’or et de rhum en fuyant patrie et catéchisme. Ce sont les financiers Offshore . A quelques lieux de ce sanctuaire, abritant de célèbres plages de sable fin de » Seven Mile « est nichée une cinquantaine de place financière au monde . Derrière New-York, Londres, Tokyo et Hong Kong . George Town, chef lieu de ce sanctuaire de l’argent baladeur que sont les Caïmans , qui accueillent les plus prestigieuses enseignes bancaires ainsi que plusieurs milliers d’avocats d’affaires , comptables, fiscalistes et autres managers financiers, spécialistes des montages financiers les plus sophistiqués .
Des centaines de compagnies d’assurances établies par des multinationales , des sociétés-écrans, par dizaines de milliers et des hedge funds à la pelle sont immatriculés dans l’île aux crocodiles, découverte par Christophe Colomb, en 1503. En effet, les professionnels muets comme des carpes, travaillent dans des petits immeubles de deux ou trois étages dans le style des caraïbes . Nous sommes très loin du style ostentatoire de ces bédouins enrichis très vite qui mesurent leur égo à l’aune de la hauteur de leurs tours . La dernière d’entre-elles mesurait 816 mètres .
Par ailleurs, les Caïmans sentent l’économie de l’ombre à plein nez . Profitant sans fausse honte d’avantages fiscaux massifs, le secteur financier , grâce auquel , le revenu par tête d’habitant est le plus élevé de la région Caraïbe , représente la moitié du PIB. Mais ce lieu tranquille est aujourd’hui dans l’œil du cyclone . A l’issu du sommet du G20, d’avril 2009, ce confetti de l’Empire britannique s’est retrouvé sur la « liste grise « de ce que l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) , ayant appelé « les centres financiers non coopératifs « en matière fiscale. Dans son best-seller , John Grisham , « LaFirme » , des avocats véreux se servaient des îles Caïmans pour blanchir l’argent sale de la mafia. Le sacro-sainte secret bancaire, dont la violation était passible de prison et que cultivait amoureusement ce petit paradis , permettait à des individus à lunettes noires et revolvers à la hanche de déposer des valises bourrées de billets aux guichets des filiales des plus grandes banques de la planète . En effet, les mafiosi et trafiquants de drogue pouvaient investir leurs fonds sales dans l’immobilier, l’hôtellerie, ou des commerces de luxe dans cette île peu regardante sur les origines de l’argent .
Ils étaient en bonne compagnie . Le célèbre pirate Barbe-Noire avait enterré son trésor de guerre , il y a plus de trois siècles , sur la Seven Mile Beach, surplombée aujourd’hui, par des immeubles cossus de verre et d’acier à duplex . En effet, Tony Travers, est l’un des fondateurs de cette place financière bâtie de toutes pièces en 1962, pour attirer les capitaux , surtout américains, fuyant l’instabilité des Bahamas . Ce financier avisé avait jeté son dévolu sur cet endroit pour une simple raison : l’Île est un paradis fiscal au sens propre du terme , depuis 1974, quand en remerciement de l’aide apportée par les pêcheurs locaux aux navires de sa Majesté, qui s’étaient échoués sur les récifs , la royauté avait dispensé d’impôts ses heureux habitants.
Avec un petit groupe d’avocats d’affaires anglo-saxons , ce juriste britannique transforma cette colonie de la Couronne dépourvue d’électricité , de téléphone et infestée de moustiques, en une plaque tournante majeure de la haute finance internationale . Bénéficiant de l’éloignement géographique , ces aventuriers ont tiré profit en toute impunité du désintérêt de la puissance tutélaire comme de la corruption des élites locales ou de l’absence d’autorité de régulation digne de ce nom pour faire prospérer leurs affaires en toute quiétude . *.
Et les règles financières alors ? Ils les ont rédigées eux-mêmes ! Ils y ont ajouté un secret bancaire d’airain pour « sanctuariser « les avoirs venus d’ailleurs . Tout cela dans une parfaite légalité , cela va de soit . Et dès que le gouverneur représentant la reine, en charge des affaires étrangères et de la défense , en particulier de la signature des traités Internationaux , levait le petit doigt, il se faisait accuser de colonialisme !
Tony Travers ayant côtoyé dans le passé des gens de tous les milieux . Et du milieu tout court . Il ne s’en cache pas d’ailleurs « on ne fait pas de la finance avec des enfants de cœur «. Cependant ce bon vieux temps est bien révolu . Aujourd’hui, il faut éliminer tout client suspect de vouloir blanchir des fonds liés au terrorisme, à la drogue, à la fraude fiscale ou au racket . On est obligé de croire (…) sic ! D’ailleurs l’écrivain John Grisham n’a plus de résidence secondaire aux Caïmans depuis des lustres . Et en 2004, l’ouragan Ivan , avait détruit l’hôtel Hayatt, où Tom Cruise avait offert à un client véreux de blanchir ses fonds …
Quand la scientologie s’en mêle …Tout est en ordre . Circulez, il n’y a rien à voir ! Pourquoi dans ces conditions , le réseau de recherche anti-évasion Tax –Justice Network accuse-t-il toujours les Caïmans d’être une « lessiveuse « qui, comme la caque sent le hareng ? Le réquisitoire de Nicholas Shaxson , « Treasure Islands : Tax Havens and the Men who stole the World **, sur le trou noir de l’économie mondiale que sont les places financières extraterritoriales est féroce pour l’archipel . L’absence de protection des actionnaires minoritaires attire aussi les grosses sociétés mondiales . Le registre de commerce de George Town dresse un rideau occultant les tenants et les aboutissants des structures offshores immatriculées sous ces cieux cléments .
Si officiellement le secret bancaire n’existe pas, la divulgation d’informations est un délit criminel passible de deux ans de prison et d’une lourde amande . Les régulateurs, en nombre insuffisant, sont incapables de pister l’argent trouble au milieu de la masse des capitaux qui transitaient quotidiennement . Bien malin qui arrive à en déceler l’origine . Les délais de transmission des informations réclamées par l’étranger sont souvent très longs .
Par ailleurs, l’Europe continentale comprend pêle-mêle , la Suisse, le Luxembourg, les Pays-Bas, L’Autriche, Monaco, le Liechtenstein – encore que tous ces pays n’aient pas exactement les mêmes pratiques . Ensuite, arrive l’espace britannique , le plus important , incluant autour de la City de Londres les territoires de la Couronne ou les ex-colonies : Caïmans, Iles anglo-normandes, Îles Vierges , Gibaltar, Hong Kong, Irlande, ou Dubaï. Tertio , l’espace américain , centrée sur Wall Street, le Delaware, le Wyoming, et la Floride- Trois Etats aux règles particulières- auxquels s’ajoutent les protectorats éloignés, American Virgin Islands, Samoa, Îles Marshall ou Panama. Enfin , les autres , essentiellement les confettis du pacifiques placés sous l’égide de l’Australie ( Vannuatu, Nauru) ou de la Nouvelle –Zélande) (Îles CooK, Niué). Quant à la France, elle a longtemps toléré la minuscule principauté d’Andorre, dont elle assure la co-souvrainité avec l’Espagne .
Que font alors les banques internationales dans ces paradis fiscaux ? Comment expliquer la présence persistante de certains établissements malgré leurs vertueuses proclamations ? En vérité, ces lieux servent d’abord de rabatteurs de capitaux approvisionnant les grands centres mondiaux en liquidités . En effet, l’argent collecté à George Town, à Wilmington , à Macao, ou Monaco, n’est pas détenu dans des coffres forts des établissements financiers du cru, mais transféré dans les banques de la City, Wall Street, Singapour ou Paris . Par ailleurs, l’évasion fiscale, baptisée pudiquement « optimisation fiscale « , au profit des multinationales et des grosses fortunes privées est une autre raison d’être de ces paradis bien abrités . Pour payer le moins d’impôts possible , les multinationales utilisent sans vergogne ces places offshores pour jouer sur le prix des échanges de biens entre la maison mère et ses filiales .
Afin d’alléger l’impôt , les profits sont alloués aux entités créées dans ces pays à faible taxation sur les bénéfices des sociétés . Quant aux coûts , ils sont domiciliés dans les pays à haute fiscalité pour gonfler les frais généraux . En vue de faciliter ces opérations d’alchimie comptable, les banques, les cabinet comptables, ou d’avocats et autres commissaires aux comptes , montent au profit de ces groupes internationaux des entités idoines appelés « special purpose vehicules « , ou SPV. Ces coquilles vides sont destinées à structurer les transactions abritent tout et n’importe quoi, avions en leasing, entreprises pétrolières, et toute enseigne voulant éviter la double taxation .
Quant l’opération est terminée , le SVP s’autodétruit et disparaît , comme par enchantement . En effet, les économies colossales réalisées sur les impôts permettent de bien rémunérer le capital et gâter les actionnaires en réduisant les coûts et en augmentant les dividendes, sans que fisc du pays ne s’aperçoit de rien . En effet l’attrait de cette ingénierie fiscale explique que la moitié du commerce mondial qui transite par les paradis fiscaux offrant une échappatoire aux règles fondamentales, selon lesquelles l’impôt est un devoir et l’évasion fiscale une pratique légale , mais immorale . Tax Justice Network estime à 20 000 milliards de dollars les actifs qui seraient cachés dans ces zones extraterritoriales . Par ailleurs, les sanctuaires anglophones sont aussi des repaires des hedge funds du monde entier dont un bon tiers est immatriculé aux îles Caïmans . Ces fonds spéculatifs sont très peu taxés et disposent, en toute liberté, d’importants effets de levier . Mais il s’agit parfois de firmes fantômes abritées dans un bureau d’avocats ou d’experts-comptables . Le siège et les salles des marchés sont situés à Londres , New-York ou Singapour .
L’autre spécialité des Caïmans, demeure la création des « Trusts »permettant à un détenteur de biens de les confier à un tiers « Trustee », au profit de bénéficiaires . Ces structures de préservation du patrimoine propres aux non anglo-saxons , totalement impénétrables , permettant de fuir le fisc , dans la mesure où le bénéficiaire ultime n’est pas connu . Les deux îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey sont le royaume des « Trust » , entités à la fois légales virtuelles . En réalité, les gouvernements restent assis sur un volcan en attente d’une petite secousse sismique . En effet, ces zones demeurent un risque systémique pour l’économie mondiale . En effet, l’économie offshore ayant joué un rôle indéniable dans la crise financière de l’automne 2008 ** .
Grâce à l’utilisation virtuose de l’exemption et du dégrèvement fiscaux , la sous-imposition des plus-values , ayant contribué à la tourmente . Les produits toxiques sub-primes étaient souvent domiciliés dans ces paradis fiscaux . Par ailleurs, l’endettement sans limite des Hedge Funds avait également alimenté labulle spéculative . Quant au manque de zèle et d’efficacité des régulateurs locaux , privés des moyens humains et logistiques, n’est qu’un cache-sexe d’une orgie organisée par les grandes banques et trust de la finance qui ont joué gros et ont perdu des sommes astronomiques , souvent attribués à une zone grise destinée à laver l’argent sale de la planète . Dans cet univers en vase clos, où tout le monde se connaît , le dénonciateur est automatiquement, mis au ban de la société , perd son emploi et devint constamment objet de harcèlements, voire, il mettrait sa vie et celle de ses proches en danger . L’oligarchie des affaires, se défend bec et ongles malgré les avancées , ces dernières années , d’une certaine transparence , initiée par l’OCDE .
Un homme l’a appris à ses dépens . Il s’agit d’un ancien banquier privé suisse, ayant remis le 17 janvier 2011, à Wikileaks , deux CD , contenant les noms de deux mille clients de la filiale d’un établissement helvétique , basé aux Caïmans qui sont soupçonnés d’évasion fiscale . Mis à pied en 2002, et avait purgé une peine de trente jours de prison, en 2005, pour violation du sacro-saint secret bancaire de la Confédération . Devant le refus des milieux financiers , des médias, des universités suisses, ou des autorités fédérales, d’écouter ses doléances, l’imprécateur s’est tourné , en désespoir de cause vers « Wikilaeks « , en vue d’éduquer la société (…) sic ! Jonathan Swift avait raison quand il constatait dans son « Essai critique sur les facultés de l’esprit « que « Les lois sont comme les toiles d’araignée, elles prennent les petites mouches mais laissent passer les guêpes et les frelons » .
Comme vous pouvez le constater, le système offshore ne manque pas de ressources ; et pour cause, les grands pays protègent ce précieux réseau qui leur permet de cacher leurs pratiques peu avouables . Malgré la légende, Monaco n’est pas , pour les Français, un refuge idéal, à cause des conventions fiscales, liant les deux pays, lesquelles prévoient une coopération de fait en cas de fraude ou d’évasion . Il en va autrement pour certaines bases arrière, en Afrique, au Gabon, comme en Côte d’Ivoire. Dans ces anciennes colonies , le recyclage des bénéfices du pétrole ou des matières premières agricoles est une réalité avérée .
La Belgique de son côté se sert du Rwanda ou du Niger comme point de transit des diamants de contre bande en provenance du cône du sud du continent noir à destination d’Anvers . La chine aussi, n’est pas allé par le dos de la cuillère : elle a utilisé ses propres places comme Hong Kong ou Macao qu’elle avait obtenu de faire sortir de la liste noire des paradis fiscaux établie par l’OCDE . Une performance, d’autant quelle avait eu recours aux îles du Pacifique . Quant à l’Inde, elle avait mis le grappin sur le centre financier de l’île Maurice . La Russie recourt à Chypre, Gibaltar , ou Genève, mais aussi l’île de Nauru , un Etat du Pacifique de 21 kilomètres carrés , au paysage lunaire qui sente le phosphate .
Quant aux donneurs de leçons de morale , les Etats-Unis , doivent se rappeler que Delaware est un paradis fiscal qui engendre la moitié des sociétés américaines cotées à Wall Street ont leur siège social dans ce minuscule Etat d’un million d’habitants à peine , qui ne taxe pas les bénéfices réalisés à l’étranger par les sociétés qui y sont domiciliées . L’identité du créateur de la société – écran n’est pas exigée . De plus la protection des actionnaires , comme les consommateurs qui s’estiment lésés n’est pas assurée dans ce paradis du dumping fiscal . Ils sont vraiment culottés , ces banquiers ! Après avoir provoqué la tempête , tendu la main pour se faire recapitaliser par l’argent public prêté par des Etats sourds, aveugles et cupides , partout dans le monde , échappant ainsi à toute sanction . Même pas deux ans plus tard, ces mêmes banquiers ont très vite renoués avec leurs mauvaises habitudes en s’offrant des bonus mirobolants et en pratiquant l’esquive fiscale . Refusant ainsi de faire l’ABC de leur métier : prêter de l’argent ! Les banquiers y compris celles que les Etats avaient sauvées ou renflouées , refusant d’ouvrir le robinet du crédit , en prêtant aux petites et moyennes entreprises ou aux firmes intermédiaires qui ont réussi à traverser la crise. En effet, obtenir un crédit relais ou un supplément de fonds de roulement pour financer temporairement l’expansion de l’activité relève du parcours du combattant .
Les critères prudentielles ont été durcis , en particulier pour les petites structures, incapables de trouver les fonds nécessaires à leurs développement . Les particuliers ne sont guère mieux lotis . Pas étonnant que la « vox populi « se déchaine contre une telle ingratitude et une telle hypocrisie . A leurs détracteurs, les milieux financiers ont beau jeu de répliquer qu’ils ne sont pas seuls à pratiquer l’optimisation fiscale . Et, ils ont raison ! Les organisations internationales ne sont pas en reste . Le Fonds monétaire international , la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement , la Banque européenne de reconstruction et de développement , pire encore, la Banque centrale européenne ne rechigne pas à faire la même chose, pour ne citer que les bien connus qui ont participé à l’aventure des instruments financiers complexes pour engranger de juteuses commissions versées par des banques d’affaires (…) sic !
Leurs responsables crient haro sur les paradis fiscaux , mais leur direction financière les utilise pour faire tourner le porte feuille des actifs de l’organisation . Une opération qui consiste essentiellement, à vendre et à acheter des titres dans des conditions « d’optimisation fiscale « , autrement dit, le pauvre bénéficière d’un crédit FMI, paie les commissions versées à des banques rapaces des intérêts, tout en privant le fisc local des agios qui lui revenaient de droit . En termes plus populaires « le beurre, l’argent du beurre et le postérieur de la crémière « .
Ce cynisme des grandes organisations internationales est superbement ignoré par les législateurs . Nous sommes entre gens de bonne compagnie . La Banque européenne de reconstruction et de développement , la BRED, chargée de faciliter la transition des ex-pays communistes vers l’économie du marché a été crée en 1991, et taillé sur mesure, pour Jacques Attali, ex-sherpa de François Mitterrand qui passa du secteur public (inspecteur des impôts » au secteur privé sans vergogne en devenant le directeur de cette institution mi banque d’affaires, mi banque de développement , imaginé par Monsieur je sais tout, entre autre écrivain à plusieurs fois, confondu de plagiat , peu importe, il était l’un des pivot de la nouvelle Europe, des pays de l’Est , membre de l’Union européenne, allant jusqu’à la Mongolie , en passant par les Balkans et, depuis le « Printemps arabe », de l’Afrique du Nord et le Proche Orient , la dépendance économique et politique de l’Union européenne .
Une dépendance verrouillée par des traités dictés par l’UE , mettant ces derniers sous tutelles . Pour se défaire de ces traités il faut plusieurs révolutions . Le « Printemps arabe a accouché d’une grenouille verte visqueuse qui pue l’incurie crasse, l’obscurantisme, et la barbarie . En effet, cette institution nichée dans un immeuble vitré au cœur de la City, semblable à ses voisins , avec hôtesse, lumières feutrées et moquettes arborant le cigle vaguement olympique de deux cercles enlacés … Il serait indécent de ne pas s’arrêter au calme ambiant du magnifique hall d’honneur décoré de marbre de Carrare et aux bonnes manières des administrateurs ainsi qu’au flegme des professionnels . Car en coulisse, cette entité publique domicilie bon nombre de ses investissements d’étranges endroits .
Supposons qu’un oligarque russe, soutenu par un groupe de financiers locaux qui aimerait investir dans une entreprise pharmaceutique nationale en partenariat avec la BRED, mais pour échapper aux tracasseries politiques, juridiques et fiscales de l’ex-URSS, à la corruption des officiels , ou le harcèlement policier, il obtient de l’organisation internationale , l’immatriculation de cette co-entreprise dans une zone offshore, basée , souvent à Chypre, au Luxembourg, aux îles Caïmans, ou aux îles Vierges Britanniques . Un scénario qui se reproduit , au moins dans 20% des projets de l’établissement . La réponse de la BRED ? C’est tout à fait légal . Certes , mais le problème relève de la morale . Cependant , cette domiciliation permet à l’autre partie russe de payer un minimum d’impôt sur les sociétés Côté BRED, on ne peut s’interroger sur le bien fondé d’un arrangement violant l’éthique la plus élémentaire de la transparence de la part d’une banque internationale publique .
L’argent du contribuable fait de surcroît vivre une légion d’avocats, de comptables et autres experts de la délocalisation dans de centres financiers extra- territoriaux . Enfin la mission officielle de la banque est de favoriser le décollage des anciens pays de l’Est, n’est-elle pas d’encourager avec les deniers publics le développement du capitalisme ouvert. Par définition contraire à la philosophie des paradis fiscaux ? Mais que diable, font les gendarmes de la finance ?
L’INRTIE DES GENDARMES DE LA FINANCE
Mélomane, grand adepte de la chanson, Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée et , entre autre, ancien président de l’autorité des marchés financiers , « le gendarme « des marchés en France saura apprécier l’opéra du compositeur Julian Andersan , chef reconnu de prestigieuse London Philharmonic , Orchestra . Son opéra avait été commandité par le « Financial Times » , lui avait confié la mission impossible : réaliser une œuvre lyrique sur le thème de la crise financière …Le timing, les proportions, l’excès et les flux er reflux se retrouvent dans l’univers de la musique et celui de la salle des marchés. L’ancien secrétaire d’Etat aux affaires européenne du président Sarkozy est arrivé place de la Bourse, le 15 décembre 2008, en pleine tourmente financière , pour redonner une visibilité à une institution peu connue du public mais qui, à la faveur de la réglementation du secteur avait vu son pouvoir renforcé . Cet inspecteur des finances, ancien directeur du Trésor qui fut aussi avocat et banquier , est d’une rare lucidité : « dans cette crise, les régulateurs portent une lourde responsabilité « . En effet, depuis la grande dépression des années trente, le monde n’a pas connu un pareil champ de ruine .
A en croire le rapport de la commission d’enquête américaine sur la crise financière, celle-ci « fut le résultat d’actions et d’inactions humaines et non pas l’intervention de mère nature ou de modèles informatiques ayant perdu la tête . Ce n’est pas non plus un incident « . Le coût total de l’aide aux banques dans le monde avait atteint environ 10% du PNB mondial . Des enseignes légendaires dont le nom était entré dans l’histoire financière avait disparu, ont dû fusionner , ou ne sont plus que l’ombre d’elles mêmes . Mais, malgré son diagnostic sévère , M. Jouet nuance, en faisant appel à ses innombrables fonctions au seins des services publics et privés . Quelque part, on peut faire les mêmes critiques aux scientifiques que celles adressés au régulateurs .Dans le domaine financier , comme sanitaire , il faut parfois gérer l’imprévu , ce qui est pour autant plus difficile à maîtriser ces imprévus . Tous les régulateurs n’ont pas failli. Les superviseurs d’Europe continentale , y compris la France, avaient eu un certain nombre de choses et avaient mis en garde contre l’endettement très élevé des ménages américains , l’effet de levier ou la titrisation mal contrôlée . De plus en France la crise avait été correctement gérée. Ce qui explique aussi le défaut de clairvoyance, c’est compartimentage des régulateurs qui ne se parlaient plus.
CONCLUSION
La banque de l’ombre « Shadow Banking » , Le grand mot est lâché. Cette structure nébuleuse est désormais le risque principal demeure l’apparition d’une nouvelle bulle capable de faire sauter toutes les places financières comme de vulgaires bouchons ? La réalité est plus compliquée . En effet, la définition même de « Shadow banking « prête à la controverse . Car pour le lobby bancaire , il s’agit d’entités toxiques implantées au cœur de la crise des sub primes de (2008-2009) . La construction de SPV « Special Purpose vehicules « hors bilan , domiciliées dans des paradis fiscaux , la titrisation sauvage , les marchés dérivés des matières premières. Rien de plus , aux yeux de bon nombre d’économistes et d’experts que l’expression de toutes les institutions qui ne sont pas des banques de dépôts mais fond des crédits ou ont recours à l’endettement .
Dans ce cas, outre les structures précitées , le concept « Shadow banking « comprend aussi des banques d’affaires , des hedge funds, ou plus subtil , le capital-investissement , sans parler des complices : bureaux d’avocats, commissaires aux comptes , communicants ou consultants . Déterminer les différentes pièces de ce mystère de Meccano, relève de la gageure . Les représentants du G20, principales puissances de la planète qui constitue cette entité supra nationale ont tiré les leçons de la crise économique en abdiquant face aux banques **** , malgré la promulgation de la loi Dodd Frank et de la règle Volker aux Etats-Unis .
Quant à l’Union européenne , elle a créée une commission pour superviser des sous-commissions … Accusés d’avoir été des « tigres de papier « avant la crise, les régulateurs se montrent agressifs (…) Les banquiers en rigolent jusqu’aux oreilles … Le problème n’est pas de réformer de fond en comble le capitalisme, un système qui reste « le meilleur » faute d’alternative . Il s’agit en fait d’éviter une rechute d’autant plus grave que le contribuable ne pourra plus mettre la main dans la poche pour sauver les banques . Et encore les Etats complices innocents ou instigateurs de ce système pervers. A l’heure de l’austérité draconienne, ceux-ci n’en ont –ils plus de moyens ? Or aujourd’hui , les autorités sont à nouveau assises sur un baril de poudre . De quoi s’agit-il ? En effet, pour échapper au renforcement de la législation , les banques déplacent leurs activités à risques dans la sphère du « Shadow banking » , non ou mal réglementée . Le recours à cette structure peu réglementée et semi-clandestine leur permet de détourner l’interdiction de spéculer sur leurs fonds propres ou de posséder des hedge funds .
Pris isolément , les intervenants de la finance de l’ombre ne constituent pas un péril ! Car si un hedge funds fait faillite, c’est son problème . Cependant, n’a-t-il pas emprunté auprès des banques , des marchés ou des fonds souverains qui y ont laissé leurs pantalons ?Cela fait partie des risques du métier . Pour conclure, il est temps de prendre cette situation à bras-le-corps , sinon, le capitalisme risque à nouveau de sombrer dans ses contradictions .
* Marc Roche « CAPITALISME HORS LA LOI » -Editions Albin Michel- Paris 2011.
** Voir notre éditorial « dérives du capitalisme « ; paru sur notre site
www.dr-ben-abdallah.ch
le 03/11/ 2011 . ***
*** LA FIRME - Editions TtheBodley – Head -2010 ;
DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ; AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE » ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch DEPUIS LE 1er MARS 2009 ;
&
EDITORIALISTE- REDACTEUR EN CHEF
DU SITE www.dr-ben-abdallah.ch
DEMEURANT sis 1202 GENEVE II
01 /01/ 2015