
EDITORIAL ECONOMIQUE & SOCIAL
MUTATIONS ECONOMIQUES & SOCIALES
DANS UN MONDE DEBOUSSOLE PAR LA CRISE FINANCIERE …
PROLOGUE
Alors que la crise frappe principalement les vieilles puissances dominantes, les institutions de la mondialisation néo-libérale tardent à refléter les nouveaux rapports de forces . Qu’elles soient renflouées , comme le Fonds Monétaire International (FMI), mis au service de l’Union européenne , ou paralysées , comme l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) *, elles tendent à être contournées par la revendication d’une architecture des relations internationales . Cependant , aucune n’est actuellement en mesure de traiter les effets de la crise environnementale et de la liberté de flux financiers ravageurs .
Malgré les mutations reflétées par une crise économique sans précédent et une crise financière dont les séquelles sont encore visibles à nos jours, affectant ainsi les pays du « Centre » . Aucune réforme d’envergure des institutions internationales n’a pris forme qu’en 2011. La seule modification majeure avait été mise avant le G20, sous prétexte que le G8 ne pouvait plus assurer , tout seul la gestion des grands dossiers économiques et financiers . Il est pourtant difficile d’affirmer que cela augure d’une refonte totale du système de gouvernance économique **. En effet, l’influence du G20 reste secondaire par rapport à celle du G8, où les vieilles puissances ( Etats-Unis, Europe et Japon), continuent à orienter les grands choix économiques . Enfin , ce regroupement censé de refléter la montée en puissance des pays émergeants d’Asie et d’Amérique latine continue de faire la part belle aux Etats-Unis et aux pays européens.
Par ailleurs, la présence dans le G20 de l’Union européenne (UE), en tant que membre à part entière, avec un siège attribué au Conseil européen et un autre à la Banque Centrale européenne (BCE), est critiquée de manière récurrente par les représentants des autres continents . De plus, la portée du G20, est régulièrement minée par les soupçons d’entente de fait entre les Etats-Unis et la Chine , même si l’existence de ce « G2 » informel – Washington-Pékin , n’est guère étayé par les faits . Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse du G8 ou du G20, nombre de pays regrettent que les questions économiques et financières soient attribuées à une poignée de nations parmi les plus riches ( la présence de ces « G », se fonde principalement sur la valeur du Produit Intérieur Brut (PIB), alors qu’elles devraient l’être à l’échelle mondiale . Cette critique est même de nature celle formulée à l’encontre du Conseil de sécurité de l’ONU, dont on attend toujours la réforme .
LE RETOUR TRIOMPHAL DU FMI !
La même paralysie se retrouve sur les questions du réchauffement climatique, de la raréfaction des ressources naturelles ou la diminution des terres arables disponibles , qui plaident pour la création d’une organisation mondiale de l’environnement . Réclamé par la majorité des grandes ONG environnementales . Un tel progrès est souvent entravé par de nombreux pays émergeant , qui y voient , non sans quelques arguments, une menace à leur droit au développement et à leur industrialisation . De même, la gestion des matières premières et des énergies non renouvelables échappent-elle à la moindre régulation , encourageant ainsi, la spéculation , comme dans les cas des produits agricoles en 2007-2008 et en 2010-2011.
Cet immobilisme concerne aussi les grandes institutions nées de la conférence de Bretton Woods de juillet 1944 . La crise financière internationale de 2007, suivie celle provoquée par l’endettement de nombreux Etats , notamment européens (Grèce, Italie, Espagne, Portugal, Ukraine et Irlande ) , a certes permis au Fonds Monétaire Internationale ( FMI) de retrouver l’influence qu’il avait perdue au début des années 2000.
Ces ressources avaient fondu en raison du désendettement des pays du Sud , puis il a été renfloué de mille milliard de dollars , en 2009, pour faire face à la crise européenne . Toutefois, son nouveau rôle de co-gestionnaire de la crise de la « dette publique » au sein de l’Union européenne (UE) ne saurait faire oublier que cette organisation se trouve bien en peine de définir son rôle à l’aune de l’émergence de puissances financières comme la Chine, l’Inde ou le Brésil . C’est d’ailleurs vers ces dernières que le Fonds de stabilisation financière européen cherche à se tourner . A défaut de modifier les modalités bancaires et budgétaires de financement de l’Union européenne . Conçu à l’origine pour garantir la stabilité du système financier international et pour s’assurer de la solvabilité de tous les pays emprunteurs, fût-ce par le biais d’une réduction de leurs dépenses sociales.
NI LA BANQUE MONDIALE ; NI LE FMI, N’ONT VU VENIR
LA CRISE ASIATIQUE (1997-1998), PAS PLUS QUE CELLES DES NOUVELLES TECHNOLOGIES (2000), DES SUBPRIME ( 2007) ET MÊME DE LA DETTE SOUVERAINE (2010) .
Imposés par les plans d’ajustement structurel ( solution qui n’a fait qu’aggraver la pathologie ) . Le FMI doit affronter , depuis une décennie l’exigence des réformes de son fonctionnement , de contestation de ses pratiques de concurrence d’autres prêteurs aux critères idéologiques . C’est le cas par exemple, la Chine , qui avait octroyé des crédits à nombre de pays africains , en délicatesse avec le FMI et leurs créanciers habituels . De même cette organisation est elle-même confrontée à la nise en place en 2010, d’un Fonds monétaire asiatique – que les Etats –Unis avaient tenté de bloquer lors de la crise de 1998. Les débats soulevés par la Chine notamment, portant sur une nouvelle architecture des monnaies mondiales pour tenter de moins dépendre du dollar échappent au FMI.
Quant à la Banque mondiale, son bilan dans sa lutte contre la pauvreté et le financement d’infrastructures est de plus en plus critiqué . projets surdimensionnés , suivies aléatoires , dégâts sur l’environnement . Qui s’ajoutent à une grande accointance avec les multinationales incapables à juguler la corruption et la conditionnalité à géométrie variable , selon les critères politiques officieux , favorisant ainsi , l’octroi de prêts à des pays plus ou moins proches de l’Occident : la Banque mondiale semble incapable à se réinventer .
En effet, de façon générale, ni le FMI, ni elle, n’ont vu venir la crise asiatique (1997-1998), pas plus celles des nouvelles technologies (2000), des sub-prime , (2007) et même la dette souveraine (2010). Leurs directions vantaient en cœur la bonne santé les modèles des régimes de Zine El Abidine Ben Ali ou de Mouammar Kadhafi, juste avant leur chute vertigineuse .
En effet, les faillites néolibérales n’ont provoqué aucune remise en question de ces deux institutions . Organisations centenaires – les pays membres n’ont même pas le droit de vote . Et les Etats-Unis y disposent d’un droit de veto de fait ! Le FMI ne reflète guère le rééquilibrage du monde : le poste du directeur général reste dévolu aux Européens, tandis que la présidence de la Banque mondiale revient systématiquement à un Américain . Sur le plan doctrinal, le FMI, et la Banque mondiale, ont pris quelques distances avec le consensus de Washington ( stricte discipline budgétaire , réforme fiscale, libéralisation du commerce extérieur , privatisation des monopoles ou participations de l’Etat . Ainsi que la déréglementation des marchés ) . Mais dans la pratique, les deux institutions restent formellement influencées par les préceptes néo-libéraux et la théorie monétariste de Milton Friedman.
Comparée à ces deux organismes , l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), créée en 1995, à l’issu du huitième cycle de négociations multilatérales sur le commerce (Uruguay Round ) , apparaît comme plus démocratique dans son fonctionnement puisqu’elle est régie par le principe « un pays, un vote « . D’une certaine manière, cela ayant permis aux pays du Sud d’y contester, de façon croissante, les logiques économiques que voulaient imposer les pays dominants . D’où une paralysie des négociations entamés au Qatar (Doha Round), en novembre 2001 . Depuis, elles sont dans l’impasse en raison de désaccords profond entre pays industrialisés et émergeants ( qui se sont pour la première fois regroupés en 2003 à Cancun ) sur les questions agricoles et sur la « libéralisation » des services .
Ce blocage des négociations multilatérales ayant poussé nombre de pays, dont les Etats-Unis, à privilégier des approches bilatérales , où l’OMC ne joue pratiquement aucun rôle . Quel gâchis ! Du reste, le dogme des bienfaits du libre-échangisme lui vaut l’hostilité de nombreuses ONG, qui pointent les effets négatifs de la libéralisation commerciale en Afrique . Mais aussi en Amérique latine, qui exigent la dissolution pure et simple . Son remplacement serait alors assuré par une Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED ), aux prérogatives élargies dépendant essentiellement de la volonté des Etats à réformer en profondeur le système de régulation économique et financière .
Même si l’OMC est aujourd’hui paralysée par les conflits , l’architecture des pouvoirs demeure en faveur du droit de la concurrence , et non de la charte de l’ONU ni des droits humains ou sociaux défendus par l’Organisation internationale du Travail (OIT) ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’ONU et les organisations qui en dépendent ne pèsent guère sur les tractations économiques internationales .
LA REFORME ENLISEE DES NATIONS UNIES !
« En accueillant ,le 14 juillet 2011, son 193ème membre, le Sud-Soudan, l’Onu confirme sa vocation à réunir tous les Etats de la planète . Toutefois, le Conseil de sécurité de l’Onu n’a pas pris en compte la candidature de la Palestine à l’automne 2011, en raison notamment de l’opposition des Etats-Unis et la France . La « Maison universelle « reste donc soumise au aléas des rapports de force mondiaux . « Un pays, un vote . « Tel est le principe qui régit l’Assemblée générale de l’ONU , où y sont représentés les 193 pays membres .
Cette instance peut formuler des recommandations , auxquelles le Conseil de sécurité , chargé du maintien de la paix, des sanctions internationales et des interventions militaires , peut donner corps de vote solennel . C’est à ce niveau que l’intégralité de puissance au sein de l’ONU se manifeste le plus visiblement : le Conseil de sécurité distingue toujours cinq pays membres permanents , qui, seuls détenteurs d’un droit de veto, peuvent bloquer toutes les décisions importantes de l’Organisation . Les dix autres membres , temporaires, élus pour deux ans par l’Assemblée , dépendent totalement de ces cinq veto . Ce statut quo , né, il y a soixante ans des équilibres de la seconde guerre mondiale, pourrait être remis en question par des grands mouvements de fond en ce début de XXI e siècle .
En premier lieu, l’ONU est confrontée à l’affirmation de regroupements d’Etas souhaitant une modification des rapports de forces mondiaux . En effet, si la Charte de 1945 prévoit la création d’organisations régionales telles que l’Union européenne ou l’Union africaine qui, d’ailleurs, reconnaissent la suprématie de l’ONU . Il n’en est pas de même des institutions économiques apparues dans le dernier quart du XXe siècle . Le phénomène ayant commencé à Bretton Woods en 1944, avec la création cu Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM) . Ces institutions financières ont progressivement globalisé les structures ad hoc de l’organisation universelle (commissions économiques régionales , par exemple ) .
Dans les années septante, les Etats, les plus industrialisés ont décidé de peser informellement sur les affaires planétaires par le biais du G7. Elargi par la suite à huit, puis à 20 pays , ces « G » fonctionnent toujours sur le principe de la cooptation sans mandat . Au fil du temps les directives données par ce directoire économique autoproclamé se font plus coercitives . La conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CUNCED), fondée par l’ONU, en 1964, cherchait à intégrer les pays en développement dans les négociations mondiales de façon à favoriser leur essor. Cependant, l’âge d’or du libéralisme dans les années huitante . Cette tentative de rééquilibrage ayant échouée , laissant toute la latitude au « G ». Le court-circuitage de l’ONU correspond à une tendance , marquée depuis trente ans , qui consiste à libérer les décisions économiques de tout cadre de contrainte collective .
LE DROIT DE VETO
Concurrencée sur le terrain économique , l’ONU l’est aussi, en second lieu , dans son domaine de prédilection : la sécurité . Les rédacteurs de la Charte de 1945, ont voulu faire oublier l’impuissance de la Société des nations (SDN), qui n’avait pu empêcher la seconde guerre mondiale et n’avait jamais obtenu l’adhésion des Etats-Unis , malgré les vœux uu président Wilson. C’est pourquoi l’architecture de la paix et de sécurité de l’Organisation se révèle particulièrement sophistiquée. En effet, après avoir prohibé le recours à la force dans les rapports internationaux , la Charte confie au Conseil de sécurité le maintien de la paix . Tout en prévoyant la mise en place d’un état-major opérationnel .
Malheureusement , le droit de veto des cinq grands rend aléatoire les actions communes , comme le montrent à la fois les positions chinoises et russes sur l’intervention en Libye (en mars 2011) et l’inaction en Tchétchénie . En effet, les ambiguïtés des positions occidentales ont leur part de responsabilité dans ces blocages structurels , comme en témoigne le récent contournement de la résolution 1973 en Libye, qui avait transformé une ingérence d’interposition , en une opération militaire visant à obtenir un changement de régime (…) Sur le plan opérationnel, l’état-major reste théorique . Il se réunit tous les quinze jours de manière formelle , sans décider . Les puissances se satisfaisaient visiblement d’une paralysie qui facilite la conduite quasi discrétionnaire de leurs politiques .
L’alliance (OTAN) qui, depuis la fin de la guerre froide, s’est érigé en bras armé mondial de l’ONU s’est étendu , dans les années nonante, au Proche-Orient , à l’Asie centrale, puis l’Afrique du Nord . Les forces et les armements dont disposent les 28 membres de l’Alliance , ainsi que le droit de veto de trois d’entre eux ( Etats-Unis, Royaume –Uni , France ), au Conseil de sécurité , leur confèrent une influence déterminante dans le domaine de la sécurité . L’apparition de pays dits émergeants, bouleverse pourtant les relations internationales . En en effet, dès 2001, les « Les experts « de la banque Goldman Sachs mettaient en lumière le potentiel économique des quatre Etats : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine , inventant l’acronyme (BRIC). Celui-ci est repris désigner un regroupement de ces quatre pays , qui, avec l’entrée officielle de l’Afrique du Sud, en 2011, se transforme en « BRICS » .
S’ils ne constituent avant qu’une coalition prosaïque d’intérêts, les BRICS réclament en parallèle une refonte des Organisions internationales (ONU), (FMI, Banque Mondiale), qui prennent mieux compte la réalité des rapports de force mondiaux . Même la Chine, jadis, farouchement opposée à la candidature du Japon et de l’Inde, a dû se résoudre à demander une meilleure représentativité sur Conseil de sécurité . Ces nouveaux « entrants « ont également adopté des positions communes emblématiques d’une certaine volonté d’affirmation : non-reconnaissance de l’indépendance du Kosovo en 2008, et l’abstention sur les résolutions du Conseil de sécurité , autorisant certains Etats membres à mener des actions militaires en Libye, et en Côte d’Ivoire, au premier semestre 2011. Leurs critères : égalité , non-ingérence et souveraineté . Hélas, leur action, resta du domaine du symbolique . Puisque la Libye a été disloquée en mille morceaux livrés à des milices enragées . La Côte d’Ivoire livrée par la France à un de ses affidés, économiste pur jus des institutions de Bretton Woods, élu président de la République ivoirienne , par la grâce de l’ancien colonisateur .
L’ALLIANCE ATLANTIQUE S’EST ERIGEE EN BRAS ARMEE MONDIAL ,
SOUS L’EGIDE DES ETAT-UNIS ;
QUI JOUE LE RÔLE DOMINANT DANS LES INSTANCES OPPERATIONNELLES !
Depuis le début des années 2000, l’idée de réformer l’Onu s’est répondue comme une trainée de poudre . Le secrétaire général de l’époque, Kofi Annan, pur jus de l’Organisation des Nations Unies voulaient ces réformes coûte que coûte. Il s’était confronté au lobby de tous les conservateurs qui préfèrent le statut-quo pour garder leurs privilèges . Il a été remplacé par un gentil Banki Moon, un asiatique qui a toutes les peines du monde pour comprendre une autre langue que la sienne « Le coréen « . A part ça, il s’efforce de tenir son rang, sans faire trop de vagues . Après tout, il était choisi pour ça . Un an plutôt, on avait découvert que des soldats de la paix envoyés par le Maroc, l’Afrique du Sud, le Népal , le Pakistan, la Tunisie, l’Uruguay avaient abusé de jeunes filles au Congo et au Liberia .
Des fonctionnaires des Nations unies responsables de programme « pétrole contre nourriture « , destiné à alimenter les Irakiens , à la fin des années nonante et doté de 65 milliards de dollars, l’équivalent du PNB du Maroc, furent accusés d’avoir reçu des pots-de-vin . La Commission des droits de l’homme des Nations Unies, présidée, en 2003, par la Libye, reconduisit le statut de membre du Soudan avec un mandat de trois ans , en 2004, au bon milieu d’une campagne de massacres ethniques au Darfour ! Mais de manière très prévisible, la montagne des réformes avait accouché d’une petite souris grise , telle la création d’un Comité des droits de l’homme , relativement plus attentif au respect des libertés fondamentales –faute de consensus entre les membres (…) sic ! Et pourtant !
Malgré ses défauts et ses limites, l’ONU répond à la nécessité de créer un espace de dialogue entre les Etats où peut se former progressivement , une normative internationale de la paix et des valeurs communes . Son immense travail juridique dans le domaine de la sécurité mettant en perspective six puissances euro-asiatiques en l’occurrence la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan , le Tadjikistan et l’Ouzbékistan , se sont groupées , en juin 2001 .
Cette Organisation de coopération de Shanghaï (OCS ) , accueille également , à titre d’observateur , l’Inde ,le Pakistan, l’Iran et la Mongolie , ainsi que la Bélorussie , à titre de « partenaire de dialogue « .
Le Japon et les Etats-Unis , en revanche , ce sont vus refuser ce statut associé . L’organisation avait d’abord confirmé certaines frontières contestées au cours du démembrement de l’Union soviétique après 1991 . Elle ambitionne de devenir un cadre de coopération intergouvernementale régionale dans les domaines économique, politique, et sécuritaire (…) Et s’est dotée à cet effet, d’une charte et d’une structure « anti-terroriste « , dès 2002 .
Par ailleurs, si la Russie et la Chine sont des puissances militaires de l’OCS, doté de 90 milliards de dollars , reste cependant , nettement inférieur à celui de l’OTAN (rapport 1 à 8) environ . Les deux organisations ne sont aucunement comparables en termes d’intégration , de standardisation , d’efficacité interarmées ni la même ambition . Par ailleurs, depuis soixante ans et les aides qu’elle dispense au quotidien à des milliers d’individus à travers le monde en faisant un outil utile à la paix et à la résolution des conflits internationaux .
GEOGRAPHIE DU CHAOS AU PROCHE-ORIENT & EN AFRIQUE DU NORD
« Les révoltes arabes se déroulent dans une région déchirée par l’accumulation de conflits ouverts ou gelés . Allant de l’Irak au Sahara Occidental, en passant par la Palestine , le Liban , s’étendant jusqu’au Soudan . Une nouvelle guerre avec l’Iran menacerait non seulement la stabilité mondiale , mais aussi l’avenir de la démocratisation réclamée par les manifestants du Maroc à l’Irak, depuis la fin 2010 . Le printemps arabe avait accouché d’un hiver islamiste nauséabond « .
En effet, jusqu’à la dernière minute, Washington avait tenté d’arracher à Bagdad un « accord » sur le maintien de quelques dizaines de milliers de soldats , mais le rejet populaire était tel, que même les partis politiques , liés à l’OTAN, avaient refusé l’offre américaine . Et il y a de quoi ***. Les Etats-Unis avaient laissés derrière eux un Irak, amputé de Saddam Hussein, mais qui pourrait difficilement servir de modèle à un Proche-Orient démocratique . Ils avaient laissé derrière eux, un pays ravagé et miné par le confessionnalisme . Un Etat en décomposition avancée : des dizaines de milliers de veuves et d’orphelins qui s’ajoutent à de centaines de milliers de disparus . Sans oublier une guérilla d’Al Qaïda , toujours active, alors qu’elle n’existaient plus , en 2003, lors de l’invasion de l’Irak .
En outre , le gouvernement en place à Bagdad , certes lié à Washington, entretient paradoxalement des relations plus cordiale avec son puissant voisin iranien ! Par ailleurs, en Irak, comme d’ailleurs en Afghanistan, d’où l’OTAN plie bagages, avant de quitter à jamais ce pays , fin 2015, s’est confirmé le refus des peuples d’être dirigés par des puissances étrangères : l’ère coloniale est définitivement derrière nous . Ces deux échecs illustrent bien l’affaiblissement des Etats-Unis au Proche-Orient , corroboré par leur incapacité de relancer le processus de paix en Palestine . Leur échec patent s’est illustré par la chute vertigineuse du kleptomane de Tunis, un certain Zine El Abidine Ben Ali , remplacé par un nouvel Etat démocratique qui cherche à s’installer dans le pays .
Avec une nouvelle Constitution et des élections libres qui ont eu lieu ces derniers mois confirment que la Tunisie a dépassé les turbulences et s’oriente vers un avenir radieux . La Tunisie montre l’exemple au monde arabe , il est impératif de l’encourager … Le peuple tunisien est mûr pour endosser l’habit démocratique, ne le privez pas de cet élan ! Nous lui souhaitons bon vent …
Cet effacement relatif de l’Oncle Sam poussa les acteurs locaux à jouer un rôle plus actif , dans un environnement incertain et mutant comme un virus . En effet, le Proche –Orient paraissait jusqu’alors divisé en deux, selon une grille binaire et sommaire : un camp de « résistance « , composé de l’Iran , de la Syrie et leurs alliés du Hamas palestinien ainsi que le Hezbollah Libanais ; et un camp pro-occidental , dominé par l’Egypte et l’Arabie saoudite . Le premier a d’abord l’avantage : les manifestations avaient emporté deux régimes soutenus par l’occident , en l’occurrence le régime tunisien et égyptien .
La vague révolutionnaire ébranla le Bahreïn et le Yémen . La Jordanie et le Maroc étaient eux aussi, entrainés vers le changement . Tandis que s’installait à Beyrouth , dans le respect de la légalité , un gouvernement dominé par le Hezbollah et ses alliés chrétiens, du courant patriotique libre du général Michel Aoun (…) sic !
L’ARABIE SAOUDITE AU CŒUR DE LA CONTRE-REVOLUTION
Inquiète de la « faiblesse » de Washington, qui avait lâché ses anciens amis de la Tunisie et de l’Egypte et affolée par un possible extension des révolutions, l’Arabie saoudite avait décidé de renoncer à une certaine passivité en jetant ses forces dans la bataille . Elle avait pris la tête des troupes du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) , en envahissant le petit Etat du Bahreïn , de majorité chiite , mais à sa tête, une dynastie sunnite . En mars 2011, l’armée saoudienne écrasa la révolte démocratique , qualifiant les révolutionnaires d’hérétiques .
Passant outre , aux réserves des Etats-Unis, cette invasion se fit prétexte de la « menace iranienne « , qui inquiète énormément les « bédoucraties « du Golfe , bien plus que celle d’Israël . Riyad proposa aussi , au mépris de la géographie , l’intégration de la Jordanie et du Maroc dans le CCG , finançant ces monarchies ainsi que les militaires égyptiens pour les « maintenir dans le rang « . Par ailleurs, même avant la réévolution de 1979, l’Iran et l’Arabies saoudite ont été rivaux , alors que les deux pays furent alliés des Etats-Unis .
L’appel de l’ayatollah Ruhallah Khomeiny à renverser les al-Saoud et soutien ces derniers pendant la guerre Iran-Irak 1980-1988 . Les rapports entre les deux pays se sont détériorés , avant qu’elles ne s’apaisent dans les années nonante . L’invasion américaine de l’Irak en 2003 et l’installation à Bagdad d’un gouvernement, perçu comme chiite, don proche de Téhéran , la montée en puissance régionale de l’Iran et la contestation chiite à Bahreïn ont ravivé la concurrence entre les deux principales puissances régionales du Golfe .
En Syrie, le pouvoir répond par la force brutale ce qu’il qualifie « de complot de l’étranger ». Le régime alaouite ayant lancé son armée et ses milices dans le combat , ne négligeant aucun moyen .
Ce qui se joue au Proche-Orient , au-delà des luttes démocratiques , c’est la possibilité d’adopter une ligne indépendante des grandes puissances ainsi que l’avenir des Palestiniens . Nous pouvons, sans partager les vues , noter les déclarations de l’influent commentateur égyptien, Mohamed Hassanein Haykel , ancien conseillé de Gamal Abdel Nasser, qui évoque le partage de la région entre les Etats-Unis et l’Union européenne , sur le modèle des accords Sykes-picot , signés en 1916 par les représentants français et Britannique . Paris et Londres dépeçaient le Proche –Orient et traçaient de nouvelles frontières favorables à leurs intérêts . Sans doute le commentateur égyptien estimait-il l’affaissement du monde occidental sur la scène internationale ? Mais exprimait des craintes largement partagées par les peuples arabes . Craintes renforcées par le soutien de Washington , et aussi Bruxelles , à la politique israélienne d’annihilation de la Palestine .
En effet, en Syrie, le pouvoir ayant décidé de répondre par force brutale qu’il qualifiait de « complot étranger » . En lançant son armée et ses milices à l’assaut d’une population civile, victime de tous les moyens imaginables ou non de torture, d’humiliation et assassinats politiques . Sans oublier les arrestations arbitraires , utilisées comme moyen d’intimidation contre tous ceux et celles qui ne courbent l’échine devant les sbires d’Assad . Se sachant qu’il disposait d’une assez large assise alaouite , mais aussi parmi d’autres minorités druzes et chrétiennes et même dans la communauté sunnite . Et surtout, bénéficiant d’un soutien international qui dépasse largement l’Iran et ses satellites libanais, en l’occurrence, le soutien indéfectible de la Russie et de moindre importance, la Chine qui craignent une déstabilisation totale de la région, comme fut le cas en Libye, après l’intervention occidentale dans ce pays .
Actuellement proie de milices qui se partagent sa dépouille comme des chacals affamés . Les pays latino-américains sont convaincus que le régime syrien combat un « complot » ourdi par les impérialistes . La Turquie, quant à elle, redoute une nouvelle poudrière à ses frontières. Après avoir rééquilibré sa politique régionale, elle n’hésite pas à dénoncer l’expansionnisme israélien , tout en maintenant une coopération étroite avec les Etats-Unis . Elle veut éviter , comme de nombreux acteurs régionaux , une guerre confessionnelle en Syrie , qui pourrait , par une réaction en chaîne, s’étendre aux voisins , comme le Liban et l’Irak. Chose faite depuis juin 2014, quand l’Etat islamique » Deach « s’est emparé d’un tiers du territoire irakien et la moitié de la Syrie , en un temps record . Un risque bien plus sérieux que « la menace nucléaire « iranienne .
CONCLUSION
Une guerre contre l’Iran alimenterait le processus d’éclatement du Proche-Orient et même du Maghreb, déjà perceptible avant 2011. La guerre civile en Irak, instabilité au Kurdistan, guerre civile silencieuse au Liban , fragmentation avancée de la Palestine et poursuite de l’occupation , indépendance effective du Sud-Soudan et les mouvements sécessionnistes au Soudan, enracinement d’Al-Qaida ai Maghreb islamique (AQMI) dans le Sahara Occidental … La multiplication des milices armées et des acteurs non étatiques confirment l’instabilité dans cette zone maudite . A ne pas en douter , une guerre régionale donnerait un coup d’arrêt aux mouvements de démocratisation et marquerait aussi une plongée dans le chaos , voulue par les « bédoucraties du Golfe « afin de s’ériger en puissance régionale aux détriment de la population arabe qui avait tant rêvé de démocratie et de liberté et qui se trouve prisonnière de bédouins incultes dont l’égo se mesure à l’aune de la hauteur de leurs tours infernales .
Depuis 2011, ils financent les guerres civiles au Yémen, en Syrie et en Libye pour assouvir leur soif de vengeance de tous ceux et celles qui mettent en doute leur doctrine puisée dans des livres périmés depuis des siècles . Ils sont la quintessence de l’incurie crasse et l’immobilisme intellectuel . Pour eux , l’âge de la pierre reste la référence absolue … Avec le livre sacré –le Coran - qu’ils ne comprennent pas, puisqu’ils sont, pour la plupart, analphabètes ou presque . Maintenant, que le monde arabe est au bord de l’implosion, à charge de l’Occident de se trouver un nouvel ennemi qui pourrait détourner les regards lassés de la cause palestinienne . Peut-être une alliance contrenature entre les Arabes « modérés « et Israël verra officiellement le jour après l’apocalypse nucléaire à venir et comme ça on sera débarrassé de soixante ans de tergiversations inutiles …
* OMC : La pieuvre aux pouvoirs occultes – Notre Editorial du 07/11/2009 paru sur notre site www.dr-ben-abdallah.ch
** G20 de Séoul –paru sur notre site www.dr-ben-abdallah.ch du 02/12/2010;
*** IRAK : La cassure ? Paru sur notre site www.dr-ben-abdallah.ch, le 02/10/2015;
REFERENCES : Atlas Socio-économique des pays du Monde -2014 ;
EDITIONS LAROUSSE, 2014 ; L’ATLAS du Monde diplomatique ;
Hors série ; Edité par la SA , société anonyme avec directoire et conseil de surveillance . 1 Avenue Stephen Pichon, 75013, Paris
DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ; AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE » ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch, DEPUIS LE 01/03/2009 ;
&
EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF ;
DU SITE www.dr-ben-abdallah.ch;
DEMEURANT SIS 1202 GENEVE ;
05/03/2015