
EDITORIAL ECONOMIQUE
LA BATAILLE POUR L’ENERGIE AURA-T-ELLE LIEU ?
PROLOGUE
« Du moulin à vent au réacteur nucléaire, du muscle de l’animal à la combustion pétrolière, du mouvement de l’eau aux feux du soleil, le développement des sources d’énergie consonne avec le déploiement de l’activité humaine . En effet, pour suppléer la faiblesse du corps et accomplir les dessins de l’esprit, il a fallut s’adjoindre des forces motrices et calorifiques . Bientôt le bœuf et le bois n’y ont plus suffit. En Europe, et dans le Nouveau Monde , le capitalisme industriel , entravé par la pénurie de la main-d’œuvre , a tâché de substituer les machines au travail humain . Un monde de production s’est imposé qui ne dévore pas seulement les producteurs, mais engloutit aussi des quantités colossales de combustibles .
Par ailleurs, avec le doublement de l’espérance de vie et la multiplication par huit de la population mondiale au cours des XIXe et XXe siècles, les besoins ont crû a un rythme effréné . En effet, pour les assouvir , on a recouru à des matières abondantes mais non renouvelables tels que le charbon, le pétrole, le gaz et- à moindre échelle, aux installations hydroélectriques , nucléaires et éoliennes . Catalyseur de la course économique , l’exploitation de ces ressources ayant engendré une industrie , elle même, ayant engendré une industrie mondialisée , modelée par des intérêts conjoints du capitalisme et des Etats . La rente y côtoie le marché ; la politique favorise les stratégies de puissance au dépens de l’intérêt des peuples . Et, dans l’ombre des cathédrales industrielles , le spectre de la guerre emboîte le pas à la désolation … »
LE RAISONNABLE DANS LES MOTEURS DE L’AVENIR
Comprendre le grand jeu de l’énergie dont dépend l’avenir de l’humanité implique une démarche volontaire qui préconise : on s’arrête et on réfléchit . De cette réflexion se dégage trois traits caractérisant du paysage énergétique global . En premier lieu , des connaissances fiables dont nous aurions besoin pour peser sur les choix de demain confisqués au public . Elles gisent dans les coffres d’Etats et d’entreprises . Ensuite, les investissements nécessaires à la mise en d’une nouvelle filière qui engage des investissements lourds s’étalant sur plusieurs générations. Dès lors, les intérêts économiques priment même lorsqu’ils fusionnent avec d’autres considérations d’allure plus présentable : aux questions géopolitiques , aux débats éthiques, aux controverses climatiques répondent presque toujours les profits des multinationales . En effet, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le « pic » pétrolier avait été atteint en 2006 * .
Cependant, il faut se méfier comme de la peste des affirmations pompeuses , car dans ce domaine, on ment, on bluffe, et on trompe son prochain , pour influencer les marchés et justifier des investissements irrationnels . La perplexité est aussi de mise , quand l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) **, affirme que les coûts d’électricité solaire et éolienne rejoignent ceux du courant nucléaire ou fossile .
Difficile d’oublier que les énergies dite « vertes »constituent le nouveau Graal des industriels . Les géants de l’économie mondiale tiennent désormais deux fers au feu : d’un côté les « renouvelables « ; de l’autre les hydrocarbures . Car l’extraction de ces ressources fossiles prospère encore . Dynamisées par une Asie émergente assoiffée de matières premières , la production et la consommation du charbon explosent . En effet, la croissance économique en Chine en Inde - gourmande en pétrole et en charbon – est entrain de transformer le système énergétique mondial , écrivait l’AIE , en 2007 .
Les retombées de la hausse effrénée de la demande d’énergie sont à la fois incompatibles avec l’impératif de renforcer la sécurité des approvisionnements et de réduire les émissions de gaz à effet de serre . Il n’est donc pas surprenant qu’en décembre 2009, la planète ait trébuché sur le chemin de Copenhague . Par ailleurs, le commerce de l’énergie est condamné à tenir compte des enjeux stratégiques qu’il contribue lui-même à créer .
En effet, Gazoducs et oléoducs doivent répondre à des critères de sécurité maximum pour irriguer les cœurs économiques . Au-delà du calcul classique de rentabilité, les sommes engagées intègrent une dimension politique ( acheter la bienveillance des Etat ) est hautement stratégique dans la mesure où il impératif de composer avec l’histoire et des équilibres mondiaux .
Pour éviter les zones dangereuses des approvisionnements , des grandes puissances se livrent à des batailles épiques dont le but principal demeure le contrôle des ressources énergétiques . Par ailleurs, l’emprise des peuples sur leur avenir énergétique peut donc apparaître bien frêle et perspective d’une planète à neuf ou dix milliards d’êtres humains obligera à rationaliser un secteur esclave des absurdités du marché . Les termes de la réflexion associant long terme et les effets indirects ( pollution , stockage ) sont déjà posés : faut-il choisir entre les fossiles et les renouvelables ?
Le nucléaire , très cher et dangereux –sera-t-il encore nécessaire , après l’accident survenu sur les sites japonais de Fukushima ? Le réseau idéal n’est-il pas plutôt local , ou plutôt continental ? Déjà des réponses s’amorcent : le bouquet énergétique sera à la fois renouvelable et fossile ; il comportera un important volet d’économie d’énergie . Les petites unités de production décentralisées cohabiteront avec les grandes .
Techniquement « en six heures , les déserts dans le monde reçoivent plus d’énergie que l’humanité entière n’en consomme en une année « ***. Cette action qui incite au rêve orne un site Internet de la fondation « Desertec » , un projet intercontinental qui regroupe les pays du Golfe, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord et l’Europe au sein d’un immense réseau de production d’énergie renouvelable spécialisée, selon les milieux géographiques : panneaux solaires dans le désert, éoliennes, sur les côtes et barrages dans les montagnes …
L’ensemble relié par un écheveau de lignes électriques de grandes capacité . Une utopie éblouissant qui pourra nous faire oublier cette réalité douloureuse : un tiers de l’humanité utilise exclusivement le bois et le charbon de bois pour se nourrir , se chauffer et travailler …
LA PUISSANCE DE L’ATOME EST-ELLE RENOUVELABLE ?
« L’exigence d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre remet l’énergie nucléaire au goût du jour . Stoppé dans son essor par l’accident de Three Mile Island en 1979, puis Tchernobyl en 1986, elle figure à nouveau en bonne place dans les grands programmes d’investissement énergétiques , malgré l’accident colossal de Fukushima au Japon « . M. Schneider **. Dans son discours du 16 février 2010, sur l’énergie, le président américain Barack Obama avait donné le ton « L’avenir possible a-t-il dit , est celui de l’électricité renouvelable alimente les voitures hybrides et les maisons individuelles ou les bureaux à haut rendement énergétiques du futur au lieu d’importer le pétrole de l’étranger (…) Il va bientôt falloir penser à construire , aux Etats-Unis , une nouvelle génération de centrales nucléaires plus propres et plus sûres « .
Efficacité, énergies renouvelables nucléaires : voilà donc un trio gagnant américain . L’ancien président Sarkozy n’avait pas contredit son homologue américain . Le 9 juin 2009, il déclarait : « Nous allons prendre dans les énergies renouvelables un virage aussi important que le général De Gaule pour le nucléaire dans les années soixante . Ce n’est pas l’un ou l’autre . C’est l’un et l’autre « . Il annonçait également que « là où dépenserons un euro dans le nucléaire , nous dépenserons le même euro dans la recherche sur les technologies propres et dans la prévention des atteintes à l’environnement « . Puis précisait que « cette parité d’investissement vise à préserver un consensus sur le nucléaire et arriver à le faire tolérer par ceux qui s’y opposent « . Tout un symbole : Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), l’institution publique qui gère les affaires nucléaires de la France depuis soixante-cinq ans , a été renommé Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives ( CEAAV)…
Il est donc de bon aloi de se demander : « L’énergie nucléaire est-elle une technologie de transition « ? En Allemagne, avant l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, la coalition conservatrice avait fait voter un amendement à la loi dite « sortie du nucléaire » avec l’intention de prolonger l’exploitation de ses dix-sept réacteurs nucléaires entre huit et quatorze ans .
La programmation d’une sortie définitive du nucléaire a été voté dans la précipitation à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima , accélérant ainsi le processus d’une sortie programmée du nucléaire . En moindre mesure, la Suisse a aussi programmé sa sortie progressive du nucléaire , ces vingt prochaines années . Par ailleurs, Toujours en Allemagne, selon un accord entre les deux partis de gouvernement, la majeure partie des bénéfices liées au prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires sera taxée et réinvestie dans les énergies renouvelables et dans les politiques pour améliorer l’efficacité énergétique. L’interdiction de toute nouvelle construction reste en vigueur . La chancelière , Madame Angela Merkel, n’est pas d’accord avec son propre parti sur les modes mises en œuvre de cette loi .
PROLONGER LA DUREE DE VIE DES REACTEURS , TOUT EN DEVELOPPANT L’ELECTRICITE REVIENT A FAIRE COEXISTER DEUX SYSTEMES ANTAGONISTES
L’Allemagne est sans doute le laboratoire le plus intéressant pour analyser si les concepts du couple d’efficacité énergétique /énergie renouvelable d’un côté et nucléaire de l’autre , sont deux approches complémentaires ou complètement antiatomique . La fédération allemande des entreprises municipales (VKU) est une puissante association qui regroupe 1350 entreprises couvrant les besoins en électricité et en chauffage de plus de la moitié des consommateurs du pays , s’est déclarée très préoccupée par les conséquences possibles du délai supplémentaire accordée au secteur nucléaire .
Des investissements municipaux pour la construction ou l’amélioration des centrales électriques sont de l’ordre de 6,5 milliards d’euros . Et même pour des projets réalisés , la viabilité économique est menacée . Beaucoup de questions restent en suspens quand il s’agit de comparer les deux systèmes . L’un centralisé , reposant sur le nucléaire , et l’autre , fondée sur une stratégie combinée d’efficacité énergétique et de production décentralisée en énergie renouvelable .
Quelles conséquences pour le développement des réseaux ? Comment promouvoir les énergies « renouvelables « , tout en donnant la priorité à l’efficacité , afin de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre ? Est-ce que les grandes installations basées sur les énergies renouvelables conduiront à terme aux mêmes effets systémiques que les grandes centrales nucléaires ou au charbon ?
En effet, pendant longtemps , les politiques énergétiques ont visé la sécurité d’approvisionnement du pétrole , du gaz et de l’électricité , plutôt que l’accès à des « services » énergétiques abordables , fiables et durables : les êtres humains consomment des plats cuits, se servant de la lumière , de la chaleur et du froid ainsi que les forces motrices , il communiquent et se déplacent : Ils n’utilisent pas l’énergie per se. Le résultat est connu . Même dans les pays industrialisés qui ont mis en place des programmes lourds de production d’électricité nucléaire comme les Etats-Unis ou la France, et le Royaume Uni , les franges les plus vulnérables de la population qui n’ont pas accès à l’énergie du chauffage sont en augmentation constante , ces dix dernières années .
On a même crée un nouvel acronyme « WWD » Excess Winter Death « (décès hivernaux surnuméraires ) pour la surmortalité en cette période . Une étude européenne avait montré que le nombre de personnes qui meurent au cours de la saison froide , car ils ne se permettent pas de chauffer leurs maisons correctement . L’excédent de mortalité varie de 10% à Paris , jusqu’à 30% à Glasgow . Au Royaume –Uni, on estime que quarante mille personnes sont mortes durant l’hiver 2009, en plus de la mortalité habituelle .
Et/ce en conséquence de la précarité énergétique . Dans la France nucléaire, près de huit millions de ménages , environ 28% , du total, dépensent plus de 10% du budget familial pour l’énergie (transports compris ). En effet, depuis 2005, environ trois millions de familles françaises ont bénéficié du tarif de première nécessité TPN), une création gouvernementale qui propose un tarif subventionné aux familles à faibles revenu. Dans les pays qui ont choisi l’électricité nucléaire , l’accès aux services énergétiques n’est plus , ni juste qu’ailleurs (…)
EN 2010, LE MONDE COMPTAIT OFFICIELLEMENT 441 REACTEURS
NUCLEAIRES EN SERVICE !
La dernière décennie avait vu des changements sans précédents dans le secteur de l’énergie . Les marchés en particulier –celui du pétrole , mais avec un effet d’entraînement pour les autres sources d’énergie ont été extrêmement volatiles . En effet, vers mai 2008, les prix de pétrole avait atteint 150 dollars , le baril , soit un cours huit fois supérieur à celui de 1998 . Ces prix astronomiques avaient sans doute , contribuer à précipiter l’économie mondiale dans le chaos , entraînant l’effondrement du cours de l’or noir à quelque 30 dollars le baril . La récession globale a fait baisser la consommation de l’énergie à tel point, qu’en 2009, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la consommation globale de l’électricité ayant diminuée drastiquement .
Malgré cela, les prévisions concernant la demande en énergie anticipent une forte croissance des économies asiatiques, en particulier la Chine et, dans une moindre mesure, de l’Inde . Le Brésil, grand consommateur d’énergie , s’est tourné, vers les énergies vertes ( Métanol, et autres carburants à base de céréales ou verdures ) . En effet, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), avait affirmé dans son scénario de référence 2009, que la demande en énergie augmentera de 40% d’ici 2030, l’hypothèse retenue table sur un doublement de la consommation énergétique chinoise entre 2007 et 2030, alors qu’elle n’augmenterait pas plus de 5%aux Etats-Unis . Et seulement de 1% , en Europe .
En effet, ce scénario de référence , n’est en fait, qu’une extension projetée dans l’avenir des politiques nationales actuelles . Sans tenir compte de la décision des Etats-Unis d’exploiter les gaz de schiste à une échelle industrielle qui décupla le rendement et contribuer à la baisse des prix de pétrole . Rappelons au passage, que les Etats-Unis sont les plus grands producteurs de pétrole , bien devant l’Arabie saoudite et satellites de » bédoucraties « du golfe . Si l’évolution devait se poursuive, , selon cette option, cela conduirait inévitablement à des changements climatiques catastrophiques .
L’AIE, suggère d’ailleurs, elle-même, que « Le volume des émissions de CO2 dans l’atmosphère d’un tel scénario se traduirait par une augmentation moyenne de la température pouvant aller jusqu’à 6 degrés Celsius « . Mais le changement climatique n’est pas la seule préoccupation : dans le scénario de référence , la question de la disponibilité des ressources à moyen terme compte tout autant . Et, l’AIE ayant revu à la baisse la croissance annuelle de la demande en pétrole ( elle prévoyait 1,6% par an en 2004, contre 1% en 2009), ce qui ne change pas fondamentalement le problème de la limitation des ressources .
Autant du point de vue de la sécurité des approvisionnements que des engagements pour contenir l’importance de changement climatique . L’actuel système énergétique et les politiques de développement qui l’accompagnent ne sont pas tout simplement pas durables .
Quelques soient les systèmes considérés , d’énormes investissements seront nécessaires pour remplacer les infrastructures existantes et répondre à la demande . Le premier réacteur nucléaire avait été connecté à un réseau électrique en 1954, dans ce qui était alors l’Union soviétique . L’augmentation de nombre d’unités d’exploitation s’était faite sans interruption trente cinq ans , environ , jusqu’à la fin des années 1980 . En effet, en 1989, on comptait 424 réacteurs en exploitation dans le monde . le nombre a peu varié depuis, puisqu’il avait officiellement 441 réacteurs en service au 15 novembre 2010 ( un pic historique avait été atteint , en 2002 avec 444 unités ).
A la même date, l’Agence internationale pour l’énergie atomique ( AIEA), publiait une liste de 61 réacteurs en construction ; une douzaine y figurent depuis 2008, pour la première fois depuis le début de l’utilisation commerciale de l’énergie nucléaire , aucune unité n’avait été raccordée au réseau depuis l’inauguration en août 2007, de la centrale roumaine de Cerna –voda 2 ( dont la construction avait duré 24 ans ) … Seuls sept réacteurs ont été mis en service ( un en Coré du Sud, au Japon, et en Russie ,deux en Chine et en Inde ), alors que cinq unités ont été retirées du réseau . En 2009, pour la troisième année de baisse consécutives , 370 Gigawtts (GW) de capacité nucléaire ont produit 2600 téra-wattheures (Twh), soit un recul de 1,3 %, ce qui représente environ 13% de l’électricité commerciale ou de 5,5 % de l’énergie primaire commerciale , ou encore entre 2 et 3% de l’énergie finale dans le monde . Cependant la tendance reste à la baisse.
En dépit de ce déclin en termes réels , les projections de l’AIEA et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont été de plus en plus optimistes . La première prévoyait dans son scénario « modéré « une capacité nucléaire de 473 GW, à l’horizon de 2030 et, avec une précision qui force l’admiration, de 747,5 GW, soit un doublement de la capacité actuelle , pour un scénario « soutenu « … Par ailleurs, les auteurs du ( world energy IOutlook 2009 ) « perspectives énergétiques mondiales « de l’AIE » n’en sont pas à un paradoxe près . Ils écrivent « une renaissance du nucléaire est possible mais ne peut pas se faire du jour au lendemain . Les projets nucléaires doivent faire face à des obstacles de toutes sortes : des délais de construction étendus sur de très longues périodes avec les risques inhérents , des processus interminables pour l’octroi des licences , une pénurie de main-d’œuvre , des problèmes liés à l’élimination des déchets , au danger de prolifération et d’une opposition locale .
En effet, le financement de nouvelles centrales nucléaires , en particulier dans des marchés de l’énergie libéralisés , a toujours été difficile, il est pratiquement certain que la crise économique et financière avait rendu la situation encore plus grave . L’importance des capitaux requis, les risques de dépassements des coûts et les incertitudes réglementaires avaient rendu les prêteurs extrêmement prudents , alors que même que la croissance de la demande demeure très importante « .
Cependant, ni l’AIEA , ni l’AIE n’ont montré comment ces « obstacles importants « pourraient être surmontés pour justifier ces projections impressionnantes . Dans le rapport rédigé pour le compte du gouvernement allemand, le centre bâlois de recherches économiques et conseil stratégique « Prognos « ayant estimé que le nombre des réacteurs en exploitation était susceptible de diminuer de 29% d’ici 2030. Il estime que seulement 35% des projets annoncés par World nucléaire Association , pour 2030 seront réalisés . Et cela ne suffira pas à compenser le retrait des réacteurs vieillissants.
On viendrait presque à oublier que les énergies renouvelables ont été pendant des millénaires la principale source d’énergie de l’humanité, d’abord par la combustion de la biomasse- en particulier le bois – mais aussi grâce à l’exploitation de l’eau et du vent . Mais voilà, au cours de ces deux derniers siècles, le recours aux énergies renouvelables avait diminué au profit de l’exploitation de l’énergie provenant des combustibles fossiles . Le charbon, le pétrole puis le gaz naturel ont été exploités à si grande échelle qu’ils ont pratiquement évincé les formes renouvelables des statistiques énergétiques .
En dépit de l’énergie consommé pour la transformation et le transport , ces trois sources restent relativement bon marché et abondante –à court terme . En effet, depuis le début des années 2000, certaines régions du monde se sont réveillées et se sont mises à rechercher les moyens de réduire leur indépendance vis-à-vis des énergies fossiles et des pays qui les produisent . En 2009, pour la deuxième année consécutive , les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables étaient supérieurs à ceux destinés aux énergies fossiles .
L’Union européenne ayant investi 13 milliards d’euros dans l’éolien qui représente 39% de l’augmentation des capacités de production . Toutes sources confondues , les nouvelles installations en renouvelables ont représenté 61% de cet accroissement de la capacité installée . L’Europe des vingt-huit continue son mouvement pour s’affranchir du charbon , du pétrole et du nucléaire , en mettant à l’arrêt plus d’installations anciennes qu’elle n’en met en service . Mais il faut encore modérer les enthousiasmes car la contribution totale des énergies renouvelables (hors hydraulique ) à la production de l’électricité à l’échelle mondiale n’avait atteint que 5%, en 2009. L’ensembles des centrales hydroélectriques ont engendré environ 3200 TWh d’électricité , ce qui équivaut à environ, 15% de la production mondiale .
La capacité installée est 923 GW, ce qui fait de l’hydroélectricité , et loin la plus importante des sources d’énergie renouvelable . Cette source serait idéale si elle ne s’accompagnait pas d’impacts important su l’environnement et surtout sur les communautés qui vivent à proximité des grands barrages . Les nouvelles installations sont relativement nombreuses et la contribution d’hydroélectricité est passée de 17% à 15% entre 2000 et 2009. Aucun scénarion ne prévoit de développements spectaculaires d’ici 2030 , cependant de nombreuses organisations non gouvernementales et institutions soulignent que ce gisement est énorme : le World energy Assessement (WEA) estime que le potentiel économique à environ 8100 TWh, le potentiel technique de 14000 TWh et le potentiel théorique total , environ 40000 TWh. . Pour beaucoup, la concrétisation de telles possibilités serait inacceptable au point de vue des conséquences environnementales et sociales . Cependant, il est possible que se développe la construction de centrales hydroélectriques de petites tailles , et que l’on tente d’accroître l’efficacité des installations existantes .
Par ailleurs, il existe deux principaux types de technologies solaires pour la production de l’électricité : le « solaire à concentration « , qui transforme la chaleur solaire en vapeur pour actionner les turbines et créer de l’énergie d’une manière conventionnelle , et, le « solaire photovoltaïque « (PV), qui convertit l’énergie du soleil directement en courant électrique .
Le solaire thermique est aussi utilisé , sur une échelle plus large , pour chauffer l’eau des bâtiments . Les technologies du solaire photovoltaïque évoluent très vite . on produit de plus en plus de modules photovoltaïques , et de moins cher : les coûts sont tombés de 7 dollars par watt installé en 2008, à environ 5 dollars en 2009, et même à 3 dollars par watt, pour les productions à grande échelle . Dans un effet d’entraînement , la chute des prix suscite une utilisation de plus en plus massive qui, à son tour, conduit à une baisse des prix : un cercle vertueux .
L’Allemagne a été le principal pilote de cette croissance : en 2009, on y a installé 3800 MW de nouvelles capacité - équivalente à la puissance de production installé jusqu’à 2007 ! – ce qui avait permis , au développement de s’étendre pour atteindre près de 10000 mégawatts (MW). En 2010, le développement s’est encore accéléré pour les neuf mois de l’année , on compte 5400 MW solaires supplémentaires , soit environ vingt fois la capacité photovoltaïque totale installée en France .
D’autres pays , notamment la Chine , l’Italie, l’Espagne, le Japon et les Etats-Unis ont connu aussi des taux de croissance phénoménaux pour l’installation de capacité en photovoltaïque . La baisse des prix est sur le point d’aligner leur coût sur celui de la production d’électricité nucléaire à partir de nouvelles centrales . Selon un rapport préparé par John Blackbrun, professeur d’économie à l’université de Duke , suggère que « le croissement historique « aura lieu très prochainement , en Caroline du Nord , où les coûts réels d’installation et de fonctionnement pour les systèmes de production d’énergie solaire photovoltaïque ont diminué au point qu’ils sont désormais inférieurs aux coûts calculés pour les nouvelles centrales nucléaires . La révolution énergétique suit son cours …
L’EUROPE ENERGETIQUE ENTRE CONCURRENCE
ET DEPENDANCE !
« Environ deux tiers du gaz naturel consommé dans l’Union européenne est importé. Et les besoins ne cessent de croître . Inquiète de l’instabilité des prix et de sa dépendance vis-à-vis de la Russie, son premier fournisseur , l’Europe veut diversifier et sécuriser ses approvisionnements gaziers . Symétriquement, Moscou prospecte de nouveaux marchés et entend garder la maîtrise du tracé des principaux gazoducs : dépendre d’un client unique disconvient au Kremlin « En effet « Un marché unique européen de l’électricité et du gaz véritablement concurrentiels se traduirait par une baisse des prix, une amélioration de la sécurité d’approvisionnement et un renforcement de compétitivité . Il aurait également un effet bénéfique sur l’environnement « ***. Dans leur livre vert en 2006, sur le développement d’une politique énergétique commune, les membres de la Commission européenne ont montré qu’ils n’avaient pas la plume légère et la plaisanterie facile . A les en croire , le marché permettait tout : la baisse des prix de l’énergie , l’indépendance énergétique et la protection de l’environnement (…) sic !
Le drame de Bruxelles c’est qu’elle croît dur comme fer que la concurrence n’est pas un moyen une fin en soi, mais n’étant qu’un moyen parmi d’autres . D’après l’Office des statistiques des communautés européennes (Europ-stat ), le taux de dépendance énergétique de l’Union est passée de 45%, en 1997 à 54,8% , en 2008 . Et pour cause . Non seulement la production européenne d’énergie primaire n’a cessé de croître , du moins jusqu’en 2007. Résultat : En une décennie , les importations nettes ont augmenté de près de 30 % Mais que recouvrent précisément ce chiffre ?
D’abord, l’Union produit de moins en moins d’énergie fossile . Première énergie primaire consommée dans les années soixante , le charbon ne se classe plus aujourd’hui qu’au troisième rang , derrière le pétrole et le gaz naturel . Simultanément , l’épuisement progressif des réserves d’or noir, estimées à moins de huit années pour le même rythme de production liée plus étroitement à l’Union des fournisseurs russes, proche-orientaux , algériens et norvégiens . Enfin , l’extraction de gaz naturel européen diminue depuis 1996, alors que sa demande s’est fortement accrue au cours des quinze dernières années . En 2008, 62,3 % du gaz consommé (ou stocké) par les pays de l’Union européenne proviennent des importations . Contrairement à celui du pétrole, le marché du gaz demeure régionalisé en raison des contraintes d’infrastructures liées aux gazoducs . Les régions « Europe « , « Asie » , « Amérique » , échangent un peu entre elles .
Cependant, l’internationalisation du marché se profile avec la montée en puissance du gaz naturel liquéfié (GNL) . il est six cent fois moins volumineux qu’à l’état gazeux , et son expédition via - des méthaniers – comme son stockage se révèlent aussi flexibles qu’économiques . Une aubaine pour les contrats à court terme. Pour les pays exportateurs, qui mise sur ce nouveau produit : Le Nigeria , le Qatar, ( troisièmes réserve mondiales) . Trinité – Tobago ( qui alimente surtout les Etats-Unis ), mais aussi la Malaisie et l’Indonésie . En 2005, 22% des échanges gaziers sont effectués sous la forme GNL . Toujours obsédée par la, concurrence , l’Union européenne ayant imposé , en 2003, une contrainte aux opérateurs historiques : permettre l’accès à des tiers aux réseaux et aux terminaux de réception GNL .
Ces contrats à court terme satisferont la Commission européenne car ils facilitent la rencontre entre l’offre ( les fournisseurs ) et la demande (les distributeurs ) d’où découle le prix du marché du gaz . Tout paraît simple . Mais le libéralisme est le moins qu’on puisse dire, boiteux , du fait, que ce gaz non conventionnel , longtemps inexploité du fait qu’il coûte cher à l’exploitation et techniquement inaccessible . En effet, les gaz dits « non conventionnels » essentiellement situés dans des zones argileuses ou à proximité du charbon et connus sous le nom de schiste ou de grisou , s’avèrent être une nouvelle ressource pour les industriels gaziers et pour les Etats . La diminution des coûts d’extraction et la multiplication des zones de forages changent progressivement la donne sur le marché mondial du gaz .
CONCLUSION
D’après l’Agence internationale de l’énergie, (AIE), le gaz est la source d’énergie qui connaîtra le plus fort développement dans les trente-cinq prochaines années . Grâce notamment aux gaz non conventionnels . Ce nouvel élan pourrait mettre à mal les échanges internationaux du gaz naturel car la dépendance des pays importateurs seraient amoindrie. Ainsi que les Etats-Unis . Le gaz non conventionnel ayant représenté la moitié de la production gazière en 2009 . En Europe , les Compagnies gazières et pétrolières sondent les sols et se lancent dans les forages . On prospecte jusque sur le Larzac .
Toutefois, cette nouvelle espérance de voir se réduire le taux de dépendance énergétique des Etats européens, c’est un caillou dans la chaussure . L’extraction et l’exploitation des gaz non conventionnels ne sont pas vraiment écologiques :elles poluent massivement les rivières et assèchent les nappes phréatiques . Pourra-t-on alors préconiser des forages au nom de l’indépendance énergétique alors que l’on cherche vaillamment à responsabiliser les peuples à ce sujet .
*International Energy Agency –World Energy Outlook 2010 ;
** Nculear Energy Agency –Project Cost of energy Electric 2010 ;
*** Référence : Manière de voir No 115 -Février-Mars 2011 ;
DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB,
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE LE POSSIBLE &
LE REALISABLE » ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch;
DEPUIS LE 1er Mars 2009 ;
&
EDITORIALISRE – REDACTEUR EN CHEF DU SITE
www.dr-ben-abdallah.ch;
DEMEURANT SIS 1202 GENEVE II
02/04/ 2015