
Editorial économique
DR MOHAMED BEN ABDALLAH - REDACTEUR EN CHEF DU SITE
EDITORIAL ECONOMIQUE
EDITORIAL ECONOMIQUE
LE RETOUR EN PUISSANCE DU MERCANTILISME
Le mercantilise classique regroupait entre le XVIe et XVIIIe siècle un ensemble de penseurs européens très divers qui étaient partisans d’une forte intervention de l’Etat tourné vers le développement du marché intérieur, la promotion des exportations et le découragement des importations dans le but de cumuler des excédents extérieurs , sources financière d’une politique de puissance . Certains dirigeants sont tentés de réveiller cette vieille doctrine .
Dans le sens étymologique, le mot vient de l’italien mercante , marchand . Au sens courant , le mercantilisme désigne l’attitude consistant à faire du commerce avec un esprit étroit et de l’âpreté au gain , il relève du syndrome de l’avidité .
Quant au sens économique : le mercantilisme est une doctrine économique des XVe, XVIIe et première moitié du XVIIIe siècle qui part du postulat que la puissance d’un Etat est fonction de ses réserves en métaux précieux ( or et argent ) . Il prône le développement économique par l’enrichissement de l’Etat au moyen du commerce extérieur . Dans un système mercantiliste .L’Etat joue un rôle primordial en adoptant des politiques protectionnistes qui établissent notamment des barrières tarifaires et encouragent les exportations .
Le système mis en place par Colbert (1619-1683), le colbertisme est un mercantilisme national, fondé sur une intervention de l’Etat dans le commerce extérieur afin d’accroître les rentrées de devises par l’augmentation des exportations des marchandises comme conséquence le développement des manufactures . Ainsi, pour protéger et augmenter les réserves , la plupart des pays européens ont pratiqué le mercantilisme et mis en place , durant cette période , des politiques économiques protectionnistes et des relations contraignantes avec leurs possessions coloniales .
Apparaissant en même temps que les Etats-nations et le développement du capitalisme moderne , le mercantilisme ayant permis les premières descriptions du rôle des monnaies et de la production ainsi que là les premières analyses des circuits économiques . Précédant les physiocrates , le mercantilisme a été une étape majeure dans l’avènement de la science économique moderne .
LE MERCANTILISME, EN TANT QUE SCIENCE ECONOMIQUE
Comme nous l’avions déjà décrit ci-dessus, le mercantilisme désigne le courant de pensée économique dominant du XVIe à la moitié du XVIIIe siècle . Selon ce courant, la puissance de l’Etat repose sur trois piliers : l’or et sa collecte par l’impôt, les marchands et leur valorisation dans le commerce extérieur , les exportations et l’excédent commercial qu’elles permettent d’obtenir en vue de l’accumulation de métaux précieux .
Le mercantilisme n’est pas , à proprement parler une école économique , puisque ce courant recouvre un ensemble d’analyses hétérogènes . C’est Adam Smith qui, dans « De la richesse des nations « réunit plusieurs penseurs sous cette étiquette en critiquant « le système mercantile « qui prône la puissance militaire de l’Etat , son intervention dans l’économie , ainsi que les protections douanières et les monopoles .
En effet, le mercantilisme s’est développé dans la plupart des pays européens . Il connaît différentes variantes suivant les pays . En Espagne, le courant mercantiliste est nommé bullioniste ( de l’anglais billion qui signifie lingot ) . Le bullionisme vise à accumuler les métaux précieux issus des colonies amérindiennes et les empêcher ensuite de sortir du pays. Ils furent pratiqué aussi par Charles Quint et Philippe II . En France, le courant mercantiliste se traduit par le colbertisme pratiqué par Louis IV. L’objectif reste l’accumulation métaux précieux , mais n’ayant pas les mêmes ressources aurifères , la politique colbertiste vise à se les procurer par le bais d’un protectionnisme sélectif et d’un interventionnisme industriel .
Contemporain de la colonisation du nouveau monde, de la monarchie absolue, le mercantilisme s’était développé surtout dans les Etats-nation qui dominaient alors l’Europe : L’Angleterre et la France . Les mercantilistes anglais les plus connus sont William Petty (1623-1687), John Law (1671-1729) . En France ce sont Jean Bodin (1529-1556), Jean-Baptiste Colbert (1619-1665) . Mais le pays le plus cité par les mercantilistes comme le modèle à suivre fut la Hollande . Ce pays où le pouvoir appartenait aux marchands dominait économiquement l’Europe grâce à la puissance de son commerce . Les mercantilistes français et anglais , fut en affirmant les spécificités nationales de chaque pays, se servant de la Hollande pour montrer que le commerce international fut un vecteur de richesse pour une nation .
Par ailleurs, la stratégie de leur discours consistait à placer l’Etat , pensé comme l’incarnation de l’intérêt général , contre les archaïsmes féodaux à l’intérieur du pays contre les autres puissances nationales extérieures . L’Etat qui représentait l’intérêt général était opposé au marché qui était le lieu où s’affrontaient les intérêts particuliers , représentait l’intérêt général fut opposé au marché qui était le lieu où s’affrontaient les intérêts particuliers , synonymes de désordre , et donc contrevenant à l’intérêt de l’Etat-nation .
En effet, le recours à l’Etat servait d’outil logique pour commander les archaïsmes : concessions accordées à certaines villes, péages intérieurs abusifs, ou encore les privilèges de l’Eglise . pour cette raison, les mercantilistes favorisaient les monopoles accordés par l’Etat , et plus généralement, sollicite son intervention dans l’économie afin que les intérêts particuliers soient modérés , afin de pouvoir réaliser l’objectif de l’Etat qui consistait à doter l’Etat de moyens financiers, monétaires et fiscaux afin qu’il puisse mener une politique autonome .
En ce sens, les mercantilistes furent animés par la rationalisation et la modernisation de l’Etat. On peut même dire, que la pensée économique laïque naquit avec le mercantilisme . En effet, les analyses mercantilistes étaient en rupture avec les analystes économiques des théologiens qui cherchaient à qualifier la nature bonne ou mauvaise de telle activité commerciale .
Le problème spécifique des mercantilistes n’était pas celui du péché , mais la puissance du Prince ou de l’Etat . Ils introduisaient donc une rupture avec la conception économique traditionnelle . Par ailleurs, la politique économique fut menée en vue de la puissance politique et militaire sur le plan international . La puissance d’un Etat, se mesure à sa capacité de pouvoir se procurer des armes et des armées , donc à l’accumulation des métaux précieux permettant de se les acheter ( notamment à pouvoir recourir à des mercenaires , le cas échéant .
L’accumulation et le placement de l’or et de l’argent furent au cœur des préoccupations des mercantilistes . Selon eux, ces métaux sont mieux placés s’ils circulent dans l’économie nationale que s’ils sont accumulés dans les coffres . Néanmoins , ils doivent pouvoir être rapidement saisis par le Prince en cas de besoin .
Par conséquent, certains mercantilistes préconisaient l’interdiction de l’exportation de l’or afin de l’Etat conserve sa puissance . D’autres soulignaient cependant que comme le commerce extérieur apportait la richesse , donc la puissance , il ne faut pas gêner les exportations , voire , il faut les favorise , à condition cependant de limiter le plus possible les importations .
Apparaissant en même temps que les Etats-nations et le développement du capitalisme moderne, ayant permis les premières rescriptions du rôle des monnaies et de la production , ainsi que les premières analyses des circuits économiques . Précédant les physiocrates, le mercantilisme a été une étape majeure de l’avènement de la science économique moderne . En effet, la monnaie pour les mercantilistes est avant tout , un bien qui importe plus que les autres . Cette analyse de la monnaie allait à l’encontre des théories classiques de la monnaie développées par Adam Smith ou Say qui analyse la monnaie comme un bien neutre , une marchandise comme les autres , soumise à la loi de l’offre et la demande .
Par ailleurs, à partir de la moitié du XVIIIe siècle , les penseurs libéraux tels que Smith ou Quesnay ou Hum, critiquent le mercantilisme , ce qui mettra fin à ce courant de pensée au profit des physiocrates et des classiques . On retrouve aujourd’hui , des formes de néomercantilisme dans les politiques économiques protectionnistes faisant à favoriser un excédent commercial . John Maynard Keynes préconisait ces politiques , le mérite de favoriser le décollage économique et la constitution d’un capitalisme national . Il reprend également certaines de leurs analyses concernant la monnaie ou les taux d’intérêt .
ADAM SMITH ( 1723-1790) , PÈRE DE L’ECONOMIE POLITIQUE
La plupart des économistes considèrent Adam Smith comme le « père de l’économie politique « « , pourtant certains , comme joseph Schumpeter , ou Murray Roth bard , l’ont défini comme un auteur mineur , considérant que son œuvre comportait peu d’idées originales et que ces dernières étaient , pour beaucoup , fausse .Cependant, il n’en demeure pas moins qu’il reste dans l’histoire comme le père des sciences économiques modernes , dont l’œuvre principale , publiée en 1776 « La richesse des nations « , est un des textes fondateurs du libéralisme économique . Bien que connu de son vivant pour ses œuvres de philosophie, la postérité avait surtout retenu son talent d’économiste . Les sciences économiques l’ont très rapidement élevé au rang de fondateur . Le courant libéral autant économique que politique , avait fait un de ses auteurs de référence . Qu’y va-t-il apporté dans la richesse des nations qui justifie une telle postérité ? Paradoxalement, Adam Smith n’a apporté presque aucune idée nouvelle à la philosophie et à l’économie dans son ouvrage . La plupart de ses idées avaient été approchées par des philosophes et des économistes comme le Français Quesnay , John Locke, William Petty , David Hme (avec qui il entretenait des relations amicales , Turgot , ou encore Richard Cantillon . la richesse des nations mentionne plus d’une centaine d’auteurs auxquels sont empruntées les différentes analyses .
Ce qui lui donnait toute sa valeur à l’œuvre de Smith, n’est donc pas son originalité , mais la synthèse de la plupart des idées économiques pertinentes de son temps . La plupart des auteurs qui l’ont précédé ont développé des idées brillantes , mais distinctes de tout système global cohérent . Et souvent associées à d’autres conceptions économiques beaucoup moins pertinentes ( comme la stérilité de l’industrie chez les physiocrates ) . Smith corrige les erreurs à postériori évidentes des auteurs qui l’avaient précédé , il avait approfondit leurs idées et les lient entre elles , pour tisser une compilation cohérente .
Son mode de pensée repose souvent sur le principe suivant :pour Smit , ce qui est sage pour le chef de famille ne peut être une folie dans la gestion d’un empire .Dans la théorie des sentiments moraux ( publié en 1759), il tentait de décrire les principes de la nature humaine pour comprendre comment ils se suscitaient la création d’institutions communes et un comportement social . En effet, dans « la Théorie des sentiments moraux « , la sympathie au sens d’empathie , de capacité de comprendre un autre en se mettant en quelque sorte à sa place, occupe une place centrale dans sa théorie . Pour Smith, l’homme dans ses actions doit tenir compte du point de vue des spectateurs tels ou du spectateur impartial , dans un cadre d’un double processus de sympathie . Le problème , est que ce double décentrement n’est pas facilement accessible à tout le monde . Tout aussi, Diakène suggère-t-il que Smith avait conscience de ces difficultés qu’il a écrit la Richesse des Nations , où , dans le domaine économique, le marché , d’une certaine façon , se substitue au spectateur impartial , ou du moins oblige les acteurs économiques à tenir compte les uns des autres .
LA NATURE DES RICHESSES
Avant Smith , les économistes avaient proposé deux grandes définitions de la richesse . Smith reprend dans le livre IV, de la Richesse des Nations , une critique mercantiliste que Schumpeter qualifiera d’intelligeant , à savoir que la richesse est définie par la possession des métaux et des pierres précieuses , car ce sont eux qui permettent de financer les guerres , ce sont eux qui ont de la valeur durable dans le temps et reconnue partout . Il s’agit d’une richesse essentiellement princière « jamais les mercantilistes n’ont soutenu cela « , souligne Schumpeter . pour les physiocrates , la production agricole fut la seule source de richesse , les autres activités notant vouées qu'à la transformation de cette richesse princière .
Pour Smith, la richesse de la nation , c’est l’ensemble des produits qui agrémentent la vie de la nation entière , c’est-à-dire de toutes les classes et de toutes autres objets leurs consommations . L’or et la monnaie constituent donc plus la richesse , elles n’ont en elles-mêmes aucune autre utilité que celle d’intermédiaire de l’échange . Adam Smith avait rejoint donc la vision de la monnaie proposé par Aristote dans l’antiquité . Pour lui l’origine de la richesse est le travail des hommes . Il pose ainsi les bases de la doctrine de la valeur travail , qui sera pleinement théorisé au siècle suivant par David Ricardo .
LE LIBRE ECHANGE
Adam Smith constatait d’abord que, en Angleterre, « les effets naturel du commerce des colonies , aidés de plusieurs autres ont surmonté en grande partie les mauvais effets du monopole « . Ces causes , à ce qu’il semble , sont la liberté d’exporter, franche de droit , presque toutes les marchandises qui sont le produit de l’industrie nationale à presque tous les pays étrangers , et la liberté illimité de les transporter d’un endroit de notre pays à l’autre , sans être obligé de rendre compte à aucun bureau public , sans avoir à essuyer des questions et des examens d’aucune espèce .
Par ailleurs, la thèse de Smith sur le commerce international se fonde sur une évidence à priori : il est prudent de ne jamais essayer se faire chez soi la chose qui coûtera moins cher à acheter qu’à faire . Dans ce cas de figure, Smith reprend, en fait, une critique du mercantilisme entamé par David Hume , en 1752. Hume , pensait que les excédents commerciaux , en accroissant la quantité des monnaies sur le territoire, provoquaient une hausse de prix et donc une baisse de la compétitivité induisant ainsi un déficit commercial , de sorte que les balances commerciales s’ajustaient naturellement , et qu’il est utile de poursuivre l’excédent .
La démonstration formelle des avantages du libre-échange est différente chez Smith . Elle repose sur la notion d’avantage absolu . Si une première nation est meilleure dans la production d’un second bien , alors chacune d’entre elles a intérêt de se spécialiser dans sa production et échanger les fruits de son travail .
LA NECESSAIRE REGLEMENTATION DE LA FINANCE
Quelques années avant la parution du renommé Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Adam Smith avait été témoin de l’éclatement de la bulle financière qui avait décimé le système bancaire d’Edimbourg : sur trente banques , seules trois avaient survécu. Pour lui , livrée au seules forces du marché, la finance fait aussi courir de graves danger à la société . Adam Smith stipule expressément que la logique d’un marché libre et concurrentiel ne doit pas s’étendre à la sphère financière . D’où , une nécessaire exception financière au principe de la liberté d’entreprendre et de commercer, et la nécessité d’un cadre réglementaire stricte : « ces règlements peuvent à certains égards paraître comme une violation de la liberté naturelle de quelques individus , mais cette liberté de quelques-uns pourrait compromettre la sécurité de toute la société . Comme pour l’obligation de construire des murs pour empêcher la propagation des incendies, les Etats , dans les pays libres comme dans les pays despotiques , sont tenus à réglementer le commerce des services bancaires « .
LE RÔLE DE L’ETAT
Dans le livre V de la richesse des nations , Adam Smith définit enfin les fonctions d’un Etat gardien de l’intérêt général et non de l’intérêt du prince . Il s’agit d’abord des fonctions dites régaliennes ( police, armée, justice et santé ) l’Etat doit protéger les citoyens contre les injustices et les violences venant du dedans comme du dehors .
En effet, l’analyse du droit public de Smith s’inscrit dans la logique de Grotius, Pufendorf et Hobbes , mais Adam Smith opère dans ses cours à Glasgow ( 1762-1763) une rupture nette dans sa définition des fonctions de la » police « , c’est à—dire la protection de la régulation de l’ordre intérieur . Or , à l’époque, la régulation de l’ordre intérieur est étroitement liée à l’abondance aux prix des vivres : garantir l’ordre public, c’est garantir l’approvisionnement en vivres . La police impliquait donc l’intervention économique est contre-productive vu qu’elle nuit à l’opulence des denrées .
Adam Smith avait défini donc les devoirs régaliens dans leur sens moderne : protection des libertés individuelles fondamentales contre les agressions du dedans et de dehors . Pour autant Smith ne refuse pas à l’Etat toute intervention économique .
« Dans le septième de la liberté naturelle, le souverain n’a que trois devoirs à remplir ; trois devoirs de haute importance, mais clairs , simples et à la portée d’une intelligence ordinaire .
Le premier , c’est le devoir de défendre la société de tout acte de violence ou d’invasion de la part des autres sociétés indépendantes .
Le deuxième, c’est le devoir d’ériger et d’entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l’intérêt privé d’un particulier ou de quelques particulier ne pourraient jamais les porter à ériger ou à entretenir , parce que jamais le profit n’en rembourserait la dépense à un particulier ou quelques particuliers , quoi qu’à l’égard d’une grande société ce profit fasse beaucoup plus que rembourser les dépenses « .
Avec « ces devoirs « Smith justifie clairement un certains interventionnisme de l’Etat dans la vie économique . Il définit aussi ce que les activités économiques appellera plus tard le »bien commun « . Selon Smith, le marché ne peut pas prendre en charge toutes les activités économiques, car certaines ne sont pas rentables pour aucune entreprise , et pourtant elles profitent largement à la société dans son ensemble . Ces activités doivent être prises en charge par l’Etat . Il s’agit surtout des grandes infrastructures , mais l’analyse peut s’étendre aux services publics . A cela, on peut ajouter la fourniture d’une éducation pour les pauvres .
Dans un article publié en 1927, Jacob Viner, professeur d’économie à l’université de Chicago, écrivait ainsi qu’Adam Smith, n’était pas un avocat doctrinaire de « laisser faire « , laissant beaucoup de place à l’intervention gouvernementale , tout en rendant compte des circonstances pour décide si une politique libérale est bonne ou mauvaise . Il soulignait : « les avocats modernes du laisser-faire qui s’opposent à la participation du gouvernement des affaires parce qu’elle constituerait un empiètement sur le champ réservé à la nature , à l’entreprise privée ne pensent trouver appui à cet argument de la Richesse des nations « (Viner , 1927 . 1927 ) .
POSITIONS POLITIQUES
A travers la Richesse des nations, Adam Smith prenait de nombreuses positions sur les débats politiques de son temps et tente , à la lumière de l’économie de contribuer à l’idéal des lumières du XVIIIe siècle .
Sur la question de l’esclavage , il explique que le travail des esclaves est en fait plus coûteux que celui des hommes libres, motivés par l’appât du gain et guidés par les forces du marché . « l’expérience de toutes les nations, écrit Adam Smith, s’accorde, je crois , pour démontrer que l’ouvrage naît par des esclaves , quoiqu’il paraisse . Ne coûter que les frais de leur subsistance, est au bout du compte le plus cher de tous « . C’est dans la même logique qu’il s’attaque au colonialisme , entreprise coûteuse d’exploitation . « Les colonies sont tout au plus des dépendances accessoires , une espèce de cortège que l’empire traîne à sa suite pour la magnificence de la parade « . Il consacre une centaine de pages à dénoncer le système mercantiliste qui dicte jusque-là, la politique des grandes nations .
Adam Smith n’épargne pas non plus l’aristocratie terrienne . La critique des propriétaires fonciers oisifs , rentiers , sera surtout l’œuvre de David Ricardo, mais dès 1776, Smith fait remarquer « les propriétaires terriens comme tous les autres hommes , aiment recueillir là où ils n’ont pas semé « .
L’HERITAGE INTELLECTUEL D’ADAM SMITH
Adam Smith n’a pas fait naître le libéralisme économique . Déjà Montesquieu, écrivait en 1748 De l’esprit des lois « Il se trouve que chacun va au bien commun , croyant aller à ses intérêts particuliers « . Puis le physiocrate Vincent de Gournay avait demandé aux gouvernements de « laisser faire les hommes « et de laisser passer les marchandises « , mais il ne s’agissait alors que de dénoncer le système des corporations et d’encourager la libre circulation des grains dans les provinces d’un unique royaume . Sur le plan intellectuel, l’influence la plus directe d’Adam Smith se manifeste dans l’inspiration que trouvent dans « la richesse des nations » les économistes des décennies suivantes . Parmi eux , se réclament de Smith des auteurs dont la célébrité deviendra aussi grande comme Tomas Malthus, David Ricardo, et John Stuart Mill, en Angleterre , Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat en France . Ces auteurs libéraux donnent une impulsion sans antécédent à la science économique en discutant dans leurs ouvrages les avis de celui qu’ils nomment le Dr Smith. Karl Marx , lui-même admirateur d’Adam Smith , les qualifient de « classiques « , bien que ses propres travaux , fondés sur la « méthode scientifique « et rigoureuse classique , l’amènent à prôner une doctrine , le communisme , opposé au libéralisme .
Le plus étonnant est de trouver dans « la Richesse des nations » nombre de petites phrases qui semblent annoncer des grandes idées économiques des siècles futurs , en voici quelques exemples : Au début des années huitante, les « théoriciens de l’offre « avancèrent l’idée que le taux de prélèvements obligatoires top élevé, en décourageant l’activité , peuvent finalement engendrer des recettes fiscales inférieures à celle d’un impôt plus modéré . Cette théorie modélisée par la courbe Laffer , popularisée par la célèbre phrase « trop d’impôt tue l’impôt « et qui motiva une partie de la politique économique de Ronald Reagan , n’avait rien de nouveau . En 1776, Smith écrivait déjà : » L’impôt peut entraver l’industrie du peuple et le détourner , de s’adonner à certaines branches de commerce ou de travail , qui fourniraient de l’occupation et les moyens de subsistance a beaucoup de monde . Ainsi tandis que d’un côté il oblige le peuple à payer, de l’autre il diminué ou peut-être anéantit quelques-unes des sources qui pourraient le mettre plus aisément dans le cas de le faire . » .
Par ailleurs, à la fin du XIXe siècle, le sociologue américain Thor Stein critiquait les postulats économiques sur le comportement du consommateur . Pour lui, le consommateur accroît souvent sa consommation d’un bien quand son prix augmente et ce par effet de snobisme , dans un objectif de démonstration sociale . Mais Smith l’avait écrit cent cinquante ans plus tôt .
« Pour la plupart des riches , le principal plaisir qu’ils tirent de la richesse consiste à en faire étalage et de sa fortune, et à ses yeux, leur richesse est incomplète tant qu’ils ne paraissent pas possède ces marques décisives de l’opulence ne nul ne peut posséder sauf eux-mêmes « .
Cependant, en général, c’est le concept du marché , comme mécanisme de base de la société tout entière qui devint le sujet de prédilection des économistes qui depuis lord s’intéressent à ses imperfections , à ses incapacités , et à son inexistence relative dans l’économie réelle où les situations de monopole sont courantes .
Si bon nombre d’économistes admirent Smith, c’est peut-être par ce que nombre de courants peuvent y voir le père de leurs idées . Les libéraux le saluent comme celui qui a mis en lumière l’importance du marché comme mode de régulation automatique de la société , ceux qui recommandent une certaine intervention modérée de l’Etat peuvent pourtant rappeler que Smith en a aussi souligné les imperfections éventuelles et ayant appelé la puissance publique à corriger . Bien qu’à l’opposé des idées de Smith, Karl Marx lui-même s’en inspire en développant toute une doctrine fondé sur la théorie classique de la valeur .
« Quelles soient juste ou erronées , les idées des théoriciens de l’économie et de la politique exercent une puissance supérieure à celle qu’on leur prête communément . En fait, ce sont elles qui mènent le monde ou peu s’en faut . Tel pragmatique déclaré , qui se croit libre de toute influence théorique , suit en fait aveuglement un économiste défunt . Tel maniaque de l’autorité, qui entend des voix , ne tire en fait sa frénésie que d’un docte barbouilleur de papier des années précédentes . Je suis certains qu’on exagère l’influence des intérêts acquis par rapport à l’emprise progressive des idées « .
Si on croit Keynes, il semble donc pas exagéré de prétendre d’Adam Smith et ses idées ont modeste le monde qui les a suivis , toutefois, Schumpeter et Magngusson , les idées attribuées à Adam Smith on en effet été fabriquées après sa mort , pour des raisons politiques et idéologiques et Smith lui-même , selon Michaël Bizou, était un philosophe moral dans la lignée de son maître Francis Hutcheson , qu’un économiste .
CONCLUSION
Les mercantilistes modernes s’appellent l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes , en somme les pays du CCG qui, assis sur une multitude de gisements de pétrole et de gaz naturel essayent depuis une trentaine d’années de transformer la manne pétrolière en puissance politique . Peine perdue, car à part la construction de mosquées un peu partout dans le monde pour propager le salafisme partout dans le monde, il sont restés bédouins mal décrassés qui préfèrent leurs dromadaires à leurs femmes, obligées de se couvrir de la tête au pied sous un « khimar « et vivre recluses dans harem . Ne savant quoi faire de leur manne pétrolière, ils construisent des tours dont la hauteur défie toute concurrence : Borj Khalifa à Dubaï, dépassait les 810 mètres, à 2/3 vide et qui coûte les yeux de la tête à ses constructeurs et propriétaires . Le Qatar, un pays de moins de 100 000 autochtones, s’est doté d’une flotte d’avions de chasse de marque française , sans qu’il possède un seul pilote de chasse qualifié pour piloter ses engins . Il va sans dire que la flotte d’avions civile qui sillonne la planète ,portant l’enseigne « Emirati « , navigue à vide ou remplit par une clientèle presque achetée …
La dernière trouvaille des bédoucraties du Golfe est financer les guerres en Syrie, en Libye et au Yémen , sans oublier les 7000 maghrébins qui sont entrain de guerroyer un peu partout à la gloire d’un islam rétrograde et obscurantiste . Voilà un aspect du mercantilisme « Arabe » qui ne sert absolument à rien, parce qu’il est prôné par des imbéciles heureux . Nous leur dirons « Qu’un mulet reste un mulet même s’il est ferré en or massif « .
Dans le même ordre, Donald Trump veut accumuler un trésor financier , source de puissance politique qui, hélas ne l’a pas . Après cent et quelques jours de gouvernance chaotique, il est menacé d’ »Empechment « , si les multiples accusations se confirment .
Quant à la politique fiscale proposé par Paul Rayan, l’un des leaders républicains , qui consiste à supprimer l’impôt sur les sociétés et à le remplacer par un impôt sur la trésorerie au taux de 20% , n’est qu’une aberration : En clair, le revenu d’exportation sort de la base fiscale et le coût de tout ce qui est acheté à l’étranger n’est plus déductible de la base fiscale . Et si vous investissez sur le sol américain, le montant de l’investissement est immédiatement et intégralement déductible , l’année où elle est réalisée . Un tel projet aurait de lourdes conséquences . D’un côté , inciter les entreprises à localiser de manière réelle et artificielle leur activité aux Etats-Unis, transformés en un gigantesque paradis fiscal . D’un autre côté, une véritable déclaration de guerre commerciale aux partenaires des Etats-Unis , avec le risque de rétorsion et éclatement du commerce mondial . Tout ça pour servir la politique de puissance américaine avec un budget militaire , déjà , la plus élevé du monde en hausse .
Le pire n’est jamais très loin :Si les entreprises américaines exportatrices soutiennent le projet, les importateurs du type Wal-Mart le récusent . Les dirigeants politiques du monde entier dans l’expectative , attendant avec fébrilité la décision de Donald Trump Qui démontre que les politiques nationales peuvent changer les règles de jeu de la mondialisation . Même si on est la première puissance mondiale .
*Christian Chevagneux – Trump ou le mercantilisme en marche – Alternative économique
No 367 – Avril 2017 ;
Références
- LA RICHESSE DES NATIONS – ADM SMITH -GB – 1756 ;
- Théorie des sentiments moraux - 1750 ;
- Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations -1776
- A Titre Posthume : Works AND LIVE OF ADM SMITH - 1776
DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB
ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE » ,
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch
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