EDITORIAL POLITIQUE
L’UNION EUROPEENNE DANS UN MONDE INSTABLE
PREMIERE PARTIE : UNION EUROPEENNE
Entre les incertaines sur l’économie américaine , le coup de frein subi par les économies émergents et toutes sortes de conflits qui se multiplient à ses portes, l’Europe doit montrer la solidité de ses institutions pour affronter un environnement international incertain .
Pour la première fois depuis 2008, ce ne sont pas les problèmes économiques qui dominent la vie politique et économique de l’Union européenne, mais la crise des réfugiés, les divergences euro-américaines , associées à la crise de l’euro, après le calamiteux référendum britannique sur le Brexit qui ont mis le vieux continent à rudes épreuves .
En effet, c’est plutôt la grave crise engendrée par l’afflux soudain de centaines de milliers de réfugiés , en provenance de Syrie, chassés par une guerre civile qui dure, depuis 2011. Ce flux incessant de réfugiés syriens pour la plupart s’est vu gonflé par d’autres réfugiés en provenance d’Irak, pays dévasté par les résidus de la guerre de W. Bush, commencée en 2003 et officiellement close en 2013 .
Par ailleurs, l’Europe qui enregistrait, bon an , mal an, 20. 000 demandes d’asiles par mois , depuis plusieurs années , en avait reçu 166. 000 durant le seul mois de septembre 2015 . En effet, entre octobre 2014 , et septembre 2015, ce sont ainsi ,1,2 million de personnes qui sont arrivées en Europe, alors qu’elles n’avaient été que « 431.000, en 2013 .
En soi, l’entrée en Europe d’un ou deux millions de réfugiés , même soudaine, ne devrait pas constituer un défi insurmontable , pour un continent de 510 millions d’habitants . Qui est aussi , une des zones les plus riches et le mieux équipées du monde . Cependant, ce qui pose problème , c’est leur répartition très inégale : l’essentiel des arrivants se dirigent vers l’Allemagne ou la Suède . L’incapacité de l’Union de se doter d’un mécanisme efficace de répartition des réfugiées sur l’ensemble du territoire , combinée aux craintes populaires, suscités par le terrorisme islamique, pourraient conduire à une remise en cause généralisée de la libre circulation au sein de l ‘Union.
Par ailleurs, la volonté de limiter à tout prix les arrivées nouvelles renforce la conception d’une Europe forteresse , de plus en plus copiée de ses voisins immédiats . En effet, les premiers mois de 2016, furent décisives . L’Europe a montré son visage frileux , voire identitaire menée par une poignée d’irréductibles à savoir la Pologne, la Hongrie associée à une kyrielle de xénophobes de l’ex-Yougoslavie .
DES EAUX INCONNUES …
Pour autant, les problèmes économiques n’ont pas fini d’occuper les Européens . Fin décembre 2016, la réserve fédérale américaine avait décidé d’augmenter ses taux d’intérêts , alors que la BCE avait, elle choisit quelques jours auparavant, d’accentuer encore sa politique expansionniste . Cette nouvelle divergence entre les politiques monétaires des Etats-Unis et l’Europe tendu, nous fait entrée dans une zone inconnue et potentiellement dangereuse .
En effet, avec des taux d’intérêts qui deviennent supérieurs à ceux de l’Europe, les Etats-Unis devraient attirer d’avantage de capitaux , l’Europe devrait donc baisser l’euro, par rapport au dollar .
Cette évolution devrait certes favoriser les exportations européennes , mais l’Europe dégage déjà des excédents extérieurs importants . Et cet effet positif risque d’être limité par le ralentissement économique de la zone euro . Sans oublier les mêmes effets sur les émergeants qui sont en train de tourner la page européenne . La baisse de l’euro devrait en revanche pénalise la demande intérieure en renchérissant les coûts des produits importés d’Europe .
Alors que la modeste reprise qui avait été , en bonne partie, portée par la baisse non anticipé de l’inflation , liée notamment à la baisse du prix du pétrole , qui avait soutenu le pouvoir d’achat des Européens . ce mouvement des capitaux vers les Etats-Unis pourrait aussi se traduire par une hausse des taux d’intérêts à long terme , pénalisant ainsi les Etats européens , malgré la politique accommodante de la BCE .
En effet, la solidité de la reprise risque d’être mise à rude épreuve , bien que l’austérité budgétaire, chère à Madame Merkel, devrait moins faire sentir ses effets négatifs en 2016 . Beaucoup dépendra, en particulier, de la capacité de l’Allemagne à soutenir le dynamisme de sa demande intérieure, entretenu ces derniers mois par la mise en place d’un « Sin » et l’arrivée de nombreux réfugiés .
UNE CAISSE DE RÈSONNANCE
De plus la crise de la zone euro, elle-même, loin d’être terminée . Les Européens ont certes réussi à mettre à genoux Syrzira à l’été 2015, mais la situation économique et sociale n’en continue pas moins de se dégrader en Grèce , tandis que l’endettement du pays poursuit son envolée . Parallèlement , la majorité d’Alexis Tsipras se réduit comme une peau de chagrin au parlement grec, alors qu’il n’a toujours obtenu des Européens au sujet de la réduction de la dette de son pays . Il se pourrait que la Grèce fasse rappeler d’elle en 2016 .
D’autant que le Portugal s’est dotée lui aussi d’un gouvernement anti-austérité . Tandis que l’Espagne semble être devenue difficilement gouvernable après les élections du mois de décembre . Quant à l’Italie , elle reste enfermée dans une crise profonde .
Si l’Europe n’est pas davantage capable de montrer en 2016 qu’elle peut devenir un espace de solidarité et de convergence sur le terrain économique et social, la crise des réfugiés , qui touche particulièrement la Grèce et l’Italie , pourrait entrer les résonnances avec les insuffisances persistantes pour relancer la crise de la zone euro .
Enfin l’hypothétique britannique devrait peser tout le long de l’année sur l’Europe : David Cameron a promis d’organiser outre-manche , d’ici la fin 2017 des élections pour la réalisation du Brexit . Chose faite en 2017, il perdit son referendum et fut remplacé par Theresa May qui gouverne maintenant . Quant à la sortie effective Royaume –uni de la zone euro, elle fait maintenant l’objet d’un bras de fer entre l’Union et le Royaume –Uni . Selon toute vraisemblance, on se dirige vers un Brexit dur …
Plus généralement , il faut bien reconnaître que la gestion désastreuse de la zone euro, handicape son économie et y maintient le chômage très élevé , n’est guère de nature à convaincre nos voisins de s’accrocher pour rester à tout prix dans l’Union .
LA CRISE DES REFUGIES AVAIT MIS A JOUR LE MANQUE DE SOLIDARITTÈ INTRA-EUROPEENNE .
En effet, la crise ouverte par l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés (demandeurs d’asile, pour la plupart et plusieurs réfugiés économiques ), chassés de leurs pays par la misère, confirme l’échec patent de la politique européenne en la matière , souvent par manque de coordination et égoïsme nationaliste pour certains pays d’Europe de l’Est , restés trop longtemps isolés sous des régimes forts .
Cet état de fait, oblige l’Union européenne à faire un choix cornélien entre le fractionnement annoncé par certains pays et une Europe à la fois plus solidaire et plus ouverte . Par ailleurs, sur le plan économique, malgré les craintes légitimes de certains pays, qui s’exprime : « un tel afflux est loin d’être un fardeau insurmontable « , à condition de briser , à cette occasion le carcan qui bride actuellement les économies de la vielle Europe .
En effet, la crise entretien un rapport étroit avec la politique inadaptée , menée par les pays occidentaux au Proche-Orient , le début des années 2000 , notamment la deuxième guerre du Golfe en 2003 . Et surtout l’incapacité de la communauté internationale à stabiliser les pays , de départ, constitue en soi un enjeu central qui ne se joue pas, hélas, à court terme !
Les débats nécessaires à ce sujet ne peuvent donc pas éviter aux Européens de s’interroger sur les moyens d’aider davantage les millions de personnes déplacées par ces conflits , et qui viennent en Europe en risquant leur vie aux mains de trafiquants en tout genre , sans aucun scrupule .
L'épisode n'aura été que de courte durée , mais la décision de la chancelière Allemande, Madame A. M. , début septembre, d’accueillir des dizaines de milliers de réfugiés , comptabilisés comme migrants , plutôt que les renvoyer vers la Hongrie , où ils auraient dû, selon les règles européennes, déposer leur demande d’asile , avait fait naître l’espoir d’un changement de cap européen sur cette question . Très vite, la nasse s’est refermée , laissant sur le bord des routes européennes des milliers d’errants, actuellement confinés dans des camps qui rappellent la triste période de 1939-1944 . Le retour à l’approche sécuritaire a pris le dessus et prévaut maintenant (…)
OU SONT PASSÈS LES GRANDS PRINCIPES ?
En effet, en 1997, le traité d’Amsterdam, avait fait de l’asile une compétence européenne . Dans la foulée, le Conseil européen décidait, en 1999 le suivant « de travailler à la mise en place d’un régime d’asile européen commun (RAEC), fondé sur l’application intégrale de la Convention de Genève et d’assurer ainsi que nul ne sera renvoyé là où il risque à nouveau d’être persécuté » .
Mais les débats ont été dominés par le souci de lutter contre l’immigration irrégulière et le terrorisme , notamment après les attentats du 11 septembre 2001. Un nouveau cycle de négociations ayant démarré en 2008, débouchant en 2013 sur une série de directives et les fameux règlements de Dublin III.
« Mais l’Allemagne et la France avaient raboté les propositions les plus ambitieuses de la Commission et le parlement européen « . , rappelle Marie-Laure Basilien-Ganiche , professeure à l’Université Lyon III. En effet, malgré la mise en place de certaines garanties, les Etats peuvent toujours placer des demandeurs d’asile en rétention dans un nombre important de cas. De même, des procédures sont raccourcies :les Etats disposent désormais officiellement de six mois pour examiner la demande d’asile . Mais il existe de nombreuses dérogations pouvant atteindre vingt et un mois . Les pays de l’Union n’ont par ailleurs toujours pas réussi à se mettre d’accord sur une liste de « pays sûrs « , dont les ressortissants verraient leur demande d’asile considéré a priori comme irrecevable .
UNE EURPE EN VOIE D’IMPLOSION !
Résultat de cette cacophonie : une Europe de l’aile éclatée , où nombre de demandeurs accueillis , avec un taux de réponses positives varie considérablement d’un Etat à l’autre . Les règlements de Dublin imposent notamment que le pays responsable de l’examen d’une demande d’asile soit celui par lequel le migrant est entrée dans l’Union . « Cette règle provient de la peur bleue qu’avaient certains pays face à ce qu’on appelle l’aslym shopping , autrement dit le fait de déposer des demandes d’asile dans plusieurs pays , » , explique Marie-Laure Basilien Gainche . Pourtant « toutes les études montrent que ce phénomène est tout à fait marginal » . Car les migrants ont , en tout cas, bien compris qu’ils devraient éviter de déposer une demande dans une Grèce totalement débordée et qui n’a accordé le statut de réfugié qu’à 15%de demandeurs , en 2014 . Cette règle intenable a fini par voler en éclats .
En effet, « le dogme de Dublin « , a portant été longtemps défendu mordus par de nombreux Etats , en particulier l’Allemagne et la France …Reste que son échec , désormais patent, , peine à l’heure , à déboucher sur une alternative . En effet, ce n’est qu’à grand-peine, et avec l’opposition persistante de certains pays de l’Est, qu’a été acceptée la logique de quotas proposée au printemps dernier par la Commission européenne , établis en fonction e la population du pays, de sa richesse et le niveau de chômage . Une proposition à laquelle Paris a fini par se rallier, après l’avoir refusée avec vigueur !
Parallèlement, l’Europe veut accélérer la mise en place de « Hots spots « dans les pays les plus exposés en l’occurrence l’Italie et la Grèce . Autrement dit , des centres permettant de faire le tri entre « authentiques « demandeurs d’asile et autres migrants irréguliers .
Les premiers devraient être envoyés dans d’autres pays de l’Union pour voir leur demande examinée , tandis que les seconds seraient reconduits dans leurs pays . De même , le Conseil européen ayant décidé , le 14 septembre 2016, de renforcer les moyens de l’agence FRONTEX , de surveillance des frontières , ainsi que de faire monter en puissance le programme militaire de capturées bateaux de passeurs « EU Naviforme Med « .
Par ailleurs, les négociations se poursuivent dans les pays d’Afrique du Nord afin que les demandeurs d’asile y restent , en attendant l’éventuelle acceptation de leur demande . Une perspective qui paraît très éloignée de la réalité , en particulier au vu de la situation en Libye . D’autant que les pays limitrophes de la Syrie (Liban et Jordanie ) . Qui accueillent déjà plusieurs millions de réfugiés , risquent à leur tour d’être déstabilisés par cet afflux . Or l’Union européenne s’est engagée à les aider financièrement à la hauteur de 4 milliards d’euros , n’a pas encore versé les sommes promises .
Pour le directeur du Forum international et européen de l’asile M. F.Pastore, et recherche sur les Migrants (FIERI ), une politique européenne de l’asile ne peut pas passer que par une européanisation de la décision d’asile elle-même : une note think tank de Terra Nova * propose ainsi une autorité commune et un juge européen de l’asile . Ce transfert complexe de compétence pourrait , dans un premier temps concerner une avant-garde de pays prêts à sauter le pas . Un budget est également nécessaire pour soulager les pays les plus touchés .
COMMENT FAIRE FACE A LA CRISE ? *
« Faire face à la crise des réfugiés suppose de fait une transformation majeure de la politique économique et sociale de l’Europe « , conclut F. Pastore, car « la question des migrants n’est pas transitoire : elle va durer des années « . « Nous n’avons pas les moyens » : c’est l’argument , le plus souvent entendu chez les opposants à l’accueil des réfugiés . Croissance atone, niveau élevé du chômage, et la dette publique colossale brideraient la solidarité dont nous pouvons faire preuve , une crainte compréhensible , mais néanmoins surestimée .
En effet, les discours utilitaristes sur le thème « L’Europe vieillissante va avoir besoin de main-d’œuvre et c’est pour cela qu’il faut laisser rentrer les réfugiés « sont vraiment insupportables . Sans parler de ceux qui insistent sur le fait que les personnes qui cherchent asile en Europe sont plutôt des élites bien formés des pays de départ : ce serait presque une raison de s’opposer à ce que l’Europe pratique une fois de plus le « train-train « en privant ces pays de leur main-d’œuvre qualifiée .
Non. Si nous devons impérativement abaisser le pont-levis de la forteresse Europe malgré nos propres difficultés économiques, , c’est d’abord pour des raisons humanitaires . Comme l’historien, P. Weil résume « fort justement . L’immigration n’est ni une chance , ni une malchance , mais une réalité « .
Il faut cependant relativiser aussi l’importance de ces migrations, même si les images sont impressionnantes . L’Europe devrait accueillir cette année 2015, de l’ordre d’un million de réfugiés . Rapporté aux 511 millions d’habitants de l’Union , soit 0,2% de sa population . Même si ce nombre devait au bout de compte monter à 10 millions , cela ne représenterait jamais que la hausse de population européenne au cours des sept dernières années, ou celle des Etats-Unis en trois ans .
REPONDRE AUX CRAINTES JUSTIFIEES OU NON !
En effet, les craintes qui s’expriment reposent sur l’idée qu’il faudrait nécessairement répartir le « gâteau » entre la population actuelle et les réfugiés qui arrivent . Dans cette optique, un tel afflux, devrait nécessairement accroitre le chômage , faire baisser les salaires , renchérir les logements …Or cette vision n’est nullement fondée . En effet, le niveau d’activité d’un pays peut s’élever avec l’arrivée de migrants . Patrick Artus, et Evariste Lefeuvre , montrent par exemple que « l’énorme flux migratoire « reçu par l’Espagne entre 2000 et 2008 ( plus de 600 000) personnes par an , alors que le chômage était initialement élevé, avait eu au final un impact positif sur l’activité de l’emploi . Même , bien entendu, dans le cas espagnol , la crise de 2008, ayant balayé tout cela par la suite .
En effet, les précédents historiques invitent également à ne pas surestimer les difficultés que de tels mouvements suscitent . Cet effet positif ne se fait cependant sentir qu’à terme , une fois ces réfugiés sont installés , formés à la langue du pays, et s’intégré progressivement …Dans l’immédiat, leur accueil a évidemment un coût . Une solution simple existe déjà : le crédit ou la création monétaire . Si l’installation et l’accueil des migrants sont financés , les revenus et l’activité globaux augmentent , tandis que les revenus de la population existante ne sont pas affectés . paradoxalement, plus on se montre généreux à l’égard des réfugiés est moindre est le dumping social qu’ils exercent sur les sociétés accueillantes . Les précédents historiques montrent que leur ardeur au travail, généralement très forte, permet ensuite de rembourser « l’investissement « initial . C’est en particulier la logique du plan Marshall qui avait permis à l’Allemagne d’absorber sans heurts onze millions de réfugiés d’après-guerre .,
Une piste impossible avec le carcan budgétaire que nous nous sommes imposés ? La Banque centrale européenne (BCE) est en train de faire marcher la planche à billets pour injecter 1000 milliards d’euros dans la machine économique . Et cela d’une façon qui, pour l’instant risque surtout de gonfler des bulles spéculatives ! Par ailleurs, c’est cette fois l’Allemagne qui se montre plus allante en Europe . C’est le moment de lui dire « d’accord, faisons un plan Marshall pour accueillir dignement les réfugiés sans affaiblir nos économies « . A cette condition, loin d’être un fardeau , l’accueil des réfugiés pourrait devenir une bonne opération , tant économique que politique .
DEUXIEME PARTIE : PAYS EMERGENTS : POURQUOI CALENT-ILS ?
L’histoire économique des nations en développement –devenus pays émergents par miracle , est marquée depuis le XIXe siècle par l’alternance de phases d’euphorie financière et de dépression économique . L’ampleur des ressources humaines et naturelles dont jouissent la plupart de ces pays suscite régulièrement , c’est à-dire chaque fois les capitaux sont disponibles en abondance dans les pays riches , des poussées de fièvres spéculatives qui dépassent de loin les opportunités d’investissements réelles .
Lesquelles sont non moins régulièrement suivies de débâcles financières. La période récente ne fait guère exception . A ceci près, que la phase euphorique ayant pris appui cette fois sur la maturation bien réelle et prodigieusement rapide d’un acteur de poids en l’occurrence la Chine.
S’AGIT-IL D’UNE DOUBLE DYNAMIQUE ?
Depuis le début des années 2000, la croissance chinoise avait tiré l’activité dans l’ensemble des pays exportateurs de produits de base, depuis le Brésil jusqu’à l’Australie en passant par la Russie et l’Afrique . Entre 2000 et 2014, le volume des importations chinoises a été multiplié par 18. Tiré par l’investissement , la demande d’importation chinoise, ayant fait de la Chine premier consommateur mondial de matières premières . Le pays assurait à lui seul pratiquement la moitié de la demande mondiale de métaux . En l’espace d’une décennie les prix des matières premières ont passé d’un creux historique à un sommet aussi historique , progressant de 150% en dollars, entre 2002 et 2011 . Une envolée entièrement imputable à l’intensité caractéristique structurelles de la croissance chinoise .
Or cette période avait été marquée par une abondance extraordinaire de liquidité . Celle-ci, était alimentée , dans une première partie des années 2000, par la faiblesse des taux d’intérêts aux Etats-Unis, du Japon et en Europe . Les politiques de détente quantitative**mise en œuvre par les principales banques centrales à la suite du séisme financier de 2008 ont porté cette tendance à son paroxysme , avec l’injection de d’environ de 6000 milliards de dollars dans l’économie de ces trois zones .
Rebutés par les rendements nuls ou déclinants offerts sur les marchés obligataires *** des économies avancées , les capitaux ont pris le chemin de la bourse et des économies émergents.
En effet, la possibilité d’emprunter sur les marchés mondiaux , à des taux exceptionnellement bas, avait aussi encourager l’endettement en dollars des agents privés , qu’il s’agisse d’institutions financières ou d’entreprises . Les émissions obligataires, d’obligations internationales privées s’élevant ainsi , selon , la Banque des Règlements Internationaux (BRI), à plus de 1200milliards de dollars sur la période 2010-2014 .
Rarement destinés au financement d’investissement productifs , les fonds levés ont été placés dans un système bancaire ou sur les marchés financiers, les emprunteurs –investisseurs bénéficient à la fois du différentiel positifs de rendements entre le marché local et le marché mondial , et de l’appréciation des monnaies locales , elles-mêmes suscitées par l’afflux de capitaux étrangers .
ZONE DE TURBULENCES
Cette double dynamique , fondée sur la demande chinoise et sur les capitaux occidentaux, s’est enrayée en trois temps . Tout d’abord ,le ralentissement et surtout rééquilibrage de la croissance chinoise après 2010 , en faveur de la consommation , et au détriment de l’investissement peut provoquer le retournement des prix des produits de base . Hors énergie, ceux-ci ont chuté en moyenne de 40% depuis leur point haut de 2011. (-60% dans le cas de pétrole ) . Mettant à nu la faiblesse persistante des ressorts internes de la croissance dans des pays comme le Brésil , l’Argentine et la Russie .
Par la suite, la normalisation, progressive de la politique monétaire américaine, avec l’annonce au printemps 2013, du ralentissement de la détente quantitative outre-Atlantique , puis son arrêt en 2014ayant provoqué un reflux massif des capitaux vers les Etats-Unis et un premier mouvement de déstabilisation financière et économique des pays émergents . Ce mouvement s’est amplifié en 2015 et les anticipations de relèvement des taux d’intérêt de la Fed.
A son tour, le Krach boursier chinois de 2015 et les signes de ralentissement plus marqué de l’économie chinoise qui ont suivi avaient exacerbé les craintes d’une déstabilisation généralisée des économies émergentes , amplifiant ainsi le mouvement des fuites des capitaux . Ce mouvement global de repli des capitaux sur le dollar américain expose les réserves de change des économies émergentes , en particulier celles dont les échanges sont nettement déficitaires (Brésil, Turquie, Afrique du Sud ) …Mais à la différence de la crise asiatique de 1997-1998, la plupart d’entre-elles n’ont pas tenté de s’opposer , s’employant dans le meilleur cas, à s’en contrôler la chute .
Lorsqu’elles ont malgré tout voulu défendre leur monnaie , comme le cas de la Russie , en 2014, les réserves ont fondu à un rythme tel que la Banque Centrale a dû relever son taux d’intérêt de plus de dix points , dans l’espoir de briser le mouvement spéculatif . pour beaucoup d’observateurs, cette flexibilité des taux de change constitue une différence essentielle avec la crise de 1997-1998 . Elle protège les réserves de change cumulées dans les années 2000 et devrait favoriser le redressement de l’activité par la compétitivité accrue sur les marchés mondiaux .
Par ailleurs, la forte dépréciation des monnaies des pays émergents n’en est pas moins déstabilisante pour ces pays . D’abord, parce qu’elle stimule l’inflation , comme on le voit au Brésil , en Russie et en Argentine , obligeant ces pays à relever leur taux d’intérêt et donc freiner l’activité . Mais aussi , et surtout , parce qu’elle propulse le service de la dette des agents endettés en dollars à des niveaux insupportables , provoquant des faillites en série et l’accumulation des créances douteuses aux bilans des banques .
PAS DE GUERRE DE MONNAIES ?
Ceci explique certainement la réticence des autorités chinoises à laisse le Yuan se déprécier de façon significative par rapport au dollar ( en plus les aspirations à voir son rôle international se développer à long terme ) . A cet égard , la réforme du régime de change annoncée par les autorités chinoises le 11 août 2016, vaut moins pour la dévaluation initiale de 2% qu’elle entraîne que pour la plus grande flexibilité du taux de change qu’elle autorise Les interventions de la Banque Centrale qui ont immédiatement suivi cette réforme et les instructions données . A cet égard, la réforme des régimes de change annoncée par les autorités chinoise le 11 août dernier vaut moins de 2% qu’elle avait entraîné que pour plus de flexibilité du taux de change qu’elle autorise . Les interventions de la Banque centrale qui avaient immédiatement suivi de réformes et instructions données aux banques de l’Etat de vendre des dollars ( et donc soutenir le Yuan ), attestent clairement le désir des autorités chinoises de maintenir la valeur de la monnaie , tout en augmentant l’incertitude à laquelle sont confrontés les spéculateurs .
En fait, cette détermination des autorités chinoises constitue en soi, une bonne nouvelle pour les économies émergentes et plus généralement pour l’économie mondiale : elle semble écarter le scénario conflictuel d’une course effrénée à la dévaluation compétitive et elle confirme la priorité donnée par le pouvoir à la transition vers un modèle de croissance tiré par la consommation .
En effet, si le Yuan se dévaluait d’avantage, , les produits importés verraient en effet leur prix augmenter , pénalisant ainsi consommation , tandis que la pression déflationniste serait accentuée dans le reste du monde par la baisse des prix des produits chinois .
Certes , au rythme actuel de fuite des capitaux ( plus de 100 milliards de dollars , par mois ) et avec les réserves de change désormais, en baisse, des doutes peuvent être émis sur la capacité de la banque centrale chinoise à garder, à terme, le contrôle de la situation .
Par ailleurs, les moyens d’action ne manquent cependant pas : contrôle de changes, Bourse fermée aux investisseurs étrangers , banques sous contrôle , marges de manœuvre budgétaires. Ils plaident pour un optimisme modéré à court terme sur la capacité du pays à traverser la zone de turbulence sans trop de dommage .
UN RISQUE D’ABORD LOCAL …
En effet, les risques actuels de déstabilisation des économies des pays émergents qui ont ainsi toutes les chances de demeurer cantonnés au niveau local , plutôt que de prendre une tournure systémique .D’autant que La Fed, ayant reporté le relèvement de son taux directeur . La dégradation récente de la dette brésilienne au statut de « Junk Bonds » par Standard & Poor’s , qui fait suite à celle de la Russie , illustre certes l’ampleur de la crise que traversent certains pays. Celle-ci est toutefois davantage le résultat d’une gestion économique déficiente (Brésil, Argentine , Russie et Turquie ) ou de décisions aventureuses ( invasion de la Crimée par la Russie et impact des sanctions économiques qui l’ont suivie) , que la conséquence inéluctable des inflexions de la conjoncture mondiale .
Par ailleurs, l’impact du ralentissement de la croissance chinoise, et plus généralement , des économies émergentes , qui représentent près de la moitié du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial , au taux de change courants , peut cependant marquer le pas et manquer de se faire sentir au niveau global .
Cependant, cette onde négative sera amortie pour nombre d’économies par la réduction de la facture pétrolière . A l’heure où l’économie américaine s’affermit , la croissance mondiale pourrait donc se recentrer sur son moteur traditionnel , mais elle traîne toujours le poids mort que constitue la zone euro, qui continue d’accumuler les excédents extérieurs , faute de soutenir sa demande intérieure . Après l’élection de Madame Merkel comme chancelière pour la 4eme fois , l’Europe doit se mettre en marche pour corriger certains erreurs du passé .
CONCLUSION
L’immigration n’est ni une chance ni une malchance, mais une réalité : elle pourrait rassembler une politique d’asile commune . Il suffit la volonté rassembler et ne pas s’égarer dans les égotismes . Rappelons-nous de ce qui s’est passé il n’y a pas longtemps : en janvier 1939, 500 000 réfugiés républicains espagnols fuyant la dictature de Franco avaient traversé les Pyrénées . Débordé, « le pays des droits de l’homme « , en proie de sentiments xénophobes leur fera cependant mauvais accueil : les hommes séparés de leurs familles, seront entassés dans des camps avant de servir de main-d’œuvre supplétive .
EN 1945
11 millions d’Allemands d’origine qui habitaient , de longue date , en Pologne, en Tchéquie, en Hongrie ou encore en Roumanie, ont été déplacés de force en Allemagne ( 8 millions à l’Ouest et 3 millions à l’Est ), dont ils représentaient 16% de la population . Malgré le contexte économique très difficile, cet afflux massif n’a pas empêché le spectaculaire « miracle allemand « d’après-guerre .
Pendant l’été 1962 ,
Après la fin de la guerre d’Algérie, plus de 500`000 rapatriés ayant débarqués à Marseille, Nice, Sète , Bordeaux . Ils sont reçus dans un contexte assez hostile « des impôts nouveaux en perspective « ,titre un quotidien régional . Mais la création en 1961 un secrétariat d’Etat aux réfugiés (qui devient ministère entre 1962vet 1964) et l’établissement de 3 prestations ( accueil, installation et reclassement ), combinés aux plans d’hébergement et élaborés par les préfets , permettant de faire face à la situation.
Enfin, 1990, dans la première partie de années 1990 , parmi les trois millions de déplacés par les guerres de l’ex-Yougoslavie , environ 700 000 trouvèrent refuge en Europe de l’Ouest , l’Allemagne accueillera , elle seule 345 000 réfugiés bosniaques , la France, elle n’en prendra que 15 000 en charge …
*Europe : A QUOI POURRAIT RESSEMBLER UNE POLITIQUE D’ASILE COMMUNE ? –Accessible sur www.alterecoplus .Fr
**Crise des Migrants : Une chance pour l’Europe ?- Spécial Report, Recherche économique No. 79 Nat xis, 08/09/2015
REFERENCES
- ALTERNATIVES ECONOMIQUES No 350- October 2015
- L`EURO : COMMENT LA MONNAIE UNIQUE MENACE L’AVENIR DE L’EUROPE –Par Joseph STIGLITZ – Edition exclusive pour le GLM – dépôt légal septembre 2016 – No 8995-1 – Floch - à Mayenne – France
DR BEN ABDALLAH MOHAMED ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMI DU MAGHREB;
AUTEUR DE “L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB
ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE ; PUBLIÈ PAR NOTRE SITE
www.dr-ben-abdallah le 1er mars 2009 ;
&
EDITORIALISTE-REDACTEUR EN CHEF DU SITE
DEPUIS le 1er MARS 2009 ;
RESIDENT SIS 1202 Genève
05/10/2017